Pierre DUMOULIN-BORIE1808 - 1838

[0386] Saint Pierre-Rose-Ursule BORIE (DUMOULIN-BORIE) naît le 20 février 1808. Son double nom s’explique ainsi : Pierre-Rose-Ursule est d’abord appelé Borie du Moulin, à cause du moulin de Cors, à Beynat (Corrèze), propriété de sa famille ; on le nomme ensuite Borie-Dumoulin et enfin Dumoulin-Borie. Il étudie au collège de Beaulieu, au petit séminaire de Servières et au grand séminaire de Tulle. Il entre sous-diacre au Séminaire des MEP le 8 octobre 1829, et pendant son séjour il s’affilie à la célèbre Congrégation de la Sainte Vierge, qu’on désigne alors sous le seul nom de la « Congrégation », et dont les membres tiennent leur réunion dans la maison.

Tonkin (1832-1838)

Il part pour le Tonkin occidental le 2 novembre 1830, n’étant que diacre ; cependant, ayant reçu la dispense d’âge pendant son séjour au Havre, il se rend à Bayeux, où il est ordonné prêtre le 21 novembre 1830. Le 15 mai 1832, il pénètre au Tonkin par la Cochinchine. Sur l’ordre de son évêque Mgr Havard, il s’arrête dans la partie méridionale de la mission qui comprend 58 000 chrétiens ainsi répartis : 24 000 dans le Nghe-an, 16 500 dans le Ha-tinh, et 17 500 dans le Bo-chinh. Dès l’année suivante, la persécution le force à mener une vie errante. En 1834, il visite les stations catholiques du Bo-chinh, et reconstitue deux couvents et deux petits collèges.

En 1838, la persécution redoublant, il doit se cacher, mais sans trouver quelqu’un qui consente à lui donner asile. Un chrétien effrayé par la menace des tourments révèle sa présence dans la campagne ; il est arrêté avec son catéchiste Tu le 31 juillet, et conduit à Dong-hoi, chef-lieu de la province du Quang-binh, où on le réunit aux prêtres indigènes les PP.Diem et Khoa incarcérés depuis peu de temps. C’est pendant sa captivité qu’il reçoit les pièces qui le nomment évêque d’Acanthe, et vicaire apostolique du Tonkin occidental.

Voici comment s’est faite cette nomination : en vertu d’un bref du 31 juillet 1832, qui lui permettait de nommer son coadjuteur et de le sacrer évêque d’Acanthe, Mgr Havard le choisit et exprime cette volonté dans une lettre du 30 janvier 1836, qu’il confie, ainsi que le bref de 1832, au P. Masson, avec ordre de ne remettre qu’après sa mort ces deux pièces à leur destinataire. Quand il voit la persécution s’accentuer et la maladie l’atteindre gravement, il rédige une autre lettre, datée du 2 juillet 1838, nommant sous condition le P. Borie son successeur ; peu après, il meurt (Voir HAVARD). Dès que le P. Masson apprend la mort de l’évêque, il expédie au P. Borie les premières pièces, celles de 1836. L’élu venait d’être arrêté et emprisonné. Quand il comprend qu’il sera condamné à mort, il nomme le P. Masson supérieur de la mission, le P. Retord provicaire, et écrit au Séminaire des MEP et à Mgr Cuenot d’agir à Rome, afin d’obtenir la nomination du P. Masson comme vicaire apostolique. Ce devoir rempli, il n’a plus qu’à penser au sort que Dieu lui destine.

Ses interrogatoires se répétent plusieurs fois pendant les quatre mois de sa détention. Il répond toujours avec prudence et fermeté, et encourage les deux prêtres annamites, les PP.Diem et Khoa. Au mois de novembre 1838 il est condamné à la décapitation. Le confesseur de la foi écoute silencieusement la lecture de la sentence, puis, prenant la parole, il dit : « Depuis mon enfance, je ne me suis encore prosterné devant personne ; maintenant je remercie le grand mandarin de la faveur qu’il m’a procurée, et je lui en témoigne ma reconnaissance par cette prosternation. » Et il se met à genoux devant le mandarin qui, très ému, balbutie quelques mots pour refuser cet hommage, dont il parait comprendre la grandeur. Le 24 novembre 1838, le P.Borie souffre le martyre à peu de distance de la citadelle de Dong-hoi ; le bourreau s’est enivré pour se donner le courage d’accomplir sa sinistre besogne, et d’une main mal affermie porte ses coups à faux ; il ne fait tomber la tête de la victime qu’au septième coup.

Le corps du P. Dumoulin-Borie est enterré sur le lieu même de l’exécution ; l’année suivante, au mois d’octobre, par les soins du P. Masson, ses ossements sont transportés à Ke-gom dans le Nghe-an ; au mois de juin 1842, ils sont envoyés à Macao, d’où le procureur général des MEP , le P. Libois, les expédie en France par le vaisseau Orient ; ils arrivent au Séminaire des MEP en 1843, et le 3 août suivant, une commission composée d’ecclésiastiques et de médecins en fait la reconnaissance.

Après la Béatification du martyr en 1900, sous le Pontificat de Léon XIII (le bref est du 7 mai et les solennités à Saint-Pierre de Rome du 27 du même mois), ses ossements sont placés dans une châsse sous l’autel Sainte-Anne, dans la crypte de l’église du Séminaire des MEP. Il est canonisé le 19 juin 1988 par le Pape Jean-Paul II. Au Séminaire, dans la Salle des Bienheureux, sont conservés des souvenirs du martyr, entre autres sa cangue. Dans la Salle des Martyrs existent deux tableaux peints au Tonkin occidental, et représentant l’un son arrestation, et l’autre son exécution.