Charles MASSOT1911 - 1977
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3553
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1936 - 1977 (Pondichéry)
Biographie
[3553] MASSOT Charles naît le 17 septembre 1911, à Caluire dans le diocèse de Lyon. Il fait ses études dans plusieurs écoles libres : Saint-Clair, Saint-Eucher, Saint-François-de-Sales et termine son cycle secondaire en juillet 1928 à l'école de La Roche. Il connaît de graves ennuis de santé : appendicite en septembre, suivie d'une typhoïde en octobre. Ce n'est donc que le 14 février 1929 qu'il peut entrer au Séminaire de Bièvres. Ordonné prêtre le 21 décembre 1935, il part le 14 avril suivant pour la mission de Pondichéry.
Pondichéry
Il apprend l'anglais et le tamoul au Collège St. Joseph de Cuddalore (1), puis à Pondichéry. En juin 1937, il est nommé vicaire à Viriyur (2), une des plus grosses paroisses du diocèse. En mars 1938, il est curé de Nangathur (3) où il reste jusqu'au 1er octobre 1941. Il y est un missionnaire très zélé, faisant de longues randonnées à bicyclette pour visiter ses paroissiens.
Il serait resté volontiers dans cette belle paroisse, mais Mgr Colas a besoin de lui comme planteur à la plantation de café de Yerkaud (4). Il accepte sans enthousiasme. Etre venu en Mission pour convertir au catholicisme et se voir lancé dans le monde des affaires profanes n'a rien de très emballant. Le P. Massot se rend auprès du P. Cappelle, qui lui apprend le métier en quelques mois au terme desquels il quitte Balmadies pour s'installer dans l'autre plantation, San José. Il y habite dans un vieux bungalow désaffecté sans aucun confort. Le P. Cappelle meurt presque subitement le 27 mars 1943 et le P. Massot se voit dans l'obligation de lui succéder. Il devient très vite un planteur expérimenté que ses voisins consultent volontiers. En 1950, le P. Lafrenez lui est adjoint, pour résider à Balmadies, tandis que le P. Massot continue d’assurer les comptes des deux plantations.
Malheureusement, après l'Indépendance de l'Inde, les syndicats indiens contestent l’autorité des patrons. On comprend vite que le temps des missionnaires étrangers, dans de telles positions, est révolu. Le P. Massot quitte la plantation en 1960 à l'occasion de son congé en France.
A son retour de France, le P. Becker lui propose de venir avec lui à l'École Normale de catéchistes à Tindivanam (5). Pendant quelques années, il tient les comptes de cette école, mais en 1968, il doit se faire opérer d'une hernie. Malgré cette opération il continue à souffrir de l'estomac et de violents maux de tête. A nouveau, Il doit rentrer en France pour se soigner. A son retour en 1970, il est nommé économe du Sanatorium Saint-Théodore à Wellington (6). Il y accomplit un énorme travail mais finit par donner sa démission à cause de sa santé. A nouveau revenu en France, il est opéré par le professeur Cormier d'un anévrisme, d'une sténose de l'artère rénale, d'autres différentes sténoses et d'un calcul biliaire. Il se remet bien de toutes ces opérations. Le P. Massot devant rester en France ; on l'envoie alors dans notre maison de Lauris. Il se trouve là près de sa famille, où il peut se rendre de temps en temps.
Au bout de quelques mois, ayant obtenu son visa pour l'Inde, il revient à Pondichéry. Il s'envole pour Madras fin janvier 1976. Il devient le " socius " (7) du P. Lafrenez à Villupuram (8). Puis, se sentant un peu plus fort pour travailler, il s’installe à Pondichéry comme aumônier d'une école de St. Joseph de Cluny à Lawspet (9) près de l'hôpital de la Faculté de Médecine de JIPMER (10). Au bout d'un certain temps, il se plaint de troubles urinaires, et doit être hospitalisé le 22 janvier à Jipmer. Mais pour lui insérer un rein artificiel, le P. Pennel le conduit au grand hôpital de Vellore (11). Sa tension artérielle est si basse que les docteurs ne peuvent intervenir et le P. Massot expire sans reprendre connaissance. On ramène son corps à Pondichéry où il est exposé dans un salon de l'Archevêché. Mgr Selvanathar préside la cérémonie des obsèques à la cathédrale, avec treize concélébrants. La foule emplit l'église : religieuses, anciens élèves de Tindivanam et anciens paroissiens.
1 – Aux Indes anglaises, juste au sud de Pondichéry.
2 – Entre Pondichéry et Salerne.
3 – Environ vingt kilomètres au nord est de Pondichéry.
4 – montagne au nord de Salerne.
5 – A une quinzaine de kilomètres de Pondichéry, quasiment au nord.
6 - Dans les Nilgiri.
7 – Auxiliaire.
8 – Tout proche, à l’est de Pondichéry.
9 – Quartier de Pondichéry.
10 – Institut de recherche médical et hôpital à Pondichéry.
11 – Environ cinquante kilomètres à l’est de Madras (Chennai).
Nécrologie
Père Charles MASSOT
Missionnaire de Pondichéry
1911 - 1977
Né le 17 septembre 1911 à Caluire (Rhône) diocèse de Lyon.
Entré aux Missions Etrangères le 14 février 1929.
Prêtre le 21 décembre 1935.
Parti pour Pondichéry le 14 avril 1936.
En mission en Inde : 1936 - 1977.
Décédé le 28 janvier 1977.
Jeunesse et formation
Charles MASSOT naquit le 17 septembre 1911 à Caluire (Lyon). Il était l’aîné de cinq enfants. Il fit ses études en plusieurs écoles libres : St-Clair, St-Eucher, St-François-de-Sales, où il fit sa communion solennelle le 4 mai 1922, ayant déjà reçu la « communion privée » à Noël 1919. Il reçut la confirmation à St-Martin d’Ainay le 5 mai 1922. Il termina son cycle secondaire en juillet 1928 à l’Ecole de la Roche. Des ennuis de santé ne lui permirent pas de rentrer à Bièvres de suite : une appendicite grave en septembre 1928, suivie d’une typhoïde en octobre. Ce n’est donc que le 14 février 1929 qu’il put entrer à Bièvres, se mettant ainsi dans un cours intermédiaire qu’on appelait « le petit bateau ». De février à juillet 1932, il couvrit un semestre à la Rue du Bac, puis partit faire son service militaire à Chalon-sur-Saône. Il termina glorieusement comme caporal. Entré à la Rue du Bac il continua ses études, reçut régulièrement les divers ordres aux dates prévues et fut ordonné prêtre le 21 décembre 1935.
Charles Massot fut un aspirant modèle, pas du tout genre « chahuteur ».... calme et studieux. La preuve en est qu’il fut choisi pour la fonction de sacristain à Bièvres aussi bien qu’à Paris. Et pour cette fonction on ne prenait que les « A-I ».
Le soir de son ordination, il reçut sa destination pour la mission de Pondichéry. Il partit le 14 avril 1936 en compagnie des PP. Curien, Joly, Burdin, Murgue, Beaudement, Castiau, Garra, Bernardot et Hans : 10 partants qui se divisèrent à Marseille en deux bateaux.
Pondichéry
Le P. Massot arriva à Pondichéry, via Madras, le 13 mai et quelques jours plus tard, il partit pour la « montagne » pour éviter la grosse chaleur de la canicule. Il passa ensuite un mois à la Plantation de Balmadies, ne pensant certes pas qu’il y reviendrait un jour comme « planteur », poste peu envié ! De juin 1936 à avril 1937, il apprit un peu d’anglais et de tamoul au Collège de Cuddalore où les photos qu’il prenait en abondance lui valurent un grand succès près des enfants. Entre temps, le 9 octobre 1936, il vint accueillir à Trichinopoly, le Père Lafrenez, selon la gentille coutume d’alors qui voulait que le dernier arrivé aille recevoir le nouveau missionnaire arrivant. En juin 1937, il fut nommé vicaire du P. Peyroutet, à Viriyur, une des plus grosses chrétientés du diocèse. Là il continua son tamoul tant bien que mal : il n’y avait pas d’écoles de langues en ce temps-là ; on se jetait à l’eau avec plus ou moins de succès. En mars 1938, il fut nommé d’emblée curé de Nangathur, un centre très important d’anciens chrétiens. Il écrivait alors au P. Lafrenez : « Ce serait splendide si je savais le tamoul ! » De fait le P. Massot souffrira toute sa vie de ce manque de base pour l’étude des langues. Il resta à Nangathur jusqu’au 1er octobre 1941. Il y fut un bon missionnaire, très zélé, très actif, ne rechignant jamais devant les longues randonnées à bicyclette pour administrer ce grand centre, divisé depuis en deux paroisses et remarquable par l’absence totale de routes.
Planteur
Il serait volontiers resté dans cette belle paroisse si Mgr Colas n’avait pas eu besoin d’un « Planteur » de rechange. La Mission de Pondichéry possède dans les collines de Yercaud, au-dessus de Salem, deux plantations de café d’où le diocèse tire le plus clair de ses ressources. Le P. Capelle était alors en charge des deux plantations de San José et de Balmadies. Mgr Colas craignit un beau jour que le P. Capelle ne meure sans avoir formé de successeur et il se mit en devoir de trouver un jeune missionnaire qui serait capable de prendre les choses en main au cas où cela deviendrait nécessaire. Son choix se porta sur le P. Massot qui accepta sans enthousiasme, par esprit d’obéissance. Etre venu en mission pour convertir les païens, plein de zèle apostolique, et se voir lancé dans le monde des affaires profanes n’a rien de très emballant. Enfin le P. Massot se rendit près du P. Capelle, le 1er octobre 1941, après avoir passé quelques jours à Anilady chez son voisin et ami, le P. Lafrenez. Le P. Capelle accueillit son futur successeur avec sérieux et se mit à lui apprendre le métier tambour battant, tellement battant que, trois mois plus tard, le P. Massot quitta Balmadies et alla s’installer dans l’autre plantation de San José où un vieux bungalow désaffecté et à peine habitable le reçut. Mgr Colas, pour lui dorer la pilule, lui avait dit qu’au bout de quelques mois, quand il connaîtrait les arcanes du métier, il pourrait revenir dans la Mission de Pondichéry pour y attendre la mort ou la démission du P. Capelle. Mais celui-ci, bien que ni mourant ni démissionnaire, ne voulut pas lâcher le P. Massot et c’est ainsi qu’il y eut, dès lors, deux planteurs au lieu d’un seul. Le P. Capelle continua à résider à Balmadies et le P. Massot à San José. Les rapports entre les deux ne furent pas toujours idylliques : le P. Capelle avait ses vieilles idées à lui, et le P. Massot ne tarda pas à voir certaines choses sous un jour plus nouveau. Enfin le tandem marcha assez bien. Puis le P. Capelle mourut presque subitement le 27 mars 1943. Le P. Massot prit automatiquement sa succession, seul planteur pour les deux « estates » de San José et de Balmadies. Il s’installa dans un bungalow plus confortable, occupé jusqu’alors par un surveillant, et de là dirigea le tout. Et il le dirigea de main de maître ! Très vite il devint un planteur expérimenté que ses voisins consultaient volontiers. En 1950, le P. Lafrenez lui fut adjoint comme assistant et résida à Balmadies : il y avait de nouveau deux planteurs et jusqu’à ce jour il y en aura deux. Le P. Lafrenez dirigeait uniquement Balmadies et le P. Massot San José en gardant les comptes généraux des deux plantations. Le P. Massot développa énormément San José et fit gagner des millions de roupies à la Mission de Pondichéry. Malheureusement les rapports avec les ouvriers se détériorèrent sous l’influence des syndicats plutôt « anti-patrons ». Il y eut des procès en Cour de Justice tant pour le P. Lafrenez que pour le P. Massot et cela leur fit comprendre que les temps des missionnaires étrangers planteurs était révolu. Le P. Lafrenez fut remplacé en mai 1959 par le P. Salomon. Le P. Massot, à son tour, en 1960, quitta la plantation à l’occasion de son congé en France.
Tindivanam
A son retour de France, le P. Massot fut pendant quelque temps curé de Vikravandi, par intérim. C’est là que le P. Becker vint lui proposer de venir avec lui à l’Ecole des Catéchistes de Tindivanam, comme procureur. Il accepta et il était sur place pour la rentrée, le 17 avril 1961. Il devait y rester 9 ans, en charge des comptes et de l’infirmerie. Le P. Becker disait à qui voulait l’entendre que les comptes de la maison n’avaient jamais été aussi bien tenus. Le P. Massot aimait les enfants et était très populaire parmi eux. Malheureusement l’état de sa santé ne lui permettait pas de prendre part à tous les exercices de la maison comme il l’aurait voulu. En 1968, il dut se faire opérer d’une hernie, se faire mettre un dentier. Depuis longtemps, dès les débuts de son séjour à San José, il avait de fréquents et violents maux de tête et d’estomac. Il essaya bien de se traiter mais rien n’y fit, et il vécut d’une façon permanente dans un étal de santé délabrée.
Econome régional
En 1969, il partit en congé en France, emmenant avec lui un petit orphelin que ses sœurs devaient adopter régulièrement. A son retour en avril 1970, il fut nommé économe du Sanatorium St-Théodore dans les Montagnes Bleues, les Nilgiris, maison de repos pour les confrères et petite plantation de thé et d’eucalyptus. Il avait déjà été pressenti pour ce poste, alors qu’il était à San José. Mais il avait refusé : habitué aux vastes horizons de la grande plantation de café, il craignait de se sentir à l’étroit dans les quelques hectares du Sanatorium. Il semble que ce refus avait un peu fâché Mgr Lemaire. Cette fois, en 1970, il accepta, voyant que sa santé se détériorait de plus en plus et pensant qu’il n’était plus capable de faire grand-chose dans la mission de Pondichéry. Au Sanatorium pourtant, il fit un travail énorme, en réparations, adaptations, innovations. Cela jusqu’en 1973. Puis il se sentit fatigué, malade ; de plus en plus de maux d’estomac et de maux de tête. Le 23 janvier 1974, il écrivit au P. Martin, Supérieur régional, pour lui donner sa démission d’économe du Sanatorium et d’économe régional, poste qui allait de pair avec le premier. Lui qui aimait tant la solitude, il se sentait alors « sur le chemin de la dépression nerveuse ». Aimant bricoler, il ne pouvait plus le faire, se sentant éreinté au bout d’un quart d’heure de travail.
Maladie
Cette démission devait prendre place à la fin de l’année seulement. Le P. Massot demandait alors la permission de rentrer en France et d’y rester. Mais en avril, il alla voir le docteur de Bangalore et ce fut la catastrophe : ce docteur diagnostiqua un anévrisme de l’aorte et ne permit même pas au Père d’aller au Sanatorium pour chercher ses affaires. On lui offrit de se faire opérer en Inde au grand et fameux hôpital protestant de Vellore. Il préféra aller de suite en France. On se demandait alors s’il y arriverait vivant. Il y arrive tout de même, mais pour être conduit de suite en ambulance à l’hôpital Broussais, puis à la clinique chirurgicale Péan où il fut opéré par le Professeur Cormier. On lui trouva sur l’aorte abdominale un anévrisme « gros comme une grosse orange », une sténose de l’artère rénale gauche et un autre anévrisme fusiforme de l’iliaque droite : de plus « sténose très serrée des deux hypogastiques, la mésentérique inférieure étant totalement oblitérée ». Cela faisait bien des choses ! Le chirurgien arrangea tout cela pour le mieux, mais avec prothèse. Il se remit bien de cette opération. Mais.... il avait encore un calcul biliaire ; les maux d’estomac et de tête continuaient à le torturer régulièrement. Et là, la science médicale ne put donner d’explication. Quand ses crises le prenaient, le pauvre P. Massot ne pouvait qu’avoir recours à des calmants qui ne calmaient d’ailleurs pas toujours. Enfin... il y était habitué, si l’on peut dire.
… Il pensait bien rester en France. Il aurait aimé un petit poste à la Rue du Bac. Mais, en un temps où une foule de jeunes missionnaires, expulsés d’Indochine, arrivaient, on n’avait que faire de... vieux ! On lui proposa la Maison de Montbeton ou celle de Lauris. Il opta pour Lauris, plus près de sa famille où il pouvait aller de temps en temps.
Retour à Pondichéry
Au bout de quelques mois il eut la nostalgie de l’Inde et demanda à y retourner. Il n’était pas question pour lui d’y travailler. Son état lamentable de santé ne le lui permettrait pas ! Mais au moins il pourrait se retirer dans sa « mission » et comme il le disait « mourir dans sa mission ». Ce ne fut pas facile. Il avait quitté l’Inde en catastrophe, mourant, sans avoir le temps de prendre un visa de retour. A tout hasard, il fit sa demande et contre toute espérance, il obtint la permission de revenir. Dès lors il n’eut de cesse que de partir le plus tôt possible. Juste le temps de faire ses adieux à ses frères et sœurs et il s’envolait pour Madras fin janvier 1976. Il vint directement à Villupuram où il devint le « socius » du P. Lafrenez, tout en étant officieusement chapelain du couvent.
A Villupuram, il semblait heureux malgré ses misères physiques. Il disait sa messe au couvent, mais plusieurs fois il dut s’étendre pour la terminer. Il était toujours prêt à entendre les confessions. Il s’était habitué aux enfants du couvent et il aimait blaguer avec elles. Il lisait beaucoup, écrivait, prenait des notes et faisait de la botanique locale.
Il se sentait quand même inutile. Aussi est-ce avec joie qu’il accepta un poste d’aumônier officiel d’une Ecole-couvent de St-Joseph de Cluny, école nouvellement ouverte à Lawspet, près de l’hôpital de la Faculté de Médecine de Pondichéry, appelée « JIPMER ». Cette école devait s’ouvrir au début de janvier 1977. Une fois de plus le P. Massot fit ses bagages et le car de l’Ecole vint le chercher le 3 janvier.
Vers Noël il s’était senti fiévreux, mal fichu. Le P. Lafrenez fit venir un docteur de ses amis qui ne trouva rien de spécial et pensa à un peu de grippe. De fait il alla mieux au bout de quelques jours. Cependant il n’avait pas retrouvé l’équilibre habituel. Quand il quitta Villupuram le 3 janvier, au lieu d’aller directement à Lawspet où les Sœurs n’étaient d’ailleurs pas encore prêtes à le recevoir, il se rendit à la paroisse européenne de Pondichéry, chez le P. Pennel. Il pensait s’y reposer un peu avant de prendre son poste. La fièvre qui ne l’avait pas quitté complètement se mit à monter. Aussi, le P. Massot se fit admettre à la clinique des Sœurs voisine du presbytère. On y diagnostiqua une infection urinaire sans cause. Les plus puissants antibiotiques lui furent administrés sans aucune réaction de sa part. Il fallut alors prendre les grands moyens. Le samedi 22 janvier, il fut admis à l’hôpital de Jipmer, placé dans une chambre individuelle et soumis à tous les examens possibles. On découvrit une insuffisance rénale grave. Malgré les soins qui lui furent prodigués, son état ne fit qu’empirer. Le jeudi 27 au matin, le P. Mirande, un vieil ami, lui administra le sacrement des malades. Les docteurs décidèrent alors de tenter une dernière chance : l’envoyer à l’hôpital de Vellore où il y a un rein artificiel, celui de Jipmer ne fonctionnant pas à ce moment. Le P. Pennel, accompagné du Père indien Inniah, aumônier à Jipmer, l’emmena en ambulance à Vellore. Quand ils arrivèrent, c’était, hélas !, trop tard. La tension artérielle du P. Massot était si basse qu’on ne pouvait brancher l’appareil sur les vaisseaux. Il expira vers deux heures du matin, sans reprendre connaissance, apparemment. La même ambulance qui l’avait amené emmena son corps à Pondichéry. Il fut exposé dans le salon de l’Archevêché où beaucoup de chrétiens de la cathédrale vinrent prier pour lui. Bientôt arrivèrent des délégations des Plantations de San José et de Balmadies, de Tindivanam, et de Villupuram. L’enterrement eut lieu le soir même à 5 h 30. L’Archevêque, Mgr Selvanathan, célébra la messe chantée avec 13 concélébrants. L’assistance était très belle : presque tous les prêtres du diocèse, de nombreuses religieuses, plusieurs de ses anciens élèves de Tindivanam. La cathédrale était pleine. Les hommes de Vilupuram, Anglo-Indiens et Tamouls qui l’avaient apprécié durant onze mois de séjour parmi eux, voulurent porter le cercueil.
Le P. Massot est maintenant inhumé dans le cimetière des Pères, au pied de la cathédrale. Il a voulu « revenir mourir dans sa Mission ». Le Bon Dieu l’a pris au mot. Jadis, Mgr de Guébriant nous disait qu’un missionnaire mourant dans sa mission était assuré de son salut éternel. Nous n’avons aucun doute qu’il en est ainsi pour notre confrère et ami.
Un prêtre effacé
En bon Lyonnais, le P. Massot n’était pas, de nature, très causant. Humble et effacé, il n’aimait pas se trouver aux premières places. Il ne se livrait qu’à peu d’amis, mais il aimait la compagnie des confrères. Il avait une peur presque morbide de gêner, de déranger les autres. Il aimait la solitude et il aimait travailler seul. D’ailleurs vingt années dans la plantation de San José ne pouvaient qu’augmenter encore ce goût de la solitude. Travailleur acharné, il n’était jamais oisif. Esprit curieux, il toucha à toutes les branches des sciences ecclésiastiques et profanes. Il n’est que de voir les notes qu’il a laissées sur les sujets les plus divers : histoire de la Société des Missions Etrangères, études sur les provinces de France, concordance des unités métriques avec les autres, table des heures légales sur le Globe, calendrier perpétuel, avec lettres dominicales depuis l’an Zéro jusqu’en l’an 2700, etc.... Pendant quelque temps il étudia l’astronomie ; mais le rayon où il devint réellement un spécialiste ce fut la botanique. Il était capable d’analyser n’importe quelle plante et d’en remontrer aux meilleurs, en la matière. Avec une santé lamentable et malgré cette santé lamentable, c’est extraordinaire la somme de travail personnel qu’il a pu fournir.
Il fut un bon prêtre, d’une piété solide, sans ostentation, fidèle à ses exercices, à son bréviaire, à son chapelet tous les jours. Consciencieux pour accomplir son devoir dans tous les postes où il a été. Quand on lui confiait une tâche, on pouvait « dormir sur ses deux oreilles », sûr que la tâche serait faite et parfaitement faite dans ses moindres détails. Il était l’ennemi de l’à peu près et ne faisait jamais les choses à moitié.
Comme tous les aspirants de son temps, il avait rêvé de travaux apostoliques, de conversions de païens : il fut presque tout le temps dans le travail matériel, dans les comptes, dans l’argent. Extrêmement détaché lui-même, il a réellement fait marcher le diocèse, surtout pendant la guerre. Un homme comme cela est précieux et on n’en trouve pas toujours à la demande ! Fidèle jusqu’au bout à sa vocation, jusqu’à vouloir mourir dans sa mission, il passa « faisant le bien » et tout ce qu’il fit, il le fit parfaitement. Il fut, en tout, le bon serviteur, en toute simplicité, en toute humilité, en silence, sans faire de bruit autour de lui : c’est à ce genre d’hommes qu’appartient le Royaume des Cieux.
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Références
[3553] MASSOT Charles (1911-1977)
Références biographiques
AME 1936 p. 95. 240 (note). photo p. 140. 1938 p. 48. + père. CR 1936 p. 233. 1938 p. 210. 1961 p. 86. 1962 p. 98. 1963 p. 110. 1964 p. 68. 1965 p. 133. 1966 p. 175. 1967 p. 120. 122. 1969 p. 139. 141. 1974-76 p. 188. BME 1928 p. 448. 1936 p. 314. 463. 679. 1940 p. 634. 1941 p. 61. 1951 p. 152. 508. 1952 p. 769. 1953 p. 308. 1955 p. 798. 1956 p. 383. 1957 p. 656. 1959 p. 880. 1960 p. 733. EPI 1965 p. 562. EC1 N° 154. 330. 335. 469. 473. 678. 680. 691. NS 5P150. 14P446. 24/C2. 31/C2. 36P308. 59P16. 76/C2 p. 206. 77P238. 94/C2. 105/C2. MEM 1977 p. 12.