Émile TAVERNIER1922 - 1997
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3857
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1950 - 1982 (Osaka)
Biographie
[3857] TAVERNIER Émile (1922-1997)
Né le 13 octobre 1922 à Chèvremont (Territoire de Belfort).
Il est admis aux MEP en 1945. Ordonné prêtre le 29 juin 1947, il part le 14 octobre 1950 pour la mission d’Osaka (Japon).
Il commence l'étude de la langue japonaise à Nishinomiya et à Sumiyoshi, puis est nommé vicaire à Shimoyamate. En 1955, il est chargé de la paroisse de Tarumi où il reste pendant vingt-sept ans. Il y construit une église et un presbytère.
De retour en France en 1982, il se retire à Chèvremont, et assiste dans sa pastorale le curé de Colombier-Fontaine pendant plusieurs années avant de se retirer à la maison d’accueil de Lauris, où il meurt le 13 avril 1997.
Nécrologie
[3857] TAVERNIER Émile (1922-1997)
Notice nécrologique
Né le 13 octobre 1922 à Chèvremont, (Territoire de Belfort), dans le diocèse de Besançon, dans un village typique de cette région où des membres de sa famille possèdent encore fermes et troupeaux.
Du Petit Séminaire de Luxeuil, où il fait ses études secondaires (de 1934 à 1940), il passe au Grand Séminaire de Favernay (philosophie), puis à celui de Besançon (théologie) (de 1940 à 1943). Ayant manifesté l'intention de quitter le diocèse pour devenir missionnaire, son évêque lui demande de rester un an comme surveillant des petits séminaristes de Luxeuil-les-Bains. Pendant l'année scolaire de 1944, il sera le compagnon d'Henri Jachet qui, comme lui, partira ensuite pour le Japon, et tel ou tel confrère se souvient encore de sa sévérité au cours des heures d'études surveillées. Le 3 janvier 1945, il est admis aux Missions Étrangères et rentre à la rue du Bac, en cette période difficile qui précède la fin de la guerre.
Il est ordonné prêtre le 29 juin 1947, mais où ? Ses confrères du Japon qui ont été ordonnés le même jour que lui, dans la chapelle du Séminaire de Paris ne se souviennent pas de sa présence à leurs côtés. Une vingtaine de séminaristes l'entouraient pour sa première Messe à Chèvremont. Est-ce une question de fragilité physique ou est-ce en fonction de la conjoncture historique ? La Société le retient comme professeur à Ménil-Flin. Le 14 octobre 1950, à 28 ans, il quitte la France sur "la Marseillaise" pour rejoindre sa mission d'Osaka, ayant comme "bâteau" le P. Robert Vallade de la même mission et avec lequel il entretiendra une amitié fidèle et fraternelle jusqu'à sa mort.
Arrivé à Kobé le mois suivant, il commence l'étude du japonais chez le P. Alfred Mercier, curé de la paroisse de Shukugawa, à Nishinomiya (novembre 1950-août 1951). Il poursuit ses études à la paroisse de Sumiyoshi, à Kobé (septembre 1951-août 1952), et fait ses premières armes de missionnaire dans la paroisse de Shimoyamate, sous la houlette du P. Maurice Duchesne, comme vicaire (septembre 1952 à avril 1955). Déjà il commence à y mettre en valeur son charisme pour la formation des enfants.
En avril 1955, il devient le 5ème curé de la paroisse de Tarumi, à l'ouest de Kobé, succédant au P. Auguste Bergès. C'est là qu'il restera 27 ans au service du troupeau que Mgr. Taguchi lui a confié, et dont il prendra précautieusement et méticuleusement soin. Pendant cette longue période, il préparera des centaines de catéchumènes adultes aux sacrements de l'initiation, et il soignera tout particulièrement l'éducation chrétienne des enfants. Parmi eux, il a cherché à former des petits séminaristes et des futurs prêtres, mais ses efforts ne portèrent pas de fruits.
Assisté d'une catéchiste-secrétaire, Thérèse Nishimura, surnommée "Hanako" – sortie d'un Carmel pour raison familiale et douée d'un caractère très souple pour se plier aux humeurs du curé – il aide sa communauté paroissiale à accueillir puis comprendre et mettre en valeur le nouvel esprit issu du Concile de Vatican II. Grâce en partie aux aides du district de Kobé, et à celles du jardin d'enfants, de ses amis de France et de ses paroissiens, quand, avec l'aide technique du P. Philippe Gourraud, il construisit une nouvelle église, ("Sans un sou de l'évêque ! Même pas la pierre d'autel " aimait il à souligner), il tenait déjà compte de l'esprit du renouveau liturgique, avant la parution de la Constitution conciliaire de Vatican II. Le P. Nishimura, vicaire général, vint bénir cette belle recherche artistique en décembre 1962. La reconstruction du presbytère se fera plus tard.
Le Jardin d'enfants-garderie, situé sur le même terrain, l'occupe beaucoup et le passionne. Son bureau, qui donne sur la cour, est toujours plein d'enfants et son bon coeur les attire. Ses rapports avec les Soeurs du Carmel de la Charité, qui sont arrivées d'Espagne il y a déjà quelques années et fondent rapidement sur sa paroisse jardin d'enfants, école primaire et école secondaire, seront parfois un peu tendus –car profondément empreints de part et d'autre de sèle missionnaire- mais il les aide beaucoup à s'implanter et cette même attention pastorale se reportera sur les Soeurs de Saint Vincent de Paul, à Maiko.
Comme le district de Kobé était alors confié aux Missions Etrangères, sans contacts profonds avec les prêtres japonais sur le plan de la collaboration pastorale "Tatave" cherche à servir l'Eglise du Japon en introduisant chez lui les "Coeurs Vaillants", tentative qui fit long feu, et les "Equipes Notre-Dame", fréquentées pendant de nombreuses années par certains foyers solidement ancrés dans la foi. Il adorait la musique, et donnait des "soirées-concert" de musique...avec les disques 78 tours de l'époque ! C'était pour lui une recherche d'expression missionnaire pour essayer de faire passer un message. Ses goûts artistiques le conduisirent avec d'autres confrères, dans les Alpes japonaises ou sur la mer du Japon, et autres lieux où il pouvait prendre de belles photos et diapositives de paysages, de personnes... ou de ces fameuses poteries, dont il aimait faire collection.
L'éta le voyait sur la plage d'Iwami, près de Tottori, où, à partir de 1967, il prend la responsabilité du chalet pour camps d'enfants, construit par le P.Etienne Durécu. Il y conduisait aussi sa fameuse chorale paroissiale, qui attirait les foules aux messes de Noël ou de Pâques. C'est dans ce chalet que se retira son vicaire, le P. Alain Bernard, en 1981, après 4 ans de collaboration à Tarumi. Par la suite son départ de la Société Mep sera une épreuve fortement ressentie par le curé.
Économe de la Communauté Mep pendant quelques années, il fut aussi appelé à seconder le Supérieur Local dans ses responsabilités. Critique assez moqueur, voire caustique par moment, sa langue pouvait faire mal, mais il pouvait aussi recevoir ses confrères avec raffinement et fort chaleureusement. Sans s'en rendre compte, ses faiblesses cardio-vasculaires altérèrent progressivement son caractère. Il se plaignait volontiers qu'on n'ait rien à lui proposer... et refusait sur le champ tout ce qu'on lui proposait. Une certaine anxiété le freinait parfois dans l'exécution de ses projets et, hésitant, il avait du mal à extérioriser les richesses de son jardin secret.
Souffrant trop souvent de crises d'angine de poitrine, il cherche à se faire opérer au Japon. Ne trouvant aucun médecin, il décide de tenter sa chance en France et quitte Tarumi, en avril 1982. Il n'y reviendra plus. Les meilleurs chirurgiens français n'osent pas travailler sur ses coronaires trop fragiles et son état s'aggrave d'année en année. Son coeur ne lui permet plus de reprendre l'avion. À contre-coeur, il reste en France. Toujours désireux de parler du Seigneur et de rendre des services paroissiaux, de son Chèvremont natal où il s'est retiré, il assiste dans sa pastorale, un prêtre ami, curé de Colombier-Fontaine, pendant plusieurs années. L'hiver, pour fuir la vigueur du froid, il se réfugie à Lauris, dans la Maison de la Société. Progressivement, ses séjours s'y prolongent. Il connaissait la gravité de sa maladie, et l'acceptait dans la foi.
Son souci missionnaire reste constant. Son coeur de pasteur est resté à Tarumi, et sa correspondance continue avec ses anciens paroissiens –très abondante- lui pèse de plus en plus, à en devenir une croix, mais il s'y accroche par devoir. Elle s'accompagne d'une prière quotidienne pour l'Église du Japon. Sa spiritualité s'approfondit, au contact avec le mystère de la souffrance. Il fréquente volontiers un Foyer de Charité proche de Lauris. Il fait une expérience mystique très profonde à Paray-le-Monial, au cours d'une session-retraite. Il y retournera tous les ans et en rapportera de nombreuses cassettes d'enseignements divers. Prière, chapelet, courrier rythment ses journées. Les lettres de ses dernières années reflètent cette évolution de sa vie spirituelle.
(Extraits de lettres d'Emile Tavernier à des confrères de Kobé).
Mai 1994 : " Tout le monde me trouve bonne mine, mais les maladies cardio-vasculaires ne se voient pas sur la mine. Depuis deux ans, mais plus encore depuis un an, je lutte, en cachette, contre les crises d'angine de poitrine, de plus en plus fortes et nombreuses..." ..."Mon seul désir est de vivre caché, avec le Seigneur et pour Lui, considérant chaque journée comme un cadeau qu'il me fait..."
Février 1995 :..."Prière continue, c'est ma vocation à présent.."
6 février 1996 : ..." Souffrir en aimant est le plus pur bonheur, disaient mes saints de chaque jour : petite Thérèse et St. Curé d'Ars..."
"J'aimerais mourir en n'ayant plus rien que le Seigneur "..
Dates diverses : ..." La fidélité jusqu'au bout de notre vie.."
.." Je suis dans la main de Dieu. Je crois à la vie éternelle.."
.."Il nous reste la miséricorde du Seigneur.."
Sa vie devient offrande continue dans la prière pour sa mission du Japon. Dans la louange quotidienne, il se prépare à fêter ses 50 ans de sacerdoce.
Le 11 avril 1997, à la Maison commune de Lauris, une crise grave le surprend après diner. Hospitalisé au service des urgences à Perthuis, le lendemain et le surlendemain , il y reçoit la Communion avec joie, se sentant légèrement mieux. Le coeur semble se calmer, mais dans la nuit du 13 au 14 avril, son Seigneur, qu'il a essayé de servir pendant un demi-siècle, vient à sa rencontre.
À la demande de sa famille, ses obsèques ont eu lieu à Lauris, au sein de sa Société missionnaire. Dans son testament, -humilité ?, dépouillement total ?- il avait demandé qu'aucun panégyrique ne soit prononcé au cours de la messe d'enterrement. Il refuse également toute notice nécrologique pour le Mémorial Mep. Ces quelques lignes ne sont donc que de simples souvenirs qui évoquent sa mémoire.
N.B. Mise par écrit de propos échangés au cours d'une réunion des confrères du Groupe missionnaire du Kansai, pour évoquer la mémoire d'Emile Tavernier. (Rédaction de Michel Conan.)