Joseph CURIEN1909 - 1980
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3548
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1936 - 1975 (Kontum)
Biographie
[3548] Joseph, Simon CURIEN naquit le 28 octobre 1909, à Saulxures-sur-Moselotte, département des Voges, diocèse de Saint-Dié. Il appartenait à une modeste famille rurale de 17 enfants, dont trois moururent à la guerre, l'ainé à 20 ans, en 1915, Deux autres furent tués en 1940, à cinq jours d'intervalle, l'un à 25 ans, l'autre, clerc minoré à 27 ans..Deux filles devinrent religieuses chez les Soeurs du St.Esprit.
Après ses études primaires à Saulxures-sur-Moselotte, et quelques leçons de latin, Joseph entra au petit séminaire de Mataincourt, où il fit ses études secondaires de 1922 à 1928. Il se dirigea alors vers le grand séminaire de Saint-Dié. où il passa deux ans de 1928 à 1930, et reçut la tonsure. Il fit son service militaire au 120ème RAL, à Epinal.
Le 12 Avril 1931, étant encore soldat, il adressa sa demande d'admission au Séminaire des Missions Etrangères. Elle fut agrée le 22 avril 1931, mais son évêque de Saint Dié lui imposa deux années de service dans le diocèse, et l'envoya comme surveillant au Collège Saint Joseph d'Epinal de 1931 à 1933. Le 15 septembre 1933, il entra au séminaire de la rue du Bac. Ordonné prêtre le 7 juillet 1935, mais n'ayant pas terminé ses études, il ne reçut sa destination pour le vicariat apostolique de Kontum, que le 13 février 1936. Il partit rejoindre sa mission, le 14 avril 1936, et s'embarqua le 16 avril 1936.
Arrivé à Kontum le 18 mai 1936, Mgr. Jannin lui donna le nom viêtnamien de Kim", et l'envoya s'initier à la langue viêtnamienne au probatorium de la mission dirigé par M. Hutinet qui le confia à un Frère viêtnamien, professeur dans cet établissement. Ayant fait de rapides progrès en viêtnamien,vers janvier 1937, M.Curien alla apprendre la langue bahnar à Kon-Mah, à une quinzaine de kms à l'est de Kontum. En mars 1937, il fut mis à la tête du district montagneux de Kon-Mahar, -St. Joseph du Pokei- ,d'accès difficile, à une quarantaine de kms à l'est de Kontum. Il y resta jusqu'en 1941. De septembre 1939 à avril 1941, il fut mobilisé, mis en sursis, rappelé à plusieurs reprises et affecté dans l'artillerie d'abord à Saigon, puis à Cam-Ranh. Dans les premiers jours de décembre 1940, une lettre du provicaire, lui apprit l'incendie de son église, de sa maison et la perte de toutes ses affaires personnelles. Démobilisé le 5 avril 1941, il rentra dans son poste où il entreprit de construire église et résidence sur leur ancien emplacement, alors que les gens s'étaient installés à un km de là. En raison de ce conflit, et de la solitude dont il avait souffert à Kon-Mahar, poste isolé et difficile, M.Curien fut nommé à Kon Monei, gros village à environ 3 kms de Kontum, où il succéda à M. Asseray. Il fut en même temps chargé des cours de mathématiques au petit séminaire en réthorique et en seconde, à raison de deux jours par semaine.
Le 22 juin 1943, déchargé de Kon Monei, M.Curien devint professeur au petit séminaire, ajoutant à l'enseignement des mathématiques, celui du latin, des sciences, et trois conférences spirituelles par semaine. Il y resta jusqu'au 9 mars 1945; il fut alors interné au presbytère de Nhatrang. A partir du 20 août 1945, les "Viêtminh" ayant pris le pouvoir, il se réfugia dans une famille amie, où il resta jusqu'en juin 1946.
Le 26 juin 1946, les troupes françaises reprirent le contrôle de la ville de Kontum. M.Curien les accompagna comme aumônier militaire; il pût empêcher des pillages, sauver des innocents, rappeler prêtres et chrétiens dispersés en forêt. Puis il alla à Dak-Chô, chez les Sedang dont il apprit fort bien la langue et il remplaça M.Renaud parti en congé en France. Il assura cet interim jusqu'en juin1948. Il partit alors en congé en France où il séjourna du 4 juillet 1948 au 12 mars 1949.
A son retour, M. Curien fut nommé à Pleiku, chef lieu de province du pays Jorai,à 45 kms au sud de Kontum; outre son ministère ordinaire auprès d'une centainre de chrétiens, et de ses visites au personnel de la plantation de thé, "Catecka," à une quinzaine de kms de Pleiku, il exerça les fonctions d'aumônier militaire. Il restaura les bâtiments religieux de cette petite ville.où, se réfugièrent de février à septembre 1954, plusieurs confrères chassés de leurs postes par la guerre, et la chute de la ville de Kontum, occupée par les "Viêtminh".
. Le 7 novembre 1955, Mgr. Seitz posa la première pierre de la future église "en dur"que bâtit M.Curien, sous la haute direction de M.Vacher. Les accords de Genève de juillet 1954 partagèrent le Viêtnam en deux zônes. Le gouvernement du Président Ngô-Dinh-Diêm, embarrassé par l'afflux de très nombreux réfugiés venus du Nord Viêtnam, fonda des villages agricoles sur les Hauts-Plateaux, ce qui créa quelques difficultés avec les montagnards. Un centre de ré-implantation appelé "Chu-Ty" ou "Phuoc-Thiên" s'installa à une cinquantaine de kms au sud de Pleiku, M.Curien s'y fixa, y bâtit église et résidence. Il s'occupa en même temps de deux ou trois villages Jorai. Il prit un congé en France du 16 avril 1958 au 23 Septembre 1958.
Dès 1962, en raison de la guerre, le district de Phuoc-Thiên; comprenant quatre villages viêtnamiens, et trois villages Jarai devint zône d'insécurité. Vers 1965 un bombardement sérieux ensevelit M.Curien sous les décombres de sa maison, et endommagea gravement son église. Avec toute la population apeurée, il se réfugia d'abord à Pleiku, puis à Kontum. Après un temps de repos à Saigon, Mgr. lui confia la charge du secrétariat de l'Evêché à Kontum. Du 21 mai 1967 au 14 mars 1968, il rentra en congé en France. Il partit alors perfectionner son anglais aux Etats-Unis, à Lowell, chez les Pères Oblats de Marie où il resta un an et demi environ.
De retour à Kontum, en mars 1969, il reprit ses fonctions de secrétaire épiscopal, et y ajouta celles d'aumônier des religieuses de la Médaille Miraculeuse et de l'hôpital de la Mission "Minh-Quy". En mars 1975, l'abandon par les forces du Sud Viêtnam des villes des Hauts-Plateaux, mit sur les routes un flot important de réfugiés viêtnamiens, provoquant ainsi des encombrements monstres.sur les routes. M.Curien quitta Kontum en voiture acccompagné de Sr.Francine. Ils arrivèrent très difficilement jusqu'à Cheo-Reo, puis ils continuèrent à pied en direction de Tuy-Hoa. Durant ce trajet, avec une foule de réfugiés, à une étape, les "Viêtcong" arrivés avant eux, prirent M.Curien pour un "américain" et le molestèrent sérieusement. Relâché au bout de quelques jours, M.Curien, Sr.Francine, et de nombreux réfugiés continuèrent leur route et arrivèrent à Tuy-Hoa, avec l'aide de prêtres viêtnamiens. Malgré quelques semaines de repos, M.Curien était encore fatigué, mais la situation du pays s'était un peu stabilisée; Sr.Francine, à prix d'or, loua une voiture qui les ramena tous deux à Kontum. Enfin, le 12 août 1975, religieuses et missionnaires français furent tous dirigés sur Saïgon; au soir du 15 août 1975, tout le groupe débarqua à Roissy.
Après quelques temps de repos, M.Curien fit partie, en 1976, de l'équipe sacerdotale de Remiremont, puis, en 1977, il exerça son ministère au Foyer pour personnes âgées de Dommartin-sur-Vraine; En 1980, nommé à Golbey, où est l'hospice départemental d'Epinal, il devait y être reçu dans l'après-midi du 15 août 1980. Le 14 août 1980, alors que M.Curien se trouvait encore à Dommartin, les religieuses le trouvèrent paralysé. Evacué sur l'hôpital de Neufchâteau, il fut transféré à l'hôpital de Nancy où il décéda le 26 août 1980, sans avoir repris connaissance.
Son corps fut ramené au Rouceux, au couvent où se trouvait sa soeur. Ses obsèques, présidées par Mgr.Vilnet, évêque de Saint-Dié, eurent lieu dans l'église de Saint-Martin de Rouceux le vendredi 29 août 1980. M.Curien repose au cimetière de Neufchâteau, auprès de sa soeur Eugénie, religieuse du Saint Esprit, décédée en 1978.
Nécrologie
Le Père Joseph CURIEN
Missionnaire de Kontum (Viêt-Nam)
1909 - 1980
CURIEN Joseph Simon
Né le 28 octobre 1909 à Saulxures-sur-Moselotte (Vosges), diocèse de Saint-Dié
Etudes primaires à Saulxures — secondaires à Mattaincourt
Grand séminaire de Saint-Dié (1928-1930) — Service militaire
Surveillant à Saint-Joseph d’Epinal :1931-l933
Entré aux Missions Etrangères le 15 septembre 1933
Prêtre le 7 juillet 1935
Parti pour la Mission de Kontum (Viêt-Nam) le 14 avril 1936
En mission : 1936-1975
En France : 1975-1980
Décédé à l’hôpital de Nancy le 26 août 1980
Obsèques le 29 août dans l’église Saint-Martin de Rouceux.
Enfance et jeunesse
Joseph Curien naquit à Saulxures-sur-Moselotte dans les Vosges, au diocèse de Saint-Dié le 28 octobre 1909. Sa sœur Marie, religieuse, a bien voulu nous donner quelques renseignements intéressants sur la famille. En voici de larges extraits : « Nous sommes d’une famille de 17 enfants. Le premier est mort au berceau ainsi que les deux avant-derniers (jumeaux). Trois de nos frères sont morts à la guerre, l’aîné à20 ans en 1915. Les deux autres ont été tués en 1940, à 5 jours d’intervalle, l’un à 25 ans, l’autre clerc minoré à 27 ans. Sept de nos frères et sœurs se sont mariés, deux des filles sont devenues religieuses chez les Sœurs du Saint-Esprit qui avaient une communauté dans la paroisse... et le P. Joseph. Nous restons encore trois filles et trois garçons.
Nous sommes nés dans une famille pauvre et laborieuse, exploitant une petite ferme avec trois vaches et quelques champs afin de récolter à peu près ce qu’il nous fallait pour nous nourrir et nous occuper à aider nos parents après la classe. La Providence nous a dotés d’une bonne santé et nous savions nous contenter de peu, mais nous n’avons jamais eu faim, même pendant la guerre 1914-1918.
Dès le certificat d’études obtenu, nous apprenions un métier. Pour moi (c’est sa sœur Marie qui parle) je suis allée à l’usine pendant 10 ans jusqu’à mon entrée au couvent.
Maman surtout avait une foi profonde et nous en avons bénéficié. On priait en famille surtout le soir. Je ne me souviens pas avoir entendu dire du mal de qui que ce soit. Nous n’étions pas parfaits, mais la famille était unie et nous étions joyeux. »
Après ses études primaires et quelques leçons de latin auprès du vicaire de la paroisse, Joseph Curien entra au petit séminaire de Mattaincourt de 1922 à 1928. Et sa sœur continue : « A cause de mon travail en usine, je n’ai guère vécu avec Joseph. Je me souviens cependant de son escapade de Mattaincourt. C’était au cours d’une promenade. Il en profita pour s’enfuir et prendre le train. Il arriva chez nous très tard et fut reçu froidement. Maman me fit lui chauffer à manger et lui préparer un lit. “On verra cela demain” dit-elle. Une fois couché, nous avons échangé quelques paroles ; il me dit : “Je n’ai pas la vocation ; il y a 2 mois que j’y pense. — Oh ! lui répondis-je, c’est le diable qui te le dit.” Le lendemain matin, aussitôt sa messe célébrée, Monsieur le Curé arrive avec un télégramme : “Le fugitif est-il rentré ?” Voyant Monsieur le Curé, Joseph se mit à pleurer, puis il fut décidé que papa l’accompagnerait au séminaire pour étudier la question et pour que Joseph termine au moins le trimestre. Et sa vocation s’affermit... » Et donc tout naturellement il se dirigea vers le grand séminaire de Saint-Dié car il désirait être prêtre. C’est au cours de ses deux années de grand séminaire qu’il sentit l’appel à l’apostolat missionnaire. Quand il en fit part à sa maman, elle lui répondit simplement : « Il faut aller où Dieu t’appelle. » Un de ses condisciples écrit : « Au grand séminaire où je l’ai connu, Joseph Curien était un travailleur gai, enjoué, un « dur » au hand-ball, d’une santé à toute épreuve. Les mardis et jeudis il faisait des promenades longues et dures. Rien ne l’arrêtait. Joueur de farces à l’occasion avec un condisciple, il était l’ami de tous. Malgré ses petites fredaines il gardait l’estime du Supérieur, M. Laxenaire. Affecté pour son service militaire au 120e RAL à Epinal, il fut le boute-en-train de la batterie ; il gardait un bon souvenir de ce temps de caserne et 50 ans après, il en parlait encore avec joie. »
C’est pendant son service militaire que, le 12 avril 1931, il adressa sa demande d’admission aux Missions Etrangères. Le 22 avril sa demande fut agréée sur recommandation du Supérieur du grand séminaire de Saint-Dié qui écrivait notamment : « L’abbé Joseph Curien est un excellent séminariste. Il a une piété solide et généreuse. Ses moyens intellectuels sont ordinaires, mais il travaille très consciencieusement. Il sera pour vous une excellente recrue. » Cependant ce n’est que le 15 septembre 1933 que Joseph Curien put entrer aux Missions Etrangères, car l’évêque de Saint-Dié lui imposa deux années de « service » dans le diocèse avant de lui accorder l’autorisation de par¬tir. Il fut nommé surveillant au collège Saint-Joseph d’Epinal ; il accepta à contrecœur, mais avec le sourire et sans se plaindre. C’est donc le 15 septembre 1933 qu’il entra au séminaire de la rue du Bac. Ordonné prêtre le 7 juillet 1935, il reçut sa destination pour la Mission de Kontum, sur les Hauts-Plateaux du Sud Viêt-Nam. Comme il n’avait pas terminé ses études, il ne partit que le 16 avril 1936.
En mission
La Mission de Kontum avait été érigée en 1932, par division de la Mission de Quinhon. Elle était alors dirigée par Mgr Jannin, un vétéran arrivé dans cette région en fin 1890. La population à évangéliser était très composite. Sans parler d’un certain nombre d’Européens, fonctionnaires ou planteurs, on comptait des Viêtnamiens, surtout dans les centres mais disséminés aussi un peu partout, et principalement des « Montagnards » — ceux qu’autrefois on appelait les Moïs — de diverses tribus avec chacune sa langue et divers sous-dialectes. Les missionnaires qui avaient le « don des langues » pouvaient l’utiliser largement et s’en donner à cœur joie ! Et heureusement c’était le cas du P. Curien... De toutes façons les missionnaires destinés à la Mission de Kontum devaient d’abord acquérir un minimum de langue vietnamienne, au moins pour les besoins de la vie courante. C’est donc par là que commença le P. Curien. Il fut placé à cet effet au petit séminaire nouvellement construit par Mgr Jannin. Cette maison était dirigée par le P. Hutinet qui confia le jeune P. Curien à un des Frères viêtnamiens, professeur dans cet établissement. Comme les élèves étaient pratiquement tous des enfants viêtnamiens, le P. Curien avait continuellement l’occasion de mettre en pratique les notions acquises. Il fit donc de rapides progrès et se forma à une bonne prononciation : ce qui est le plus important pour cette langue « à tons ». Il développera d’ailleurs ses connaissances dans les autres postes où il aura à exercer son ministère car il sera partout en contact avec des Viêtnamiens.
Au bout de quelques mois, il fut envoyé à Kon-Mah, poste situé à une quinzaine de kilomètres de Kontum, poste que les anciens appelaient le « Grand Orient », sans doute parce qu’il était situé à l’est de la ville. Il s’agissait alors pour le P. Curien d’attaquer l’étude de la langue bahnar qui n’a rien à voir, bien sûr, avec le viêtnamien. Le P. Curien ne fut pas long avant d’en maîtriser les rudiments et d’en savoir assez pour prendre lui-même un poste en charge. C’est alors qu’il fut mis à la tête du district de Kon-Mahar. C’était en 1937. Il devait y rester jusqu’en 1941, sauf pendant les mois où il fut mobilisé à Saigon et à Cam-Ranh. Ce poste de Kon-Mahar situé encore plus à l’est dans la montagne, à environ 40 km de Kontum, était d’accès difficile. On ne pouvait y accéder qu’à pied ou à cheval. Il en était de même pour la visite des divers villages à 5 et même 10 kilomètres qui constituaient le district. Les habitants de cette région, Montagnards parmi les Montagnards, semblaient encore plus frustres que les autres ; ils étaient cependant assez sympathiques ; certains villages étaient plus instruits et mieux formés que les autres et plus « pratiquants ». En un mot le travail ne manquait pas et il fallait un homme solide pour faire face à la besogne, un homme solide et qui savait se contenter d’un minimum de « confort ». La maison qui servait de presbytère, maison sur pilotis, était en assez mauvais état et un jour même, le « plancher » qui était en bambous écrasés céda sous le poids du Père. Une de ses jambes passa à travers. Heureusement il ne fut que légèrement blessé. Il faut dire que le P. Curien était une « vraie force de la nature » et donc d’un poids « respectable ». D’autres difficultés aussi se présentaient, et en tout premier lieu le ravitaillement. Comme on ne trouvait pratiquement rien sur place, il fallait venir au centre à Kontum pour faire ses provisions indispensables, puis les transporter par chevaux de bât. Les prêtres de la Mission de Kontum (Pères français, viêtnamiens et bahnars) se réunissaient tous les mois pour une récollection et une rencontre qui durait deux ou trois jours. On voyait alors le P. Curien arriver avec toute sa « cavalerie », le cheval qu’il montait tirant derrière lui 4 ou 5 chevaux de bât chargés de lourds paquets de feuilles de tabac, un tabac de bonne qualité qui poussait très bien à Kon-Mahar. Au retour, ils repartaient avec de lourdes charges de sel, de poisson sec, d’étoffes, etc. Ces denrées servaient de monnaie d’échange, de récompense pour divers travaux, d’aide pour les catéchistes.
Un autre handicap pour les missionnaires des Hauts Plateaux était le paludisme. Personne n’y échappait et le P. Curien moins que les autres. On dirait que le microbe opère avec plus de virulence en raison du poids et de la force de sa victime : c’est pourquoi sans doute on a vu le P. Curien subir des accès de fièvre spectaculaires...
Pendant qu’il était mobilisé à Cam-Ranh (1940-1941) sa maison ainsi que tout le village furent détruits par un incendie au début de décembre 1940. Revenu en toute hâte, il ne put que constater les ruines ; il y perdit pratiquement toutes ses affaires. Lorsqu’il fut démobilisé le 5 avril 1941, il rentra à Kon-Mahar et entreprit de construire église et presbytère sur leur ancien emplacement alors que les gens avaient reconstruits leurs maisons mais à un kilomètre de là. D’où litiges, discussions, disputes, mauvaise humeur de part et d’autre. Tout cela aigrit le caractère du P. Curien qui d’ailleurs avait toujours souffert de la solitude dans ce poste éloigné et difficile. C’est pourquoi Mgr Sion, nouvel évêque de Kontum en remplacement de Mgr Jannin décédé le 16 juillet 1940, le nomma à Kon-Monei, gros village à quelque 3 km de Kontum. Il prenait la suite du Père Asseray obligé de se retirer à cause de son grand âge. Son séjour à Kon-Monei fut d’ailleurs de courte durée. Dans une lettre à ses paroissiens datée du jour de la Toussaint 1945, alors qu’il était à Nhatrang, il donne un résumé des événements de sa vie depuis 1940. Après avoir signalé qu’il a quitté Kon-Mahar, il écrit : « Tout en étant curé de Kon-Monei, j’ai été chargé des cours de mathématiques au petit séminaire en rhétorique et en seconde, à raison de deux jours par semaine. Mais nous avons eu un nouvel évêque, Mgr Sion, qui a jugé que tous ces déplacements étaient trop fatigants. Malgré mes supplications, il m’a déchargé du poste de Kon-Monei et je suis venu habiter au petit séminaire le 22 juin 1943 pour enseigner le latin, les mathématiques et les sciences, entendre les confessions des élèves et donner 3 conférences spirituelles par semaine aux élèves en viêtnamien. » Malgré ses demandes de retourner en brousse, il dut rester au petit séminaire jusqu’au coup de force de l’armée japonaise les 9 et 10 mars 1945. Les Japonais s’emparèrent de toute l’administration civile et militaire dans tout le Viêt-Nam. Quelques jours après il devait être emmené avec tous les autres Français, aussi bien missionnaires que civils, à Nhatrang pour y être interné, internement d’ailleurs assez large puisque les 1.500 Français, religieux, religieuses, fonctionnaires, planteurs, commerçants pouvaient circuler à l’intérieur du périmètre de la cité, aller au marché et chez les commerçants chinois. Ils devaient d’ailleurs assurer eux-mêmes leur subsistance. Ce régime devait durer jusqu’au 20 août 1945, car les Japonais avaient capitulé le 15 août. C’est le 20 août que les Viêtminh communistes s’emparèrent sans coup férir de la ville et de toute l’administration de la province. Le même scénario se reproduisit dans tout le pays. Alors le périmètre concédé aux internés à Nhatrang se trouva singulièrement rétréci, et le ravitaillement beaucoup plus difficile. Les missionnaires, logés d’abord au presbytère, durent le quitter à cause de l’insécurité et aller loger à l’hôpital. Le P. Curien se réfugia dans une famille amie où il demeura jusqu’au mois de juin 1946.
Sans entrer dans de longs détails, rappelons-nous que c’est en mars 1946 que débarquèrent les premiers éléments du Corps expéditionnaire français. Peu à peu les troupes françaises reprirent le contrôle des principales villes du pays. Et c’est au mois de juin qu’un détachement important prit la route des Hauts Plateaux pour chasser les Viêtminh et reprendre pied à Kontum et dans les autres centres. Le P. Curien remonta à Kontum avec les troupes. Heureusement qu’il était là pour guider les opérations dans la reprise de la ville et aussi pour sauver des innocents accusés de collaboration par des officiers français. Lors de la reprise de Kontum a-t-il fait le coup de feu avec sa mitraillette comme il aimait à le raconter ? Toujours est-il qu’il causa une vive émotion à Mgr Sion revenu quelques jours plus tard quand il lui demanda quelle peine encourait un clerc qui avait tué. Monseigneur, interloqué, de lui dire : « Vous ne voulez tout de même pas dire que... » On ne sut jamais la réponse.
Au cours de 1946, le P. Renaud, titulaire du district de Dak-Chô au pays sedang, prit en France un congé bien mérité. Alors on demanda au P. Curien de le remplacer pendant son absence. Pour cela il dut apprendre un autre dialecte. Grâce à sa mémoire excellente et à sa facilité pour l’étude des langues, il arriva en très peu de temps à parler aussi bien le sedang que le bahnar. Cet intérim dura jusqu’en septembre 1948.
Alors que le P. Curien, capable de faire face à toutes les situations fut envoyé à Pleiku, chef-lieu de province du pays jorai. Pleiku, bien que chef-lieu de province, était alors très peu peuplé. La ville se développa beaucoup par la suite. En 1948, il n’y avait que des commerçants et bon nombre de militaires. La paroisse, en tant que telle, ne comptait pas plus d’une centaine de baptisés. Mais il y avait aussi l’armée avec un certain nombre de pratiquants français et autochtones. De plus, à une quinzaine de kilomètres de Pleiku se trouvait une importante plantation de thé avec une poignée de travailleurs chrétiens. Le Père allait régulièrement y célébrer la messe. Son apostolat à Pleiku (1948-1959) se passa presque tout entier dans la tourmente de la guerre (1948-1954). A un certain moment, Pleiku se trouva même aux avant-postes et si les accords de Genève (1954) n’avaient pas mis fin aux hostilités, la résistance y serait devenue impossible. Un jour, le P. Curien, volontaire pour aller vers une mission militaire pour récupérer les rescapés d’un poste submergé par les Viêtminh se trouva même prisonnier pendant 48 h et il en revint avec un sévère lumbago dont il souffrira par la suite à maintes reprises. Pendant son séjour à Pleiku, il fut accueillant pour les confrères qui avaient fui Kontum tombé aux mains de l’ennemi. Il bénéficia ainsi de la présence de plusieurs confrères pendant quelques mois (mars à septembre 1954). En ces temps troublés, cette présence fraternelle le sécurisait... car le P. Curien a toujours souffert de l’isolement.
Après les accords de Genève en 1954 et la partition du Viêt-Nam en deux, le calme revint peu à peu dans la partie que l’on appela alors le « Viêt-Nam Sud ». Les missionnaires purent rejoindre leurs postes. A Pleiku, le P. Curien entreprit la construction d’une église en dur, église qui s’avéra bientôt trop petite car la population se mit brusquement à augmenter par suite de la politique du président Ngô dinh Diêm. Celui-ci, embarrassé par l’afflux de très nombreux réfugiés venus du Nord Viêt-Nam, fonda des villages agricoles sur les Hauts Plateaux, sur des terres domaniales en droit, mais exploitées en fait par les Montagnards : ce qui ne fut pas sans créer des difficultés. Sur la route partant de Pleiku et allant vers le sud furent ainsi installées un certain nombre de ces « agrovilles » et le P. Curien fut déplacé vers cette direction avec pour centre Chu-Ty ou Phuoc-Thiên. En plus des arrivants viêtnamiens, il avait aussi comme « paroissiens » 2 ou 3 villages de Montagnards Jorai convertis depuis longtemps. Il fallut donc qu’il s’initie à ce nouveau dialecte. Il y avait beaucoup de travail... Mais placé à une cinquantaine de kilomètres de Pleiku, notre confrère souffrit là aussi de l’isolement d’autant plus que la guerre entre les Viêtnamiens du Nord communistes qui s’étaient infiltrés un peu partout et les troupes nationales du Sud aidées par les Américains recommença avec de nombreux bombardements. Le P. Curien fut victime de cette guerre. De nombreuses bombes tombèrent sur le village, l’église et la cure. Le P. Curien fut enseveli sous les décombres de sa maison... Au matin il réussit à s’en sortir. Il alla vers l’église elle aussi très endommagée. Le tabernacle avait été criblé de balles ; le ciboire était troué par les balles... A ce moment-là c’était le calme mais d’autres bombardements pouvaient se produire... Le P. Curien prit donc le ciboire avec les hosties qu’il contenait, mit le tout dans un mouchoir et partit avec la population du village en direction de Pleiku. Ceux qui ont été sous les bombardements ou les obus comprendront très bien la peur et même la panique qui s’empara du P. Curien et de la population... Vers le soir, il arriva avec tous ses gens à la plantation de la Catécka ; là on restaura tout le monde et tous purent se reposer. Le lendemain, une voiture vint chercher le P. Curien et son serviteur et le ramena à Kontum où il arriva fatigué, déprimé… presque en larmes. Mais de se sentir dans le milieu chaleureux des confrères lui fit vite retrouver son allant et son sourire.
Cependant il avait subi un choc. Il fut envoyé à Saigon pour se soigner et se reposer pendant quelques semaines. C’est alors qu’il fut interviewé par un journaliste qui fit paraître dans Match un article à sensation qui fit un certain bruit à l’époque.
Après ces événements dramatiques, l’évêque ne crut pas pouvoir renvoyer le P. Curien à Chu-Ty. Il se l’attacha comme secrétaire jusqu’en 1967, date à laquelle le P. Curien revint en France pour se reposer de ses émotions dans sa famille. Au bout de deux ou trois mois il partit pour les Etats-Unis à Lowell chez les Pères OMI pour se perfectionner en anglais. Mgr Seitz avait besoin pour son secrétariat d’un prêtre comprenant et parlant bien cette langue, car la correspondance avec les bienfaiteurs de langue anglaise était de plus en plus importante. Le P. Curien séjourna un an et demi en Amérique.
De retour à Kontum en mars 1969, il fut à la disposition du Supérieur de la Mission (l’évêque) un peu comme un « bouche-trou », sans donner à ce mot un sens péjoratif quelconque : il remplit les fonctions d’aumônier des religieuses indigènes de la Médaille miraculeuse, assura aussi le service religieux à l’hôpital Minh Quy, hôpital de la Mission tenu par une doctoresse américaine... Entre-temps, il remplissait sa fonction de secrétaire... Il en fut ainsi jusqu’en 1975.
Et ce fut alors le sinistre mois de mars 1975. Le 15, le Gouvernement Thiêu décida d’abandonner sans coup férir les villes de Kontum, Pleiku et autres lieux stratégiques sur les Hauts Plateaux. Alors un vent de panique souffla sur toute la population viêtnamienne. En quelques jours les 30 ou 35.000 Viêtnamiens de Kontum quittèrent la ville. Voyant la troupe partir, la population se figura en effet que les routes vers Quinhon et la côte étaient libres, et ouvertes à la circulation. Le P. Curien, n’ayant pas précisément charge d’âmes et devant aussi prendre un congé, se mêla à tout cet exode d’une population absolument affolée. Une religieuse de Saint-Vincent-de-Paul fit de même. Si le voyage s’effectua encore assez bien jusqu’à Pleiku malgré des encombrements monstres, ce fut pour gagner Cheo-Reo presque un exploit. Mais à partir de là il était absolument impossible de rouler en voiture. Le P. Curien et la Sr Francine partirent donc à pied en direction de Tuy-Hoa (sur la côte). Il s’agissait de plusieurs centaines de kilomètres à franchir... Arrivés à une étape avec toute une « horde » de réfugiés, ils se trouvèrent nez à nez avec les Viêtcông arrivés sur place en même temps que les réfugiés. Vu sa corpulence, le P. Curien fut pris pour un « Américain » et sérieusement molesté. On le dépouilla de ses vêtements. La religieuse réussit à trouver de quoi cacher sa nudité... Au bout de quelques jours, les Viêtcông reconnurent sa qualité de prêtre français et le laissèrent partir. Il se remit en route et arriva à Tuy-Hoa. Il était complètement épuisé physiquement et moralement... La Sœur s’occupa de lui très charitablement pendant quelques semaines. D’autre part, il fut accueilli et recueilli avec beaucoup de dévouement par les prêtres viêtnamiens. Quand au bout de quelques semaines, la situation se stabilisa et que se termina la guerre par la défection totale de l’armée du Sud et la victoire des troupes du Nord, alors la population, le P. Curien et la Sr Francine reprirent le chemin de Kontum. La Sr Francine, voyant le P. Curien très fatigué arriva, à prix d’or, à louer une voiture qui les ramena tous les deux au bercail et pas fiers de leur équipée malheureuse. Comme toujours le milieu fraternel des confrères qui étaient restés sur place remit notre P. Curien sur pied en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Alors commença au centre de la Mission des longs mois d’attente... dans l’anxiété même car tous les jours restait suspendue sur la tête des missionnaires cette épée de Damoclès : « Qu’allaient faire les nouveaux maîtres ? Camp de concentration, expulsion ? Quand ? Comment ? »
La réponse vint le 12 août à 8 h 30 du matin. Tous les missionnaires français ainsi que toutes les religieuses françaises furent convoqués à une réunion par les autorités communistes. Cette réunion devait théoriquement se tenir au siège de l’Instruction publique de la province. En fait les voitures venues chercher les participants furent dirigées vers un camp militaire désaffecté situé à une dizaine de kilomètres de la ville et là ils reçurent communication de leur expulsion du pays, expulsion qui fut exécutée immédiatement car les voitures prirent tout de suite la direction de Saigon. Le 15 août au soir, tout le groupe débarquait à Roissy : ainsi se terminait pour le P. Curien l’aventure commencée le 16 avril 1936 et que nous avons essayé d’évoquer dans ses grandes lignes.
Au cours de ces événements tragiques de 1975, le bruit courut en France qu’il avait été tué. Un de ses condisciples, curé dans les Vosges, chanta un service solennel dans sa paroisse de La Neuville-sous-Châtenois, en présence de la municipalité et de ses deux sœurs religieuses. Le P. Curien était très connu dans le village où il passait quelques jours de vacances dans la Communauté religieuse dont sa sœur était supérieure. Et voilà qu’il revint tout souriant en août 1975. Le P. Curé de cette paroisse lui proposa de venir chanter la messe de sa « résurrection ». Ce qu’il fit aimablement avec les camarades du cours, en septembre 1975.
Rentré en France, le P. Curien prit un peu de repos dans sa famille puis demanda à l’évêque de Saint-Dié de lui donner un peu de ministère dans le diocèse, ministère qu’il exerça d’abord à Remiremont dans l’équipe sacerdotale, puis ensuite au Foyer pour personnes âgées de Dommartin-sur-Vraine, en 1977. Il venait d’être nommé à Golbey, l’hospice départemental d’Epinal. Il devait s’y rendre le 15 août et être reçu dans l’après-midi. Mais le 14 août, alors qu’il se trouvait encore à Dommartin, les religieuses ne le voyant pas venir pour la messe, se rendirent dans sa chambre vers 17 h et le trouvèrent paralysé par une attaque. Transporté d’urgence à l’hôpital de Neufchâteau, il fut sans délai transféré à l’hôpital de Nancy où lui furent donnés les soins que réclamait son état. Mais la crise était très grave et eut raison de la vigueur de notre confrère. Il mourut le 26 août sans avoir repris connaissance. Son corps fut ramené au Rouceux, au couvent où se trouve sa sœur. Comme sa sœur Eugénie repose au cimetière de Neufchâteau, on décida d’inhumer le Père dans le même cimetière. C’est la seule raison pour laquelle il ne repose pas auprès de ses parents dans son village natal de Saulxures. Les obsèques eurent lieu dans l’église Saint-Martin de Rouceux, le vendredi 29 août. Voici en quels termes Mgr Vilnet, évêque de Saint-Dié, accueillit la dépouille mortelle de notre confrère au début de la cérémonie : « Le P. Joseph Curien a quitté son ministère pour la maison du Père. Toute sa vie il s’est consacré à sa mission avec force, fougue et foi, risquant sa vie, connaissant la prison et laissant sur les plateaux viêtnamiens une partie de sa famille. » La concélébration fut présidée par Mgr Vilnet, évêque de Saint-Dié entouré de Mgr Seitz, ancien évêque de Kontum, et d’une soixantaine de prêtres parmi lesquels plusieurs confrères des Missions Etrangères. Dans la nef se pressait une foule nombreuse en tête de laquelle se trouvaient les notabilités du pays. C’est le chanoine Poirson qui fit l’homélie : il évoqua la vie du P. Curien « paysan de la montagne vosgienne enraciné chez les paysans des Hauts Plateaux du Viêt-Nam ». A la fin de la cérémonie c’est Mgr Seitz, son ancien évêque, qui dit « au revoir à celui dont le souvenir ne quittera jamais les Missions Etrangères, ce P. Joseph qui connut la misère, la pauvreté, le danger, en homme de Dieu vainqueur et fier de sa foi. » Le P. Curien repose au cimetière de Neufchâteau avec sa sœur Eugénie, religieuse du Saint-Esprit décédée en 1978.
Telle fut dans ses grandes lignes la vie sacerdotale et missionnaire du P. Curien. Elle a été variée et même mouvementée et s’est souvent déroulée au milieu de graves dangers. Il a frôlé la mort à plusieurs reprises. Comment, non pas juger, mais souligner simplement quelques traits de son caractère ?
Tout d’abord il était d’une grande force physique : il paraissait solide comme un roc et en imposait par sa carrure. Sa santé était à l’avenant ; cependant on peut dire qu’il se nourrissait à peine convenablement. Un confrère note qu’il « était fâché avec les moindres connaissances de l’art culinaire », ce qui à la longue influa sur sa santé. Un manque de précautions lui occasionna aussi des crises spectaculaires de paludisme. Il jouait volontiers « au pionnier » !
Doué aussi d’une imagination fertile, il brodait largement autour des incidents ou accidents qui lui étaient survenus et en venait à raconter les histoires les plus invraisemblables. A force de les raconter et de les « enjoliver », il finissait lui-même par y croire. Les auditeurs qui le connaissaient n’étaient pas dupes, mais ils aimaient à entendre et à ré-entendre ses histoires et tout le monde riait de bon cœur.
En compagnie des confrères, le P. Curien était souriant et de bonne humeur. Il avait cependant des sautes d’humeur qui déconcertaient un peu. Mais lorsqu’il était seul dans ses divers postes, il souffrait de l’isolement. Les réunions mensuelles à Kontum étaient pour lui une grande joie. Il se « regonflait » et faisait provision de courage pour rejoindre son poste.
Fidèle à ses actes de prière, il s’occupait aussi attentivement de ses chrétiens et de ses catéchumènes, visitant régulièrement ses villages, même les plus éloignés. Il n’était pourtant pas question de routes, mais de simples sentiers dans la forêt qu’il parcourait à cheval et même sou¬vent à pied, surtout dans le district de Kon-Mahar. Partout où il eut à exercer son ministère il inculqua aux chrétiens une solide dévotion envers le Sacré-Cœur et la Sainte Vierge. En somme une vie missionnaire bien remplie. En France, spécialement à l’hospice de Dommartin, il se dévoua auprès de 70 à 75 personnes âgées de cette maison, disant la messe chaque jour, précédée du chapelet, portant la communion aux malades régulièrement. Son ministère était apprécié de la direction qui savait recourir à son jugement précis et éclairé pour régler les petites difficultés qui naissent inévitablement dans des maisons où la cohabitation n’est pas toujours facile. Il était unanimement apprécié par « ses » vieux qui l’ont pleuré. D’autre part, il ne rechignait jamais pour rendre service aux confrères du voisinage, soit pour une messe soit pour des confessions. « Jamais je n’ai fait appel en vain à son dévouement et parfois, même avec une crise de « palu », il venait me rendre service » dit un prêtre de Saint-Dié.
Chacun, bien sûr, a ses déficiences. Cependant nous espérons que le Seigneur en le rappelant si brutalement, voulait lui dire : « Viens, bon et fidèle serviteur. »
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Références
[3548] CURIEN Joseph (1909-1980)
Références bibliographiques
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