Eugène COUPAT1842 - 1890
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 0955
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1868 - 1882 (Chengdu)
- 1882 - 1890 (Chongqing [Chungking])
Biographie
[0955] COUPAT Eugène-Paul -il prit ce dernier prénom lors de sa consécration épiscopale- naît à Eglise-Neuve-des-Liards (Puy-de-Dôme), le 8 juin 1842. Elève du collège universitaire d'Issoire et du collège ecclésiastique de Billom, aspirant du Séminaire des MEP le 30 août 1864, prêtre le 15 juin 1867, il part le 15 septembre suivant pour le Se-tchoan occidental.
Chine (1867-1890)
Il débute dans le poste de Ou-mien-chan, district de Kiong-tcheou, où il éleve un oratoire, et quatre ans plus tard, Mgr Pinchon le charge de Su-lin, région très troublée à la suite d'une persécution. Grâce à ses qualités diplomatiques qui lui assurent l'aide des mandarins, il ramène la paix dans les esprits.
Il reconstruit l'oratoire, suscite beaucoup de conversions, et sans rien négliger dans son poste, il traite heureusement les procès occasionnés par les persécutions dans trois districts voisins.
En 1875, on lui confie le district de Lin-choui, d'où la persécution le chasse quelques mois après. Il rassemble aussitôt ses chrétiens à Kan-ki-tchang, petit marché de la préfecture de Kouang-gan, et grâce à sa persévérance, il finit par obtenir un arrangement, qui lui permet de rentrer à Lin-choui avec les catholiques. Il rebâtit les oratoires détruits et en édifie un autre à Fong-ho-tchang.
Le 28 août 1882, il est nommé évêque de Tagaste et coadjuteur, avec future succession, de Mgr Desflèches, vicaire apostolique du Se-tchoan oriental. C'est un fait assez rare qu'un missionnaire soit nommé vicaire apostolique dans une mission qui n'est pas la sienne. Les circonstances difficiles que traverse le Se-tchoan oriental, les désirs de Mgr Desflèches exprimés dans une lettre du 24 octobre 1881, constituent, avec les qualités du P. Coupat les motifs de cette élection. Il est sacré le 31 décembre 1882, à Tchong-king.
Mgr Desflèches ayant démissionné le 20 février 1883, le coadjuteur devient vicaire apostolique du Se-tchoan oriental.
Il visite en quelques mois les chrétientés situées dans les préfectures de Tchong-king, Tchong-tcheou, Kouy fou, Siu-tin. Il revoit et corrige le catéchisme de la mission, qui est en même temps celui des missions du Se-tchoan occidental, du Se-tchoan méridional, du Yun-nan et du Kouy-tcheou.
Il s'applique à développer le petit et le grand séminaire, ordonne 9 prêtres, construit un hôpital, réédifie sur un plan plus vaste l'orphelinat de Tchong-king et la résidence épiscopale.
Cependant, le 1er juillet 1887, cette résidence ainsi que de nombreuses chapelles et résidences dans les districts sont incendiées par les païens persécuteurs. Les troubles apaisés, l'évêque installe provisoirement les deux séminaires à Cha-pin-pa, et il s'efforce de relever les ruines de la mission.
En 1888, une nouvelle persécution se déchaîne à Long-choui-tchen. Sa santé très éprouvée depuis deux ans s'altère de plus en plus, et le 26 janvier 1890, il succombe à Tchong-king.
Il est inhumé le 29 janvier dans le cimetière de Tsen-kia-gay, à une lieue de la ville.
Il avait reçu en 1884 la lettre circulaire de la Propagande Quos ex decreto (Acta S. Sedis, xvi, p. 552), du 16 avril, qui ordonnait la tenue des synodes en Chine. Les circonstances difficiles que traversaient alors son vicariat et les vicariats de la Chine tout entière, firent surseoir à l'exécution de cet ordre.
Nécrologie
NÉCROLOGE
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MGR COUPAT
ÉVÊQUE TITULAIRE DE TAGASTE, VIVAIRE APOSTOLIQUE
DU SU-TCHUEN ORIENTAL.
Né....... le 8 juin 1842.
Parti... le 15 septembre 1867.
Mort... le 26 janvier 1890.
Parlant de la mort de Mgr Coupat dans le compte-rendu de la mission du Su-tchuen, M.Blettery écrit ces lignes qui expriment bien les regrets des missionnaires et la grandeur de la perte que la mission a faite dans la personne de son premier pasteur. « C’est un malheur irréparable, Monseigneur était au courant des besoins de sa mission ; l’influence qu’il exerçait sur les mandarins, son habileté dans les affaires chinoises, sa connaissance de la langue lui donnaient une autorité qu’il n’est accordé qu’à peu de personnes d’acquérir, et qui le mettait à même de rendre d’immenses services. »
« Mgr Paul (1) Eugène Coupat, écrit M. Bonnet, naquit à Eglise-Neuve-des-Liards, diocèse de Clermont, le 8 juin 1842. Il apprit les éléments des lettres latines au collège universitaire d’Issoire. Il aimait à raconter que là l’aumônier l’avait nommé, quoique petit enfant, sacris-tain et servant de messe. A l’âge de quatorze ans, il alla faire ses humanités au collège ecclésiastique de Billom. Puis, se sentant appelé à la vocation apostolique, il entra au grand séminaire de Clermont, où il étudia deux ans la philosophie. De là il se rendit, en 1864, au séminaire des Missions-Étrangères de Paris pour y faire ses études théologiques et se préparer à vie de missionnaire. Il s’y distingua par sa piété, son amour du culte divin et une application spéciale au chant liturgique : il tint un ou deux ans l’orgue de la chapelle des aspirants.
« Prêtre le 13 janvier 1867, il partit peu après pour le Su-tchuen occidental. En route, et comme la barque qu’il montait avec quelques autres confrères sur le fleuve Bleu venait d’entrer dans les eaux du Su-tchuen, un terrible accident donna à Mgr Coupat l’occasion de prodiguer avec héroïsme les richesses de bonté et de courage dont son cœur était plein. En passant le dangereux rapide de Hia-ma-t’an (deux lieues au-dessus de la ville de Ou-chan), dans une fausse manœuvre, deux confrères MM. Landes et Marais, furent jetés violemment à l’eau par le câble de halage. M. Landes, heureusement, put saisir au fond de l’eau la partie submergée du câble et revenir sur la barque. Mais M. Marais s’en allait rapidement à la dérive, disparaissant et reparaissant tour à tour. M. Coupat n’écoutant que son cœur, se jette à la naga et vole au secours de l’infortuné. Hélas ! il avait trop présumé de ses forces et n’avait point compté avec le froid de la saison (décembre), la violence du courant et les caprices des tourbillons. Après un quart d’heure de vains efforts pour sauver son camarade, il est lui-même à bout de forces, perd connaissance et, entraîné par le courant, flotte entre deux eaux, grâce au mouvement que, machinalement, il continuait à faire. C’en était fait de lui comme du pauvre
(1) Le nom de Paul lui fut imposé par S. G. Mgr Desflèches lors de sa nomination à l’épiscopat.
M. Marais, dont le corps ne fut retrouvé que quatre jours après, dans les eaux du Hou-pé, si, par un coup de la Providence, une petite barque n’était venue le recueillir et le reconduire à la barque commune. A force de soins intelligents, les trois confrères qui restaient parvinrent à le ramener à la vie. Il était sauvé, mais blessé gravement et pour toujours (1), un crachement de sang le prit, qui ne cessa qu’après un an de soins et de remèdes.
« A peine était-il rétabli, que Mgr de Polémonium le chargea du poste de Au-mien-chan (district de Kiong-tcheou) où, pour réunir en une seule paroisse quatre ou cinq stations voisines, il bâtit un bel oratoire. Les chrétiens qu’il sut enflammer du zèle qui le brûlait, contribuèrent beaucoup à cette construction ; mais il dut, pour achever son entreprise, s’imposer bien des privations et prendre sur son maigre viatique de missionnaire. On dit même qu’une fois, étant à court d’argent, il dut mettre ses effets au tang-phu, sorte de mont-de-piété à forte usure. La visite des chrétiens et ses travaux de construction lui prenant toute sa journée, il se leva pendant longtemps à quatre heures du matin pour étudier le chinois tant écrit que parlé. Avant la sainte messe, il avait donc déjà fait deux heures d’étude.
« Quatre ans après, il était appelé au poste de Su-lin-hien, que la persécution venait de mettre en complet désarroi. Il eut bien vite pacifié le pays. Ses talents diplomatiques, sa connaissance approfondie de la langue chinoise et sa prière auprès de Dieu purent obtenir, pour l’aider en cette difficile besogne, l’appui des mandarins, le renouvellement des chrétiens et la bonne volonté des païens de l’endroit.
« La paix rétablie, il se mit résolument à la visite régulière des chrétiens et à l’œuvre de la conversion des païens : on compta, en peu de mois, jusqu’à un millier de nouveaux convertis. Il entreprit encore là, avec succès, la construction d’un oratoire plus beau que celui que les païens venaient de démolir. Cela demandait des sommes considérables, et son pauvre budget, malgré toutes sortes d’économies et de mortifications, n’y eût pas suffi, si son éloquence et son zèle communicatif n’eussent mis à contribution les bateliers et les marchands chrétiens du lieu ou de passage.
« Pendant son séjour à Su-lin (dix-huit mois) il put, sans négliger son propre district et par ordre de son vicaire apostolique, traiter heureusement les procès de persécution de trois districts environnants.
« En 1875, son habileté le désigna encore au choix de son supérieur pour le district de Lin-chong, poste alors excessivement difficile : trois persécutions successives l’avaient bouleversé de fond en comble. M. Coupat n’était pas arrivé depuis un an, qu’une nouvelle épreuve vint troubler ce pays ; c’était le contre-coup de la fameuse persécution de Kiang-pée, préfecture limitrophe de Lin-chaong. Tous les chrétiens sont en fuite : une trentaine d’eux sont massacrés ; leurs maisons sont pillées, puis brûlées. Leur nouveau pasteur se réfugie à Kun- ki-tchang, marché de la préfecture de Kouang-gan, sur la frontière du district. Il rassemble là ses brebis dispersées, et pendant treize mois leur prodigue, au prix de mille sacrifices et de mille industries, les soins matériels et spirituels que réclamait leur malheureuse position. En même temps, avocat aussi habile qu’heureux, il travaillait à obtenir des mandarins supérieurs et de leurs deux commissaires, un arrangement qui permit à la fois de pacifier le pays et de donner aux chrétiens un dédommagement avec la liberté de se rapatrier.
« Il réussit. Les chrétiens revinrent à leurs foyers ; lui-même put retourner à son poste, rebâtir ses deux oratoires démolis et en construire même un troisième dans le marché de Foug-ho-tchang. Mais ce dernier lui coûta cher, on attenta même à sa vie.
(1) Tous ici s’accordent à voir dans cet accident la cause de la maladie qui vient de l’enlever à notre affection.
« Un jour qu’il était allé avec le mandarin constater des dégâts faits à cet oratoire encore en construction, son palanquin, entouré par la populace, fut arrêté dans la rue et, au milieu des cris de mort, balancé comme sur les flots d’une mer houleuse. Les porteurs étaient bousculés avec violence, l’un d’eux eut même la queue de sa chevelure counée. Heureusement ces quatre gaillards tinrent bon. S’ils avaient seulement déposé leur fardeau, c’en était fait de M. Coupat. Sauvé comme par miracle, il avait, avant l’événement, fait le sacrifice de sa vie, et, le moment du danger venu, il ne sourcilla même pas.
« Son district allait prospérant tous les jours davantage, quand, le 28 août 1882, par un choix tout à fait exceptionnel, le Saint-Siège l’élut évêque de Tagaste et coadjuteur avec future succession de Mgr Desflèches, vicaire apostolique du Su-tchuen oriental.
« Peu après, notre vénéré vicaire apostolique ayant démissionné à cause de son grand âge et de ses infirmités, Mgr Coupat fut nommé vicaire apostolique du même Su-tchuen oriental.
« Evêque, il demeura ce qu’il avait été prêtre, plein de zèle pour la propagation de la foi. Sa sollicitude s’appliqua d’abord à la prospérité du grand et du petit séminaires, dont il encourageait les élèves par de fréquentes visites, des allocutions touchantes et empreintes d’une affection vraiment paternelle. Sa-Grandeur crut que le moment était venu où on pouvait observer la grande règle des interstices pour l’avancement aux ordres et la pratiqua. Elle a ordonné neuf prêtres et laisse en mourant deux diacres, un sous-diacre, quelques minorés et quelques tonsurés.
« Les pauvres furent aussi l’objet de ses soins, l’argent de sa cassette particulière passait tout entière entre leurs mains. Dès sa première année, Monseigneur bâtit un hôpital, s’occupa de l’œuvre des mendiants, fondée par Mgr Desflèches, et donna un nouvel essor à l’œuvre de la Sainte-Enfance. L’hiver dernier, il avait commencé la reconstruction, sur un plan plus vaste, de l’orphelinat de Tchong-kin.
« A son arrivée, l’ancienne résidence épiscopale était encore composée d’un ramassis de pauvres maisons qu’on avait achetées peu à peu et qui tombaient en ruine. Il entreprit de la rétablir de fond en comble et se mit aussitôt à l’œuvre.
« Les travaux une fois en train, Sa Grandeur désireuse de connaître à fond la mission, commença sa visite pastorale. En deux mois, elle parcourut successivement les vingt et quelques sous-préfectures dépendant des préfectures de Tchong-kin, Tchong-tcheou, Kouy-fou, Su-tin. Dans cette visite, Monseigneur prêchait presque tous les jours, confessait bien souvent, et aidait de ses conseils et de ses encouragements les missionnaires et les prêtres indigènes. Il se proposait de visiter les deux autres tiers de la mission et formait cent projets pour faire progresser les œuvres existantes et en créer de nouvelles, quand la persécution de 1886 vint tout-à-coup l’arrêter en si beau chemin et navrer son cœur d’apôtre et de père.
« Le 1er juillet 1887, dans l’après-midi, Monseigneur vit une foule furieuse envahir sa demeure et la piller sous ses yeux malgré toutes ses bonnes paroles. Puis, l’incendie commencant, il dut en sortir avec les six missionnaires qui s’y trouvaient et se réfugier au prétoire du tao-tai, premier mandarin du Su-tchuen oriental. Ce qu’il souffrit là de peines physiques et morales est difficile à décrire. Logé pendant six mois, dont deux au fort de la canicule, dans un étroit et infect réduit, sa figure s’était entièrement couverte de furoncles et était devenue méconnaissable. Au moral, du 1er juillet au 15 septembre que le traité avec le mandarin fut signé, pas un jour ne se passa sans mauvais traitement, ou au moins sans menace. On se rappelle qu’à cette époque tous les oratoires, tous les collèges, toutes les écoles et presque toutes les stations des districts de Pa-hien, Ta-tsin et Tong-liang, furent pillés et incendiés ; un confrère, M. Ouvrard, périt en route de fatigues et d’émotion pendant que les pillards le poursuivaient. Durant ces six mois, douleurs, craintes, sollicitudes, insultes, cabales des mandarins (cinq contre lui seul), s’unissaient pour torturer l’âme de notre pauvre évêque.
« Dès que le calme revint, après s’être loué une maison en face de l’ancienne résidence, son premier souci fut de rassembler les élèves des séminaires. De tous nos établissements du Pa-hien, une seule maison avait été sauvée, celle de Cha-pin-pa, à trois lieues de Tchong-kin, qui servait aux malades et aux nouveaux confrères. C’est là que Sa Grandeur installa provisoirement les deux séminaires. Ils y sont bien à l’étroit, mais enfin les anciennes traditions de travail et de piété s’y conservent, et la règle y est observée comme autrefois dans les anciens établissements que la persécution a détruits.
« Monseigneur y allait souvent prendre un ou deux jours de repos. Sa santé eût certes demandé mieux encore : la maladie qu’il avait contractée en entrant au Su-tchuen avait reparu au milieu des angoisses et des fatigues de la persécution. Chaque mois, deux, trois, quatre hémoptysies plus ou moins graves se déclaraient. Ses confrères lui ont conseillé d’aller demander la santé loin du trouble et des affaires , à un meilleur climat, à de plus habiles médecins. Il résistait toujours. Un jour même, il se mit à pleurer en nous disant : « De grâce, « ne me parlez plus de ce voyage, je veux vivre, souffrir et mourir au poste. »
« Sur ces entrefaites, au mois de juillet 1888, un nouveau malheur vint l’abreuver de tristesse. L’oratoire de Long-chong-tcheu, détruit en 1886, était relevé ; la reconstruction allait être terminée, lorsqu’une nouvelle persécution le renversa de nouveau et mit toute cette station, une de nos plus belles, au pillage et à la misère. Je ne parle pas des lenteurs que les mandarins apportèrent à arrêter la marche de la persécution et à nous rendre justice, ni des nombreuses avanies que leur mauvais vouloir fit subir à Monseigneur. Qu’il me suffise de dire que sa santé alla toujours en déclinant. L’été dernier, après avoir souffert des fortes chaleurs plus que de coutume, il passa deux mois entiers sous l’étreinte d’une maladie fort grave : le premier mois (septembre), il crachait le sang presque chaque jour : le mois suivant, les crachements de sang avaient cessé, mais alors vinrent des évanouissements fréquents, jusqu’à huit par jour. Dans ces crises qui ne cessaient qu’après un long et violent massage sur la région du cœur, le pauvre évêque versait malgré lui des larmes en abondance, et sa physionomie prenait une expression de douleur résignée qui nous fendait le cœur.
« Cependant les crises disparurent fin octobre et, malgré un malaise général, le prélat avait repris le cours ordinaire de ses occupations, quand, le 25 janvier dernier, en sortant du dîner de la communauté, une forte toux le prend subitement, accompagnée d’abondants vomissements de sang, et ne le quitte plus. Un médecin anglais de la mission protestante est appelé en toute hâte. Ce médecin y met tout son dévouement, emploie toutes sortes de remèdes, rien n’y fait. La toux et le vomissement de sang continuaient de plus belle : un accès toutes les quatre ou cinq minutes. Vers dix heures du soir, voyant que l’état de notre vénéré malade allait en empirant, M. Blettery, pro-vicaire, lui demanda s’il voulait recevoir le saint Viatique et l’Extrême-Onction. Monseigneur répondit en souriant: « Très bien, très bien, le « plus tôt est le meilleur. » Il arrangea alors en peu de mots ses affaires de famille, et se prépara avec ferveur aux derniers sacrements qu’il reçut vers onze heures, avec dévotion et en pleine connaissance: il répondait même exactement aux prières liturgiques.
« Après l’Extrême-Onction, il adressa aux six confrères présents et par eux à tous ses missionnaires et prêtres indigènes quelques mots d’adieu et d’excuses et les bénit. Puis, après une allocution humble à la fois et paternelle aux domestiques de la maison, il les bénit aussi.
« Depuis lors, il resta recueilli, en action de grâces, attendant avec un calme admirable le moment où Dieu viendrait prendre son âme. Pas un mot vif, pas un mouvement brusque. Il n’interrompait le silence prescrit par le médecin que pour réciter, de temps en temps, à voix basse, les trois invocations : « Jésus, Marie, Joseph, je vous donne mon cœur, mon esprit et « ma vie, ect… » Enfin, vers cinq heures trois quarts, au matin du 26 janvier, comme il commençait les mêmes invocations, à peine le premier nom de Jésus était-il prononcé que Sa Grandeur, alors assise sur le lit, s’affaissa sur elle-même et inclina doucement la tête ; puis, tandis qu’un confrère lui donnait une dernière absolution, rendit le dernier soupir.
« Cet événement, aussitôt connu dans la ville, fut comme un coup de foudre pour nos chrétiens. Ils ne savaient comment exprimer leurs regrets et leur douleur. Pendant les deux jours qu’ont duré les funérailles, ils sont venus, en groupes nombreux et sans discontinuer, voir une dernière fois les traits de leur premier pasteur : en même temps, nos trois oratoires de la ville ne désemplissaient pas de fidèles qui se succédaient jour et nuit pour chanter l’office des morts.
« Les païens eux-mêmes se sont associés à notre deuil. Le préfet de la ville est arrivé immédiatement et a voulu voir notre regretté défunt. Il a admiré l’expression de calme et de joie sereine qu’avait gardée sa figure : « L’évêque n’est pas mort, s’écria-t-il, on dirait qu’il « va me parler… Bonne mort ! bonne mort ! » Après lui, tous les mandarins civils et militaires sont venus aussi. Dans la bouche de tous la même parole: « Quelle bonne mort ! l’évêque « n’est point changé. »
« Le 29 janvier, à huit heures du matin, mille chrétiens en habits de deuil, les deux pro-vicaires, quatre missionnaires européens et cinq prêtres indigènes conduisaient, au chant des prières, notre regretté vicaire apostolique vers sa dernière demeure.
« La foule des païens, qui se pressait au passage le long des rues, s’est tenue respectueuse et digne. Le cortège funèbre avait été organisé par nous de la façon la plus modeste, comme le demandaient les conditions de notre existence en ce pays et, comme Monseigneur lui-même l’avait formellement ordonné avant de mourir. Mais, quelques mandarins qui ont même envoyé leurs représentants à la cérémonie, nous ont forcés d’accepter une garde d’honneur et un certain apparat que la présence de cette garde réclame : deux trompettes guerrières au son lugubre ouvrant la marche, puis, à la suite de la croix, vingt soldats en grande tenue, vingt-huit insignes mandarinaux, etc., etc.; ce qui n’a pas peu contribué, je crois, au maintien de l’ordre dans les rues.
« Mgr Coupat a été inhumé à Tsen-kiagay, petit terrain de l’église à une lieue de la ville de Tchong-kin. Sa Grandeur en mourant avait elle-même désigné cet endroit où elle avait d’ailleurs l’intention, depuis trois ou quatre ans, d’ériger un petit cimetière pour les missionnaires européens. »
Références
[0955] COUPAT Eugène (1842-1890)
Armes. - D'argent au Sacré-Cœur de gueules, à la croisette d'or et à la couronne d'épines de sinople.
Devise. - In te speravi.
Bibliographie. - Ouvrage revu par lui :
< AUT > Chén kiáo iáo li (Catéchisme) [du Se-tchoan, Yun-nan, Kouy-tcheou]. - Imprimerie de Nazareth, Hong-kong, 1884 ; nouv. édit., 1904, in-8, pp. 102.
Id. - Imprimerie de la Sainte-Famille, Cha-pin-pa (Se-tchoan oriental).
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1876, p. 10 ; 1881, p. 25 ; 1882, p. 27 ; 1883, pp. 52, 54, 133 ; 1884, pp. 43, 44 ; 1885, p. 44 ; 1886, p. 42 ; 1887, p. 67 ; 1888, pp. 67, 243.
A. P. F., xlvii, 1875, p. 95 ; xlix, 1877, Persécution à Lin-choui, p. 422 ; lix, 1887, pp. 154, 166 ; lxii, 1890, p. 233. - A. S.-E., xxxiii, 1882, L'infanticide en Chine, p. 4 ; xxxix, 1888, Exécution du chrétien Lo-pao-tche, pp. 291, 369. - M. C., vi, 1874, Martyre de trois catéchumènes, p. 579 ; viii, 1876, Persécution au Se-tchoan, pp. 589, 590 ; ix, 1877, Résumé des malheurs de Lin-choui, p. 397 ; xiv, 1882, pp. 461, 472 ; xviii, 1886, Persécution à Tchong-king, pp. 422, 436 ; xxii, 1890, p. 96. - Sem. rel. Clermont, 1882, p. 396 ; 1883, p. 619 ; 1885, pp. 192, 261, 293, 340 ; 1890, pp. 139, 163 ; Ib., Notice, p. 417.
Hist. des relat. de Chine, Tab. alph. - Hist. miss. Kouy-tcheou, Tab. alph. - Les miss. cath. franç., iii, pp. 292 et suiv., 315. - Arm. des Prél. franç., p. 251.
Notice nécrologique. - C.-R., 1890, p. 221.
Portrait. - A. P. F., lxii, 1890, p. 203.