Albert LANDREAU1911 - 1997
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3587
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Cambodge
- Région missionnaire :
- 1937 - 1939
- 1941 - 1948
- 1949 - 1970
Biographie
[3587]. LANDREAU Albert, Joseph, Louis, Emile, fils de Léandre et de Marie Vion, naquit le 28 mars 1911, à Saint-Michel-Mont-Mercure, non loin de Pouzauges, département de la Vendée, diocèse de Luçon. Son père était boulanger ; la famille comptait deux enfants, un garçon et une fille. Après ses études primaires au pays natal, Albert commença, en octobre 1924, le cycle des études secondaires, au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers (Vendée) et les termina en juillet 1930.
Le 20 juillet 1930, dans une lettre adressée à Mgr de Guébriant, Supérieur Général de la Société des Missions Etrangères, il présenta sa demande d'admission au séminaire de la Société. .. Depuis longtemps, j'ai le désir d'entrer aux Missions Etrangères. Aussi, je viens, avec l'autorisation de Monseigneur l'Evêque de Luçon et de mon Directeur, solliciter près de votre Grandeur, la faveur d'être admis dans votre Société... Je viens de terminer ma réthorique au Petit Séminaire de Chavagnes-en-Paillers...". Admis le 28 Juillet 1930, il arriva, laïque, au séminaire de Bièvres, le 24 septembre 1930, où il commença ses études de philosophie. Après s'être acquitté, à Metz, de ses obligations militaires, d'octobre 1933 à octobre 1934, il reprit le cours normal de ses études écclésiastiques.
Sous-diacre en juin 1936, diacre le 20 décembre 1936, ordonné prêtre par Mgr.de Jonghe d'Ardoye, au matin du 4 juillet 1937, il reçut, ce même soir, de M. le Supérieur Général, sa destination pour le vicariat apostolique de Phnom-Penh. Le 14 septembre 1937, eût lieu au séminaire de Paris, la cérémonie traditionnelle du départ des jeunes missionnaires. L'Abbé Camille Risser, vicaire à la paroisse St.Séverin de Paris prononça l'allocution d'adieu. Le vendredi 17 septembre 1937, M.Albert Landreau s'embarqua, à Marseille, pour rejoindre sa mission.
Après quelques semaines passées à Phnom-Penh, il fut envoyé chez M. Pierre-Marie David, à Chhlong où il commença l'étude de la langue kmer. Après la retraite des missionnaires, en janvier 1939, il fut nommé curé de Kompong-Kô, dans la province de Kompong-Thom. Dans ce poste plutôt isolé, en pleine brousse, il prit la succession de M.Machon, nommé professeur au petit séminaire de Culaogiên, en Cochinchine (Sud Viêtnam).
Le début de la seconde guerre mondiale, en septembre 1939, amena en Indochine, la mobilisation partielle d'un certain nombre de missionnaires. Ainsi, dès les premiers jours de ce mois de septembre, le sergent Landreau fut affecté au 3ème bataillon des tirailleurs cambodgiens, basé à Pursat, pour instruire ces derniers au maniement des armes automatiques ; ensuite, après un séjour de deux mois en clinique pour soigner un début de paralysie diphtérique qui annihilait ses bras et ses jambes, il fut envoyé, en février 1940 et en qualité de sergent instructeur, dans un poste militaire éloigné, au nord de Phompenh.
Survint le conflit franco-thailandais de septembre 1940 à mars 1941, qui transforma en champ de bataille une partie du sud Laos ainsi que les provinces de Battembang et de Siemréap qui faisaient partie du vicariat apostolique de Phnom-Penh. Cette attaque thailandaise toucha le moral des Saïgonnais. Ceux-ci, en effet, craignaient le bombardement de leur ville qui, à plusieurs reprises, s'était trouvée plongée dans le noir. Rappelés sous les drapeaux, plusieurs missionnaires d'Indochine furent envoyés dans la zône des combats. Quant à M. Albert Landreau, il l'échappa belle à Battambang où une quinzaine de ses tirailleurs cambodgiens furent tués par une bombe d'avion.
Après sa démobilisation en juillet 1941, il rejoignit comme professeur de Mathématiques et "accessoires", le petit séminaire de la mission, installé à Culaogien, dans la partie cochinchinoise du vicariat apostolique de Phnom-Penh. Survint le coup de force japonais du 9 mars 1945. A partir de ce jour là et jusqu'au 15 août 1945, les Viêtminh, encouragés par les japonais, et sous divers prétextes, firent de nombreuses perquisitions au petit séminaire en les accompagnant de mille menaces. Mais le calvaire des missionnaires travaillant dans cette partie sud viêtnamienne de la mission du Cambodge commença dès le mois d'août 1945.
M. Raballand, supérieur du petit séminaire convoqua les élèves pour la rentrée fixée au 15 août 1945. La retraite du début d'année à peine terminée, le petit séminaire fut envahi, le 20 août, par une bande d'environ 3.000 Viêtminh qui encerclèrent les vastes bâtiments de Culaogien et en visitèrent jusqu'au moindre recoin, soulevant même les couvercles des fosses septiques. Les Pères français formant le corps professoral, et dont M.Albert Landreau faisait partie, furent emmenés en captivité d'abord à Long-Xuyên, puis dans une geôle de la caserne de Chaudoc où ils eurent à subir les pires avanies.
Le jour de la fête de Ste Thérèse de Lisieux, sur l'ordre des Alliés, les japonais, devenus plus courtois depuis leur défaite du 15 août 1945, les conduisirent à Cantho, chez M. Yves Quimbrot. Là, les viêtnamiens menaçaient de les affamer et de les brûler ; ce que peut être ils auraient fait, si les japonais ne les avaient pas protégés, jusqu'à la libération de la ville de Cantho par les Français, le 29 octobre 1945.
Le 21 novembre 1945, les Viêtminh incendièrent le presbytère de Culaogien ainsi que le petit séminaire dont il ne resta que les murs ; défense stricte fut faite à l'évêque de restaurer cette maison de formation et d'en relever les ruines ; de ce fait, dès 1946, le corps professoral dont faisait toujours partie M. Albert Landreau, et les élèves, -environ 140 en 1948- s'installèrent à Phnom-Penh, dans les locaux aménagés et agrandis de l'ancien grand séminaire. Malgré ces difficultés, les cours au petit séminaire reprirent en avril 1946.
En 1948, M. Albert Landreau partit en congé en France où il débarqua le 16 août 1948. Le 2 décembre 1949 il reprit le chemin de sa mission et retrouva sa chaire de professeur de mathématiques au petit séminaire de Phnom-Penh, où il eût une grosse part dans les succès scolaires des élèves se présentant aux divers examens.
En 1953, en effet, le petit séminaire se plaçait en tête du pourcentage dans le succès aux divers examens scolaires du Royaume, soit : certificat d'études élémentaires complémentaires franco-viêtnamien ou franco-cambodgien, onze élèves reçus sur onze, brevet d'études , cinq sur cinq, et sur trois candidats présentés au baccalauréat latin-grec, trois reçus.
A cette date, en effet, le chroniqueur de la mission écrivait dans le Bulletin de la Société des Missions Etrangères : ..."Le P. Landreau ne chôme pas non plus, "mathématisant" les élèves de 4è, étrillant les angles des 3è, polarisant la classe de seconde et entrainant les réthoriciens jusqu'aux nuages d'Einstein. Et pour diminuer la tension, il fait encore voltiger tout ce monde sur les airs grégoriens...." En 1955, pour sa contribution au succès en sciences et mathématiques de nombreux élèves, lors des examens officiels, il se vit attribuer la médaille d'officier d'académie, avec les félicitations du ministre Jean Berthouin.
A la qualité de son enseignement, M.Albert Landreau joignait aussi sa compétence pratique en électricité. Trainant son échelle, rouleau de fil électrique en bandoulière, les poches débordantes d'outils, il conduisait la lumière dans toutes les alvéoles possibles de la maison, car il fallait accueillir 180 élèves à la rentrée de 1953. Et le dimanche, il assurait une messe à la paroisse cambodgienne confiée à M. Joseph Machon.
Le 20 septembre 1955, le Saint Père détacha du vicariat apostolique de Phompenh, les provinces du Sud-Viêtnam qui lui étaient rattachées; elles constituèrent le nouveau vicariat apostolique de Cantho, confié à Mgr. Paul Nguyên-van-Binh, prêtre de la mission de Saïgon. Le 27 mars 1956, M. Gustave Raballand, supérieur régional des missionnaires du Sud Indochine fut nommé vicaire apostolique de Phnom-Penh. Lors de son sacre par Mgr. Charles Lemaire, à Phnom-Penh, le 1er mai 1956, M. Albert Landreau, fort doué pour la musique et pour le chant, dirigea de main de maitre, à la tribune de la cathédrale, la chorale du petit séminaire. Il assura avec brio le même service, le 7 novembre 1957, jour de l'ordination par Mgr.Raballand, du premier prêtre cambodgien, le P.Chhem Yen de la paroisse de Battambang, revenant de France où il avait fait onze années d'études.
En 1957, en raison de la division de la mission, et de l'érection du vicariat apostolique de Cantho, en 1955, le petit séminaire se trouva amputé des classes de 1ère et de 2ème, et l'effectif passa de 180, à environ une cinquantaine d'élèves; il fut alors décidé d'accepter, dans les diverses classes, des jeunes, même non chrétiens, venant de l'extérieur. Tout en sauvegardant le programme des études classiques, il fallut aussi mettre en place le programme dit "moderne", adopté par les externes. M. Albert Landreau accepta d'assurer des cours de mathématiques et de sciences différents dans chaque programme, et il ajouta même à son travail ordinaire les charges du secrétariat à la réception des élèves externes et de la correspondance avec les parents.
Le 16 juin 1959, laissant provisoirement à M. Jean-Marie Morel le soin d'enseigner les mathématiques, après s'être rendu trois fois à l'aérodrome, il parvint enfin à prendre place à bord de l'avion régulier d'Air-France qu'un violent typhon avait retenu à Hong-Kong. Le lendemain, il arrivait à Paris. Le temps de son congé achevé, il s'embarqua à Marseille le 17 mai 1960, sur le paquebot "Cambodge" pour regagner sa mission. Il reprit son enseignement au petit séminaire qui comprenait toujours deux sections et deux programmes d'études, ses élèves obtenant toujours les mêmes succès aux examens officiels.
Durant la dernière decennie qu'il passa au service de la mission du Cambodge, M.Albert Landreau vit de nombreux changements dans ce pays kmer, seul état de la péninsule indochinoise, en 1960, à connaitre la sécurité intérieure pour plonger dans la guerre en 1970. Pendant ces dix ans de paix, le Cambodge connut un fort développement économique, lié à une importante évolution démographique. Mais l'écart entre le niveau de vie des villes et de campagnes se creusa. La corruption devint plus fréquente.
La liberté de conscience et de culte se trouvait garantie par la Constitution de l'Etat Kmer bien que, officiellement, le Bouddhisme fut déclaré "religion d'Etat". Comme le Bouddhisme et les autres religions, l'Eglise Catholique dépendait du ministre des cultes. Mais la tolérance religieuse étant une tradition bien établie dans ce pays, les rapports entre les responsables et les membres des diverses confessions religieuses restaient empreints d'une certaine courtoisie.
Cependant, apparut aussi un certain nationalisme, liant "boudhisme" et "kmer". De ce fait, la vie de la minorité viêtnamienne résidant dans le pays devint plus difficile. L'autorisation d'avoir ses écoles lui étant refusée, les enfants durent faire leurs études dans les écoles kmères. En effet, dès 1959, la langue kmère fut rendu obligatoire dans l'enseignement primaire, à l'exclusion de toute autre ; en 1967, elle le devint dans l'enseignement secondaire, le français restant la langue de l'enseignement supérieur. Et dans les services administratifs du Royaume, le kmer prit rapidement la place du français.
Le 12 novembre 1962, le Saint Siège confia le vicariat apostolique de Phnom-Penh à Mgr. Yves Ramousse, qui reçut la consécration épiscopale des mains de Mgr Raballand, dans la chapelle des Missions Etrangères, le 24 février 1963. La constitution sur la Liturgie du Concile Vatican II permit de rendre plus présente dans le pays l'Eglise Catholique, mais obligea à réfléchir sur le sens de la mission, et l'avenir de l'Eglise locale. En 1964, le petit séminaire de Phnom-Penh comptait 78 élèves et 114 externes qui suivaient les cours en même temps que les séminaristes.
En 1967, en raison des difficultés de communications et de l'état de guerre au Viêtnam, le vicariat apostolique du Cambodge fut détaché de la région missionnaire du Sud Viêtnam, et le 3 janvier de la même année, le Supérieur Général des Missions Etrangères érigea la Région Missionnaire du Cambodge dont le premier supérieur régional fut M. François Claudel, nommé à cette charge, le 20 juin 1967.
En 1968, à la demande de Mgr. Ramousse, le Saint Siège par division du vicariat apostolique de Phnom-Penh, créa deux nouvelles Préfectures Apostoliques: celle de Battambang confiée à Mgr. Paul Tep Im Sotha, et celle de Kompong Cham confiée à Mgr. André Lesouëf. Cette même année, du 18 juin au 3 octobre 1968, M.Albert Landreau prit son quatrième congé en France, puis il rentra à Phnom-Penh pour reprendre une fois encore, ses cours au petit séminaire.
En août 1969, le prince Norodom Sihanouk, chef de l'Etat confia au général Lon-Nol, de tendance droitiste, le soin de former un nouveau gouvernement investi par l'Assemblée Nationale le 13 août 1969. En mars 1970, pendant l'absence du chef de l'Etat, d'importantes et violentes manifestations populaires se déroulèrent à Svay-Rieng, puis dans la capitale, demandant le retrait, hors du territoire national, des troupes viêtcong et nord-viêtnamiennes implantées dans des "sanctuaires", en pays kmer ; ce fut l' occasion d'attiser l'inimitié séculaire entre Viêtnamiens et Kmers. Cette haine raciale aveugle assimilant "viêtnamien" et "chrétien", s'exprimant à travers des slogans anti-viêtnamiens, s'accompagna de pillages, de saccages et profanations d'églises, et de massacres odieux.
Le 18 mars 1970, le prince Sihanouk fut renversé par le général Lon-Nol . Le 23 mars 1970, le prince déposé appela par la voix de la radio, et depuis-Pékin, le peuple à se révolter contre ce gouvernement "illégal", et annonça la formation d'un "Front Uni National du Kampuchéa" pour lutter contre l'usurpateur.
Dès sa formation, le nouveau gouvernement du général Lon-Nol à Phnom Penh ordonna aux communistes viêtnamiens de quitter le pays dans les quarante huit heures. En réponse à cet ultimatum, les troupes communistes se présentèrent comme chargées par le prince Sihanouk de le remplacer dans la direction du pays ; elles envahirent les campagnes et bousculèrent l'armée gouvernementale de Lon-Nol. Le Cambodge venait de sombrer dans une guerre fratricide. En raison de cette situation cahotique, un télégramme officiel du 19 avril 1970, émanant du Ministère de l'Education Nationale, à Phnom-Penh, ordonna "la fermeture de toutes les écoles privées étrangères, chinoises, viêtnamiennes, missionnaires" dans la capitale et les provinces. Cette mesure toucha le petit séminaire qui renvoya ses élèves dans leurs familles. Peu après, cette maison de formation servit de cantonnement pour la minorité viêtnamienne désirant rentrer au Sud Viêtnam.
Sous la direction de Mgr. Ramousse, une équipe de prêtres et de laïcs s'occupa des milliers de personnes déplacées, regroupées dans des centres d'accueil, ou en difficulté, du fait de la guerre civile. D'autres missionnaires assistèrent les viêtnamiens dans leur retour et leur réimplantation au Sud Viêtnam. Ne pouvant plus assurer leur tâche d'enseignant, M. Albert Landreau et quelques confrères rentrèrent en France, soit définitivement, soit pour un congé.
Arrivé à Paris, le 8 juin 1970, M. Albert Landreau tout en espérant un retour possible à Phnom-Penh, se mit au service du diocèse de Toulon, et travailla à la paroisse St. Vincent de Paul, en cette ville, de novembre 1970 à novembre 1972. Malade, il séjourna à Paris de novembre 1972 à janvier 1973. Puis, ayant consacré toute sa vie au service des jeunes, ayant accompli, pendant 28 ans, la tâche de professeur et de formateur avec rigueur et grande conscience professionnelle, il accepta d'aller à l'Institution Saint Paul, à Roanne, où il assura un travail spirituel auprès des élèves, ainsi qu'un service de présence et de surveillance. Homme de devoir, tout en se montrant rigoureux dans ses fonctions, il aimait aussi la détente, la compagnie dans la bonne humeur.
Rappelé à Paris pour succéder à M.Louis Giffard, il fut nommé vice-économe de la maison de Paris, le 22 juillet 1975. Le 21 juin 1977, il demanda à être relevé de cette charge. "Malgré mon profond désir de servir les confrères pendant plusieurs années encore, écrivait il au Supérieur Général, ma santé déficiente ne me permet plus d'assurer pleinement mon travail.... Sauf imprévu, j'espère pouvoir remplir mes fonctions actuelles jusqu'au début de septembre prochain. Si je puis encore me rendre utile à la Société dans quelque service moins pénible, je le ferai volontiers, sinon je vous serais reconnaissant de m'autoriser à aller me reposer à Lauris..."
Après quelques mois de repos, M.Albert Landreau reprit du service à l'Institution St. Paul à Roanne, en 1978. Il y resta jusqu'à la fin de l'année scolaire 1984-85. Le 4 juillet 1985, il écrivait au Supérieur Général :..." Quand je suis allé à Paris, pour la fête du 6 janvier, vous avez constaté que j'étais bien fatigué et m'avez conseillé de prendre ma retraite. J'aurais bien dû suivre votre conseil à ce moment là, mais je désirais rendre tous les services qui m'étaient demandés aussi nombreux que variés et terminer l'année scolaire à St.Paul. ...
La Direction de l'Institution étant totalement transformée, je crois qu'il faut que je parte, d'autant plus que le handicap de mes jambes ne s'améliore pas, loin de là. C'est pourquoi, je viens vous demander si vous voulez bien m'autoriser à me retirer dans notre maison de Lauris..." C'est là qu'il arriva en août 1985 ; un jour, il eût l'une des plus grandes joies de sa vie : il reçut la visite de Mgr.J.B. Pham-Minh-Man, alors évêque coadjuteur du diocèse de Mytho. De passage en France, celui-ci avait tenu à se rendre à Lauris pour rendre visite à ses anciens professeurs et leur manifester sa reconnaissance.
M.Albert Landreau porta toujours dans sa prière ses anciens élèves, le pays kmer et ses communautés chrétiennes. Lors de ses noces d'or sacerdotales, qu'il célébra dans l'église de son baptême, le 12 juillet 1987, il le rappelait, dans une lettre au Supérieur Général de la Société, en date du 16 juillet 1987 :...." Merci de votre lettre et de vos prières pour moi-même, pour les miens et pour ces chers Cambodgiens et Viêtnamiens, privés de toute liberté religieuse, qui souffrent dans leur âme et dans leur corps. Tous les jours, je pense à eux ainsi qu'à tous les réfugiés des camps de Thailande. Daigne le Seigneur leur accorder la paix et une totale liberté. Je pense spécialement à mes anciens élèves du Petit Séminaire de Phnom-Penh qui sont actuellement évêques ou prêtres au Viêtnam et au Cambodge, à Mgr. Salas et aux trois prêtres qui sont morts en forêt, de privations et d'épuisement. Ils ont très probablement beaucoup souffert avant de mourir, le Seigneur les aura bien accueillis..." A Lauris, le 19 mars 1997, à vingt et une heure trente, jour de la fête de Saint Joseph, M. Albert, Joseph, Louis, Emile Landreau retourna à la maison du Père.
Nécrologie
[ 3587 ] LANDREAU Albert, Joseph, Louis, Emile
Missionnaire
Phnom-Penh
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Albert, Joseph, Louis, Emile, fils de Léandre et de Marie Vion, naquit le 28 mars 1911, à Saint-Michel-Mont-Mercure, non loin de Pouzauges, département de la Vendée, diocèse de Luçon. Son père était boulanger ; la famille comptait deux enfants, un garçon et une fille. Après ses études primaires au pays natal, Albert commença, en octobre 1924, le cycle des études secondaires, au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers (Vendée) et les termina en juillet 1930.
Le 20 juillet 1930, dans une lettre adressée à Mgr. de Guébriant, Supérieur Général de la Société des Missions Etrangères, il présenta sa demande d'admission au séminaire de la Société. .." Depuis longtemps, j'ai le désir d'entrer aux Missions Etrangères. Aussi, je viens, avec l'autorisation de Monseigneur l'Evêque de Luçon et de mon Directeur, solliciter près de votre Grandeur, la faveur d'être admis dans votre Société... Je viens de terminer ma réthorique au Petit Séminaire de Chavagnes-en-Paillers...". Admis le 28 Juillet 1930, il arriva, laïque, au séminaire de Bièvres, le 24 septembre 1930, où il commença ses études de philosophie. Après s'être acquitté, à Metz, de ses obligations militaires, d'octobre 1933 à octobre 1934, il reprit le cours normal de ses études écclésiastiques.
Sous-diacre en juin 1936, diacre le 20 décembre 1936, ordonné prêtre par Mgr.de Jonghe d'Ardoye, au matin du 4 juillet 1937, il reçut, ce même soir, de M. le Supérieur Général, sa destination pour le vicariat apostolique de Phnom-Penh. Le 14 septembre 1937, eût lieu au séminaire de Paris, la cérémonie traditionnelle du départ des jeunes missionnaires. L'Abbé Camille Risser, vicaire à la paroisse St.Séverin de Paris prononça l'allocution d'adieu. Le vendredi 17 septembre 1937, M.Albert Landreau s'embarqua, à Marseille, pour rejoindre sa mission.
Après quelques semaines passées à Phnom-Penh, il fut envoyé chez M. Pierre-Marie David, à Chhlong où il commença l'étude de la langue kmer. Après la retraite des missionnaires, en janvier 1939, il fut nommé curé de Kompong-Kô, dans la province de Kompong-Thom. Dans ce poste plutôt isolé, en pleine brousse, il prit la succession de M.Machon, nommé professeur au petit séminaire de Culaogiên, en Cochinchine (Sud Viêtnam).
Le début de la seconde guerre mondiale, en septembre 1939, amena en Indochine, la mobilisation partielle d'un certain nombre de missionnaires. Ainsi, dès les premiers jours de ce mois de septembre, le sergent Landreau fut affecté au 3ème bataillon des tirailleurs cambodgiens, basé à Pursat, pour instruire ces derniers au maniement des armes automatiques ; ensuite, après un séjour de deux mois en clinique pour soigner un début de paralysie diphtérique qui annihilait ses bras et ses jambes, il fut envoyé, en février 1940 et en qualité de sergent instructeur, dans un poste militaire éloigné, au nord de Phompenh.
Survint le conflit franco-thailandais de septembre 1940 à mars 1941, qui transforma en champ de bataille une partie du sud Laos ainsi que les provinces de Battembang et de Siemréap qui faisaient partie du vicariat apostolique de Phnom-Penh. Cette attaque thailandaise toucha le moral des Saïgonnais. Ceux-ci, en effet, craignaient le bombardement de leur ville qui, à plusieurs reprises, s'était trouvée plongée dans le noir. Rappelés sous les drapeaux, plusieurs missionnaires d'Indochine furent envoyés dans la zône des combats. Quant à M. Albert Landreau, il l'échappa belle à Battambang où une quinzaine de ses tirailleurs cambodgiens furent tués par une bombe d'avion.
Après sa démobilisation en juillet 1941, il rejoignit comme professeur de Mathématiques et "accessoires", le petit séminaire de la mission, installé à Culaogien, dans la partie cochinchinoise du vicariat apostolique de Phnom-Penh. Survint le coup de force japonais du 9 mars 1945. A partir de ce jour là et jusqu'au 15 août 1945, les Viêtminh, encouragés par les japonais, et sous divers prétextes, firent de nombreuses perquisitions au petit séminaire en les accompagnant de mille menaces. Mais le calvaire des missionnaires travaillant dans cette partie sud viêtnamienne de la mission du Cambodge commença dès le mois d'août 1945.
M. Raballand, supérieur du petit séminaire convoqua les élèves pour la rentrée fixée au 15 août 1945. La retraite du début d'année à peine terminée, le petit séminaire fut envahi, le 20 août, par une bande d'environ 3.000 Viêtminh qui encerclèrent les vastes bâtiments de Culaogien et en visitèrent jusqu'au moindre recoin, soulevant même les couvercles des fosses septiques. Les Pères français formant le corps professoral, et dont M.Albert Landreau faisait partie, furent emmenés en captivité d'abord à Long-Xuyên, puis dans une geôle de la caserne de Chaudoc où ils eurent à subir les pires avanies.
Le jour de la fête de Ste Thérèse de Lisieux, sur l'ordre des Alliés, les japonais, devenus plus courtois depuis leur défaite du 15 août 1945, les conduisirent à Cantho, chez M. Yves Quimbrot. Là, les viêtnamiens menaçaient de les affamer et de les brûler ; ce que peut être ils auraient fait, si les japonais ne les avaient pas protégés, jusqu'à la libération de la ville de Cantho par les Français, le 29 octobre 1945.
Le 21 novembre 1945, les Viêtminh incendièrent le presbytère de Culaogien ainsi que le petit séminaire dont il ne resta que les murs ; défense stricte fut faite à l'évêque de restaurer cette maison de formation et d'en relever les ruines ; de ce fait, dès 1946, le corps professoral dont faisait toujours partie M. Albert Landreau, et les élèves, -environ 140 en 1948- s'installèrent à Phnom-Penh, dans les locaux aménagés et agrandis de l'ancien grand séminaire. Malgré ces difficultés, les cours au petit séminaire reprirent en avril 1946.
En 1948, M. Albert Landreau partit en congé en France où il débarqua le 16 août 1948. Le 2 décembre 1949 il reprit le chemin de sa mission et retrouva sa chaire de professeur de mathématiques au petit séminaire de Phnom-Penh, où il eût une grosse part dans les succès scolaires des élèves se présentant aux divers examens.
En 1953, en effet, le petit séminaire se plaçait en tête du pourcentage dans le succès aux divers examens scolaires du Royaume, soit : certificat d'études élémentaires complémentaires franco-viêtnamien ou franco-cambodgien, onze élèves reçus sur onze, brevet d'études , cinq sur cinq, et sur trois candidats présentés au baccalauréat latin-grec, trois reçus.
A cette date, en effet, le chroniqueur de la mission écrivait dans le Bulletin de la Société des Missions Etrangères : ..."Le P. Landreau ne chôme pas non plus, "mathématisant" les élèves de 4è, étrillant les angles des 3è, polarisant la classe de seconde et entrainant les réthoriciens jusqu'aux nuages d'Einstein. Et pour diminuer la tension, il fait encore voltiger tout ce monde sur les airs grégoriens...." En 1955, pour sa contribution au succès en sciences et mathématiques de nombreux élèves, lors des examens officiels, il se vit attribuer la médaille d'officier d'académie, avec les félicitations du ministre Jean Berthouin.
A la qualité de son enseignement, M.Albert Landreau joignait aussi sa compétence pratique en électricité. Trainant son échelle, rouleau de fil électrique en bandoulière, les poches débordantes d'outils, il conduisait la lumière dans toutes les alvéoles possibles de la maison, car il fallait accueillir 180 élèves à la rentrée de 1953. Et le dimanche, il assurait une messe à la paroisse cambodgienne confiée à M. Joseph Machon.
Le 20 septembre 1955, le Saint Père détacha du vicariat apostolique de Phompenh, les provinces du Sud-Viêtnam qui lui étaient rattachées; elles constituèrent le nouveau vicariat apostolique de Cantho, confié à Mgr. Paul Nguyên-van-Binh, prêtre de la mission de Saïgon. Le 27 mars 1956, M. Gustave Raballand, supérieur régional des missionnaires du Sud Indochine fut nommé vicaire apostolique de Phnom-Penh. Lors de son sacre par Mgr. Charles Lemaire, à Phnom-Penh, le 1er mai 1956, M. Albert Landreau, fort doué pour la musique et pour le chant, dirigea de main de maitre, à la tribune de la cathédrale, la chorale du petit séminaire. Il assura avec brio le même service, le 7 novembre 1957, jour de l'ordination par Mgr.Raballand, du premier prêtre cambodgien, le P.Chhem Yen de la paroisse de Battambang, revenant de France où il avait fait onze années d'études.
En 1957, en raison de la division de la mission, et de l'érection du vicariat apostolique de Cantho, en 1955, le petit séminaire se trouva amputé des classes de 1ère et de 2ème, et l'effectif passa de 180, à environ une cinquantaine d'élèves; il fut alors décidé d'accepter, dans les diverses classes, des jeunes, même non chrétiens, venant de l'extérieur. Tout en sauvegardant le programme des études classiques, il fallut aussi mettre en place le programme dit "moderne", adopté par les externes. M. Albert Landreau accepta d'assurer des cours de mathématiques et de sciences différents dans chaque programme, et il ajouta même à son travail ordinaire les charges du secrétariat à la réception des élèves externes et de la correspondance avec les parents.
Le 16 juin 1959, laissant provisoirement à M. Jean-Marie Morel le soin d'enseigner les mathématiques, après s'être rendu trois fois à l'aérodrome, il parvint enfin à prendre place à bord de l'avion régulier d'Air-France qu'un violent typhon avait retenu à Hong-Kong. Le lendemain, il arrivait à Paris. Le temps de son congé achevé, il s'embarqua à Marseille le 17 mai 1960, sur le paquebot "Cambodge" pour regagner sa mission. Il reprit son enseignement au petit séminaire qui comprenait toujours deux sections et deux programmes d'études, ses élèves obtenant toujours les mêmes succès aux examens officiels.
Durant la dernière decennie qu'il passa au service de la mission du Cambodge, M.Albert Landreau vit de nombreux changements dans ce pays kmer, seul état de la péninsule indochinoise, en 1960, à connaitre la sécurité intérieure pour plonger dans la guerre en 1970. Pendant ces dix ans de paix, le Cambodge connut un fort développement économique, lié à une importante évolution démographique. Mais l'écart entre le niveau de vie des villes et de campagnes se creusa. La corruption devint plus fréquente.
La liberté de conscience et de culte se trouvait garantie par la Constitution de l'Etat Kmer bien que, officiellement, le Bouddhisme fut déclaré "religion d'Etat". Comme le Bouddhisme et les autres religions, l'Eglise Catholique dépendait du ministre des cultes. Mais la tolérance religieuse étant une tradition bien établie dans ce pays, les rapports entre les responsables et les membres des diverses confessions religieuses restaient empreints d'une certaine courtoisie.
Cependant, apparut aussi un certain nationalisme, liant "boudhisme" et "kmer". De ce fait, la vie de la minorité viêtnamienne résidant dans le pays devint plus difficile. L'autorisation d'avoir ses écoles lui étant refusée, les enfants durent faire leurs études dans les écoles kmères. En effet, dès 1959, la langue kmère fut rendu obligatoire dans l'enseignement primaire, à l'exclusion de toute autre ; en 1967, elle le devint dans l'enseignement secondaire, le français restant la langue de l'enseignement supérieur. Et dans les services administratifs du Royaume, le kmer prit rapidement la place du français.
Le 12 novembre 1962, le Saint Siège confia le vicariat apostolique de Phnom-Penh à Mgr. Yves Ramousse, qui reçut la consécration épiscopale des mains de Mgr Raballand, dans la chapelle des Missions Etrangères, le 24 février 1963. La constitution sur la Liturgie du Concile Vatican II permit de rendre plus présente dans le pays l'Eglise Catholique, mais obligea à réfléchir sur le sens de la mission, et l'avenir de l'Eglise locale. En 1964, le petit séminaire de Phnom-Penh comptait 78 élèves et 114 externes qui suivaient les cours en même temps que les séminaristes.
En 1967, en raison des difficultés de communications et de l'état de guerre au Viêtnam, le vicariat apostolique du Cambodge fut détaché de la région missionnaire du Sud Viêtnam, et le 3 janvier de la même année, le Supérieur Général des Missions Etrangères érigea la Région Missionnaire du Cambodge dont le premier supérieur régional fut M. François Claudel, nommé à cette charge, le 20 juin 1967.
En 1968, à la demande de Mgr. Ramousse, le Saint Siège par division du vicariat apostolique de Phnom-Penh, créa deux nouvelles Préfectures Apostoliques: celle de Battambang confiée à Mgr. Paul Tep Im Sotha, et celle de Kompong Cham confiée à Mgr. André Lesouëf. Cette même année, du 18 juin au 3 octobre 1968, M.Albert Landreau prit son quatrième congé en France, puis il rentra à Phnom-Penh pour reprendre une fois encore, ses cours au petit séminaire.
En août 1969, le prince Norodom Sihanouk, chef de l'Etat confia au général Lon-Nol, de tendance droitiste, le soin de former un nouveau gouvernement investi par l'Assemblée Nationale le 13 août 1969. En mars 1970, pendant l'absence du chef de l'Etat, d'importantes et violentes manifestations populaires se déroulèrent à Svay-Rieng, puis dans la capitale, demandant le retrait, hors du territoire national, des troupes viêtcong et nord-viêtnamiennes implantées dans des "sanctuaires", en pays kmer ; ce fut l' occasion d'attiser l'inimitié séculaire entre Viêtnamiens et Kmers. Cette haine raciale aveugle assimilant "viêtnamien" et "chrétien", s'exprimant à travers des slogans anti-viêtnamiens, s'accompagna de pillages, de saccages et profanations d'églises, et de massacres odieux.
Le 18 mars 1970, le prince Sihanouk fut renversé par le général Lon-Nol . Le 23 mars 1970, le prince déposé appela par la voix de la radio, et depuis-Pékin, le peuple à se révolter contre ce gouvernement "illégal", et annonça la formation d'un "Front Uni National du Kampuchéa" pour lutter contre l'usurpateur.
Dès sa formation, le nouveau gouvernement du général Lon-Nol à Phnom Penh ordonna aux communistes viêtnamiens de quitter le pays dans les quarante huit heures. En réponse à cet ultimatum, les troupes communistes se présentèrent comme chargées par le prince Sihanouk de le remplacer dans la direction du pays ; elles envahirent les campagnes et bousculèrent l'armée gouvernementale de Lon-Nol. Le Cambodge venait de sombrer dans une guerre fratricide.
En raison de cette situation cahotique, un télégramme officiel du 19 avril 1970, émanant du Ministère de l'Education Nationale, à Phnom-Penh, ordonna "la fermeture de toutes les écoles privées étrangères, chinoises, viêtnamiennes, missionnaires" dans la capitale et les provinces. Cette mesure toucha le petit séminaire qui renvoya ses élèves dans leurs familles. Peu après, cette maison de formation servit de cantonnement pour la minorité viêtnamienne désirant rentrer au Sud Viêtnam.
Sous la direction de Mgr. Ramousse, une équipe de prêtres et de laïcs s'occupa des milliers de personnes déplacées, regroupées dans des centres d'accueil, ou en difficulté, du fait de la guerre civile. D'autres missionnaires assistèrent les viêtnamiens dans leur retour et leur réimplantation au Sud Viêtnam. Ne pouvant plus assurer leur tâche d'enseignant, M. Albert Landreau et quelques confrères rentrèrent en France, soit définitivement, soit pour un congé.
Arrivé à Paris, le 8 juin 1970, M. Albert Landreau tout en espérant un retour possible à Phnom-Penh, se mit au service du diocèse de Toulon, et travailla à la paroisse St. Vincent de Paul, en cette ville, de novembre 1970 à novembre 1972. Malade, il séjourna à Paris de novembre 1972 à janvier 1973. Puis, ayant consacré toute sa vie au service des jeunes, ayant accompli, pendant 28 ans, la tâche de professeur et de formateur avec rigueur et grande conscience professionnelle, il accepta d'aller à l'Institution Saint Paul, à Roanne, où il assura un travail spirituel auprès des élèves, ainsi qu'un service de présence et de surveillance. Homme de devoir, tout en se montrant rigoureux dans ses fonctions, il aimait aussi la détente, la compagnie dans la bonne humeur.
Rappelé à Paris pour succéder à M.Louis Giffard, il fut nommé vice-économe de la maison de Paris, le 22 juillet 1975. Le 21 juin 1977, il demanda à être relevé de cette charge. "Malgré mon profond désir de servir les confrères pendant plusieurs années encore, écrivait il au Supérieur Général, ma santé déficiente ne me permet plus d'assurer pleinement mon travail.... Sauf imprévu, j'espère pouvoir remplir mes fonctions actuelles jusqu'au début de septembre prochain. Si je puis encore me rendre utile à la Société dans quelque service moins pénible, je le ferai volontiers, sinon je vous serais reconnaissant de m'autoriser à aller me reposer à Lauris..."
Après quelques mois de repos, M.Albert Landreau reprit du service à l'Institution St. Paul à Roanne, en 1978. Il y resta jusqu'à la fin de l'année scolaire 1984-85. Le 4 juillet 1985, il écrivait au Supérieur Général :..." Quand je suis allé à Paris, pour la fête du 6 janvier, vous avez constaté que j'étais bien fatigué et m'avez conseillé de prendre ma retraite. J'aurais bien dû suivre votre conseil à ce moment là, mais je désirais rendre tous les services qui m'étaient demandés aussi nombreux que variés et terminer l'année scolaire à St.Paul. ....La Direction de l'Institution étant totalement transformée, je crois qu'il faut que je parte, d'autant plus que le handicap de mes jambes ne s'améliore pas, loin de là. C'est pourquoi, je viens vous demander si vous voulez bien m'autoriser à me retirer dans notre maison de Lauris..."
C'est là qu'il arriva en août 1985 ; un jour, il eût l'une des plus grandes joies de sa vie : il reçut la visite de Mgr.J.B. Pham-Minh-Man, alors évêque coadjuteur du diocèse de Mytho. De passage en France, celui-ci avait tenu à se rendre à Lauris pour rendre visite à ses anciens professeurs et leur manifester sa reconnaissance.
M.Albert Landreau porta toujours dans sa prière ses anciens élèves, le pays kmer et ses communautés chrétiennes. Lors de ses noces d'or sacerdotales, qu'il célébra dans l'église de son baptême, le 12 juillet 1987, il le rappelait, dans une lettre au Supérieur Général de la Société, en date du 16 juillet 1987 :...." Merci de votre lettre et de vos prières pour moi-même, pour les miens et pour ces chers Cambodgiens et Viêtnamiens, privés de toute liberté religieuse, qui souffrent dans leur âme et dans leur corps. Tous les jours, je pense à eux ainsi qu'à tous les réfugiés des camps de Thailande. Daigne le Seigneur leur accorder la paix et une totale liberté. Je pense spécialement à mes anciens élèves du Petit Séminaire de Phnom-Penh qui sont actuellement évêques ou prêtres au Viêtnam et au Cambodge, à Mgr. Salas et aux trois prêtres qui sont morts en forêt, de privations et d'épuisement. Ils ont très probablement beaucoup souffert avant de mourir, le Seigneur les aura bien accueillis..."
A Lauris, le 19 mars 1997, à vingt et une heure trente, jour de la fête de Saint Joseph, M. Albert, Joseph, Louis, Emile Landreau retourna à la maison du Père.