Jean-Marie DÉQUIER1903 - 1944
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3505
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Laos
- Région missionnaire :
- 1934 - 1944
Biographie
[3505] DEQUIER Jean-Marie est né le 9 juin 1903 à Jarrier (Savoie), au diocèse de Saint Jean de Maurienne. Il entre comme manoeuvre dans une usine métallurgique pour subvenir aux besoins des siens. Après son service militaire, il entre au Séminaire des Missions Etrangères le 7 septembre 1928. Ordonné prêtre le 1er juillet 1934, il part le 16 septembre suivant pour le Laos.
Mgr. Gouin l'envoie à Ubon apprendre la langue auprès du Père Boher (1934-1935) avant qu'il ne devienne vicaire du Père Alazard à Sésong, à 90 kilomètres au Nord d'Ubon (1935-1936). Il est alors envoyé à Songyae en remplacement du Père Dezavelle. Il va y rester quatre ans, se chargeant aussi des visites régulières à Dong Mak Fai. Les sentiments anti-français du gouvernement thaï déclanchent la persécution religieuse et dès la fin novembre 1940, l'expulsion des Pères français : le Père Déquier va aller à Savannakhet. De là, il sera adjoint au Père Mainier et recevra le poste de Hai Mung avec trois ou quatre autres villages (1941). Mais fièvres et dépression le ramènent à Savannakhet pour trois mois : il s'y repose et apprend l'annamite. A la fin du conflit franco-thaï, le Père Déquier va se fixer à Tha Ngam, à 18 km de Thakhek. Bientôt atteint de fièvre bilieuse, il va se reposer chez les Pères Rédemptoristes à Bach Mai (Viêtnam). Il sera ensuite affecté à Anninh, au Petit Séminaire de Huê pour s'y former au professorat. Rappelé au Laos, il est affecté au poste de Nam Din, à 30 km au Sud de Thakhek. Mais atteint de nouveau de fièvre bilieuse, il est transporté aussitôt à Thakhek. Il rend son âme à Dieu le 14 janvier 1944. Il n'avait pas encore 10 ans de mission.
Nécrologie
M. DÉQUIER
MISSSIONNAIRE DU LAOS
M. DÉQUIER (Jean-Marie-Joachim) né le 9 juin 1903 à Jarrier (Savoie), diocèse de Saint-Jean-de-Maurienne. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 7 septembre 1928. Prêtre le 1er juillet 1934. Parti pour le Laos le 16 septembre 1934. Mort à Thakkek le 14 janvier 1944.
En l’année 1934, dans l’octave de la Toussaint, arrivait à,Nong-Seng un nouveau missionnaire âgé de 31 ans, le teint encore rose et ‘a tête déjà chauve. Il était grand, fort et paraissait plein de santé, un vrai cosaque, comme il aimait à être appelé dans ses moments de bonne humeur ; en fait un pur savoyard que l’air des hautes montagnes avait puissamment fortifié. Bien planté sur ses jarrets, avec une large poitrine, démarche lente et grave, il était taillé pour battre tous les records de la vie des missionnaires du Laos. En trois jours une fièvre bilieuse le couchait dans la tombe, après moins de 10 ans de mission.
M. Joachim Déquier est né le 9 juin 1903 à Jarrier (diocèse de St-Jean-de-Maurienne) de parents très chrétiens, riches des biens du ciel, à qui un travail opiniâtre assurait le plus clair de leurs revenus. L’enfant fut donc à rude école. De très bonne heure, il dut être utile à sa famille par les petits services que son jeune âge lui permettait de rendre : surveiller dans la haute montagne, pendant la belle saison, les vaches, chèvres et brebis de la maison paternelle. Les mois d’hiver, dans ces régions alpestres, sont seuls réservés à l’instruction religieuse et primaire. L’esprit du jeune Joachim devait être assez éveillé, puisqu’il faisait sa première communion privée le 13 mai 1911 il n’avait pas huit ans, et recevait le sacrement de Confirmation a moins de 9 ans, comme il le note lui-même sur une feuille glissée dans son bréviaire.
Dégagé des obligations scolaires et catéchistiques, il s’adonne de tout cœur aux rudes labeurs de la campagne et seconde ses parents de toute l’ardeur de ses grands bras. Ni lui, ni sa famille ne soupçonnaient à cette époque un attrait quelconque vers une plus haute situation. Pour subvenir encore davantage aux besoins des siens, il entra comme simple manœuvre dans une usine métallurgique de St-Jean-de-Maurienne. Il avait 17 ans, il y resta jusqu’à son appel au service militaire. Y eut-il alors un appel discret de Dieu ? Trouva-t-il le prêtre pour le diriger vers le sacerdoce ? Quoi qu’il en soit, ce ne fut qu’après son retour de la caserne qu’il eut l’idée d’être prêtre un jour. Il s’en ouvrit à son confesseur et directeur qui lui conseilla la Maison cléricale de Changis réservée aux vocations tardives. Admis, il y entra le 2 juin 1925. Son ardeur au travail, sa mémoire encore malléable, sa vive piété, le classèrent bien vite parmi les meilleurs élèves du cours. En 4 ans, il apprit suffisamment le latin pour qu’en 1929 son admission aux Missions-Étrangères puisse être agréée. Il est à croire que son désir d’apostolat parmi les nations infidèles lui fut suggéré par un missionnaire recruteur de vocations apostoliques. Entré au séminaire de Bel-Air, il parcourut avec succès tout le cycle des sciences ecclésiastiques, fut ordonné prêtre le 1er juillet 1934 et destiné à la Mission du Laos. Sa renommée l’avait déjà précédé de quelques mois. Mauriannais de race, savoyard de caractère, français de cœur, que sera-t-il ? Il fut reçu les bras ouverts par Mgr Gouin, et après deux ou trois semaines de repos à Nongseng, il fut envoyé à Oubône pour apprendre la langue avec M. Boher, le missionnaire de l’endroit. Il était à bonne école. Malheureusement, un défaut d’ouïe et une mémoire lente lui rendirent l’étude de laotien assez difficile. Un travail opiniâtre, comme il en avait pris l’habitude dès sa première jeunesse, le rendit maître des principales difficultés de la langue, et son Supérieur le jugea apte à rendre de bons services à M. Alazard chargé d’un très grand nombre de chrétiens, et qui se trouvait seul dans la région à 90 kilomètres au nord d’Oubône. Il fit à Sésong l’apprentissage d’une année de ministère et lorsqu’il fut complètement initié à tous les exercices du travail apostolique, Mgr Gouin lui confia le beau poste de Songnhec où M. Dezavelle avait travaillé 15 ans et laissait à son successeur un millier de catholiques et de catéchumènes.
C’est au milieu de cette population entièrement laotienne et sympathique que M. Déquier donna toute sa mesure. Il y resta quatre ans. Pieux, dévoué, zélé, il aimait ses ouailles, elles aussi l’aimaient ; sous sa direction vigilante, la chrétienté ne fit que prospérer, aussi son dernier compte rendu accusa-t-il 35 baptêmes d’adultes, 604 communions pascales et 15.000 communions de dévotion. Chargé d’une autre localité, Dong Mak fai, il n’hésitait pas à s’y rendre souvent pour maintenir la ferveur première de ses catéchumènes.
Mais les jours sombres apparaissaient à l’horizon, la France venait d’être vaincue et sa défaite fit naître aussitôt chez les dirigeants du Siam le désir de l’humilier davantage encore. Toute la presse siamoise commença une campagne pour réclamer le retour au Siam des anciennes provinces cédées à la France en 1907. Dans tous les centres importants, des manifestations anti-françaises se produisirent et, logiquement, les missionnaires, tous Français, quoique nullement inféodés au Gouvernement et complètement étrangers à toute affaire politique, furent les premiers et les seuls au Laos siamois à subir les conséquences de l’hostilité du Siam contre la France. Le 28 novembre 1940, après les premiers survols des avions siamois en territoire français, un ordre arrivait immédiatement de Bangkok d’expulser « manu militari » tous les missionnaires français et dans les 48 heures les chasser du territoire siamois. M. Déquier, un des plus rapprochés de la frontière, fut appréhendé et dirigé sur le Mékong. Pour tout bagage il emportait une petite malle et laissait tout le reste exposé à la vindicte publique. On ne s’en fit pas faute. Comme il avait déjà préparé tous les matériaux pour construire une nouvelle église, on s’empara de tout. 40 chars, dit-on, ont à peine suffi pour emporter le butin volé. Quant à sa personne, elle ne fut pas trop molestée. Il put passer le Mékong sur une pirogue laotienne et arriver à Savannakhet ; il échappait à l’autorité siamoise.
A la suite de tous ces événements, après que 20.000 chrétiens furent soustraits à la juridiction du Vicaire apostolique du Laos, qui d’ailleurs fut lui aussi expulsé, il devenait évidemment difficile au Supérieur de la Mission de placer ses missionnaires dans ce qui lui restait de territoire, les postes étant déjà occupés. Il n’y avait plus que les chrétientés à desservir, et elles se trouvaient toutes dans la partie sud de la Mission, dans la province du Pakoc. M. Déquier fut donné comme compagnon à M. Mainier qui méritait d’être soulagé d’un trop grand nombre d’annexes. Il lui échut le poste de Hèi Mung, en pleine brousse laotienne, avec trois ou quatre villages comprenant en tout 150 à 200 chrétiens, avec des catéchumènes en perspective. Il y avait du travail, certes, mais c’était en ordre dispersé ; les résultats sont moins appréciables. Quand M. Déquier faisait la comparaison entre son poste actuel et l’ancien d’où il avait été expulsé, la nostalgie s’emparait de son âme et il en devenait plus ou moins déprimé. En quelques mois, à trois reprises, il fut atteint par la fièvre et chaque fois c’était un arrêt de quinze jours ou trois semaines qui lui était imposé. Un changement d’air s’imposait si l’on voulait conserver le missionnaire. Il resta trois mois à Savannakhet, tant pour se reposer que pour apprendre l’annamite et remplacer M. Figuet nommé professeur au collège de la Providence à Hué.
Lorsque le conflit entre la France et le Siam fut terminé par un traité d’amitié à Tôkyô, qui excluait toutefois la rentrée des missionnaires au Siam, M. Déquier dut abandonner Savannakhet et se fixer à Tha Ngam, à 18 kilomètres de Takhek où se trouvaient une cinquantaine de chrétiens fidèles, autant de tièdes à ramener et où se formait un groupe d’Annamites catholiques. Le travail pouvait lui plaire, malheureusement, il quittait la forêt des montagnes pour celle de la plaine, qui ne vaut guère mieux, et il y ressentit les premières atteintes d’une fièvre bilieuse qui le conduisit aux portes du tombeau ; il dut recevoir les derniers sacrements. Les bons soins du médecin de l’hôpital de Takhek, la surveillance attentive des Sœurs de la Charité, sa forte constitution et le secours de Dieu le rendirent maître de la maladie, et il put encore rêver d’une fructueuse vie apostolique. Mgr Gouin jugea qu’un repos prolongé dans un pays de montagne lui était nécessaire. Il l’envoya chez les RR. PP. Rédemptoristes de Bach Mai : l’air pur, la bonne nourriture le remirent tout à fait sur pied.
Il revint au Laos rajeuni et accepta avec joie sa nouvelle destination. Il était envoyé à Anninh, de la Mission de Hué, où se trouvaient une dizaine de Laotiens, pour s’y former au professorat. L’épreuve ne dura que quelques mois ; il fut rappelé au Laos par le nouveau Supérieur de la Mission. Avec tous les confrères il prit part à la retraite annuelle, assista à tous les exercices, fit honneur à la table commune et ne dédaigna pas les conversations familières qu’il savait assaisonner d’un bon mot. Nommé au poste de Nàm Dik, à 30 kilomètres au nord de Takhek, il accepta avec pleine résignation chrétienne. Son Supérieur, l’embrassa au moment du départ et cette ultime marque d’affection lui fut un baume qui lui adoucissait les amertumes de la séparation. Il prend à cœur son ministère, apporte tous ses soins à l’instruction des chrétiens et parle déjà, après un mois de présence à peine, de transplanter ailleurs un de ses villages annexes pour lui en faciliter l’administration. Se sentant suffisamment robuste pour répondre à l’appel d’un confrère, il n’hésita pas à faire à pied un voyage de 25 kilomètres. C’était trop présumer de ses forces. Il était à peine remis de ses fatigues, qu’un nouveau voyage de 35 kilomètres sous le soleil du Laos l’abattit complètement. De retour à son poste, il se coucha pour ne plus se relever. Le mal qui l’avait touché une première fois revint plus terrible. Il appela au secours. M. Lacombe et le médecin de Takhek arrivèrent près de lui à minuit ; il avait encore sa pleine connaissance, mais son cas était très grave. Transporté immédiatement à l’hôpital de Takhek, les piqûres de kinacuisse parurent le- ranimer. Il put recevoir tous les sacrements avec une parfaite lucidité d’esprit et attendit l’heure de Dieu. Entouré de ses confrères, de son évêque, des Sœurs de la Charité et du médecin, M. Déquier rendit son âme à Dieu le 14 janvier 1944.
Le regretté défunt a toujours été un modèle de régularité, pieux et zélé. Si son caractère avait parfois la dureté des pierres de sa montagne, il rachetait ce défaut par un grand amour de Dieu et des âmes.
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Références
[3505] DÉQUIER Jean-Marie (1903-1944)
Références biographiques
AME 1934 p. 187. 282. CR 1934 p. 233. 1936 p. 198. 199. 1938 p. 201. 202. 1939 p. 188. 189. 1947 p. 228. 1958 p. 60. BME 1928 p. 511. 1934 p. 659. 660. 892. 913. 1930 p. 917. 1935 p. 66. 1937 photo p. 244. 1939 p. 69. photo p. 296. 1948 p. 360. 1954 p. 642. EC RBac N° 293. 436.
Bibliographie
Une Lumière s'est levée, p. 116. par Mgr. Cl. Bayet.
Notice nécrologique
CR1947 p. 228-232.