Emmanuel VERROLLES1805 - 1878

[0387] Emmanuel-Jean-François VERROLLES a été premier vicaire apostolique de la Mandchourie au début du XIXe siècle.

Il est originaire de la paroisse Saint-Gilles à Caen (Calvados), où il naît le 12 avril 1805. Il fait ses études au lycée de Caen et au grand séminaire de Bayeux. Avant la fin de ses études théologiques, il est pendant une année préfet de discipline au petit séminaire de Caen. Ordonné prêtre le 31 mai 1828, il est nommé vicaire successivement à Argences, à Pont-l’Evêque où il ne reste que deux mois, et à Aulnay. Il entre au Séminaire des MEP le 8 juillet 1830, et le 2 novembre suivant il part pour le Sichuan (Se-tchoan).

SICHUAN (1831-1840)

D’abord placé à Ho-pao-tchang, il est, en 1837, nommé supérieur du séminaire de Muping (Moupin), à la place de Mgr Imbert devenu vicaire apostolique de la Corée. Lorsque, par le bref "Ex debito pastoralis" (Jus Pont. de Prop. Fid., v, p. 205), du 14 août 1838, Grégoire XVI sépare la mission de Pékin et crée le vicariat apostolique la Mandchourie et la Mongolie réunies, il confie ces pays à la Société des MEP, et le P. Verrolles en est nommé vicaire apostolique avec le titre d’évêque de Colombie. Ses brefs sont du 11 décembre 1838. Il les reçoit le 30 janvier 1840. Il quitte le Sichuan (Se-tchoan) au mois de septembre, et est sacré à Taiyuan (Taï-yuen-fou) dans le Shanxi (Chan-si), par Mgr Salvetti, le 8 novembre 1840.

MANDCHOURIE (1841-1878)

Six mois plus tard, le 2 mai 1841, il arriva à Yang-kouan, une des chrétientés principales de la Mandchourie. Son vicariat tout entier comptait 3 619 catholiques. Yang-kouan en possède 180. Quelques prêtres portugais ou chinois les ont administrés à rares intervalles. Dans leurs dernières visites, ils font connaître que la Mandchourie est ecclésiastiquement séparée du vicariat apostolique de Pékin. Ils manifestent leur mécontentement concernant cette mesure et font savoir leurs sentiments à beaucoup de chrétiens. Pour gagner ses ouailles, le nouvel évêque n’a plus qu’à déployer la grande patience pour laquelle il est heureusement doué et finit par désarmer toutes les oppositions. Il visite à peu près tout son vicariat du sud au nord, et achète à Pa-kia-tse une propriété, où il construit une église et un presbytère.
Pendant ce temps, sur les observations des Lazaristes qui desservaient précédemment la Mongolie et la Mandchourie, le bref "Cum per similes" (Jus Pont. de Prop. Fid., v, p. 254), du 23 août 1840, sépare la Mongolie de la Mandchourie et la réunit de nouveau au vicariat de Pékin. La fixation des limites de cette nouvelle circonscription ayant souffert des difficultés, Mgr Verrolles fait un voyage à Rome pour exposer ses vues. Les limites seront déterminées selon ses désirs, par une ligne partant directement de Pékin et montant jusqu’au Saghalien.

France

Sur le conseil de Grégoire XVI, il parcourt la plupart des diocèses de France, afin de stimuler le zèle des catholiques en faveur de l’Œuvre de la Propagation de la Foi. Son appel est entendu, et l’Œuvre y gagne un développement considérable. On a raconté plus tard, avec preuves à l’appui, des faits extraordinaires qui lui furent attribués pendant son voyage, telle que la guérison subite d’une religieuse de la Visitation à Riom (Puy-de-Dôme). On en a cité d’autres et on a couramment dit qu’il faisait des miracles.

Il est fort bien accueilli à la cour de France, et le roi Louis-Philippe veut lui offrir un archevêché : l’évêque refuse.

Chine

Au début de l’année 1848, il est de retour en Mandchourie. La question de la délimitation se posant de nouveau, et Rome ayant, contrairement à la décision de 1845, rendu au vicariat de Mongolie les districts de Hei-souei et de Song-chou-tsouei-tse, Verrolles revient en Europe en 1849.

France

Il trouve Pie IX à Gaëte, et la pressante sollicitation qu’il lui adresse de retourner à Rome n’est pas sans influence sur la décision prise en ce sens par le Souverain Pontife. Pour le récompenser de ce conseil dont il fait publiquement l’éloge, Pie IX le nomme comte romain, et assistant au trône pontifical. Sur la question des limites de la mission, l’évêque ne réussit pas à les faire fixer jusqu’au nord de Pékin, comme il l’a demandé, mais reçoit le groupe de Pa-kia-tse et le village de Song-chou-tsouei-tse, avec la barrière des Pieux pour frontières. Il obtient du prince Louis-Napoléon une rente de trois mille francs.

Chine

Retourné dans sa mission, et ne pouvant réaliser son projet de prendre pour coadjuteur le P. de La Brunière, qui a été massacré dans l’extrême nord, il choisit le P. Berneux. Mais celui-ci est nommé vicaire apostolique de la Corée.

Après les traités de Tianjin (Tien-tsin) et de Pékin (1858-1860), qui donnent aux missionnaires la liberté de prêcher l’Evangile en Chine, il envoie des prêtres à travers les tribus tartares, ainsi qu’en Sibérie. Les résultats ne répondent pas aux efforts des ouvriers apostoliques. Ayant plusieurs fois à se plaindre des autorités du Leao-tong qui maltraitent les chrétiens, l’évêque se rend en 1865 à Pékin, pour tâcher d’obtenir justice et il réussit.

Il fait donc construire plusieurs églises, entre autres celle de Yang-kouan (Eglise, grav., Vie de Mgr Verrolles, p. 289. — M. C., iv, 1871-72, p. 321. — B. O. P., 1897, p. 697), sa résidence habituelle, qu’il dédie à Saint-Hubert, celle de Tcha-keou sous le vocable de Notre-Dame des Neiges, et celle de Shaling (Cha-ling).

Rome

Il revient en Europe pour assister au concile du Vatican. L’enseignement théologique qu’il a reçu à Bayeux 45 ans plus tôt, ne le prédispose pas à accepter sans discussion la doctrine de l’infaillibilité. Cependant, l’opposition active ne le compte pas au nombre de ses membres. À la même époque, il s’occupa, avec tous les vicaires apostoliques de la Société réunis à Rome, de la révision du Règlement général. Il se montre opposé aux changements pourtant fort utiles qui sont votés par la majorité.

Chine

Malgré son grand âge et sa santé délabrée, il repart pour la Mandchourie en 1875. Il établit alors sa résidence à Yingkou (Ing-tse), où se sont installées les Sœurs de la Providence de Portieux (Couvent, grav., M. C., xxxii, 1900, p. 400), dont il a récemment obtenu le concours. C’est là qu’il meurt le 29 avril 1878 Il est enterré dans l’église d’Yingkou (Ing-tse).

Dans les lettres de Mgr Verrolles et dans celles de ses missionnaires, on trouve le nom des districts de Mandchourie, tantôt en chinois, tantôt en français traduisant plus ou moins littéralement le chinois, ou même ne le traduisant pas du tout, ce qui rend assez difficile l’identification de ces noms. Pour obvier à cet inconvénient, nous donnons ici une liste des principaux noms en français et en chinois, en transcription ancienne :

Amérique (L’) = Sin-min-touen
Annonciation (L’) = Pao-kia-kang-tse.
Barbe (La) = Ouang-hou-tse-ouo-peung.
Bœufs (Les) = Nieou-tchouang
Cheval (Le) = Ka-li-ma.
Cuivres (Les) = Toung-kia-fang-chen.
Eaux noires (Les) = Hei-souei.
Forêt des Saules (La), Saules (Les) = Yang-mou-lin-tse.
Fourmis (Les) = Ma-i-touen.
Friches (Les) = Si-houang-ti.
Grand Pâques = Houai-teu-sien.
Granville = Kouan-tcheng-tse.
Huit familles (Les) (village), Petit Pâques = Siao-pa-kia-tse.
Huit familles (Les) (ville) = Ta-pa-kia-tse.
Huit maux (Les) = Paien-sou-sou.
Laiteron = Tsiu-ma-tsai-heu.
Miche (La) = Mi-che-t’ouen.
Montagne noire (La), Monténégro = Siao-hei-chan.
Montbourg = Kao-chan-touen.
Moukden = Chen-yang, Chin-king.
Nénuphar (Le) = Lien-houa-chan.
N.-D. des Neiges, Vallée four-chue (La) = Tcha-keou.
Ours (Les) = Siuong-iao.
Paix (La) = An-sin-tai.
Petite pierre (La), Pierrette = Siao-che-teou-heu.
Pins (Les) = Song-chou-tsouei-tse.
Poissons (Les) = Yu-kia-touen.
Quatre familles (Les) = Se-kia-tse.
Sables (Les), Arenæ = Cha-ling.
Soleil (Le), St-Hubert, Passe des Cerfs (La) = Yang-kouan.
Tas de fagots = Chou-kai-touo.
Trois Comédies (Les) = San-tai-tse.
Trois familles (Les) = San-kia-tse.