Auguste LECOMTE1832 - 1892
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0687
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1856 - 1859 (Yangon [Rangoun])
- 1859 - 1892 (Mandalay)
Biographie
[687]. LECOMTE, Auguste, originaire de Bult (Vosges), vint au monde le 16 novembre 1832. Entré sous-diacre au Séminaire des M.-E. le 18 janvier 1855, il fut ordonné prêtre le 17 mai 1856, et envoyé le 1er juin suivant en Birmanie. A son arrivée à Rangoon, il fut vicaire de la cathédrale pendant deux ans, et se dévoua pour secourir les victimes du choléra. Vers 1859, il alla à Mandalay, à cette époque capitale de la Birmanie indépendante. Très apprécié à la cour du roi Thibaw, il put obtenir de ce dernier une plus grande liberté pour les catholiques.
En 1870, il se rendit à Bhamo. Tout était à faire, et les autorités entravèrent sourdement ses efforts ; néanmoins, à force de persévérance, il réussit à construire une résidence, une chapelle, et une école pour les orphelins. Quand, cette même année, la Birmanie septentrionale fut érigée en vicariat apostolique, il en fit partie, et de 1872 à 1878 fut provicaire de Mgr Bourdon. Il s'installa pendant quelque temps à Mandalay, et, bientôt après, dirigea la très ancienne chrétienté de Nabeck. Il y devint populaire par sa bonté envers les malheureux, les faibles et les opprimés, et par sa sollicitude pour les orphelins. Il choisit et envoya au Collège général à Pinang plusieurs jeunes gens aujourd'hui prêtres. Il s'éteignit à Nabeck, le 21 février 1892, après un apostolat de 36 ans.
Nécrologie
M. LECOMTE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA BIRMANIE SEPTENTRIONALE
Né le 16 novembre 1832.
Parti le 1er juin 1856.
Mort le 21 février 1892.
M. Usse, missionnaire de la Birmanie Septentrionale, a adressé la notice suivante sur les travaux apostoliques de M. Lecomte à M. Péan, directeur du Séminaire des Missions-Étrangères.
« Il y a trois semaines, Mgr Simon avait la douleur de vous annoncer la mort du Père Lecomte. Voici aujourd’hui quelques mots sur ses travaux apostoliques et sa fin édifiante.
« Le cher confrère que nous venons de perdre avait quitté la France en juin 1856 et, après six mois de traversée, il débarquait à Rangoon. A peine arrivé, il eut l’occasion d’exercer son zèle. Le choléra faisait de nombreuses victimes dans la ville et les missionnaires étaient en petit nombre. Le Père Lecomte déploya une charité admirable, qui donna la mesure de ce qu’il accomplirait plus tard. Il travaillait depuis trois ans au centre de la Mission de Birmanie, quand il vint à Mandalay. Dans ce temps-là, les Pères Oblats de Marie cultivaient ce petit coin de la vigne du Seigneur, sous la sage conduite de Mgr Bigandet. Dès son arrivée à la ville d’Or, le nouveau venu se concilia l’estime et l’affection de tous ceux qui eurent le bonheur de l’approcher. Il était très apprécié à la cour du vieux roi Mindoon, où ses fonctions l’appelaient quelquefois. La confiance dont il jouissait lui permit de parler librement des vérités de la Foi au grand repré¬sentant du Bouddhisme, et si la corruption d’une cour païenne l’empêcha de réaliser pour le bien de notre sainte Religion tout ce que ces bons rapports laissaient espérer, le missionnaire eut du moins la consolation d’obtenir aux catholiques une liberté entière.
« En 1870, nous retrouvons le Père Lecomte à Bhamo. On peut le regarder comme le fondateur de la mission catholique dans cette place limitrophe de la Chine. Tout était à faire. Dans l’exécution de son œuvre , il rencontra des difficultés qui auraient découragé tout autre que lui. Les gouverneurs de la ville et des provinces voisines s’opposaient secrètement, mais puissamment au succès de sa sainte œuvre . Son énergie rare vint à bout de tout. Il bâtit une maison pour les missionnaires, une chapelle pour l’exercice du culte et une école pour les enfants orphelins. Quelques années plus tard, le Saint-Siège ayant chargé Mgr Bourdon du gouvernement de la mission de Haute-Birmanie récemment détachée de Rangoon, le Père Lecomte fut rappelé à Mandalay où son expérience des hommes et des choses, sa connaissance des langues, furent d’un grand secours au prélat. Il en repartit bientôt et fut envoyé cette fois à Nabeck qu’il devait évan¬géliser jusqu’à sa mort.
« On ne saurait dire tout le bien opéré par son zèle dans cette chré¬tienté. Il faisait la joie et la gloire de ses enfants. Les païens mêmes des villages d’alentour le connaissaient et l’aimaient. C’est que toutes les infortunes trouvaient un soulagement auprès de ce cœur charitable. Aussi les affligés, les pauvres accouraient-ils de toutes parts, et lui les écoutait avec bonté, s’intéressait à leur cause et les renvoyait toujours consolés ou secourus. Au besoin, il ne craignit pas de les défendre hautement contre l’oppression tyrannique et l’avarice des chefs de village. Ne reconnaît-on pas à ces traits l’apôtre selon le Cœur du divin Modèle, le bon pasteur, le vrai père de son troupeau ?
« Entre tous, les enfants avaient ses préférences. Il était beau de voir ce noble vieillard aux cheveux blancs caresser et bénir ces inté¬ressants petits êtres que leurs mères lui apportaient. Convaincu qu’on peut tout par l’éducation de l’enfance, le Père Lecomte s’adonna à cette œuvre , si chère à Notre-Seigneur, avec une ardeur que récom¬pensèrent ses merveilleux succès. Seul, âgé, il parvint à réunir et élever une centaine de pauvres orphelins, qui, je m’en souviens, se trouvaient si heureux sous son toit paternel.
« Une autre caractérisque de ce bon serviteur de Dieu, c’est sa régularité. Toujours debout à une heure matinale, il observait une grande ponctualité dans ses exercices de piété. Je ne crois pas qu’il les ait jamais manqués par sa faute. Bien des fois j’ai été frappé de sa dévotion au saint autel. Tout son être semblait alors pénétré du sen¬timent de l’adorable présence de Dieu. C’était bien réellement un saint que ce bon Père. A la retraite dernière, en novembre, nous avions tous le bonheur de le voir; et personne ne pensait que dans moins de trois mois, ce vétéran de l’apostolat dût nous quitter pour un monde meilleur. Sa santé n’avait jamais été plus prospère, son entrain plus admirable. La fièvre, depuis son départ de Bhamo, ne manquait pas, chaque année, de l’agiter durant quelques semaines : or, peu de temps auparavant, elle avait fait sa visite assez bénigne. Nous aimions donc à espérer que le Père pourrait longtemps encore s’occuper de ses chers enfants, lorsque, le 22 janvier dernier, la fièvre reparut, suivie de douleurs aiguës au côté droit.
« Un médecin anglais, appelé de Mymgyan, précisa la nature du mal. Le cher Père se trouvait atteint d’une grave maladie de foie. Au milieu de ses souffrances, il conserva sa gaîté habituelle, suppor¬tant tout avec une patience qui faisait notre admiration. Une seule chose cependant le préoccupait : « ses bien-aimés enfants ». Tant que ses forces le lui permirent, il les voulut auprès de lui, prenant plaisir à les voir travailler et leur donnant ses instructions. Mais bientôt il dut renoncer à cette douce jouissance. Le Père Martin, qui l’a assisté à ses derniers moments, a été grandement édifié des beaux sentiments qui remplissaient l’âme du vénéré défunt.
« Un jour, pour le distraire, raconte le Père Martin, je m’offris à lui faire une lecture « quelconque. Après m’avoir demandé si j’avais un livre intéressant, il me pria de lui lire très « lentement le psaume Miserere. Souvent il invoquait la sainte Vierge, répétant « amoureusement : « Sancta Maria, ora pro nobis nunc et in horâ mortis », ou bien : « Ad te « suspiramus, gementes et flentes, in hâc lacrymarum valle. » Lorsqu’il avait pu recevoir la « sainte Communion on l’en¬tendait réciter à haute voix les actes de foi, d’espérance et de « charité, avec un ton de piété et de confiance qui saisissait tous les assistants. Quelques « heures avant sa mort, il m’adressait encore ces belles paroles : « Combien je serai heureux « quand vous voudrez me dire : « Cher confrère, c’est fini ; le grand moment approche. » Oh ! « alors de tout cœur j’ajouterai : « Lœtatus sum in his quœ dicta sunt mihi ; in domum Domini « ibimus. »
Cependant le dernier jour arriva, un dimanche, le 21 février. Dès le matin, la fièvre avait augmenté et la respiration semblait plus gênée. Une sueur froide se répandit sur les mains et sur le front. Le cher Père Martin comprit que le bon Dieu allait appeler à lui l’âme de son serviteur. Il proposa donc au moribond de recevoir l’Extrême-Onction. Le Père Lecomte ne croyait pas encore à un danger sérieux. Mais sur les instances de son confrère, il accepta. Lui-même répondit en pleine connaissance aux prières de la sainte Liturgie. Le Père Martin lui appliqua ensuite l’indulgence in articulo mortis ; et comme l’agonie avait commencé, il se mit à réciter les prières du Rituel pour la recommandation de l’âme. Au Subvenite sancti Dei, le cher et vénéré Père Lecomte rendait sa belle âme à Dieu. Il était 7 heures 30 du soir. La nouvelle se répandit comme un coup de foudre. Chré¬tiens et païens accoururent en foule pour prier et pleurer près du lit de mort de celui qui avait été leur père. « On dirait qu’il dort, » s’écriaient les païens, en voyant ses traits si calmes. Il dormait en effet le sommeil du juste.
«Dès le lendemain lundi, les confrères voisins arrivaient à Nabeck. Durant les trois jours qui précédèrent la sépulture, ils chantèrent l’office des morts, et les chrétiens se succédèrent jour et nuit auprès du corps. Les funérailles eurent lieu le mercredi 24 février. Le con¬cours de catholiques et de païens était prodigieux. Leurs larmes disaient leur douleur et faisaient l’éloge du vénéré défunt. C’est dans le petit cimetière de Nabeck que repose, en attendant le jour glorieux de la résurrection, notre regretté confrère, missionnaire apostolique de la Haute-Birmanie depuis 36 ans. Puisse notre mort être sem¬blable à la sienne ! »
Références
[0687] LECOMTE Auguste (1832-1892)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1875, p. 44 ; 1876, p. 38 ; 1885, p. 115 ; 1886, p. 119 ; 1888, p. 167 ; 1889, p. 201 ; 1890, pp. 162, 169 ; 1894, p. 261. - A. M.-E., 1912, p. 144. - Sem. rel. Saint-Dié, 1892, pp. 379, 383. - Am. de la Rel., clxxxii, 1859, p. 478. - The Indo-Europ. Corresp., 1886, p. 124.
La miss. de Birman., pp. 119 et suiv. - Les miss. cath. franç., ii, p. 329.
Notice nécrologique. - C.-R., 1892, p. 329.