Joseph DEVISSE1913 - 1993
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3621
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1939 - 1949 (Tokyo)
- 1951 - 1963 (Tokyo)
- 1975 - 1975 (Tokyo)
Biographie
3621] DEVISSE Joseph, Henri, Gaston, naquit le 21 juillet 1913 à Conchy-sur-Canche, dans le diocèse d'Arras (Pas-de-Calais). Baptisé le 30 juillet dans l'église du village, il fut confirmé à Fillièvres en 1924 par Mgr. Julien, évêque d'Arras. Il fit ses études primaires à Conchy, ses études secondaires au Petit Séminaire d'Arras de 1926 à 1932, terminées par l'obtention du baccalauréat. Le 1er octobre 1932, il entrait au Grand Séminaire d'Arras; il y fut tonsuré le 2 juillet 1933. C'est à cette époque qu'il fit une première demande d'admission aux Missions Étrangères. De 1933 à 1934, il fit son service militaire : libéré de ses obligations, il renouvela sa demande, le 21 mai 1934, dans laquelle il mentionne le temps d'épreuve qui lui fut imposé". Il est admis le 2 juin 1934, et le 22 octobre de cette même année, il entrait au Grand Séminaire de la rue du Bac. Sous diacre le 29 juin 1937, diacre le 29 juin 1938, il est ordonné prêtre le 17 décembre 1938. Destiné au diocèse de Yokohama, il s'embarqua le 11 avril 1939 et arriva à Kobé le 17 mai. Cinq jours plus tard, il est à Yokohama.
C'est à l'évêché qu'il commence l'étude de la langue japonaise. Atteint par l'ordre de mobilisation générale, il est réformé après examen, car il est de santé fragile. En avril 1940, Mgr. Chambon le nomme à Fujieda, car le Père Fonteneau, mobilisé, doit partir. Le 21 décembre 1944, il est nommé curé de la paroisse de Ueda, dans la province de Nagano. Il y resta un an à peine. Le 30 octobre, il revient dans son ancienne paroisse de Fujieda. Le 2 avril 1947 il reçoit sa nomination pour l'importante paroisse de Shizuoka. La paix est revenue mais il faut relever les ruines. L'école des Soeurs de Saint Maur est complètement détruite par l'incendie. Anéanties aussi l'église, bâtie par le Père Delahaye et une petite école de couture. Reste le presbytère. Le nouveau curé se met à l'oeuvre et commence par construire une grande salle de réunion, qui peut servir d'église, du moins provisoirement.
Le 26 novembre 1948, le Père Delbos, ayant été promu Supérieur régional, lui demande de prendre la charge de vice-supérieur. C'est alors qu'il commence la construction d'une nouvelle église paroissiale. Mais son état de santé est tel qu'il lui faut prendre un repos immédiat. Il s'embarque donc pour la France, le 5 juin 1949, sans pouvoir assisté à la bénédiction de l'église. Le 3 janvier 1951, complètement rétabli, le Père Devisse s'embarque sur "La Marseillaise" : le 4 février, il regagnait sa paroisse. Il restera 23 ans. Il donna le meilleur de lui-même à l'enseignement du catéchisme. Ce fut une période où les catéchumènes étaient relativement nombreux. Parlant très bien la langue, il avait à coeur la formation catéchétique avant et après le baptême : réunions de quartier, Légion de Marie, conférence de Saint Vincent de Paul. Il commença une école enfantine, qui lui permit de contacter nombre de non-chrétiens. Le 1er mai 1952, il est nommé Supérieur local et vicaire forain de la province de Shizuoka, qui, par contrat, était devenue le lieu de mission des MEP dans le diocèse de Yokohama. En 1955, il est de nouveau nommé Supérieur local. En 1960, il est choisi comme représentant des confrères à l'Assemblée Générale. Puis en 1963, le Père Roncin lui demande d'entrer au conseil régional.
Le 25 juillet, il doit encore prendre un long congé pour rétablir sa santé. De retour le 6 février 1975, il est nommé dans une nouvelle paroisse : Chiyoda. Mais le coeur faiblit et il doit se résoudre à revenir définitivement au pays natal. Le 14 avril il s'embarque pour la France. Après une longue période de repos, le Supérieur général lui demande d'aider au service des Archives. En 1992, il espère se retirer à la maison Saint Albert, à Auchy-les-Hesdin, dans un environnement familier. Mais en mai 1993, hospitalisé à l'hôpital Laënec, il succombe inopinément le 9 juin 1993. Il fut inhumé au cimetière MEP de Montparnasse.
Nécrologie
Joseph DEVISSE (1913-1993)
Notice nécrologique
Devisse, Joseph, Henri, Gaston, né le 21 juillet à Conchy-sur-Canche (Pas de Calais), au diocèse d’Arras ; entré au séminaire des Missions Étrangères le 22 octobre 1934, ordonné prêtre le 17 décembre 1938, destiné à Yokohama (Japon) le 9 février 1939 ; parti pour sa mission le 11 avril 1939 ; rentré en France pour raison de santé le 14 avril 1980 ; affecté à l’administration générale au service des archives le 26 juin 1983 ; décédé à Péris à l’hôpital Laënnec le 9 juin 1993.
Joseph Devisse naquit à Conchy-sur-Canche, arrondissement d’Arras, dans le Pas-de-calais, le 21 juillet 1913, de Arthur Devisse et de Aurélie Carliez ; il fut baptisé le 30 juillet de la même année dans l’église de Conchy-sur-Canche, et confirmé par Mgr Eugène-Louis Julien, évêque d’Arras, dans l’église de Fillièvres en 1924. Ses parents étaient cultivateurs et eurent deux autres enfants, une fille et un fils. Il fit ses études primaires à Conchy, et y commença ses études secondaires qu’il continua à Arras, au petit séminaire, de 1926 à 1932, les terminant par le baccalauréat. Il passa ensuite une année au grand séminaire d’Arras, du 1er octobre 1932 au 20 juillet 1933 ; il avait reçu la tonsure le 8 juillet. À cette époque, il fit une demande d’admission aux Missions Étrangères, mais dut attendre son service militaire, en 1933-1934, pour la renouveler par lettre du 21 mai, où il mentionne « le temps d’épreuve qui me fut imposé » Au terme de celui-ci, il se met en route pour Paris, muni des lettres testimoniales de Mgr André-Charles Ginisty, évêque de Verdun, pour la période de sa conscription à Jardon-Fontaine, et de celles de Mgr Henri-Édouard Dutoit, évêque d’Arras, que le supérieur du grand séminaire, le vicaire général Caron, lui remet non sans faire remarquer que l’intéressé « n’a pas obtenu ni même demandé récemment à Mgr l’évêque d’Arras la permission de partir, dont généralement on ne dispense pas ! » Mais, bon prince, il note ne pouvoir « faire obstacle à une vocation mûrie et bien éprouvée ». En dépit de ce petit accroc au protocole, notre camarade Joseph est admis le 2 juin 1934, et entre au séminaire des Missions Étrangères, le 22 octobre 1934.
Prêtre le 17 décembre 1938, il reçoit sa destination pour Yokohama le 9 février suivant, et y part effectivement le 11 avril 1939. Il arrive le 17 mai à Kobe où l’accueillent les confrères d’Osaka, et le P. Clément Fonteneau l’amène le 22 au soir à Yokohama où il trouve réuni la plupart des confrères qui venaient de fêter le cinquantenaire de la fondation de la léproserie de Koyama par le P. Germain Testevuide. Comme il se doit, il est mis de suite à l’étude du Japonais, à l’évêché même de Yokohama. Mais à peine trois mois après, le 4 septembre 1939, il est appelé sous les drapeaux ainsi que plusieurs confrères. ; cependant, dès le 20 septembre, l’ambassade faisait savoir qu’il pouvait rentrer chez lui, comme les autres mobilisés. Il se remet donc immédiatement à l’étude de la langue ; toutefois, dès le 20 février 1940 il doit consulter un médecin pour des maux d’estomac, et entre en observation à l’hôpital Sainte-Marie, tenu par les Franciscaines missionnaires de Marie à Tokyo. Il en ressort le 23, et regagne l’évêché de Yokohama. Au début d’avril, il se confirme que des réservistes vont être mobilisés, mais lui-même est retenu pour raison de santé, et remplacera le P. Fonteneau, rappelé comme interprète au Tonkin : c’est ainsi qu’il devint curé de Fujieda, où il est nommé dès le 4 avril 1940 par Mgr Jean-Alexis Chambon.
Lorsqu’en mai arrive la nouvelle que la hiérarchie japonaise est mise en place : Mgr Joachim Ideguchi est nommé administrateur de Yokohama, et entame dès le mois de juin la visite des postes des quatre départements de la mission. Le P. Devisse cependant doit passer quelques jours à l’évêché pour se faire soigner de la morsure d’un scolopendre qui l’avait attaqué derrière l‘oreille pendant son sommeil. Le 21 décembre 1944, il est nommé curé à Ueda, mais ce ne sera que pour une brève période, puisque le 30 octobre 1945 le retrouve dans sa cure de Fujieda. La guerre terminée, on procède à Yokohama, en juin 1947, au sacre du nouvel évêque, Mgr Thomas Wakida, qui signe en décembre avec le séminaire de Paris un contrat, approuvé par Rome, cédant aux Missions Étrangères la préfecture de Shizuoka, soit plus ou moins deux millions d’habitants, au milieu desquels se trouvent cinq postes et trois annexes. Ce n’est pas une mission indépendante, mais un vicariat forain qui, relevant du diocèse, dispose d’une administration autonome. De son côté, Mgr Chambon, supérieur de société à Yokohama, a dû s’aliter en février, et a fait un séjour prolongé à l’hôpital général d’où, soigné par les Sœurs Franciscaines, il peut désormais rentrer chez lui ; néanmoins, il se remet lentement qu’il juge bon de démissionner.
Le P. Devisse reçoit, le 2 avril 1947, son changement pour la grande paroisse d’Otemachi à Shizuoka. C’est cependant d’une église dévastée par les bombardements et les incendies de la fin de la guerre dont il hérite, car seul le presbytère a pu être sauvé grâce à la présence d’esprit du curé d’alors, le P. Marcel Houtin. C’est en cette année qu’il baptise celui qui devait devenir un romancier japonais d’un certain renom, Kunio Ogawa qui, plus tard, rapportera dans un magazine de quelle manière il avait pris contact avec le Christ : « J’ai été ému, et me suis senti attiré par le catholicisme, quand j’ai vu comme les missionnaires français travaillaient dur, en aimant et en évangélisant les Japonais de mon patelin, prenant à peine le temps de dormir quelques heures chaque nuit ». Travailler dur, tel était le lot bien certain du P. Devisse, car à ce moment-là, il doit commencer à reconstruire ; les ennuis d’ailleurs ne lui manquent pas, puisqu’en 1948 la nouvelle lui vient qu’une promesse de fonds qui avait été faite en son temps ne se matérialisera pas ! Le 26 novembre de cette année, le P. Fernand Delbos étant promu supérieur régional, le nomme aussitôt vice-supérieur, ce qui n’est pas fait pour le libérer de ses soucis. N’importe, il se débrouille comme il peut et, l’année suivante, il a en effet bâti une grande et belle église de style roman, plus spacieuse que l’ancienne. Elle attire les regards et surtout elle affirme par sa solidité la stabilité de l’Église catholique et sa confiance dans l’avenir. Ce n’aura pas été sans dommage pour la santé du père : il n’a pas pu attendre la bénédiction, prévue en juin, de ce monument que l’on décrit comme une « petite cathédrale , simple sans doute, mais d’un bel effet ». Il est déjà parti, presqu’en urgence, dès le 5 juin, car son état général le réclamait : il était grand temps qu’il prenne du repos. Pendant son absence, il est remplacé par le P. Édouard Maugenre. Son congé en France se passe aux bons soins de sa sœur, qui promet de le remettre en bonne forme. En mars 1950, la nouvelle arrive qu’il va beaucoup mieux et espère rentrer bientôt. Et effet, il revient en compagnie du P. Delbos : tous deux prennent la mer sur « La Marseillaise » le 3 janvier 1951, qui fait escale à Hongkong le 26 janvier. Le débarquement à Yokohama s’effectue avec un jour de retard sur l’horaire, et c’est le 4 février qu’il regagne sa ville de Shizuoka.
Il reprend sa charge de curé de Otemachi, où le P. Maugenre a cédé la place au P. Jacques Candau, qui après avoir assuré remarquablement l’intérim, devient son vicaire, tandis que le P. Antoine Jacq, présent à titre temporaire, prend part aux tâches paroissiales tout en continuant à s’initier aux méthodes apostoliques. L’école maternelle, ouverte comme prévue le 10 avril, accueille dès le départ 70 enfants. Il a de suite fort à faire pour former l’esprit chrétien d’une nombreuse jeunesse féminine qui fréquente son église, et qui serait facilement portée à s’endormir dans la pieuse et quiète atmosphère de son école. Il est secondé par le P. Jacq qui a le don de réveiller tout ce monde et de le pousser à l’action catholique. Lui-même a, d’autre part, pas mal de relations à l’université où il donne des cours de catéchisme et d’Écriture sainte, tandis qu’un groupe de scouts s’est constitué là sous la direction d’un paroissien dévoué. Mais il se fatigue très vite et, sur le conseil de son médecin, profite de la période d’été pour prendre quelques semaines de repos. C’est le P. Jacq qui cette fois assure l’intérim, le P. Candau étant appelé à d’autres charges. Enfin, il peut reprendre son activité passée, mais voilà qu’en novembre 1951, le P. Delbos ayant été nommé supérieur régional de la région du Japon, délègue les pouvoirs de supérieur local de Shizuoka au P. Devisse, curé de la paroisse Saint-Dominique, en attendant que Mgr Charles Lemaire nomme officiellement un missionnaire à ce poste, ce qu’il fera six mois plus tard, en confirmant le choix de son subordonné, lorsque sera érigée canoniquement la communauté missionnaire de Shizuoka.
En juillet de cette année, Mgr Wakida avait résigné sa charge d’évêque de Yokohama, et en novembre il fait ses adieux officiels au cours d’une réunion tenue à l’évêché. Le nouvel évêque élu vint quant à lui à Shizuoka, pour faire connaissance, lors de la réunion mensuelle de janvier 1952 ; il s’agit de Mgr Lcas Katsusoburo Arai qui, s’adressant aux prêtres des Missions Étrangères les exhorta en disant : « Aidez-moi pour la formation des jeunes prêtres japonais, mêlez-vous aux prêtres japonais, ne les laissez pas à eux seuls, vous réaliserez ainsi le but des fondateurs de votre société, la formation du clergé ». Le P. Devisse rappela que les trois roses d’argent choisies pour figurer sur les armes de l’évêque symbolisaient d’abord le mystère de la Sainte Trinité, et ensuite l’union de l’évêque, de ses prêtres et de ses fidèles. Il fit remarquer que toujours les Mep seraient à la disposition de l’évêque partout où il aurait besoin d’eux. Mais dans le district même de Shizuoka, ce n’est qu’une quinzaine d’années plus tard que le souhait de Mgr Arai se réalisera, quand un prêtre japonais pris charge de la paroisse de Yawata. En dehors de ces prestations académiques auxquelles l’obligent son supériorat, de grands travaux attendent encore le P. Devisse en début d’année, car il doit construire deux nouvelles classes pour agrandir son école maternelle qui accueillera à la rentrée d’avril 140 gosses.
Le 28 avril 1952, à 22 heures, le Japon recouvrait entièrement sa propre souveraineté, et la communauté catholique s’est unie à l’allégresse de l’ensemble de la nation en chantant un vibrant « Te Deum » de reconnaissance le dimanche suivant. Dans la quête de renouveau qui s’ensuivit, chacun se mit à rechercher quelles étaient les méthodes d’évangélisation dont on pouvait attendre les meilleurs résultats. Le P. Devisse, quant à lui, ne cherchait autre chose que de convaincre ses Chrétiens de la nécessité d’un effort vrai et sincère en vue d’amener de nouveaux catéchumènes éventuels. En fait, en moins de trois mois, il avait 180 demandes d’inscription aux cours de doctrine chrétienne. Obligé de répartir ces demandeurs en quatre groupes, et de diviser son programme en vingt leçons, il s’arrangea de telle sorte que l’instruction complète ne dure pas plus de cinq mois. Sur ce, la Légion de Marie s’accorda pour reconnaître à quel point les connaissances religieuses restent insuffisantes, et pour dès lors intensifier le besoin d’étude personnelle, de façon à permettre à chacun de prendre confiance en lui-même. Quant à la collaboration de ce mouvement avec les autres groupements qui existent déjà, comme la Joc ou la Conférence de Saint-Vincent de Paul, le P. Devisse suggéra, pour que les choses s’allient harmonieusement, qu’au moins un membre de ces organismes fasse en même temps partie du « praesidum Reine des Martyrs », mis en place à Otemachi : ainsi serait établie la liaison nécessaire, et l’on pourrait éviter de piétiner les plates-bandes les uns des autres. Au cours de cette année fut également tentée l’expérience de mettre le cinéma au service de l’évangélisation. Les séances en ville coûtent cher, et en conséquence les gens viennent assez facilement assister au spectacle gratuit donné par la paroisse : bien sûr ; il faut un programme varié, susceptible d’intéresser les auditoires, et l’on y arrive sans trop de peine grâce aux organisations spécialisées qui s’occupent de la distribution. Le P. Devisse n’a pas la naïveté de croire que les foules attirées vont automatiquement s’inscrire au catéchisme, mais il a conscience que par ce moyen le prêtre et les chrétiens peuvent prendre contact avec la masse païenne, et pénétrer plus facilement dans certains milieux tels que les quartiers ouvriers, les usines, les hôpitaux et les écoles.
Sur un autre plan, le 26 mai1952, le P. Delbos lui donnait délégation de pouvoirs pour traiter directement avec l’évêque des nominations des confrères, et le 25 juin suivant, par la grâce de Mgr Arai, il se voit dans l’obligation de joindre, à sa charge de supérieur local, celle de vicaire forain de la mission de Shizuoka. En fin d’année, pour couronner le tout, le P. Marius Courrier, nouveau venu qui en était à l’étude de la langue, vint parfaire ses connaissances auprès du P. Devisse ; néanmoins, aux Pâques prochaines, il sera déjà appelé, comme vicaire du P. Henri Jachet, à prendre résidence à Yoshiwara, l’une de ses deux paroisses.
Déjà le P. Devisse est aumônier régional de la Légion de Marie, quand Mgr Arai le nomme, le 26 mars 1953, directeur régional de la Conférence de Saint-Vincent de Paul. En pasteur avisé, il profite de la présence d’un père rédemptoriste canadien, le P. Ouellé, pour lui faire prêcher durant le mois de Marie une retraite paroissiale qui rencontra un heureux succès et donna à bon nombre de gens le sens de ce qu’est une vie profondément chrétienne. Le résultat en est qu’il se trouve bientôt dans sa paroisse à la tête de trois « præsidia » de la Légion de Marie, deux d’adultes et un de jeunes, et qu’il commence avec eux l’apostolat de quartier. L’année 1954 est à peine en train qu’il porte à sept le nombre de ces groupes, avec une réunion par mois pour chacun d’eux, et lui-même assiste à chacune de ces réunions. De plus, mesure assez extraordinaire , le cours de catéchisme spécial qu’il a entrepris pour les mamans des enfants de l’école maternelle est rendu obligatoire ! Puis, à la fin de juillet, moment de répit : l’arrivée de Mgr Charles Lemaire est l’occasion de mesurer la différence entre ce qui existe à présent, et ce qu’a pu voir le supérieur général lors de sa visite antérieure, seize ans auparavant, quand le P. Léon Robert était venu en tournée d’inspection. Au lieu de quatre missionnaires face à 800 chrétiens, on en compte actuellement 31, chargés de 2500 chrétiens, répartis en dix paroisses. C’est en chacune de celles-ci que le P. Devisse accompagna ensuite le visiteur pour qu’il se rende compte sur place de la vie de chacun dans les différents postes de la mission. Il était rentré pour le 15 août ; jour où il devait inaugurer le carillon électrique qui désormais rappelle tout à l’entour, par les voix de ses cloches, la présence de l’Église du Christ.
Pour la première fois, les 13 et 14 avril 1955, a lieu pour tout le clergé du diocèse de Yokohama, français et japonais, soit un centaine de prêtres, une session d’études sous la présidence épiscopale. Le P. Devisse avait été chargé d’élucider les raisons pour lesquelles certains néophytes, baptisés depuis moins de trois ans, abandonnent l’Église. Et le 1er mai, il est renommé supérieur local pour un nouveau triennat, et le 13 le confirme dans son office de vicaire forain. Mais les grands événements de la saison furent certainement la bénédiction de la nouvelle église, et l’ordination qui y eût lieu quelques jours après. Église, presbytère, jardin d’enfants, tout a été rebâti, avec beaucoup d’améliorations, de l’autre côté de la rue, face aux anciennes constructions. Le 23 décembre, le P. Devisse en bénit l’ensemble, au cours d’une cérémonie très simple, juste à temps pour que les fêtes de Noël puissent s’y dérouler. Puis, le 27 décembre, jour fixé pour l’ordination, deux pères japonais recevaient l’onction sacerdotale des mains de Mgr Arai : c’était la première fois que se déroulait une telle cérémonie à Shizuoka et que pouvait y assister la grande majorité des Chrétiens du lieu.
Il a la grande joie d’accueillir, en 1956, le P. Michel Baudot qui vient pour l’aider dans son travail. Le gros succès de l’année fut cette fois la première manifestation publique de la fédération jociste de Shizuoka, qui se tint dans sa paroisse. Mais dès le courant de 1957, le P. Baudot est désigné pour prendre provisoirement charge de la paroisse d’Itawa, en attendant le retour de congé du P. Jean Barbier, parti en mars. Curé pour le moment sans vicaire, le P. Devisse se donne tout entier au développement apostolique de sa paroisse, qui progresse lentement mais sûrement. Il a sans doute toujours les trois « præsidia » de la Légion de Marie, mais aussi deux sections de Joc – une masculine et une féminine -, avec en plus trois groupes de jécistes, sans compter une chorale qui tient le coup, et avec succès, depuis bientôt trois ans. Grâce à l’activité des militants de tous ses mouvements d’action catholique et de ses groupes de quartier, il ne constate pas, comme dans d’autres paroisses, une sensible diminution chez ses catéchumènes, et son école maternelle se peuple chaque jour de plus de 200 bambins. En outre un hameau, Yatsu, que le P. Pierre Baudu vient visiter dans la montagne proche, est joint à sa paroisse ; le P. Lucien Delahaye s’y retirera, peu de temps avant sa mort. Mais à la fin de l’année, le P. Barbier étant rentré de France, le P. Baudot revient prendre son ancienne place à Shizuoka, à la paroisse Saint-Dominique, en vicaire fidèle du P. Devisse. C’est que ce poste d’Otemachi est le plus important du district, et qu’il y cumule la charge de curé avec les fonctions à la fois de supérieur local et de vicaire forain. Tous les bâtiments sont neufs et l’on se croirait dans un poste récemment fondé ; pourtant, la chrétienté est parmi les plus anciennes de la préfecture, mais assez nombreux sont les fidèles qui, au cours des années, se sont éloignés de l’Église. La Légion de Marie s’emploie à ramener peu à peu ces égarés, tandis que le curé passe son temps à catéchiser les nouveaux venus et les mamans de l’école maternelle.
Tout de même, en 1958, ayant accompli six années de supériorat local, le P. Devisse cède la houlette au P. Fonteneau, son contemporain. Ce changement n’a pas amené de modification au point de vue responsabilité paroissiale, mais le P. Jean-Marie Chevalier est devenu le vicaire du P. Devisse, se préparant à exercer le pur japonais qu’il a appris à l’école de langue de Tokyo. Par la force de l’habitude se continue tout naturellement ce que le P. Devisse a toujours fait, pas seulement en tant que supérieur : avant tout accueillir, diriger, amener à s’assimiler les jeunes, ou les moins jeunes, arrivés d’Europe ou de Chine. Homme de devoir, plutôt silencieux, n’aimant pas du tout les palabres, il sait depuis longtemps que les discussions interminables aboutissent à peu de chose, mais que la réflexion prolongée, mûrie, et la décision une fois prise, inflexible, sont d’une autre efficacité.
Il est choisi, avec le P. Roncin, pour être le délégué des missionnaires du Japon à l’assemblée générale de 1960, et pendant son absence, sa paroisse est administrée par le P. Fonteneau ; le titulaire du poste, organisateur-né, a tout prévu, tout mis au point, et il suffira de tirer quelques ficelles pour que tout aille comme sur des roulettes. Le remplaçant, en s’installant à Otemachi pour la durée de l’assemblée, a confié sa propre paroisse au P. Jules Raud, son vicaire. Voilà donc le P. Devisse parti pour la France, où il arrive le 11 juin, au terme d’un voyage dont la fin fut mouvementée par suite d’une grève de personnel du champ d’aviation d’Orly ; il en revient dare-dare le 8 novembre, et est heureux de retrouver sa communauté de quelque 500 Chrétiens, qui lui est remise en pleine forme dès son retour. C’est alors qu’il acquiert une petite voiture, avec laquelle il pourra plus facilement garder le contact avec tous les coins de sa paroisse. Cette année, ayant été absent bien malgré lui, il s’est contenté d’apporter quelques améliorations en faisant construire une maison d’habitation pour le personnel de son école maternelle.
En 1961 il reçoit l’aide partielle du P. André Danion, qui tout en étant nouveau supérieur local, et remplissant par ailleurs d’autres fonctions, veut ainsi servir d’auxiliaire au P. Devisse dans cette paroisse d’Otemachi, qui est, rappelons-le, la plus grande du district : cette année, on y a fait 35 nouveaux baptisés, qui se sont joints au groupe des 650 Chrétiens du lieu. Mais on ne le laisse guère tranquille ; voici qu’il est mêlé aux tractations d’achat d’un vaste terrain, destiné à l’établissement futur des Frères de Ploërmel ; il les mène à bonne fin, en 1962, ayant été bien secondé par un professeur de l’école des Dames de Saint-Maur. Il est néanmoins bienheureux de recevoir l’aide, les samedi et dimanche, du P. Amédée Sueur, pour la paroisse Saint-Dominique. En 1963 cependant, aux environs de Pâques, il reçoit comme vicaire permanent le P. Alphonse Dupont, à sa sortie de l’école de langue de Tokyo. Cette année où il va fêter ses noces d’argent, on lui offre comme cadeau le poste de conseiller régional, et l’on choisit le 8 décembre pour célébrer son jubilé, qui lui amène de partout une profusion de félicitations.
Avec le concours du P. Pierre Sauvion, on a pu, au cours de l’année 1964, donner le catéchisme préparatoire et conférer le baptême à 43 personnes, dont 25 adultes. Car en l’absence du P. Sueur, c’est le P. Devisse qui a été réquisitionné pour que l’enseignement religieux soit délivré aux élèves des classes terminales de l’école de Saint-Maur. Mais sa paroisse, sous sa direction souple, fonctionne toujours avec la régularité d’une machine bien huilée, et l’on s’étonne de voir comment, en une seule journée, il parvient à caser autant de visites, de réunions, de pourparlers. C’est qu’il a habitué son monde à une administration sage et cohérente, qui va d’ailleurs encore s’améliorer maintenant que, depuis 1965, le P. Sauvion travaille surtout dans le secteur rural et s’occupe spécialement de l’annexe de Yatsu, tandis que le P.Danion aide le curé pour le ministère des confessions et assure la messe du dimanche soir à lla paroisse. Et de plus, dès la fin de l’année, il reçoit l’aide du P. Yves Sparfel, qui sera son nouveau – et quantième ? – vicaire ; par contre, dès 1966, il est choisi pour le ministère extra- paroissial d’aumônier fédéral de curie de la Légion de Marie. Cependant, d’avril à décembre, étant en congé en France où il est arrivé le 2 ma i, il est remplacé par le P. Sparfel, qu’il a eu le temps de préparer.
Rentré vers la mi-décembre, il continue en 1967, avec le P. Sparfel à mener d’une main ferme la plus grosse paroisse du vicariat avec toutes ses œuvres, le P. Sauvion étant toujours en charge de la desserte de Yatsu. Bien entendu, son mandat de conseiller régional est venu à expiration pendant son absence, mais a été aussitôt renouvelé pour trois ans. De plus, en 1968, non seulement, il est aumônier de Légion, mais il est aussi bombardé directeur de l’association des écoles maternelles, et responsable de la commission nationale de l’apostolat et de l’enseignement français. Cela n’entrave en rien son dynamisme, puisqu’il fait démolir l’ensemble scolaire qui a fait son temps, et le remplace par un magnifique bâtiment de trois étages.
Il est de retour en France le 25 juillet 1973, et y prolonge son séjour jusqu’au 6 février 1975 ; toujours mystérieux et discret, on espère que son congé se passe bien et qu’il reviendra bientôt frais et dispos pour un nouveau bail. Et en effet, quand il revient, il apparaît à tous resplendissant de santé, la mine épanouie, prêt à se remettre dans le bain. C’est alors qu’il est nommé à Chiyuda, dans le nord de la ville de Shizuoda, et fait profiter de sa longue expérience pastorale aussi bien particulière y est très animé, étant donné la présence de nombreux enfants. N’étant pas parmi les plis jeunes, le P. Devisse se ménage pour assurer l’essentiel, ce qui n’est déjà pas si mal, et de toute façon n’est pas peu. Le 14 avril 1980, un congé lui est accordé en France ; après quarante années consacrées à l’apostolat à Fujieda et Shizuoka, il laisse bien des regrets, et c’est pour lui un moment très dur à passer que se faire à l’idée d’être séparé de ses Chrétiens. Un état général de lassitude se maintenant, et ne manifestant que de très lents changements, il n’a que peu d’espoir de revenir au Japon ; mais comme on ne sait jamais, il se fait établir un bilan général à l’hôpital Pasteur, pour une guérison aussi rapide que possible.
En réalité l »homme propose, et Dieu dispose : autant est grand le désir du P. Devisse de regagner sa mission, autant sa santé déficiente l’en empêche Il est logé chez des cousins bien accueillants, mais sa sœur religieuse s’inquiète du trouble qu’il leur cause, et du fait que sa seule occupation se résume à la lecture. Quand le P. Fonteneau, en congé en France en 1982, est reparti là-bas en fin d’année, il aurait voulu au moins être avec lui physiquement jusqu’au moment du départ ; mais il s’est senti trop faible, et n’a pu l’accompagner que de ses vœux. Pour s’en excuser, il écrit au P. Jean-Michel Cuny : « Une analyse de sang, juste à cette époque, a révélé un taux anormalement bas des globules rouges, et en conséquence une forte anémie. Depuis ce temps, je subis des injections quotidiennes d’extrait de foie et de vitamines. La dernière analyse, faite il y a deux jours, n’indique qu’une faible augmentation de ces globules. Selon les conseils du médecin, je compte retourner à Paris début janvier pour y faire un bilan en vue de déceler les causes de cette anémie ». Dès le 12 janvier 1983 en effet, il se trouve entre les mains de la Croix-Rouge à l’hôpital des Peupliers pour une série d’examens, à la suite desquels une modification de son traitement médicamenteux lui est prescrit. Il rentre alors un temps dans sa famille, espérant avoir trouvé enfin une thérapeutique appropriée, et réfléchissant à la proposition qui lui est faite, si tout va bien, de seconder l’archiviste de la société, le P. Jean-Baptiste Vérinaud, qui aurait un travail à sa convenance. Au mois de mars, constatant que sa santé s’améliore, il accepte de faire un essai, et annonce son arrivée pour la fin du mois.
La période convenue d’une mise en route progressive ayant donné d’excellents résultats, il est nommé le 28 juin, à l’administration générale, et affecté pour une durée de trois ans au service des archives. Il s’y plaît et s’adapte à la vie communautaire, et l’on reconnaît dans tous les documents qu’il manipule son strict aperçu de toutes choses : il en rend compte exactement avec une rigueur presque mathématique. Il s’insère si bien dans le fatras des classements qu’il s’identifie bientôt avec eux. Ses trois années de départ se renouvellent presque automatiquement, et il accomplit son œuvre bien humblement : le P.Vérinaud ayant soudainement disparu en 1987, il assure la continuité du service pendant cinq mois dans l’attente d’un successeur, en la personne du P. Jean-Paul Lenfant ; il se soumet sans créer la moindre difficulté aux modifications apportées par un changement de régime, et il est toujours présent, après l’assemblée 1992, pour introduire le P. Gérard Moussay dans les arcanes des antiques manuscrits. Mais dans une malencontreuse glissade sur un sol mal séché, il s’est fracturé le fémur et depuis lors traîne la patte, le moindre déplacement étant une épreuve. Il cherche et trouve une solution : il partira en maison de retraite à la maison Saint-Albert, à Auchy-les-Hesdin, dans un environnement qui lui est familier, et où il aura encore une cinquantaine de personnes à qui il pourra consacrer un peu de ministère. L’affaire est en bonne voie de réalisation, et il n’attend plus qu’un signe de la part du directeur pour lui indiquer qu’une chambre est libre, lorsqu’il doit être hospitalisé à nouveau fin mai 1993 : à l’hôpital Laênnec où il est reçu, on détecte en chirurgie digestive un germe extrêmement rebelle qui le fragilise énormément. Il succomba inopinément, le 9 juin, à la suite d’une soudaine embolie pulmonaire massive.
Les funérailles eurent lieu le surlendemain en la chapelle des Missions Étrangères, avec l’homélie de circonstance donnée par le P. Jean Waret, du Japon lui aussi ; elles furent suivies de l’inhumation dans le caveau de la Société au cimetière du Montparnasse. Il s’est retiré à jamais dans la céleste Shizuoka, l’éternelle « colline de la tranquillité ».
Références
[3621] DEVISSE Joseph (1913-1993)
Références bibliographiques
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