Étienne CHARBONNAUX1806 - 1873

[0381] CHARBONNAUX ou CHARBONNEAUX Etienne-Louis, premier vicaire apostolique du Mysore, naît le 20 mars 1806 à La Guerche en Ille-et-Vilaine. Elève des collèges de Vitré et de Combrée, puis du grand séminaire d'Angers, il est incorporé à ce diocèse. D'octobre 1828 à janvier 1830, il remplit les fonctions de surveillant au collège de Combrée. Il arrive diacre au Séminaire des MEP le 16 février 1830, est ordonné prêtre le 5 juin suivant et quitte Paris le 16 août de la même année (et non le 10), avec comme destination la mission Malabar à Pondichéry.

Mission malabar, un missionnaire exigeant sachant s’adoucir

Dès son arrivée, il a des inquiétudes de conscience quant à la manière dont la bulle Omnium sollicitudinum concernant les Rites malabars est appliquée. Il ne les surmonte que lentement.

Après un court séjour à Karikal, il est envoyé à Seringapatam (1), chef-lieu d'un district qui comprend presque la moitié du Mysore et compte environ 3 500 catholiques. La famine y règne alors : il montre un tel dévouement que le collecteur anglais lui adresse une lettre de félicitations et de remerciements, en lui disant qu'il est ‘‘réellement devenu le père et le bienfaiteur du peuple’’. Il apprend vite et maîtrise l'anglais, le tamoul et le kannada. Tout ce temps, il parcourt son district avec le plus grand zèle. Au premier synode de Pondichéry (1844), son action en faveur du développement de l'instruction à dispenser aux indigènes est prépondérante.

En vertu d'un bref du 15 juin 1841, il est nommé évêque de Jassen et coadjuteur de Mgr Bonnand, une nomination qu’il refuse, adressant alors à la Propaganda Fide une lettre qui ne manque pas d’étonner. On doit admettre que sur certaines questions, particulièrement à propos du clergé indigène et de ses ‘‘médiocres services’’, ses prises de position paraissent excessives. Changeant d'avis ou plus exactement précisant sa pensée, il expose une opinion plus nuancée et moins éloignée de la réalité que son premier écrit ne le laissait entendre. La Propaganda Fide, l'ayant su, confirme son élection en juillet 1844. Il est sacré à Pondichéry par Mgr Bonnand le 29 juin 1845.

Des responsabilités multiples, notamment au Mysore

Quoique non encore érigé en vicariat apostolique, le Mysore est de fait devenu une mission distincte. Il en est déjà administrateur par nomination en date du 16 mars 1845. Après sa consécration épiscopale, il repart pour Bangalore, le principal centre catholique de ce royaume. Il a sous sa direction six missionnaires et 13 500 chrétiens. Chaque année les conversions s'élèvent à environ 250 et les abjurations de protestants à une dizaine.

En 1846, le 7 octobre, il pose la première pierre de son séminaire (Séminaire, grav., Hist. miss. Inde, v, p. lv). Le programme des études est fixé plus tard et élargi. Les débuts sont pénibles : de 1845 à 1859, sur 200 enfants reçus au séminaire, 3 seulement sont ordonnés prêtres.

En 1847, il fait rectifier les limites de sa mission du côté de Moottookondapally et de Dassirapally, au sud-est de Bangalore. Peu après, il fonde une imprimerie kannada, qui publie plusieurs bons ouvrages de piété et de pédagogie, composés par lui et quelques autres missionnaires.

En 1849, il prend une large part au second synode de Pondichéry, prenant la parole à toutes les réunions.

En 1848 et en 1851, il étudie avec ses prêtres les moyens de perfectionner les chrétiens et de convertir les païens, examine la question des cérémonies du mariage, celle des catéchistes, etc. A la suite de ces conférences, il publie le Coutumier du Mysore.

Le 3 avril 1850, le Mysore est érigé en vicariat apostolique et Mgr Charbonnaux en devient le vicaire apostolique.

Il conduit avec les mêmes rigueurs et attentions ses travaux d'administration générale et ses visites pastorales dont le rythme ne diminue pas. Grand missionnaire tout en étant évêque, il ne se lasse jamais de confesser, de prêcher, d'apaiser les querelles et de diriger les procès si fréquents entre les Indiens. ‘‘Un bon prédicateur, affirme-t-il, est celui qui, se mettant à la portée de l'intelligence et des besoins de son auditoire, instruit bien et touche les cœurs’’. Ces paroles le peignent exactement.

En 1853, il vient en Europe et obtient pour sa mission des religieuses du Bon-Pasteur d'Angers qui s’établissent dès 1854 à Bangalore et ensuite à Mysore. En 1859, sur son conseil, elles organisent la Congrégation de Sainte-Anne, composée de religieuses indigènes institutrices (Couvent du Bon Pasteur, noviciat des sœurs indigènes, grav., Hist. miss. Inde, v, pp. lv, lvii). Toujours actif, il fonde plusieurs orphelinats et crée le collège Saint-Joseph de Bangalore, encore florissant plusieurs décennies plus tard, ainsi que l'Institut des Frères instituteurs.

Il entretient par ailleurs d’excellentes relations avec le maharajah du Mysore qui lui donne plusieurs audiences et se fait donner son portrait. Il est soutenu par le résident anglais, Bowring, qu'il a contribué à faire nommer.

La confiance du Saint-Siège

Chargé, après la mort de Mgr Bonnand, de continuer la visite apostolique des missions de l'Inde et de Birmanie, il la mène à bien de juillet 1861 à novembre 1862. Le 17 juin 1867, Pie IX le fait prélat assistant au trône pontifical. En 1870, il prend part au concile du Vatican et est membre de la Commission du rite oriental. A cette même époque, il étudie en lien avec les autres vicaires apostoliques des MEP le Règlement de la Société, en vue d'une rédaction définitive, question dont il s'était déjà occupé en 1859 lors des conférences de Salem (2).

Il retourne en 1871 au Mysore où il travaille jusqu'à son dernier jour. Il s'éteint à Bangalore le 23 juin 1873 après 43 ans d'apostolat dont 27 d'épiscopat.

1 – Ville du Karnâtaka, proche de Bangalore
2 – Ville du Tamil Nadu