Francis SAINT-ÈVE1936 - 2014
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4146
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Maurice
- Région missionnaire :
- 1969 - 1971
Biographie
[4146] SAINT-ÈVE Francis est né le 17 mars 1936 à Badonviller (Meurthe-et-Moselle). Ordonné prêtre aux MEP le 23 décembre 1963, il est d’abord professeur à Ménil-Flin, puis il part le 22 octobre 1969 pour la mission de Mananjary (Madagascar).
De retour en France en 1971, il travaille comme aumônier national des équipes jeunes du Secours catholique, puis au service de SOS Maurice. Après un court séjour à l’Ile Maurice, où il collabore à la direction de Caritas Maurice (1976-1978), il regagne définitivement la France. Il entre en 1981 au ministère des Affaires Étrangères au service des Français rapatriés d’outre-mer et des réfugiés politiques spécialement du Sud-Est asiatique (laotiens, vietnamiens et cambodgiens) jusqu’à ses 60 ans en 1996. Il se met alors au service du diocèse de Paris , et à partir de 2008, il travaille en même temps au service des assurances des Missions étrangères rue du Bac.
Il meurt le 28 mars 2014 à Paris. Il est inhumé au cimetière de Montparnasse.
Nécrologie
[4146] SAINT-ÈVE Francis (1936-2014)
Francis Marcel Saint-Ève naquit le 17 mars 1936 à Badonviller (54540), commune de Meurthe-et-Moselle située au pied des Vosges, près de Baccarat, qui compte aujourd’hui 1600 habitants. Il était l’aîné des quatre enfants, deux fils et deux filles, que mirent au monde ses parents, Gustave Saint-Ève et Angeline Parouffe, également appelée Angèle. Tous deux étaient originaires d’Avricourt, en Moselle, et s’y étaient mariés en juillet 1933. Monsieur Saint-Ève exerçait la profession de boulanger. La première née de leurs filles et son mari perdirent la vie dans un accident de voiture en 1963, peu avant l’ordination presbytérale de leur fils Francis. La famille était très pratiquante et Francis avait une tante religieuse. Il fut baptisé le 29 mars à Badonviller.
Après des études primaires dans son village natal, le jeune Francis Saint-Ève entre en 1947 à l’institution Saint-Joseph de Nancy, en classe de 6ème. Ayant exprimé le désir de devenir missionnaire, il est orienté par ses maîtres vers l’école missionnaire Augustin Schoeffler, un petit séminaire des Missions étrangères situé à Ménil-Flin (54122), en Meurthe-et-Moselle. Il y restera de 1948 à 1951. Puis il poursuit ses études secondaires dans l’autre petit séminaire de la Société, le séminaire Théophane Vénard, à Beaupréau (49600), dans le Maine-et-Loire, de 1951 à 1954.
Francis Saint-Ève est admis le 7 juillet 1954 au grand séminaire de l’Immaculée Conception à Bièvres (91570). Au terme d’une année de philosophie universitaire, il obtient le baccalauréat complet. A la rentrée de 1955, il commence ses études de philosophie scolastique. Des ennuis de santé les interrompent de mars 1956 à septembre 1957. De novembre 1956 à juillet 1957, il est surveillant au petit séminaire de Ménil-Flin, ce qui lui permet de poursuivre à son rythme sa formation. Il peut ainsi regagner Bièvres à la rentrée de 1957 et y commencer ses études de théologie, qui seront interrompues par un long service militaire de 30 mois, de septembre 1958 à décembre 1960.
Après deux mois de classe en France au 13ème régiment de Tirailleurs Algériens, Francis Saint-Ève passe quatorze mois en Allemagne, à Horb, où il reçoit une formation de secrétaire-dactylo, puis il passe quatorze mois en Algérie, comme moniteur de français dans l’école militaire d’infanterie de Cherchell, qui forme exclusivement des officiers de réserve. Libéré le 29 décembre 1960, il revient à Bièvres en février 1961 et y reprend sa formation en vue du sacerdoce.
Francis Saint-Ève est agrégé à vie à la Société, le 28 juin 1963, la veille du jour où il reçut le sous-diaconat et sa destination. Le P. Maurice Quéguiner (1909-1977), supérieur général, l’affecte à la mission de Kontum, au Vietnam. Peu après, il est ordonné diacre à Versailles, le 2 octobre 1963, par Mgr Alexandre Renard. Il est enfin ordonné prêtre à Badonviller le 23 décembre 1963 par Mgr Emile Pirolley, évêque de Nancy et Toul. Il approche de ses vingt-huit ans.
En raison de la guerre qui ravage le Vietnam, le jeune missionnaire ne se rendra pas dans sa mission. Il est professeur à Ménil-Flin de 1963 à 1966, puis, ce petit séminaire ayant fermé en 1966, il coopère trois ans au service d’animation missionnaire, appelé aujourd’hui service des vocations.
Le 28 janvier 1969, le P. Quéguiner, supérieur général, l’affecte à la mission de Mananjary, à Madagascar. Il arrive à Mananjary le 22 octobre 1969, et commence à apprendre la langue, mais son séjour à Madagascar ne durera que vingt mois. Atteint d’une dysenterie amibienne, il doit revenir en France le 26 juin 1971.
Après un temps de repos dans sa famille et dans le sud de la France, il envisage de repartir en mission, mais cette fois à Rabat ou à Alger, dont il contacte les deux évêques, Mgr Jean-Marcel Chabbert et le cardinal Léon-Etienne Duval, en octobre 1971, en vue d’un ministère à partir de septembre 1972. Il séjourne rue du Bac de janvier à juillet 1972 pour se préparer à ce ministère par une initiation à l’Afrique du Nord, à l’islam et à la langue arabe, mais ce projet n’aboutit pas.
En octobre 1972, le P. Francis Saint-Eve, âgé de trente-six ans, se met à la disposition du Secours Catholique à Paris. Pendant trois ans et demi, jusqu’en avril 1976, il est aumônier à la Cité Bethléem, à Souzy-la-Briche (91580). Ce Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale, a été créé en 1970 pour accueillir des femmes seules avec enfants victimes de violences conjugales.
Fin 1972 également, l’équipe nationale de SOS Jeunes ouvre à Paris un lieu d’accueil appelé « Jéricho », où des animateurs reçoivent des jeunes marginaux pour les écouter et pour les accompagner s’ils le souhaitent. Le P. Saint-Ève accepte d’en prendre la charge.
Puis il souhaite répondre à un appel du président de Caritas Maurice, Monsieur Ducasse, qui mesure l’ampleur des besoins de la jeunesse de son pays et qui voudrait la conscientiser, la former, et l’organiser. Il voudrait faire bénéficier la jeune Caritas Maurice, fondée en 1966, de l’expérience de son homologue français, le Secours Catholique. C’est pourquoi, avec l’accord de l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean Margéot, il invite le P. Saint-Ève à en devenir secrétaire général pendant quelques années.
A la mi-juillet 1976, Francis Saint-Eve, alors âgé de quarante ans, se rend à l’île Maurice, en passant par Tananarive et la Réunion. Il part dans la perspective de poursuivre sa collaboration avec le Secours Catholique à son retour en France. A Maurice, il est accueilli par les quatre confrères qui travaillent alors dans l’île, Mgr André Lesouëf (1918-2004) et les Pères Raymond Couëron (1917-1992), Henri Petitjean (1919-2004) et Jean Péault.
Pendant un peu plus de deux ans, il collabore à la direction de Caritas Maurice, il fait partie du comité de rédaction du bulletin de celle-ci, il noue des contacts individuels avec les équipes et les jeunes en difficulté. A la demande de Mgr Margéot, il réside en paroisse et y rend des services pastoraux. Il anime ainsi des sessions de préparation au mariage, des équipes paroissiales d’action catholique et de Caritas. A Maurice, il devient pour la première fois conseiller spirituel d’une Équipe Notre-Dame, rôle qu’il assumera ultérieurement à Paris.
En mai 1978, le Père Saint-Ève démissionne de la Caritas Maurice et regagne la France. Il y restera les trente-six dernières années de sa vie, ne la quittant que pour effectuer quelques voyages au loin, dont il rapportera de magnifiques photographies.
Le Secours Catholique lui trouve un emploi dans un centre d’accueil que crée une association, dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, avec l’aide de subventions publiques et d’une subvention du Secours Catholique. Cette association, l’Association pour un Urbanisme Intégré (APUI), entend ainsi mener une double action en partenariat avec les pouvoirs publics : d’une part, ouvrir dans un immeuble une auberge sociale hébergeant des marginaux dans une perspective de réinsertion ; d’autre part organiser une « unité village » visant l’intégration dans le tissu urbain de personnes différentes par l’âge, l’origine et la condition sociale.
Après s’être préparé à cette nouvelle tâche par des stages dans des administrations de Pontoise, de septembre à décembre 1978, le 1er janvier 1979 Francis Saint-Ève prend la direction de la « Résidence les Bouleaux » de l’APUI à Cergy-Pontoise. Il a pour le seconder une secrétaire et une personne qualifiée dans l’aide sociale.
Il réside dans un appartement à Franconville (95130) et il travaille à Cergy (95000), comme salarié responsable d’un établissement où l’animation chrétienne est de la responsabilité du diocèse de Pontoise, diocèse dans lequel il n’exerce aucun ministère.
Ce travail plaît au P. Saint-Eve, malheureusement il doit l’abandonner au bout de vingt-et-un mois. Il démissionne de son poste de directeur au cours d’un conseil d’administration fin septembre 1980 pour divergence avec le président de l’association sur la gestion du centre.
Il emménage à Pontoise dans un logement social et il y fait l’éprouvante expérience du chômage et de la solitude, d’autant plus qu’il s’est alors éloigné de la Société, n’ayant donné à personne sa nouvelle adresse. Mais le P. Jean-Michel Cuny parvient à la trouver et il renoue le contact.
Ce n’est qu’en août 1981 que le P. Francis Saint-Ève retrouve un emploi, dans une autre association, le Comité d'Entraide aux Français Rapatriés. Il y travaillera un peu plus de treize années, jusqu’à son départ en retraite à l’âge de soixante ans.
Le CEFR est une association relevant de la loi de 1901 gestionnaire d’établissements et de services sociaux et médico-sociaux. Historiquement créé pour être l’outil du ministère des Affaires Étrangères lors de rapatriements individuels ou collectifs de français de l’étranger en situation d'indigence, le CEFR s'est depuis largement ouvert aux publics situés à proximité de ses établissements. Il prend en charge des personnes rencontrant des difficultés sociales dans des Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) gérant le plus souvent en parallèle des dispositifs d’accompagnement social (11 centres en 2014). Il accueille aussi des personnes âgées dépendantes dans des Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) (il en gère 7 en 2014). En 2014, son action est rendue possible grâce à l’implication de ses 400 collaborateurs et son budget annuel est d’environ 30 millions d’euros
Le Père Saint-Ève remplace d’abord le directeur d’un foyer à Sevran (93270), puis il dirige le centre de transit d’Osny (95520), qui emploie neuf personnes. Ses missions professionnelles étant localisées dans la région parisienne, il s’installe à Paris, rue Lamarck (75018). Il prend contact avec la paroisse Saint-Jean de Montmartre et y rend service, célébrant quatre messes hebdomadaires. Le P. Guy Deflorenne achève alors cinq années de ministère dans cette paroisse comme vicaire et le P. Clément Montagne lui succède à ce poste pour sept ans en 1981.
Dans les années 1980, le Père Saint-Ève est confronté au SIDA en la personne de réfugiés qu’il rencontre dans le cadre de ses activités professionnelles. Il adhère à l’association œcuménique Chrétiens et Sida, fondée en 1991, et dans laquelle est engagé Gérard Guérin.
A partir du 1er septembre 1995, désormais retraité, le Père Saint-Ève exerce un ministère au service de la paroisse Saint-Jean de Montmartre, où le cardinal Lustiger l’a nommé vicaire. Pendant cinq ans, il célèbre des messes, il anime un groupe biblique et un groupe de réflexion sur la foi, participe au conseil pastoral. Il est par ailleurs aumônier pour l’Ile-de-France d’une petite fraternité regroupant des veuves consacrées, la Fraternité Notre-Dame de Résurrection, et il continue son activité à Chrétiens et Sida.
Mais suite à une légère dépression, il souhaite retourner dans son pays natal et il quitte Saint-Jean de Montmartre un an avant la fin de l’expiration de son contrat avec le diocèse de Paris. L’évêque de Nancy et Toul, Mgr Jean-Louis Papin le nomme curé de Saint-Max (54130), Saint-Livier, Dommartemont et Tomblaine, dans la banlieue de Nancy, à compter du 1er septembre 2000 et pour six ans. Il est installé à Saint-Max le 1er octobre. Prêtre depuis trente-sept ans mais sans expérience d’un ministère paroissial à temps plein, à l’âge de soixante-quatre ans, le P. Saint-Ève devient curé pour la première fois de sa vie.
En mars 2001, une sérieuse dépression le contraint à une hospitalisation de trois semaines à Novéant-sur-Moselle, suivie d’un mois et demi de repos dans une maison de convalescence à Charleville-sous-Bois. Mgr Papin l’invite à interrompre son ministère pour raison de santé, à la suite de quoi il démissionne de sa charge de curé le 1er septembre 2001.
Après cette année éprouvante de ministère pastoral dans son diocèse d’origine, Francis Saint-Ève regagne la capitale et il emménage rue du Père Corentin (75014). Il connaîtra un nouvel épisode dépressif en mai 2002.
Il rend des services dans le diocèse de Meaux, dans la petite paroisse de Lésigny (77150), remplaçant même le curé, le Père Campestrini, pendant ses hospitalisations. Puis, à la mi-2006, à la demande de l’évêque de Meaux, Mgr Albert-Marie de Monléon, il cesse cette collaboration informelle.
De 2006, année de ses 70 ans, jusqu’à 2014, le Père Saint-Ève accompagne à Paris quelques personnes, de petits groupes de foi et une Equipe Notre-Dame, il entend des confessions, notamment à l’église Saint-Louis d’Antin, près de la gare Saint-Lazare. Aux Missions étrangères, à partir de la fin de l’année 2007, et pendant 2 ans, il aide le P. Pierre-André Dupont au service des assurances de la Société. Il aime venir concélébrer la messe quotidienne de 7 h 30 à la crypte et présider à l’occasion la messe dominicale de 10 h. Il est très attaché à de nombreux prêtres étudiants asiatiques résidant rue du Bac. Fin décembre 2013, il a la joie de célébrer dans la chapelle du Séminaire son jubilé d’or sacerdotal.
Le matin du vendredi 28 mars 2014, le Père Francis Saint-Ève décède subitement à son domicile. Il venait de fêter ses soixante-dix-huit ans. Son corps repose auprès des siens au cimetière de Badonviller dans l’attente de la résurrection bienheureuse.