François BONNETRAINE1843 - 1917
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0932
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1867 - 1874 (Mysore)
- 1877 - 1917 (Mysore)
Biographie
[0932] François-Ernest BONNETRAINE naît à Metz le 6 novembre 1843, dans une famille profondément catholique, une famille modeste de Lorraine, propriétaire d'une petite boulangerie. Le père meurt, laissant sa veuve seule avec six enfants en bas âge. Tout en dirigeant son commerce, elle surveille l'éducation morale et religieuse de ses enfants.
Elle confie le jeune François aux Pères Jésuites du Collège Saint-Clément de Metz. Après sa rhétorique, François songe à entrer au noviciat des Jésuites, mais d'accord avec son directeur, il entre au Grand Séminaire de Metz, en octobre 1861. Il y trouve un condisciple appelé à devenir plus tard son évêque (Mgr Kleiner). En effet, il décide d'entrer au Séminaire des Missions Etrangères où il est ordonné prêtre en 1866.
Au Mysore, un esprit mesuré et audacieux, un bâtisseur infatigable, partout où il passe
Il reçoit sa destination pour la Mission de Mysore. Au mois de mai, il arrive à Bangalore. Il y reste quelques semaines pour apprendre le tamoul et l'anglais. Après un court séjour dans la paroisse de Mattigiri (1), il est transféré à Mysore en juin 1868. Il y continue l'étude des langues et c’est là que l’on remarque son esprit observateur. Il se montre un critique réfléchi à l’évaluation sure, qui a le talent de deviner avec une rare prévoyance des possibilités que des esprits plus craintifs sont tentés de regarder comme des utopies.
Aide active aux victimes de la grande famine 1876–1878
Il tombe malade et doit rentrer en France en 1874. Il revient en Inde en 1877. A ce moment-là, une grande famine y sévit dans le sud. En raison d'une longue sécheresse, les victimes se chiffrent par centaines de milliers dans la seule province de Mysore. On organise des secours pour recueillir les enfants abandonnés par leurs parents, soit morts, soit en fuite. C’est le commencement de ces fermes orphelinats, dont un certain nombre existent encore aujourd'hui.
En septembre 1878, le P. Bonnetraine fonde, en pleine campagne, le centre de Siluvaipuram (1). Après avoir essayé plusieurs endroits, il en choisit l’emplacement définitif à côté d’un grand étang, en tenant compte des grands vents et orages saisonniers. Il y fait construire un orphelinat bien aménagé. Mais l'évêque ayant besoin de lui pour un autre poste, le nomme aumônier du couvent du Bon Pasteur à Bangalore.
L’hôpital catholique de Bangalore
Cette nomination est à l’origine de la fondation de l'hôpital Sainte-Marthe. Il parle en effet à la Révérende Mère Marie de la Visitation, Supérieure du Couvent du Bon Pasteur, de son projet de fonder un hôpital catholique, dans lequel, tout en soignant les maladies du corps, on essaierait de gagner les âmes à la vraie foi. La Supérieure promet d'aider le Père dans toute la mesure de son pouvoir. Mais, pour fonder un hôpital, il faut un emplacement favorable. Il faut de l'argent, il faut également un personnel considérable. Où trouver toutes ces choses ?
Les hôpitaux dans la principauté de Mysore sont alors dans un état lamentable. Le médecin en chef, un catholique irlandais, le Dr Mc Gann, désire depuis longtemps être secondé par des Religieuses, car les infirmières laïques sont loin de donner satisfaction. Des démarches sont donc entreprises auprès des autorités anglaises et indiennes auxquelles l’on soumet le projet de bâtir un hôpital catholique dans de "Cantonment" (le quartier de la ville abritant les casernes de soldats anglais et indiens) et celui de faire venir des Soeurs pour l'hôpital civil de "Bowring". Les deux demandes sont accordées.
Après divers refus, Mgr Coadou écrit au P. Bareille, malade en France, qui a recommandé les Soeurs de Saint-Joseph de Tarbes. Malheureusement, cette communauté n'a ni le personnel ni les ressources suffisantes pour entreprendre l'oeuvre rêvée. En effet, cinq Religieuses, arrivées pour prendre en main l'hôpital "Bowring" déclarent, dès qu'on leur parle de la fondation projetée, qu'elles ne peuvent se lancer dans une oeuvre aussi incertaine que celle d'un hôpital libre. Le P. Bonnetraine écrit à ce moment-là : "C'est un peu avant l'arrivée de ces Soeurs que j'essayai d'acheter "la Grange" à côté du couvent où nous pensions alors établir notre hôpital. Le propriétaire demanda 15.000 roupies et nous n'en avions que 13.000 recueillies par souscriptions. Alors, je pressai la Mère Supérieure de profiter de l'état misérable de l'hôpital du Pettah pour fonder là-bas une oeuvre de charité et être le commencement d'autres bonnes oeuvres. La Mère de la Visitation (Bon Pasteur), fut loin d'approuver ce projet, mais elle finit par céder. Aidé du capitaine McIntyre, je fus mis en possession du beau terrain sur lequel est bâti maintenant l'hôpital Sainte-Marthe. L'hôpital fut ouvert en 1886." C'est le P. Bonnetraine qui en surveille les travaux.
Semeur d’églises
Après un court séjour à Taypalayam où il établit une ferme orphelinat, Mgr Coadou l'envoie à Settihally (2) en 1888. Il dote son poste d'un grand dispensaire qui peut recevoir de 25 à 30 malades et d'un nouveau couvent. Vers la fin de 1897, il va à Magghe où il édifie une belle petite église et un presbytère, puis à Gadanhally où il construit le presbytère et à Hassan où il restaure l'église et bâtit une petite maison pour le prêtre. Enfin, à Dasapura, il érige également une église.
La maladie et la fatigue le ramènent à l'hôpital Sainte-Marthe vers 1901. Il se rend compte que le Collège Saint-Joseph à Bangalore se préoccupe surtout des enfants européens et eurasiens. Il veut qu'on ouvre des internats pour les Indiens de haute caste, comme les Brahmines. Son idée est finalement adoptée : la section indienne du Collège Saint-Joseph est ainsi créée.
Il pense aussi à une oeuvre pour l'hébergement des vieillards. Il est si persuasif, qu'on appelle les Petites Soeurs des Pauvres. Il les aide à s'établir, et se montre toujours généreux quand les Petites Soeurs viennent quêter. Une fois, il leur dit : "J'avais l'intention d'aller voir mon neveu à Hong-Kong, mais voici l'argent de ce voyage pour votre chapelle, il sera mieux placé."
Actif supérieur du Sanatorium Saint Théodore dans le diocèse de Coimbatore
La surdité s'accentuant de plus en plus avec les années, il se voit obligé, malgré son ardeur toujours juvénile, de renoncer au ministère actif. On le nomme en 1905 Supérieur du Sanatorium Saint Théodore à Wellington dans les Nilgiri. Cette maison est un centre d'accueil et de repos pour les Pères des Missions Etrangères du Sud de l'Inde. Le P. Bonnetraine prodigue aux confrères tous les soins que leur état de santé réclame. Il aménage un grand jardin où fruits et légumes d'Europe sont cultivés au profit des estomacs délabrés. Pruniers, pêchers, poiriers et pommiers font la traversée de la mer pour prendre place dans ce jardin ainsi que quelques plants de raisin chasselas, qui finalement s'acclimate très bien au pays. La bibliothèque reçoit de lui l'attention nécessaire. Le nombre des volumes augmente chaque année.
A la tête de ce sanatorium, le P. Bonnetraine est, comme on peut s’y attendre, un bon administrateur. Comme chez lui, la source d'idées fécondes et de plans ne tarit pas, il trouve la solution d'un problème qu'il désire résoudre pour le plus grand bien des confrères. Le Sanatorium joue incontestablement son rôle, mais lorsqu'il s'agit de malades ayant besoin de fréquentes visites médicales et de soins spéciaux, il faut autre chose. Il élabora alors un plan qu'il soumet aux Supérieurs des Missions et au Séminaire de Paris. Il y a à Bangalore, dans un bon climat, un hôpital dirigé par les Soeurs du Bon Pasteur, avec des spécialistes en nombre dans la ville même. Le Père propose donc de bâtir sur le terrain même de l'hôpital un pavillon destiné aux missionnaires malades. Le projet est approuvé et ce pavillon se montre très utile. Il accueille non seulement les missionnaires locaux, mais ceux des Missions plus lointaines. Le P. Bonnetraine, bâtisseur infatigable, construit également la belle chapelle du Sanatorium.
Retour au Mysore
En 1913, il quitte la montagne pour revenir dans le diocèse de Mysore. La guerre éclate en 1914 et son évêque a besoin de lui pour son Petit Séminaire à Bangalore. Il accepte, malgré ses 72 ans. Bien qu’à nouveau en proie avec la "maladie de la pierre", il construit une nouvelle maison, pour que ses séminaristes aient plus de confort.
Tout en menant à bien tous ces travaux matériels, le P. Bonnetraine est prêtre et apôtre dans toute la force de ces termes. Gai et plein d'entrain, il a une foi profonde. Il vit du surnaturel et dans tout ce qu'il entreprend, il vise la gloire de Dieu et le salut des âmes. Il fait de longues visites au Saint Sacrement et célèbre la Messe avec beaucoup de recueillement et de piété. Il prêche de nombreuses retraites aux Religieuses, les prémunissant contre la routine d'une vie quotidienne trop passive et les engageant à être de vraies missionnaires.
Le 31 mars 1917, il s'éteint doucement après une courte maladie à l'hôpital Sainte-Marthe, l'hôpital qu'il a tant travaillé à fonder, en apportant toute sa collaboration aux Soeurs du Bon Pasteur d'Angers.
1 – villes proches de Bangalore.
2 – Les villes et villages, cités dans la suite de cet alinéa, se situent au nord et au nord est de la ville de Mysore
Références
[0932] BONNETRAINE François (1843-1917)
Références biographiques
AME 1898 p. 167.
CR 1880 p. 86. décembre 1884 p. 143. 1885 p. 127. 1888 p. 271. 1889 p. 233 sq. 1890 p. 191. 1894 p. 280. 1902 p. 271. 272. 370. 1903 p. 278. 279. 379. 1904 p. 265. 1905 p. 260. 284. 1906 p. 308. 1907 p. 380. 1908 p. 255. 256. 283. 1909 p. 252. 294. 347. 1911 p. 247. 1912 p. 310. 311. 443. 1915 p. 104. 1916 p. 167 +. 1917 p. 149. 239 +. 1919 p. 128. 1935 p. 220. 1947 p. 91.
BME 1922 p. 110. 1926 p. 686. 687. 688. 691.
EC RBac N° 188/285.