François-Eugène LIONS1820 - 1893
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 0557
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1848 - 1893
Biographie
[557]. LIONS, François-Eugène, naquit au hameau de Bouzoulières, dans la commune de Faucon (Basses-Alpes), le 1er novembre 1820. Après avoir fait ses études classiques au collège de Barcelonnette, et commencé ses études théologiques au grand séminaire de Digne, il entra minoré au Séminaire des M.-E. le 11 juillet 1846. Prêtre le 18 décembre 1847, il partit le 29 mars 1848 pour le Kouy-tcheou, et y arriva en pleine période de persécution. Sous la direction de Mgr Albrand, il devint un missionnaire intrépide. Après avoir administré les chrétientés du sud de la mission, il passa dans les montagnes du nord en 1857. Les Miao-tse, les Musulmans et les sectateurs du Nénuphar blanc étaient en révolte ; et à un certain moment, le missionnaire dut chercher un asile dans les montagnes.
En 1860, on lui confia un autre district au centre de la province, et il établit sa résidence à Ganchouen. Bientôt se dessina dans le pays un étonnant mouvement de conversions, qui malheureusement fut loin de réaliser les espérances que ses débuts avaient inspirées. Lions avait été le premier à s'en réjouir, il fut également le premier à comprendre son peu de valeur et de solidité. Placé en 1866 à la tête du séminaire de la mission, il devint provicaire en 1869.
Le 22 décembre 1871, il succéda à Mgr Faurie comme vicaire apostolique du Kouy-tcheou ; et, le 29 juin 1872, il fut sacré évêque de Basilinopolis à Pee-ko-chou, dans le Se-tchoan oriental. La mission jouissait alors d'une paix relative ; il mit à profit cette période de tranquillité pour faire de nombreuses visites pastorales et doter son vicariat de quelques résidences et églises, particulièrement la cathédrale à Kouy-yang (Eglise, grav., Hist. miss. Kouy-tcheou, iii, pl. vii. - M. C., ix, 1877, pp. 393, 399), et la chapelle de Notre-Dame de Liesse (Chapelle, grav., Hist. miss. Kouy-tcheou, iii, pl. vii. - A. M.-E., 1907, p. 75). En 1880, il alla à Soui fou tenir un synode avec ses collègues, les vicaires apostoliques de la 4e région des missions de Chine.
En 1884, lorsque l'expédition française au Tonkin réveilla les vieilles haines chinoises, les dévastations recommencèrent. En deux jours, les résidences de Tsen-y, Su-yang, Tong-tse et plusieurs autres furent saccagées ; lorsqu'en 1886 Bodinier eut réintégré la première de ces maisons, les païens revinrent à la charge et la détruisirent. Ailleurs, principalement dans le nord du Kouy-tcheou, les chrétiens furent impitoyablement molestés, et les hostilités de tous genres paralysèrent l'action des ouvriers apostoliques.
En 1885, le prélat avait demandé et obtenu un coadjuteur, Guichard, auquel, en 1888, il laissa l'administration complète de la mission ; il aurait même démissionné si le Saint-Siège ne s'y était opposé. Il employa ses dernières années à se préparer à la mort, qui arriva pour lui à Kouy-yang, le 24 avril 1893. Il fut enterré à Lou-tsong-kouan, au séminaire de la mission, dans le caveau de Mgr Albrand. La bonté et l'humilité avaient toujours dominé en cet apôtre.
Des statistiques officielles publiées pendant son épiscopat, il ressort que le nombre des chrétiens passe de 9 000 en 1871, à 16 723 en 1893 ; pendant la même période, celui des églises et chapelles monte de 15 à 77, celui des écoles de 38 avec 225 élèves, à 128 avec 2 301 élèves. Le chiffre le plus élevé des baptêmes d'adultes fut de 968 en 1881 ; le plus faible de 250 en 1890 ; celui des baptêmes d'enfants de païens in articulo mortis varia de 3 470 à 11 446.
Nécrologie
MGR LIONS
ÉVÊQUE TITULAIRE DE BASILINOPOLIS
VICAIRE APOSTOLIQUE DU KOUY-TCHÉOU
Né le 1er novembre 1820.
Parti le 29 mars 1848.
Mort le 24 avril 1893.
Mgr François-Eugène Lions, évêque titulaire de Basilinopolis et vicaire apostolique du Kouy-tchéou, naquit le 1er novembre 1820, près de Barcelonnette, à Faucon, petit village du diocèse de Digne, illustré au XIIe siècle par la naissance de saint Jean de Matha.
La famille de François-Eugène, plus riche des dons de la grâce que de ceux de la fortune, vivait de l’élevage des troupeaux dans les pâtu¬rages des Alpes. « J’ai gardé les moutons « jusqu’à l’âge de 14 ans, écrit Mgr Lions dans ses mémoires. De bonne heure, j’avais « demandé a étudier le latin pour être prêtre ; mais la garde des troupeaux me retint à la « maison paternelle, jusqu’à ce que mon jeune frère fût en âge de me remplacer. J’obtins, au « commencement de ma quinzième année, la permission d’entrer au collège de Barcelonnette, « éloigné de chez moi d’une lieue à peine. Rien d’extraordinaire dans mes classes que je fis « régulièrement jusqu’en seconde. J’avais alors l’âge de la conscription, et mon malheureux « numéro 13, tiré au sort, faisait de moi un soldat. J’allais partir pour la caserne, quand un bon « prêtre qui s’intéressait à moi, m’ouvrit la porte du grand séminaire.
« Là je me trouvai comme en paradis. Dès le début, je fis une bonne retraite ; j’étais très « content ; mais je me sentais faible et redoutais le monde. Pendant ma deuxième année, j’eus « l’occasion de lire la vie de saint François-Xavier ; elle me fit une grande impression. Les « Annales des Missions m’avaient aussi beaucoup frappé, surtout une lettre de M. Albrand « mon compatriote, qui était alors en Malaisie. Je ne prévoyais guère que je serais un jour son « missionnaire au Kouy-tchéou. Dès lors, ma pensée se porta vers les Missions-Étrangères ; « mais je savais qu’il fallait une vocation spéciale. Je me mis donc à prier ferventer et « quotidie. Enfin la grâce que je sollicitais me fut accordée, et j’éprouvai un contentement « indicible jusqu’à mon départ pour Paris, qui eut lieu au mois de juillet 1846. »
Deux ans après, M. Lions partait de Paris le 29 mars 1848, et en arrivait à Macao vers la fête de l’Assomption. Il était destiné à la nou¬velle mission du Kouy-tchéou, laquelle récemment séparée du Su-¬tchuen et érigée en vicariat apostolique, n’avait encore que deux missionnaires : M. Albrand qui devait en devenir vicaire aposto¬lique, l’année suivante, et M. Perny. Raconter la vie de Mgr Lions depuis son entrée au Kouy-tchéou jusqu’à sa mort, serait donc pour ainsi dire faire l’historique de la mission dont il était la tradition vivante ; mais cela nous entraînerait trop loin ; nous n’indiquerons que les principaux traits de sa longue et féconde carrière.
M. Lions arriva au Kouy-tchéou, selon son expression, in an¬gustia temporum. Dès le lendemain de son arrivée, il dut quitter en toute hâte la station qui lui avait donné asile pour aller se cacher dans les montagnes. Ses premières années furent excessivement péni¬bles ; il aimait, sur ses vieux jours, à parler de ces temps héroïques où, seul avec Mgr Albrand, il travaillait au milieu d’alertes et de fati¬gues sans nombre. Mgr Albrand ! un nom qui revenait sans cesse sur ses lèvres.
« Je me rappelle, écrit-il dans ses souvenirs, qu’en sa dernière tournée pastorale, l’ardeur « de Mgr Albrand semblait avoir redoublé, surtout dans les grandes stations. C’est là qu’il « donnait libre cours à son zèle ; c’est là qu’il excitait les chrétiens au repentir et les fai¬sait « souvent gémir et pleurer à chaudes larmes. Moi.même parfois j’étais réellement touché en « écoutant ses discours et pleurais comme les autres. »
En peu d’années, M. Lions parla le chinois avec une rare facilité et devint, à l’école de son vicaire apostolique, un excellent mission¬naire. Sa figure, son extérieur et sa barbe noire taillée à la chinoise lui donnaient un certain air du pays qui le tira de bien des passes difficiles, en ces temps de troubles et de persécution.
Il lui arriva cependant, vers cette époque, une aventure « cuisante ». « Des voleurs, nous « raconte-t-il, vinrent pendant une nuit horrible, piller mon ermitage de Ma-gan-chan et « infliger une forte discipline à l’ermite, sans doute parce qu’il ne pratiquait pas ce genre de « mortification. Ils ne voulaient pas me tuer, mais seulement m’empêcher de me défendre : ils « me frappèrent jusqu’au sang. Cette discipline, grâce à un bon remède que me fournirent les « chrétiens, n’eut pas de suites bien graves ; au bout d’un mois, j’étais guéri. Cependant, « aujourd’hui, après 30 années écoulées, je souffre encore par les temps humides. »
A la mort de Mgr Albrand, M. Perny prit en main la direction de la mission (1857-1860). M. Lions quitta ses chères chrétientés du midi de la province et alla au nord administrer un vaste district en plein pays de montagnes. La rébellion s’étendait alors dans toutes les provinces de l’Empire, et, au Kouy-tchéou, les choses se com¬pliquaient encore par les insurrections locales des Miao-tsé, des Musulmans et de la secte du Nénuphar blanc. Deux ou trois fois, notre missionnaire faillit tomber aux mains des insurgés ; il fut même obligé de se retirer avec ses chrétiens sur les montagnes, pen¬dant que les rebelles dévastaient la plaine.
En 1860, Mgr Faurie est nommé Vicaire apostolique de la pro¬vince et sacré évêque d’Apollonie. Une ère nouvelle va commencer pour le Kouy-tchéou. Rappelé par le nouvel évêque, M. Lions fut mis à la tête d’une région bien vaste, il est vrai, mais moins montagneuse, au centre de la province. Il établit sa résidence à Gan-chouen-¬fou. C’est à cette époque et dans cette province que se produisit un mouvement extraordinaire de conversions. L’émotion fut vive en Europe ; le missionnaire demandait du secours à l’évêque, et l’évêque à la mère-patrie. Les épis semblaient prêts à cueillir et les bras man¬quaient.
Mgr Faurie fit, dans ce district, une tournée pastorale qui fut une marche triomphale. « Avant l’arrivée de l’évêque, écrit Mgr Lions dans ses souvenirs, le mouvement de « conversions était déjà très accentué ; mais pendant et après sa visite, ce fut une véritable « avalanche. De tous côtés les gens se précipitaient vers l’Église, poussés par je ne sais quelle « force invisible. L’élan fut particulièrement vif parmi les indigènes Y-kia et dans la « préfecture de Gan-chouen. Aux environs de l’une des sous-préfectures, à Tchen-lin-tchéou, « j’ai compté jusqu’à 300 villages, grands ou petits, qui avaient donné leurs noms, sans « compter une centaine de villages autour des autres villes. Bientôt, ne pouvant absolument « pas prendre soin de tant de monde, je me vis réduit, par prudence, à essayer d’arrêter le « mou¬vement ; mais je n’y réussis guère. »
On est surpris, sans doute, de voir que ce grand mouvement de conversions n’ait pas produit de résultats considérables. Il ne faut pas s’en étonner outre mesure. Le temps manqua pour instruire les néophytes. Mgr Faurie avait formé un grand nombre de catéchistes ; il parlait d’enrôler tous les anciens chrétiens capables d’enseigner la doctrine, comptant sur la charité française pour entretenir cette armée d’instructeurs ; mais la rébellion vint détruire toutes les espé¬rances des missionnaires.
Deux ans à peine après les premières conversions, les rebelles mahométans du Yun-nan et du midi de la province mirent tout à feu et à sang au Kouy-tchéou. Quelques villes murées seules résis¬tèrent, et les missionnaires furent contraints de s’y enfermer. Bon gré mal gré, les campagnes durent se soumettre et faire cause com¬mune avec les insurgés. La rébellion dura plusieurs années et dépeu¬pla le pays d’une façon effrayante. Le triomphe des impériaux n’amé¬liora guère la situation des villages indigènes ; ils avaient été rebelles malgré eux, on les accusa de l’avoir été de bonne volonté, et naturel¬lement ce fut aux villages chrétiens que l’on s’attaqua de préférence. Inutile de dire que les mandarins chinois avaient vu de très mauvais œil le mouvement de conversions des années précédentes. Nombre de villages furent détruits complètement ou dépeuplés ; l’Église ne put les sauver de ce désastre ; elle ne pouvait du reste commodément s’immiscer dans ces affaires politiques. Aussi, après la pacification du pays, ne nous resta-t-il que les survivants de ceux qui avaient été instruits avant la rébellion. Ils forment aujourd’hui plusieurs stations autour des villes de Gan-chouen-fou et de Tchen-lin-tcheou.
M. Lions écrivait alors à Mgr Faurie : « Je suis accablé d’ouvrage, mais si je meurs à la « besogne ce sera une belle mort. » Il s’en fallut bien peu que le bon Père ne succombât à tant de fatigues, de soucis et d’inquiétudes. Il faut l’entendre gémir sur ce lao-je (tapage de fête) effrayant qu’il a dû subir dans sa tournée chez les indigènes, sur leurs canons et leur musique étourdissante. Aussi fut-il bientôt atteint par la fièvre ; « cette maudite fièvre, dit-il, que je « n’avais jamais connue jusque-là, eut l’audace de prendre logement chez moi, et ne me quitta « qu’après m’avoir tourmenté pendant de longs mois ». Mgr Faurie rappela M. Lions à la capitale pour lui donner des soins, et finalement, ne jugeant plus sa santé suffisante pour le ministère actif, il le plaça comme supérieur au séminaire de la mission, en 1866, et le nomma provicaire en 1869.
Le 21 juin 1871, la mission du Kouy-tchéou faisait une perte irré¬parable ; Mgr Faurie mourait en regagnant sa mission après le Concile du Vatican. Le regretté prélat avait désigné M. Lions pour lui succéder ; les confrères furent unanimes à ratifier ce choix, et Mgr Lions fut sacré au Su-tchuen par Mgr Desflèches, le 29 juin 1872.
Les douze premières années de l’épiscopat du nouveau vicaire apostolique furent des années de tranquillité et de prospérité relative pour le Kouy-tchéou. Sa Grandeur employait annuellement plusieurs mois en tournées pastorales, tantôt dans une partie de la mission, tantôt dans une autre. Ces années virent s’élever des églises nouvelles, des chapelles, des résidences, des orphelinats. La belle cathédrale de Saint-Joseph, l’église du nord (pe-tang) de la capitale, date de cette époque. Un certain nombre de villes de la province qui n’avaient pas jusqu’alors ouvert leurs portes à l’Évangile, furent visitées par les missionnaires qui réussirent à s’y établir.
Lorsque éclata la guerre entre la France et la Chine, au sujet du Tonkin, le contre-coup fut désastreux dans notre province. Les Chi¬nois se vengèrent sur les missions des défaites que leur fit subir l’amiral Courbet.
Le 1er octobre 1884, la grande résidence de Tsen-y-fou fut envahie et pillée par les païens ; le lendemain, c’était le tour des résidences des sous-préfectures voisines, Su-yang et Tong-tsé. Non seulement les missionnaires furent victimes de la haine des Chinois, mais encore les chrétiens des villes et des campagnes, dans presque tout le nord de la province, en eurent terriblement à souffrir ; et aucune répara¬tion ne nous a été accordée jusqu’ici. Nous avons pu, il est vrai, ren¬trer à Tsen-y ; mais quatre mois après notre installation, le 17 juil¬let 1886, les païens se sont rués une seconde fois sur la résidence catholique et l’ont démolie de fond en comble. Depuis ce jour, on n’a pu réussir à remettre les pieds dans la ville.
De tels désastres attristèrent les dernières années de Mgr Lions, et arrêtèrent presque complètement le mouvement de conversions. On sentit dès lors se développer le sentiment anti-européen et anti-chrétien qui semble envahir toute la Chine, et que ne contribuent pas peu à développer les pamphlets et les libelles répandus à profu¬sion dans l’Empire.
Au milieu de ces traverses, la santé du vénérable Évêque s’altérait d’année en année ; déjà l’affaiblissement général s’était porté sur la vue ; et, depuis plus d’un an, Monseigneur n’y voyait plus assez pour dire son bréviaire. Il avait sollicité et obtenu de Rome la permission de célébrer la messe de la Sainte Vierge ou celle des Morts, qu’il savait par cœur. Un changement d’air et une nourriture plus forti¬fiante étaient nécessaires ; tous les confrères s’entendirent pour procurer au vieil Évêque ce dont il avait besoin. Sa vue s’améliora, il put dire son bréviaire et cette infirmité ne reparut jamais plus.
En 1884, Mgr Lions demanda un coadjuteur, à raison de son grand âge. Le Souverain Pontife agréa sa requête et Mgr Guichard fut sacré à Kouy-yang, le jour du Patronage de saint Joseph (1885). A partir de ce moment, le vénéré Vicaire apostolique se déchargea des visites pastorales sur le nouvel élu. Il voulut même, en 1888, donner sa démission, mais Rome s’y opposa ; la Sacrée Congrégation de la Pro¬pagande lui permit néanmoins de se décharger complètement sur son coadjuteur de l’administration de la mission.
Dès lors, Monseigneur ne songea plus qu’à se préparer à la mort ; chaque jour il faisait le chemin de la Croix, qu’il appelait « son chemin ». Il se donnait souvent la discipline. Tous les ans, pendant l’été, il allait s’enfermer sur le haut d’une montagne, dans notre pèle¬rinage de Notre-Dame de Liesse ; et là, pendant un mois, il faisait une retraite et priait pour la mission : c’était notre Moyse. Du reste, tou¬jours gai et joyeux, affectueux pour tous, il se faisait remarquer par son humilité qui le portait à se défier de lui-même et à prendre con¬seil d’autrui. Que de fois n’a-t-il pas répété ces paroles : « Si je suis évêque, je ne le dois qu’à mon âge ; à « la mort de Mgr Faurie, tous les confrères étaient jeunes ; moi seul j’étais vieux. »
« Au commencement du mois de février de cette année, écrit Mgr Guichard, Mgr Lions « perdit l’appétit. Dès les premiers jours de carême, il se plaignit d’un point de côté et d’une « douleur sourde dans les reins qui le privait de tout sommeil. Bientôt se manifesta l’œdème « qui, augmentant de jour en jour, devait lentement mais sûrement opérer son œuvre de mort. « Lorsque l’enflure eut dépassé les genoux, Monseigneur ne se fit pas illusion : il savait qu’il « était condamné, il en prit gaiement son parti.
« C’était pitié de voir ce bon vieillard, les pieds et les jambes démesurément enflés, assis « sur son fauteuil ou se traînant péniblement dans sa chambre. Plusieurs fois, pendant la « maladie du P. Vray, il se fit un devoir d’aller lui rendre visite pour le consoler. « Nous irons, « nous irons ensemble, lui disait-il, voir le ciel qui est si beau. » Le 19 mars, il offrit encore le « saint Sacrifice.
« Cependant le mal augmentait rapidement. Le lundi après le Patronage de saint Joseph, 24 « avril, Monseigneur nous parut plus abattu ; ses idées étaient moins suivies ; il parlait de son « ancien district, de ses premiers chrétiens. Nous nous attendions à le voir mourir dans la « soirée, et les confrères se succédaient pour l’assister. Il renouvela devant nous sa profession « de foi, reçut les derniers sacrements et ne cessa de répéter les actes de foi, d’espé¬rance et de « charité.
« Tous les missionnaires du Kouy-tchéou étaient réunis à la capitale pour la retraite qui a « lieu chaque année pendant l’octave du Patronage de saint Joseph. A six heures du soir, la « communauté se rendit à la bénédiction du Saint-Sacrement, et les PP. Chasseur, Palissier et « moi étions restés seuls auprès de Sa Grandeur. A six heures et demie, nous appelâmes les « confrères en toute hâte. Monseigneur ayant demandé à quitter son fauteuil pour se reposer « sur son lit, s’était affaissé tout à coup entre nos bras : l’enflure l’étouffait. Nous le fîmes « asseoir sur le bord du lit. C’est là que tout habillé, soutenu par les confrères, il s’est « doucement éteint. L’agonie ne fut pas longue. Je lui donnai une dernière absolution et, « pendant que les missionnaires récitaient les prières des agoni¬sants, son âme prit son essor « vers le ciel.
« Belle et sainte mort que cette mort du vieil Évêque au milieu de tous ses confrères.
« Les obsèques, continue Mgr Guichard, ont été très solennelles. Nous tenions à prouver à « Monseigneur notre filiale affection et à montrer aux païens que nous savons respecter nos « morts.
« La dépouille mortelle de Mgr Lions a été déposée au collège de la mission, dans le « caveau de Mgr Albrand. Sa Grandeur l’avait demandé formellement. « Il est convenable, « disait-il, que le disciple repose à côté du maître. »
Références
[0557] LIONS François (1820-1893)
Bibliographie
Decreta quinque Synodorum jussu S. Pontificis Leonis XIII in Sinis habitarum anno 1880 a S. Cong. de Propaganda Fide approbata. - In-8, pp. 87.
Contient :
Acta et decreta Synodi quartæ regionis Sinarum imperii habitæ diebus 20 et 29 septembris, 3 octobris, anni 1880, in civitate Souy fou, provinciæ Se-tchouan, pp. 66-76.
Lettre à M. le Comte Cardez, Kouy-yang, 14 novembre 1884. - 41, cours Portal, Bordeaux, in-8, pp. 12.
Aux Bienfaiteurs de la Mission de Kouy-tcheou. - Imprimerie Victor Crespy, 18 et 20, rue Gouvion, Bordeaux, 1885, in-8, pp. 12.
Notes bio-bibliographiques
C.-R., 1872, p. 31 ; 1874 (janv.), pp. 29, 30 ; 1875, pp. 21, 24 ; 1876, p. 16 ; 1877, p. 19 ; 1878, p. 24 ; 1879, pp. 32, 84 ; 1881, p. 51 ; 1882, pp. 41, 74 ; 1884, p. 67. - A. P. F., xxxvii, 1865, pp. 45, 48, 50, 51 ; xliv, 1872, p. 149 ; xlv, 1873, Tableau du vicariat du Kouy-tcheou, pp. 240, 249 ; xlvii, 1875, Reconstruction de l'église de Tsen-y fou, p. 34 ; l, 1878, Etat de la mission du Kouy-tcheou, p. 125 ; lv, 1883, Historique de la mission du Kouy-tcheou, p. 170 ; lxv, 1893, p. 399. - M. C., iii, 1870, pp. 100, 140 ; iv, 1871-72, Sa nomination d'évêque, p. 120 ; v, 1873, p. 193 ; vii, 1875, p. 522 ; ix, 1877, Notes sur les Y-jen, pp. 149, 162, 173, 186 ; xi, 1879, p. 471 ; xii, 1880, Pélerinage de Notre-Dame de Liesse, p. 36 ; xiv, 1882, p. 313 ; xvi, 1884, Nomination de Mgr Guichard, comme coadjuteur, pp. 473, 566 ; xxv, 1893, p. 252. - A.M.-E., 1907, p. 77.
Hist. miss. Kouang-si, Tab. alph. - Hist. miss. Kouy-tcheou, Tab. alph. - Vie de Mgr Albrand, pp. 289, 309, 318, 326, 351, 362. - Vie de Mgr Faurie, passim. - Arm. des Prél. franç., p. 263.
Collect., 3 déc. 1876 : n° 728 ; 27 mars 1878 : n° 1924.
Notice nécrologique. - C.-R., 1893, p. 278.
Portrait. - A. P. F., lvii, 1885, p. 63. - M. C., xvii, 1885, p. 6. - Les miss. cath. au XIXe sièc., p. 227.