« Les huit immortels »
Voici réunies dans le même bateau ces figures, semi-historiques pour certaines et totalement légendaires pour d’autres, des huit immortels de la tradition taoïste.
Contrairement aux autres divinités qui préfèrent une vie retirée dans la solitude des montagnes, nos personnages forment une troupe qui s’est constituée au fil des siècles (des Song aux Ming en passant par les Yuan) et dont le théâtre s’est emparé et a accru la popularité.
Leur liste, dont les membres ont varié autant que les attributs et les rôles, compte aujourd’hui soit deux femmes et six hommes, soit une femme et sept hommes. Mais ils sont toujours au nombre de huit, chiffre qui dans la symbolique chinoise est un porte-bonheur associé à la prospérité, notamment matérielle.
À ces huit personnages correspondent huit objets sacrés qui les distinguent et symbolisent leur pouvoir.
Le plus célèbre et chef de la troupe est Lü Dongbin, lettré armé d’une épée, pourfendeur des démons et héros du récit « Le Rêve du Millet jaune » qui décida de sa vocation sous la conduite de son maître Zhongli Quan. Celui-ci, robe échancrée et ventre nu, tient un éventail à la main servant à réveiller les morts. Li Tieguai, auparavant d’une grande beauté mais qui, ayant abandonné son corps pour rechercher la sagesse, n’a trouvé à son retour de ce voyage spirituel que le corps d’un infirme pour l’habiter, est représenté avec une canne et une calebasse, est le patron des pharmaciens. Zhang Guolao parcourt de longues distances sur son âne qu’il replie et joue du yugu, un instrument à percussion. Lan Caihe, homme ou femme selon les versions, chante admirablement, porte une robe bleue, une seule chaussure et un panier de fleurs. He Xiangu est une jeune femme généreuse et ascétique, tenant une fleur de lotus à la main. Han Xiangzi , neveu du lettré et homme d’Etat Han Yu, aurait vécu sous les Tang (IXe siècle) ; c’est le patron des musiciens, son emblème est la flûte. Cao Guoqiu, aristocrate, prince de la famille impériale et criminel repenti, est vêtu en habits de cour, des tablettes à la main.
Ils représentent divers états de la condition humaine : femme ou homme, jeune ou vieux, pauvre ou riche, d’une position sociale élevée ou non, beau ou laid, chacun est devenu « immortel » à sa façon. L’une des plus « simple » est de manger une pêche d’immortalité dont les jardins de Xiwangwu, la Reine-Mère de l’Ouest regorgent, dit-on, tous les 3000 ans. D’autres consistent à boire l’élixir divin, à pratiquer les techniques de longue vie patiemment élaborées par les sages ou à mener une vie sainte.
Mais si nos huit sont demeurés si vivant dans l’imaginaire et les croyances populaires, c’est aussi parce qu’ils sont les protecteurs des plus démunis et des opprimés et qu’ils portent chance.
La barque des immortels,
Céramique vernissée, (25 x 46 x 16cm)
(Irfa, 22-H-111 )