Pierre PARIS1822 - 1883
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0672
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1856 - 1883 (Malacca)
Biographie
[672]. PARIS, Pierre, vit le jour dans la paroisse de Rioz, commune des Fontenis (Haute-Saône), le 20 janvier 1822. Fils de cultivateurs, il prit part aux travaux des champs jusqu'à 19 ans, et ne commença qu'en 1840 l'étude du latin. Après son ordination sacerdotale, qui eut lieu le 7 septembre 1851, il exerça le ministère à Port-sur-Saône pendant trois ans. Le 4 octobre 1854, il se présenta au Séminaire des M.-E., en partit l'année suivante, le 27 juin, pour se rendre dans la Presqu'île de Malacca, étudia la langue malaise à Pinang, et fut nommé vicaire dans la ville de Malacca. Il y apprit le malakairo, sorte de patois portugais, le tamoul, et plusieurs dialectes chinois, ce qui n'était pas chose facile pour un homme de 34 ans.
En 1858, il eut à diriger la chrétienté chinoise de Serangong, et en même temps à s'occuper des Indiens de Singapore ; Mgr Boucho lui ayant confié les Chinois de cette dernière ville, il fonda pour eux la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul ; il y bâtit l'église, qui comprenait sept travées pour les trois nefs divisées entre elles par d'énormes colonnes en bois. Auparavant, les chrétiens chinois et indiens fréquentaient l'église du Bon-Pasteur ; dès lors, ils allèrent à Saint-Pierre et Saint-Paul, jusqu'à la construction, pour les Indiens seuls, de l'église de Notre-Dame de Lourdes.
Nommé provicaire en 1874, Paris remplit ses fonctions avec modestie et prudence. Il mourut à Singapore le 23 mai 1883, et fut enterré dans l'église Saint-Pierre et Saint-Paul. Avec des talents que l'on disait ordinaires, mais grâce à un travail persévérant et régulier, il accomplit beaucoup de bien.
Nécrologie
M. PARIS
PROVICAIRE DE LA PRESQU’ILE DE MALACCA.
Pierre Pâris naquit le 19 janvier 1822, à Fontenis (Haute-Saône), dans le diocèse de Besançon.
Ses jeunes années se passèrent dans les pénibles travaux des champs, et c’est ainsi que, dans les desseins de la Providence, il se prépara de bonne heure aux rudes labeurs de l’apostolat.
Il avait 18 ans quand il commença à étudier les éléments de la langue latine ; mais la maturité de son jugement jointe à sa capacité naturelle lui fit en quelques années parcourir avec fruit le cours des études de latinité.
Parvenu au sacerdoce, il exerça avec zèle, pendant quatre ans, le saint ministère dans la paroisse de Port-sur-Saône, et vint en 1854 faire son noviciat au séminaire des Missions-Étrangères.
Ses anciens confrères d’alors se rappellent avec édification sa piété et sa régularité, aussi bien que la simplicité avec laquelle, malgré ses 33 ans, il se mêlait aux jeunes aspirants qui n’en avaient qu’une vingtaine.
Au mois de juillet 1855, il fut destiné pour la Mission de la presqu’île de Malacca et alla s’embarquer à Anvers.
Après une traversée qui dura, comme de coutume, cent et quelques jours, il débarqua en décembre à Singapour. Le vicaire apostolique résidant alors à Poulo-Pinang, le P. Pâris dut s’y rendre, et là il se livra de suite avec ardeur à l’étude du malais.
Après quelques mois, il fut envoyé à Malacca pour y aider le P. Allard. Ce fut dans cette ville qu’il eut occasion d’apprendre d’abord le malakairo, sorte de patois portugais parlé par les gens de Malacca ; le tamoul, pour administrer les cipayes indiens, recrutés par l’Angleterre dans sa colonie de l’Inde, et même le chinois. Il dut faire preuve alors de la plus grande énergie pour surmonter, à l’âge de 34 ans, les difficultés aussi ardues.
Après quelques années de ministère dans la ville que saint François-Xavier a lui-même autrefois évangélisée, le P. Pâris fut appelé à prendre la direction des Indiens de la ville de Singapour, en même temps que d’une chrétienté située à sept milles de cette ville ; de sorte que chaque dimanche, après avoir célébré la sainte messe et prêché à ses chrétiens chinois de Sarangoun, il partait à dix heures du matin et venait à pied, sous un ciel brûlant, célébrer une seconde messe à onze heures pour les Indiens de la ville.
Il fut ensuite chargé en outre des Chinois de Singapour. Ceux-ci étaient alors à peine deux cents, et fréquentaient la paroisse européenne. Cet apôtre zèle comprit aussitôt que le moyen le plus sûr de travailler efficacement à l’amélioration spirituelle de son nouveau troupeau était de lui procurer une église, où l’instruction religieuse pût lui être donnée spécialement, et il ne prit point de repos qu’il n’eût atteint ce but.
C’est ainsi qu’il réussit à doter la ville de Singapour d’une charmante église gothique. Depuis lors, le chiffre des chrétiens chinois s’est accru progressivement et s’élève actuellement à plus de 1000, sans compter ceux en grand nombre qui sont retournés en Chine, ou sont allés dans l’intérieur de la presqu’île, dans les plantations ou les mines.
Sans être un linguiste distingué, le P. Pâris avait pu acquérir une connaissance suffisante pour converser en anglais, portugais, tié, outchou, ké, malais, tamoul, et il pouvait être utile aux Chinois de deux autres dialectes.
Le dimanche, après avoir confessé pendant la matinée, prêché en chinois à sa première messe, puis en tamoul à la seconde, il prenait un peu de nourriture et catéchisait les indiens ; à midi, il se rendait à la prison, où on lui permettait de prêcher aux prisonniers ; à deux heures, il faisait le catéchisme aux petits Chinois ; à trois heures, il présidait aux vêpres ou à la récitation des prières en chinois, et donnait ensuite la bénédiction du Saint Sacrement. Le dimanche soir, il était exténué de fatigue ; cependant, quand il arrivait pour prendre place à la table de son évêque, autour de laquelle tous les confrères de la ville se réunissaient ce jour-là, il était toujours aimable et joyeux.
Le lundi, il restait à la maison, et aimait, pour se tenir au courant des événements généraux qui intéressent tout cœur catholique, à lire quelques journaux, les Annales, etc…Ces lectures ne laissaient pas d’être interrompues continuellement par la visite des Chinois qui venaient, ceux-ci pour affaires, ceux-là pour se procurer un chapelet, une médaille, un livre, etc. ; et jamais ce bon Père ne laissait apercevoir qu’il fût le moins du monde contrarié de ces dérangements.
Le mardi, c’était le jour des expéditions lointaines : il allait voir ses chrétiens, éloignés parfois de quinze et vingt kilomètres ; ces voyages se faisaient toujours à pied, excepté dans les derniers temps. Il fallait voir cet intrépide Missionnaire, sous un soleil de feu, par de mauvais chemins, ayant souvent à traverser des torrents sur un simple tronc d’arbre, et marchant d’un pas toujours le même, malgré l’asthme qui l’oppressait péniblement. Il se reposait quelque peu en parlant aux Chinois qu’il rencontrait dans les champs, leur demandant tout d’abord comment allaient leurs affaires temporelles, puis, avec adresse, les amenant aux choses spirituelles ; il était ordinairement bien reçu partout, à cause de la vénération qu’il inspirait même aux païens.
Le mercredi était consacré aux chrétiens de la ville.
Le jeudi était le jour de doctrine, c’est-à-dire le jour où les catéchumènes abandonnant pour un jour leur travail, au moyen duquel ils se procurent la subsistance quotidienne, venaient entendre l’explication de la religion. Il y en avait alors qui étaient obligés de faire un chemin de dix à douze kilomètres.
Près de l’église, étaient préparées trois maisons de doctrine pour trois dialectes chinois différents ; là, le catéchiste enseignait sous la surveillance du Père. Pendant cette journée, il y avait quelques moments de repos, pendant lesquels les catéchumènes pouvaient prendre un peu de repos, soit en buvant du thé, soit en fumant leur pipe. Même alors, le Père ne les abandonnait pas, et leur expliquait les sujets de grandes gravures, éditées dans le goût chinois par les Pères jésuites de Chang-Haï, dont il avait eu soin de tapisser les murs. Ces peintures, en parlant aux yeux des catéchumènes, trouvaient d’autant plus facilement le chemin de leurs cœurs, que rien n’y était de nature à choquer leurs préjugés nationaux : tout y était chinois, costumes, coiffures, etc… saint Joseph et Notre-Seigneur lui-même y figuraient avec des souliers chinois…
Les deux derniers jours de la semaine étaient consacrés aux confessions. L’avant-veille et la veille des fêtes, le bon Père était au confessionnal depuis le matin jusqu’à une heure très avancée de la nuit.
Tout le monde, à Singapour et dans les environs, connaissait le P. Pâris avec son bâton, et son parapluie chinois ; il n’était pas de rue, de carrefour, de bazar, où ce zèle Missionnaire ne pénétrait, pour visiter ses chrétiens et chercher quelques néophytes.
Après une vie si active, lorsque la maladie vint l’interrompre, au milieu de son ministère, il se trouva comme hors de sa sphère.
Pendant près de six mois, il fut dans l’impossibilité de continuer ses fonctions ; ce n’était que très rarement qu’il avait la consolation de célébrer la sainte messe, et même il ne pouvait pas communier aussi fréquemment qu’il l’eût désiré. Les crises n’étaient pas très rapprochées, mais elles étaient terribles, et l’effet s’en faisait sentir bien longtemps après.
Pendant les quatre dernières semaines, il devint si faible que parfois l’esprit était dérangé, et, dans les moments où il s’égarait de la sorte, ses pensées étaient à ses chrétiens : il se croyait toujours dans ses courses apostoliques.
Enfin le 22 mai 1883, vers 2 heures du soir, trouvant que le vénérable malade touchait à sa fin, Mgr Gasnier, vicaire apostolique, lui annonça qu’il conférer l’extrême-onction, ce qu’il accepta avec de grandes marques de foi et de piété ; et il répondit lui-même aux prières du Rituel. Un Missionnaire alla aussitôt chercher le Saint-Sacrement, et Monseigneur lui administra le saint Viatique.
Quand on lui demanda ensuite s’il souffrait beaucoup, il répondit que non, mais qu’il se sentait étouffer. La nuit tout entière se passa dans une espèce de suffocation continuelle, sans grande souffrance apparente. Ce ne fut que le lendemain, vers 6 heures et demie, au moment de l’élévation pendant la sainte messe, que ce cher Père quitta cette terre pour aller jouir de la récompense de ses longs et pénibles travaux apostoliques.
Le P. Pâris exerçait les fonctions de Provicaire de la Mission depuis l’année 1874.
Références
[0672] PARIS Pierre (1822-1883)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1874 (janv.), p. 10 ; 1884, p. 126 ; 1888, p. 158. - A. M.-E., 1914. p. 74.
Les miss. cath. franç., ii, p. 390. - An anecd. hist., Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1883, p. 130.