Claude MANISSOL1826 - 1881
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0693
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1857 - 1881 (Malacca)
Biographie
[693]. MANISSOL, Claude, vint au monde à Saint-Romain-d'Urfé (Loire) le 6 mars 1826. Il fit ses études classiques au petit séminaire de Saint-Jodard, et ses études théologiques à Lyon où il reçut l'onction sacerdotale le 14 juin 1851. Nommé vicaire à Saint-Didier-sur-Rochefort (Loire) le 27 juin suivant, il y exerça le ministère jusqu'en 1855.
Entré le 16 juin de cette même année au Séminaire des M.-E., il partit pour la Presqu'île de Malacca le 13 juillet 1856. Presque toute sa carrière apostolique se passa dans l'île de Pinang ; il y fut de 1859 à 1881, à Georgetown, curé de la paroisse de l'Assomption qu'il dirigea fort bien, et dont il acheva de construire l'église commencée par Bigandet. Il mourut à Georgetown le 5 août 1881, et fut enterré dans son église.
Nécrologie
M. MANISSOL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE EN MALAISIE
« Quel coup Votre Grandeur a dû ressentir lorsque le télégraphe lui a annoncé la mort inattendue de notre cher Père Manissol, écri¬vait à Mgr Gasnier M. Grenier, le compagnon du bien regretté défunt. Oh ! Monseigneur, j’ai bien pensé à vous, j’ai bien pleuré avec vous. Quel bon Père nous avons perdu ! Quel vide autour de moi ! que la maison me paraît sombre et silencieuse !... »
Nous reproduisons une lettre que Madame la Supérieure générale des Dames du Saint-Enfant Jésus a bien voulu nous communiquer, et qu’elle a reçue de la religieuse qui a soigné M. Manissol durant sa courte et dernière maladie.
« Notre saint et bon Père Manissol est mort après trois jours de maladie. La désolation est générale.
« Le Révérend Père Manissol était vénéré, aimé et estimé de tous. Tant il est vrai que la grandeur ne consiste que dans la sainteté. Ce bon Père était dévoué, compatissant envers tous, excepté pour lui-même ; l’ami, le consolateur de tous ; n’importe de quel rang, de quelle religion, tous avaient accès auprès de lui. Ce bon Père n’avait jamais besoin de rien, le bon Dieu seul lui suffisait pour tout.
« Un cri s’échappe de toutes les poitrines : La perte est irrépa¬rable ! tant son dévouement était grand et de tous les instants. La visite des malades était une de ses occupations favorites ; aussi que de pécheurs encroûtés et de vieux protestants cette douce charité a ramenés au bon Dieu ! Dans ces occasions il venait demander une petite prière au couvent pour lui en donner le mérite et cacher ainsi le trésor de sa vertu.
« La direction solide des âmes, voilà où était son coeur ! Ceux qui s’y connaissent disent qu’il y excellait !... Jamais une question indis¬crète ni inutile : amener l’âme à profiter pour le ciel, voilà son seul but.
« S’il me fallait parler de la bonté, du dévouement du Révérend Père Manissol pour notre couvent, depuis les vingt-cinq ans qu’il le dirigeait, il me faudrait un volume et je craindrais de blesser la modestie de celui qui aimait autant à se cacher qu’à faire le bien ! Toujours le même, toujours bon, dévoué, mais sérieux, parlant peu et toujours respectueusement, même à la plus petite fille. Jamais un mot qui sentît tant soit peu la familiarité ….
« J’ai eu la consolation de le soigner le dernier jour de sa vie : c’est à peine si j’osais, tant il m’inspirait de respect !…. Sa petite chambre qu’il n’ouvrait à personne était celle d’un vrai pauvre : une planche étroite pour couchette, une vieille natte, un coussin épais d’un pouce, sans draps, un mouchoir de poche sur le coussin, une pauvre couverture, une vieille armoire avec quelques mouchoirs, voilà tout l’ameublement dc sa chambre ; pas de chaise, etc., etc. Quelle pauvreté !
« Il était toujours propre dans son extérieur. Lui demandait-on s’il avait besoin de quelque chose, il répondait invariablement : « Mon armoire en est remplie, je ne saurais où le mettre. » Mais sa mort nous a dévoilé bien des secrets. Le Père Grenier, son aide, nous disait « Que de « ferventes prières et de pénitences sont parties de cette petite chambre ! bien qu’il fût « ingénieux et très rusé pour les cacher. S’il voyait qu’un Confrère en pressentait quelque « chose, il en sortait immédiatement et disait adroitement un mot pour rire, afin qu’on ne « connût pas les actes de rigueur qu’il exerçait sur son pauvre corps. »
« Je vais maintenant vous donner quelques détails sur la maladie, la mort et les funérailles de notre regretté et si saint Père.
« Depuis deux ans, un dérangement d’estomac l’avait beaucoup affaibli ; c’est ce qu’il dit aux orphelines, le 6 juin, jour de sa fête, quand, dans un petit compliment, elles glissèrent la remarque qu’il ne venait jamais plus les voir ! Ce bon Père en eut les larmes aux yeux et leur dit : « Mes enfants, ce n’est pas par indifférence, car mon cœur est toujours près de vous, « vous êtes mon orgueil ! (premier compliment sorti de sa bouche) et tous les jours à l’autel je « prie pour cette maison que j’aime tant ; mais je me trouve fatigué, vieux, cassé, et à peine « puis-je suffire à mes obligations. »
« Le 1er août, le Révérend Père Manissol vint confesser presque toute la journée, à cause de l’indulgence de la Portioncule. Le lendemain mardi , jour de la fête, il se sentit plus fatigué ; notre Mère et ma Soeur Saint-François allèrent le voir le mercredi. Le jeudi, le bon Père eut une forte fièvre que vingt grains de quinine ne purent couper. Le docteur du collège déclara qu’il y avait une congestion au foie ; qu’il fallait au malade des soins assidus et bien exacts. Comme c’est aussi notre docteur, notre Mère lui promit d’y faire veiller, ce dont il fut très content.
« Notre digne Mère m’y envoya à neuf heures du matin. « Vous venez me soigner, me dit-« il , j’en suis très reconnaissant à la Révé¬rende Mère, car je crois être dans un fort pauvre « état ! Ne ferais-je pas bien, tout en soignant mon corps, de prendre les remèdes pour mon « âme ? Qu’en pensez-vous ? me dit-il deux fois, comment me trouvez-vous ? – « Bien « malade, mon Révérend Père, mais il faut espérer que nous vous remettrons sur pied ; nous « prions à cette fin. »
« Le Révérend Supérieur du Collège vint vers dix heures. Le bon Père Manissol se confessa, et après je le vis plusieurs fois joindre les mains et lever les yeux vers le ciel, avec le calme des saints !… Comme je lui dis que les enfants se succédaient à la chapelle pour prier, il me dit : « Oh merci ! je sais que je suis entre bonnes mains pour tout, mais qu’on ne se « fatigue pas trop ! » Après, il eut un peu de délire. Il croyait voir les enfants en prière ; il crut aussi recevoir la nouvelle de la mort de son père âgé de quatre-vingt-huit ans; il parla de sa soeur.
« A quatre heures, la sueur fut abondante et la faiblesse très grande. On lui donna l’Extrême-Onction, après laquelle il expira tranquille¬ment, le même jour et à la même heure que ma soeur Saint-Patrice, 5 août, à 6 heures du soir.
« La cloche apprit aux chrétiens la maladie et la mort de leur digne Missionnaire et bon Père ; ils se portèrent en foule à l’église, où le corps fut exposé de suite à leur vénération. Ce n’étaient partout que larmes et sanglots.
« A huit heures du soir, matines au couvent, et tous les fidèles s’y portèrent en foule. Prières toute la nuit ; trois prêtres veillaient avec les chrétiens. De grand matin confessions ; à huit heures grand’¬messe, corps présent ; toutes nos enfants firent la sainte Communion. Pendant la journée l’église a été remplie d’hommes, de femmes et d’enfants de toutes les religions. Nos élèves y allaient avec nous par bandes faire le chemin de la croix ou réciter le chapelet. Durant ce temps les ouvriers creusaient dans le chœur, du côté de l’Évangile, le tombeau de notre bon et vénéré Père. Les plus notables parmi les chrétiens étaient là pour surveiller et diriger ce pénible ouvrage, essuyant de temps en temps les larmes dont leurs yeux étaient remplis.
« Le soir, à cinq heures, vêpres et procession avec le corps autour de l’église. Je n’ai jamais vu une telle foule et des témoignages plus sincères de religieuse sympathie. Le respectable Supérieur du collège fit l’absoute ; il ne pouvait retenir ses sanglots qui voilaient sa faible voix. Treize prêtres l’assistaient, tous partageaient ses sentiments envers leur vénéré défunt. Le gouverneur de Pinang, le chef de l’armée, le secrétaire du gouverneur, les gros marchands païens, protestants et mahométans, tous étaient là, exprimant tout haut leur douleur comme leur estime et leur vénération pour, disaient-ils, « le meilleur des hommes, le conseiller et l’ami de tous. » Le juge protestant disait : « Quelle perte que celle d’un homme « de tant de mérite et de savoir ! » Ils disent que c’est une perte immense, quoi¬qu’ils ne connaissent que son utilité extérieure. Mais nous, que ne devons-nous pas dire ? Dieu en connaît la grandeur, et pour la Mission, et pour notre maison surtout.
« Oh ! comme la sainte Vierge doit l’avoir bien reçu dans le royaume de son divin Fils ! car, pendant sa vie, ce bon Père aimait à l’invoquer, à prononcer son nom avec une tendresse, une confiance filiale et sans bornes. Souvent, quand il nous parlait d’elle, nous avons vu et compris combien il la chérissait. »
M. Claude Manissol était né le 6 mars 1826 à Saint-Romain dUr¬phé, au diocèse de Lyon. Il fut ordonné prêtre dans son pays et y exerça le saint ministère jusqu’au 16 juin 1855, date de son entrée au Séminaire des Missions Étrangères. Il partit pour la Malaisie le 13 juillet de l’année suivante.
Références
[0693] MANISSOL Claude (1826-1881)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1880, p. 75. - A. M.-E., 1914, p. 80.
Le petit sém. Saint-Jodard, p. 421.
Notice nécrologique. - C.-R., 1881, p. 125.