Hyacinthe LEFEUVRE1823 - 1893
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0613
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1851 - 1893 (Coimbatore)
Biographie
[613]. LEFEUVRE, Hyacinthe-Joseph, né le 9 mai 1823 à Paris, fils d'un officier supérieur, est porté sur nos registres comme appartenant au diocèse d'Autun. Entré diacre le 26 août 1850 au Séminaire des M.-E., il fut ordonné prêtre le 14 juin 1851, et envoyé au Coïmbatour le 6 juillet suivant. Il resta treize ans dans le district de Codiveli ; ensuite il occupa successivement les postes d'Atticodou, Ootacamund 1871, Dharapouram 1875, Matour 1881, Valipaleam 1886. L'âge venant, ses forces déclinèrent, et le 8 août 1892, il tomba sans connaissance au pied de l'autel tandis qu'il célébrait la messe. Un peu rétabli, il visita une dernière fois les stations de son district, et se retira à Coimbatore.
Il reçut l'extrême-onction le 29 juillet 1893, et le soir, quand les missionnaires qui avaient passé plusieurs heures près de lui le quittèrent : " Vous m'avez administré, leur dit-il, vous êtres de braves gens, allez vous reposer. Bonsoir et grand merci ! " Il mourut le 4 août suivant, laissant la réputation d'un missionnaire généreux, aimable et zélé.
Nécrologie
M. LEFEUVRE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU COIMBATOUR
Né le 9 mai 1823.
Parti le 6 juillet 1851.
Mort le 4 août 1893.
Le 4 août 1893, un vétéran de l’Apostolat dans l’Inde s’éteignait doucement à Coimbatore. Ce jour-là, le P. Lefeuvre disait adieu à son évêque et à ses confrères, et allait recevoir au ciel la couronne si bien méritée par 42 années de ministère dans les pays infidèles. Dieu et ses anges seuls pourraient dire quels furent les vertus, le zèle et les souffrances du confrère que nous avons perdu ; car il tint toujours soigneusement cachés les détails intimes que Dieu seul veut con¬naître et récompenser. Toutefois, je crois répondre au désir de tous ceux qui ont aimé le P. Lefeuvre en relatant, pour leur édification, les grands traits de sa longue carrière au Coïmbatour.
Hyacinthe Lefeuvre naquit à Paris en 1823. Fils d’un officier supérieur de l’armée française, notre vaillant apôtre avait dans son caractère et ses habitudes quelque chose de cette allure militaire qu’il avait empruntée à son père dans sa première jeunesse. Comme le P. Chicard, il dut se dire: « Ou moine, ou chevalier » et, comme le P. Chicard, il fut l’un et l’autre toute sa vie. La vocation de missionnaire lui parut belle entre toutes ; il l’embrassa, car il voulait se donner entièrement à Dieu et aux âmes. Après un an de préparation au Séminaire des Missions-Étrangères, il quitta Paris le 6 juillet 1851, pour se rendre au Coïmbatour où il devait travailler pendant près d’un demi-siècle. Il occupa successivement divers postes, tous plus difficiles les uns que les autres. A cette époque, la mission du Coïmbatour ne comptait qu’un petit nombre d’ouvriers. Le champ confié à chaque missionnaire était immense et le manque presque absolu de moyens de communication en rendait la culture excessivement pénible.
C’est à Codivily, dans la partie septentrionale de la mission, que le Père fit ses premières armes. Ce district occupe actuellement cinq missionnaires. Pendant 13 ans, le P. Lefeuvre le parcourut en tous sens, vivant comme ses chrétiens et se contentant du misérable régime auquel leur pauvreté les assujettissait. Notre ardent confrère ne se donnait pour ainsi dire pas de repos ; lorsque la nature à bout de forces demandait grâce, il s’étendait sur sa natte pendant une heure ou deux, ou bien encore, s’il était en voyage, il se couchait sur le bord du chemin tandis que son cheval broutait à côté de lui. Cette ardeur au travail, le P. Lefeuvre la conserva toute sa vie : elle le suivit à Atticadoo, à Dharapuram, à Mathoor et à Valipali, car par¬tout le cher Père se montra égal à lui-même. Ses anciens chrétiens ne parlent de lui qu’avec vénération ; ils le considèrent comme un homme extraordinaire qu’ils sont heureux d’avoir connu. Ils ne l’ap¬pellent que le « grand Père » et son souvenir restera longtemps gravé dans leurs cœurs .
Cependant ni les chrétiens, ni la plupart des confrères du P. Le¬feuvre n’ont pu le connaître à fond, parce qu’il n’aimait pas à parler de lui-même. Il était profondément humble. Un jour, me trouvant seul avec lui, je voulus lui faire raconter l’histoire de ses premières années de mission. Il parut d’abord disposé à s’exécuter ; mais, au bout de quelques mots, il détourna habilement la conversation et ma curiosité ne fut rien moins que satisfaite. Si parfois on le plaisantait, il était le premier à en rire. Dans la discussion, il soutenait son idée d’une manière grave, mais sans aucune animosité. Il n’a jamais su ce que c’est que la rancune. Et cependant cette douceur et cette humi¬lité n’étaient point innées en lui ; il devait lutter souvent pour contenir son âme toute de feu ; et les éclairs, qui jaillissaient parfois de ses yeux pour disparaître aussitôt, prouvaient que cette âme était au moins aussi sensible que d’autres. Que dirai-je de sa charité ? Le cher Père ne critiqua jamais personne. Il aimait ses confrères et leur ren¬dait tous les services possibles. Jeunes et vieux recevaient de lui un accueil fraternel. Sa compagnie était pleine de charmes ; aussi chacun de nous se faisait-il une fête de le posséder. Bon pour ses confrères, il l’était aussi pour ses chrétiens ; supportant leurs défauts avec patience et ne se mettant jamais en colère. Il s’intéressait à eux et à leurs affaires. Généreux par caractère, il donnait sans compter, il donnait à tout le monde ; sous ce rapport, il lui arriva même de pécher par excès, en donnant quand il n’avait plus le droit de donner. Toujours pauvrement vêtu, il vivait heureux et content dans son humble médio¬crité. Il n’eut jamais qu’un regret, celui de ne pouvoir soulager effica¬cement la misère de ses chers Indiens. Telles furent les principales vertus de notre regretté confrère.
Sa santé de fer lui semblait devoir défier longtemps encore le climat de l’Inde et le poids des années. Il s’affaiblissait cependant et ses amis lui conseillaient de prendre un repos bien mérité. Le vieil athlète demeurait inébranlable ; il voulait tomber sur la brèche, et il y est tombé. Le 8 août 1892, il célébrait une messe de mariage ; à l’offer¬toire il éprouva une syncope et ses chrétiens le relevèrent au pied de l’autel. Le P. Roy, mandé en toute hâte, accourut auprès du vétéran de la mission et lui fit comprendre que le moment de se reposer était venu. Le P. Lefeuvre, à moitié remis de son attaque, voulut revoir les diverses stations de son district et dire adieu à ses chrétiens. Il eût désiré mourir à Valipali et y être enterré, mais le bon Dieu ne le permit pas. Le vénérable vieillard dut venir à Coimbatore : c’est là qu’il s’est préparé pendant près d’un an au grand passage du temps à l’éternité.
Il a pu dire encore la sainte messe jusqu’au carême ; à partir de cette époque, il lui a fallu y renoncer. Son esprit fatigué ne lui per¬mettait même plus de réciter son bréviaire, qu’il remplaçait fidèle¬ment par le chapelet. Ses infirmités le faisaient cruellement souffrir ; mais on le soupçonnait à peine, parce qu’il supportait tout sans mot dire, avec une résignation parfaite.
Le 27 juillet, un changement subit se produisit dans l’état du cher malade et nous donna de l’inquiétude. Le 29, il reçut l’extrême-onc¬tion. Le soir, comme nous allions le quitter, il nous dit : « Vous m’avez administré ; vous êtes de braves gens : allez vous reposer. Bonsoir et grand merci. » Ses forces diminuaient sensiblement de jour en jour et il avait beaucoup de peine à parler : cependant il demeurait gai et savait encore sourire quand on l’entretenait du bon¬heur du ciel. Le vendredi 4 août, à 6 heures du soir, nous récitâmes les prières des agonisants devant son lit. A 9 heures, l’âme du P. Le¬feuvre quittait l’exil pour la patrie. Notre-Dame des Neiges, dont nous venions de dire l’office, avait ouvert la porte du ciel à son dévot ser¬viteur. Beati qui in Domino moriuntur.
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Références
[0613] LEFEUVRE Hyacinthe (1823-1893)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1884, p. 150 ; 1885, p. 132 ; 1890, p. 200.
Hist. miss. Inde, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1893, p. 362.