Le P. Pierre Grasland (1906-1989), missionnaire de Chine devenu archiviste
Breton d’origine, Pierre Grasland rentre au Séminaire de la rue du Bac en 1924. Destiné à la mission de Chine, il arrive au Sichuan en 1931, où il développe ses activités missionnaires autour de l’enseignement de la théologie au séminaire, de la vie paroissiale et des œuvres sociales dans la région de Yibin. Le changement de régime, en 1949, lui vaut une première arrestation en 1950, accompagnée d’un emprisonnement et de graves soucis pour parvenir à maintenir la paroisse malgré les taxes et spoliations imposées par les communistes. En novembre 1950, il est de nouveau prisonnier et subit plusieurs « jugements populaires ». A l’instar de ses confrères, ne pouvant plus demeurer en Chine comme prêtre étranger, il est rapatrié en France en avril 1952, après avoir dû solder les biens de la mission, comme il le raconte lui-même[1] :
En Chine nouvelle, les organismes d’État surgissent comme les champignons après la pluie. Le dernier venu fut le « Bureau pour les Biens des églises et des étrangers », dépendant directement du gouvernement provincial. Peu après sa création en janvier 1951, un fonctionnaire de ce bureau vint nous demander d’établir la liste de tous nos biens, de tous nos revenus, à la campagne, en ville, à l’étranger, en terres, en immeubles, dans les banques, en monnaie chinoise ou en devises… A ce bureau les fonctionnaires se montraient très polis. Sans doute les avait-on triés sur le volet puisqu’ils devaient être en relations constantes avec les étrangers. Comme cet organisme était à la recherche d’un local, je vis là une occasion d’échapper à la police : on lui vendrait notre église pour en faire un bureau : ce serait toujours mieux que de la voir transformer en prison ou en chambre à torture.
Sa seconde vie missionnaire se déroule alors Rue du Bac, au service de l’histoire de la Société. A partir de 1969, il donne de son temps à l’archiviste des MEP (successivement par les PP. Guennou, Verinaud et Lenfant). Son travail de 20 ans, précis, méticuleux, a consisté à dresser l’inventaire des archives produites en mission par ses confrères à partir des premières années du XXe siècle. Petit à petit, le P. Grasland en a patiemment résumé chaque pièce, de son écriture très nette, dans 70 registres qui nous sont encore d’une grande utilité aujourd’hui.
[1] Bulletin M.E.P. (Hongkong), 1961, p. 732 sq.