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Le P. Antoine Duris à la défense de la langue bunun

Publié le 05/04/2022

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D’abord missionnaire en Chine (Guizhou) à partir de 1934, le P. Antoine Duris rejoint la mission de Hualien (Taïwan) en 1957. Le 5 juin 1958, il arrive comme curé dans la paroisse de Fuyuan, parmi des populations de l’ethnie bunun, qui l’accueillent par un joyeux défilé.

 

 

Pendant presque 40 ans, le P. Duris travaille à faire connaître la langue et la culture bunun, comme en témoigne ce tapuscrit de son Vocabulaire français-bunun, publié en 1988. Ce lexique contient des milliers d’entrées, extrêmement nourries de détails de la vie quotidienne, à l’image de l’entrée « cri » qui donne des traductions propres pour le « cri ordinaire du singe » et le « cri du singe en danger », celui du « sanglier en colère », différent de celui du « sanglier qui attaque ». Comme souvent, les données collectées par les missionnaires, en contact avec les populations locales sur un temps long, « dépassent celles recueillies par les linguistes et les anthropologues[1] ».

 

 

Cette archive est particulièrement vivante, d’abord parce qu’elle est annotée de toute part, montrant le travail de correction ininterrompu de son auteur. Mais surtout, elle porte sur sa page de titre une mention suggestive de la main du P. Duris : « Pour mon successeur, s’il se refuse à collaborer à l’ethnocide ».

 

 

Le P. Duris et ses confrères MEP, « en utilisant les langues aborigènes dans le but d’évangéliser, en dotant ces langues d’une écriture alphabétique, sont à l’époque en opposition avec la politique gouvernementale de promotion du chinois[2] ». Sa phrase laisse son inquiétude de ce que son successeur ne suive pas exactement la même ligne de valorisation des Bununs.

A l’heure actuelle, le travail du P. Duris est devenu « une ressource précieuse pour les tentatives de revitalisation des langues maternelles des villages aborigènes, qui ont beaucoup souffert de la politique d’imposition du chinois mandarin[3] ».

 

 

 

 

[1] LIU Pi-chen, « Brève histoire des Missions étrangères de Paris et de l’évangélisation des Aborigènes à Taïwan », in Les ecclésiastiques français de la côte est de Taïwan, Taipei : National Museum of Natural Science, 2019, p. 79

[2] Ibid.

[3] Ibid.

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