Joseph PANGAUD1903 - 1986
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3487
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1933 - 1949 (Yibin [Suifu])
Biographie
[3487] PANGAUD Joseph est né le 1er septembre 1903 à Marcilly-le-Pavé (Loire).
Admis aux MEP en 1927, il est ordonné prêtre le 2 juillet 1933 et part le 18 septembre suivant pour la mission de Suifu (Chine).
Après l’étude de la langue, il est envoyé à Loui Kiang puis à Tchou Ken Tan (1941).
À l’arrivée des communistes en 1949, il rentre en France, et il est affecté au service de l’information missionnaire dans la région lyonnaise, puis il est nommé curé de Saint-Bonnet-les-Oules (1964-1971).
Il se retire alors à Lauris, où il meurt le 8 mars 1986.
Nécrologie
Le Père Joseph PANGAUD
Missionnaire de IPIN (CHINE)
1903 - 1986
PANGAUD Joseph
Né le 1er septembre 1903 à Marcilly-le-Pavé (Rhône), diocèse de Lyon
Entré aux Missions Étrangères le 17 septembre 1927
Prêtre le 2 juillet 1933 - Destination pour Ipin (Suifu)
Parti pour sa mission le 18 septembre 1933
En miss ion : À Ipin : 1933-1949
En France : 1949-1986
Décédé à Lauris le 8 mars 1986
Inhumé à Lauris le 11 mars 1986
Voir carte no 3
Joseph Pangaud naquit le 1er septembre 1903 à Marcilly-le-Pavé, dans une famille de cultivateurs. C’était alors le diocèse de Lyon ; actuellement c’est le diocèse de Saint-Étienne. Après ses études primaires à Boën-sur-Lignon, il travailla en famille jusqu’à son service militaire. Plusieurs prêtres étaient issus de cette famille, notamment un grand oncle très longtemps curé-archiprêtre de la paroisse Saint-Pierre, à Lyon.
Grâce à l’amabilité de sa famille, nous avons quelques détails sur sa vocation, détails donnés par lui-même lors de son jubilé sacerdotal, en 1983. « C’était en 1925 ; je terminais mon service militaire, ne pensant d’ailleurs qu’à revenir au pays pour cultiver la terre que j’aimais tant et non les âmes qui ne m’intéressaient guère, hélas, en commençant par la mienne, laissant aux curés et aux sœurs ce souci, jugeant que c’était leur affaire et non celle d’un garçon de 20 ans. Oh ! certes gardant la foi, mais n’en vivant pas... voire : chaque dimanche assistant à la messe, disons plutôt par tradition, mais sans conviction aucune et même mon cœur était ailleurs, n’y priant pas... Et donc pour tout vous dire, mes chers amis, qu’étais-je en ce temps-là ? Si ce n’est un chrétien de surface, prêt à tous les abandons, voire un païen ou quasi païen qui s’ignorait... Et pourtant, tel que j’étais alors, c’est pourtant dans cet état et dans ces conditions, me trouvant au service militaire à l’Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand, comme soi-disant infirmier auprès de militaires malades que le Seigneur, lui en premier, vient à moi pour dire, face au tabernacle, car ce matin-là, seul et en curieux, je visitais la chapelle de l’hôpital, pour me dire de façon claire, formelle, indubitable, mais d’une voix si agréable et si douce, me pénétrant le cœur : « Pourquoi pas toi ? J’en ai besoin. Qu’en dis-tu ? Le veux-tu ? Réponds-moi ». Et grâce plus grande encore, ne doutant pas de son appel, craignant de lui déplaire en disant non, je m’adressai à la Vierge Marie pour prendre une décision ; presque aussitôt, avec Elle et comme Elle, très librement à mon tour, je prononçai mon « fiat ». Bref, un oui définitif et sans reprise qui maintenant encore me vaut, dans la paix et la joie, d’être un prêtre on ne peut plus heureux ».
Démobilisé quelques semaines plus tard, avec l’aide d’un saint prêtre dont il ne donne pas le nom, il put entrer à Notre-Dame de Chessy, le séminaire des vocations tardives du diocèse de Lyon. Il y accomplit en trois ans ses études secondaires et en 1927, le 14 juillet, il fut présenté par son directeur spirituel pour solliciter son entrée aux Missions Étrangères. Son directeur spirituel notait les qualités physiques et morales ainsi que le bon jugement de Joseph Pangaud, mais faisait remarquer que sa valeur intellectuelle était moindre que ses qualités. L’abbé Barmont, son directeur, reçut une réponse favorable invitant Joseph Pangaud à présenter lui-même une demande d’entrée aux Missions Étrangères : ce qu’il fit dans une lettre datée du 14 juillet 1927. Quelques jours après, il était admis et il entra à Bièvres le 17 septembre 1927 pour y commencer ses études. Pendant ses études, rien de spécial à signaler. Il fut un séminariste pieux et appliqué à son travail. Sans être brillant, il se tint cependant dans une moyenne honorable. Séminariste sérieux, il était aussi un confrère agréable, joyeux et serviable, toujours prêt « à couper les têtes », car il était coiffeur. En un mot, ses six années de séminaire se déroulèrent dans la régularité de chaque jour. Et c’est ainsi qu’il arriva au jour de l’ordination. Ordonné prêtre, le 2 juillet 1933, il reçut sa destination pour la Mission de Suifu que l’on appelle maintenant Ipin, au Setchoan, dans l’ouest de la Chine. Il quitta la France le 18 septembre 1933, en compagnie de 19 confrères, jeunes missionnaires comme lui, affectés à l’une ou l’autre de nos Missions en Extrême-Orient.
En mission (1933-1949)
En arrivant en mission, le P. Pangaud, comme tous les jeunes missionnaires, commença par apprendre le chinois. Sur sa demande, il fut placé chez des prêtres chinois à Kiatin, dit aussi Lo Chan, jolie petite ville située à 150 kilomètres au sud de Tchengtu, au confluent de la Min et du Ta Tou Ho. Il avait trente ans, un âge un peu avancé pour l’étude des langues. Mais il était bien doué, avait bonne mémoire, bonne oreille et surtout une hardiesse qui lui permettait d’aborder n’importe qui ; ajoutons à cela une aptitude à la parole peu commune. Il apprit vite la langue et fut l’un des confrères de son temps qui maniait le mieux le chinois populaire.
Au bout d’un an, il fut nommé à Loui Kiang, une ville à mi-distance de Tcheng Tu et de Tchong King. C’est un pays riche où pousse la canne à sucre, et les gens de la ville fabriquent toutes sortes de confiseries des plus réputées. C’est aussi un lieu de passage ; presque tous les jours quelque quémandeur venait frapper à la porte du Père. S’il était chez lui, il avait sa façon à lui de l’éconduire. Un jour, il voit arriver un monsieur assez bien habillé. Au premier coup d’œil, il a repéré son homme ; il s’avance tout sourire : « Bonjour, Monsieur Li. Ah ! ça, je ne comptais plus guère sur vous. Je ne m’appelle pas Li, mais Quang. Bien sûr, Monsieur Quang, je perds la mémoire des noms, mais je me rappelle très bien que je vous ai prêté 50 dollars, l’an dernier, pour vous dépanner. Vous m’aviez promis de me les rendre dans les trois mois, et voilà au moins un an de cela, mais mieux vaut tard que jamais et je vous remercie vivement de me rapporter mes 50 dollars. L’autre a beau protester, il n’arrive pas à convaincre le Père de son erreur et il finit par s’en aller la tête basse.
Ses chrétiens, il les recevait à cœur ouvert et n’hésitait pas à les aider en cas de besoin, surtout les malades. Quant aux confrères, ils étaient sûrs d’être bien accueillis et de ne pas s’ennuyer en sa compagnie, mais ils devaient s’attendre à quelque bon tour. S’il était prévenu d’avance, il allait à la chasse aux canards et autres oiseaux sauvages qui ne manquaient pas. Il aimait la chasse, et dans cette Chine d’avant Mao Tse Tong, chacun pouvait chasser et pêcher où bon lui semblait ; il n’y avait pas besoin de permis. Un jour donc, il reçoit des confrères avec l’évêque, Mgr Renaud, pour une confirmation. Au repas, il fit servir du canard sauvage et du vanneau, mais sans la tête. Le repas terminé, il fait apporter la tête du volatile : c’était une tête de chouette ! On n’en finirait pas de raconter toutes les farces qu’il aimait jouer. Encore celle-ci pourtant : un confrère apprenait la langue un peu laborieusement. Passant chez le P. Pangaud, celui-ci le présenta à l’un de ses amis chinois. Le confrère est enchanté de la conversation, car dit-il « je le comprends et il me comprend ! » Or, son interlocuteur était sourd !
À Loui Kiang, il était d’un zèle extraordinaire, mais aussi quelque peu original. Il avait formé des jeunes filles et les faisait parler en public. Il s’installait sur une place de la ville et rameutait son monde. Vite la foule grossissait et alors les filles catéchistes intervenaient à leur tour, prêchant la doctrine chrétienne à tous ceux qui voulaient bien les écouter. Le succès ne répondit pas toujours au zèle du Père : ce milieu de commerçants était plutôt ingrat ! Ces gens se sentaient plus attirés par les biens de ce monde que par ceux du Ciel. Et puis, si avides de spectacles que soient les Chinois, leur curiosité finit par s’émousser. Enfin la guerre sino-japonaise, commencée en 1937, accapara les esprits, surtout quand les premiers avions vinrent survoler la ville.
En 1941, il est nommé à Tchou Ken Tan, sur la Min Kiang, à 20 kilomètres de Kiatin. Il revenait en pays connu, mais entre-temps, Kiatin était devenu le siège d’un évêché. Et quelques mois plus tôt, la ville avait été aux trois quarts détruite, en fait incendiée par un terrible bombardement. Des milliers d’habitants avaient péri dans l’incendie, dont une partie de la communauté chrétienne. Tchou Ken Tan n’avait pas été inquiétée, alors qu’elle avait une activité industrielle essentielle à la vie du pays : c’est un centre important de salines dont le sel est exporté jusque sur le cours inférieur du fleuve Bleu. En ville, les chrétiens étaient peu nombreux mais fervents ; le gros des fidèles se trouvait à la campagne : gens simples et laborieux, assidus à leurs exercices religieux.
Dans ce milieu, les conditions d’apostolat étaient bien plus favorables qu’à Loui Kiang. Mais c’était la guerre presque aussi désastreuse pour les campagnes que pour la ville : nombre de jeunes gens étaient réquisitionnés, enlevés pour mieux dire, pour aller combattre l’ennemi. Les conditions de vie et d’apostolat devenaient de plus en plus difficiles. La Mission, coupée du reste du monde, était sans ressources. Le Père dut licencier presque tout son personnel. Ne pouvant plus prêcher aux païens comme auparavant, il s’occupa avant tout des chrétiens, environ un millier.
Quand la guerre sino-japonaise se termina en 1945, le P. Pangaud n’avait que 42 ans ; mais sa santé était ébranlée, moins sans doute par les privations de la guerre que par les excès de zèle. Il tint encore plusieurs années. Mais quand il vit que le pays allait passer sous régime communiste, il comprit que pour lui il en était fini des prédications sur la place publique et des autres manifestations de son zèle. C’est pourquoi il demanda un congé, en attendant des jours meilleurs.
En France
En fait les jours meilleurs se font toujours attendre. Arrivé en France le 1er septembre 1949, le P. Pangaud commença par se soigner : ce qui lui prit plusieurs mois.
Une fois à peu près rétabli, il fut affecté, au moins temporairement, au Service d’Information, dans la région lyonnaise qu’il connaissait bien. Il se donna de tout son cœur à cette tâche et donna de nombreux sermons et de nombreuses conférences tant dans les paroisses que dans les collèges de cette région. Pendant toute cette période, son pied-à-terre était à la maison de Beaugrand. Au bout d’un an et demi environ, il fut obligé de s’arrêter pour raison de santé, et il lui fallut plusieurs mois pour se remettre à peu près convenablement. Il reprit ses pérégrinations pour une nouvelle période, ayant en vue le recrutement pour le séminaire, mais aussi pour l’Institut des Sœurs des Missions Étrangères, dont la Maison mère est non loin de Toulouse. Ce métier d’informateur use assez vite son homme. C’est pourquoi le P. Pangaud demanda à prendre du ministère en paroisse. Il fut accepté dans le diocèse de Carcassonne, d’abord comme aumônier au couvent de l’Action de Grâces, à Castelnaudary, puis dans le ministère paroissial à Soupex. Il resta dans cette région jusqu’en 1964. Un certain mal du pays le poussa à se rapprocher de Lyon. C’est dans ce diocèse qu’il se proposa pour un service paroissial. Il fut alors nommé quasi-curé de la petite paroisse de Saint-Bonnet-les-Oules. Il devait y rester sept ans. En 1970-1971, le diocèse de Lyon fut divisé et le nouveau diocèse de Saint-Étienne créé, avec à sa tête Mgr Rousset. Le nouvel évêque, intronisé le 23 février 1971, avait ses plans pour une pastorale plus adaptée. Comme la santé du P. Pangaud n’était pas brillante et comme, d’autre part, il était très individualiste dans ses méthodes pastorales, Mgr Rousset, d’accord avec le supérieur de la Société, demanda au P. Pangaud de se retirer. Comme, d’autre part, il n’avait aucune place à lui proposer dans son diocèse, le P. Pangaud entra à notre maison de repos de Lauris. C’était le 15 septembre 1971.
À Lauris (1971-1986)
Voici la petite relation du P. supérieur de Lauris concernant le séjour du P. Pangaud dans cette maison de repos. À son arrivée, il souffrait horriblement de l’estomac ; il s’est soigné en mangeant trois pamplemousses par jour : il en a consommé ainsi plus de 16 000 ! Malgré ses souffrances de l’estomac, le P. Pangaud était toujours disponible pour tel ou tel service, soit paroissial, soit pour promener les confrères dans les environs. Cependant avec l’âge, les ennuis de santé ne faisaient que croître. Les médecins hésitèrent longtemps avant de l’opérer de la prostate. Il subit enfin cette intervention et, comme la circulation dans sa jambe gauche était très déficiente, on lui fit aussi un pontage axo-fémoral : ce qui lui redonna de la force et lui permit de refaire des marches assez longues.
En 1984-85, ce furent les yeux qui furent traités : grâce aux cristallins artificiels qu’on lui implanta, il put reprendre le volant de sa voiture. Un abcès péritonéal faillit lui être fatal, en 1984, mais il s’en sortit. C’est finalement d’une hémorragie interne qu’il mourut dans la nuit du 7 au 8 mars 1986. On le découvrit le matin ; son corps était déjà refroidi.
Ses obsèques furent célébrées, le 11 mars, à l’église paroissiale de Lauris : il était bien connu des gens de la paroisse qu’il rencontrait au cours de ses promenades et avec qui il liait volontiers conversation. Elles furent présidées par Mgr Boisguérin, ancien évêque de Ipin, la Mission du P. Pangaud, assisté de Mgr Van Gaver. Le P. Grasland, lui aussi de la mission de Ipin, donna l’absoute. Une quinzaine de confrères participèrent à la concélébration. Dans son homélie, Mgr Boisguérin retraça les grandes étapes de la vie du Père, rappelant son zèle pour le service du Christ et son intense vie de prière.
Deux de ses frères et ses neveux et nièces étaient venus participer aux funérailles ainsi que quelques amis, dont Mlle Louise Ferréol, sa gouvernante lorsqu’il était curé de Saint-Bonnet-les-Oules.
Il repose au caveau des Missions Étrangères dans le cimetière de Lauris.
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