Joseph BIGOT-BEAUCLAIR1804 - 1858

[0382] BIGOT [BEAUCLAIR] Joseph, vient au monde le 21 juillet 1804 à Parigné-l’Evêque dans la Sarthe. Il fait ses études classiques à Précigné, une partie de ses études théologiques au Mans, devient précepteur du fils du comte d’Armaillé, filleul de Louis XVIII, avant d’être nommé régent au collège de Laval. Il arrive sous-diacre au Séminaire des MEP le 17 septembre 1829 et, n’étant encore que diacre, est affecté le 16 août 1830 à la mission Malabar de Pondichéry.

Missionnaire voyageur

Pour ne pas choquer le bigotisme qu’il décèle chez les protestants de l’Inde, il prend le nom de sa mère, Beauclair, et c’est sous ce pseudonyme qu’il déroule sa carrière apostolique. Il est ordonné prêtre à Pondichéry le 28 mai 1831. Après avoir professé au séminaire, il passe à Attipakam (1). En 1833, on le charge du district de Seringapatam (2) au Mysore. Quand l’armée anglaise se rend dans le Coorg (3), il l’accompagne comme aumônier et obtient dans cette région une propriété pour y réunir des chrétiens. En 1838, Mgr Bonnand l’envoie à Ootacamund où il doit confronter les Goanais (4). Il y construit une église (Eglise en 1840, grav., Hist. miss. Inde, v, p. xcvii). En 1843, il fait un voyage à Verapoly (5) pour arranger les affaires de la paroisse de Palghat (6) dans le district de Coimbatore, affaires que les Goanais embrouillent à plaisir. En 1845, lorsque Coimbatore est érigé en Vicariat apostolique, il reste rattaché au Mysore.

Bâtisseur là où il passe

Le P. Beauclair ne cesse de parcourir le Mysore (7) et y construit un grand nombre d’oratoires, pour lesquels les protestants, qui l’estiment et l’aiment, l’aident de leur influence et de leur bourse. En 1837, il en élève à Fraserpett (8) (Eglise, grav., Hist. miss. Inde, v, p. lxxv), à Saumanapallé ; en 1840 et 1841, à Shimoga, Djalamangalam, Nandigounda (Eglise, grav., Hist. miss. Inde, v, p. lxxi), Dornahally, mais aussi à Sittour dans le district de Coïmbatore ; en 1842, à nouveau dans le Mysore : à Harihar et Anekal ; il fait réparer la chapelle de Palhally, agrandit celle de Settihally (Eglise, grav., Hist. miss. Inde, v, p. lxvii), bâtit un presbytère à Ossour et commence l’église de Mysore (Eglise, grav., Hist. miss. Inde, v, p. lxiii).

Stabilisé à Bangalore

En 1846, il élève à Bangalore, dans le quartier de Shoolay, un bâtiment qui, destiné à servir de séminaire, est finalement affecté à une école de filles. Toujours à Bangalore, Il dresse les plans d’un séminaire. En 1851 et 1852, il y construit l’église de Saint-Joseph (Eglise, grav., A. M.-E., 1905, p. 69. — Hist. miss. Inde, v, p. liii).
Chargé de la paroisse de Sainte-Marie de Blackpally dans cette même ville, il y ouvre en 1853 ou 1854 un orphelinat de garçons. Il s’occupe activement de ses orphelins qui l’aiment comme un père. Les autorités lui témoignent respect et confiance. Connaissant bien le kannada, il compose plusieurs écrits dans cette langue, entre autres un traité de la religion que nous n’avons pas retrouvé. Doué d’une forte volonté, prudent et plein de tact, il ne se laisse jamais rebuter par les obstacles. Mgr Bonnand le remarque et le reconnaît digne d’être vicaire apostolique.
Il meurt à Bangalore le 16 juillet 1858.

I – A l’est de Pondichéry.
2 – Juste au nord de la ville de Mysore.
3 – Ancienne principauté annexée en 1834 par la Compagnie des Indes, aujourd’hui district du Karnataka, à la frontière du Kerala.
4 – Goanais : Les nouvelles circonscriptions confiées aux MEP remettent en cause le concordat signé aux XVIème siècle, instituant le ‘‘Padroado’’, devenu obsolète avec le temps. Par cet accord, le Saint-Siège, tenant compte des positions acquises par le Portugal, lui octroyait des privilèges, dont le droit de proposer les candidats aux sièges épiscopaux et, de facto, de délimiter les diocèses. Le règlement du différend se fera progressivement et ne sera acquis qu’à la fin du XIXème siècle.
5 Verapoly est le siège d’un évêché ‘‘sans doute goanais à l’époque’’ situé près de Cochin dans l’actuel Kerala.
6 – Aujourd’hui Palakkad, au sud-est de Coimbatore, près de l’actuelle frontière entre le Kerala et le Tamil Nadu.
7 – A l’exception de Sittour, noms de villes et lieux disséminés sur l’ensemble de l’Etat princier du Mysore. Celui-ci couvrait la moitié sud de l’actuel Karnataka.
8 – Aujourd’hui Nandigunda.