Pierre POUZOL1843 - 1919
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1051
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1870 - 1919 (Pondichéry)
Biographie
[1051] POUZOL Pierre, Georges naît le 9 novembre 1843 à Saint Paulien dans le diocèse du Puy en Haute-Loire. Après ses études secondaires, il entre au Grand Séminaire de son diocèse et rejoint celui des Missions Étrangères en janvier 1867. Il est ordonné prêtre le 28 octobre 1869 et part pour la mission de Pondichéry le 16 mars 1870.
Il est d'abord nommé professeur au Collège Colonial. Trois ans plus tard, il reçoit une nomination en paroisse. Il occupe successivement les postes de Vellore, Lennour, Cuddalore, Karikal et Kurumbagaram.
En 1890, il est appelé au secrétariat de l'évêché et Mgr. Laouënnan le nomme définitivement chancelier et directeur des Soeurs du Saint Coeur de Marie, près de l'évêché. Il exerce cette charge jusqu'à sa mort, pendant 29 ans. Il est pour tous ses confrères un modèle de piété, d'humilité et de régularité. Il aime aller entendre les confessions à la cathédrale toute proche, mais sa principale tâche est la direction des Soeurs indiennes du Saint Coeur de Marie.
Cette congrégation fondée par le P. Duput, MEP, en 1844, voit, après des débuts pénibles, ses membres se multiplier rapidement. Sous la direction du P. Pouzol, elle continue de s'accroître et en vingt ans, le nombre des religieuses double. En 1890, elles possèdent vingt couvents. Aujourd'hui, elles en ont trente cinq. A la demande de Mgr Benzigu, évêque de Quilon au Kerala, elles fondent deux couvents dans ce diocèse et un noviciat pour les vocations de cette province. A Madras, Mgr Aelen leur demande également d'ouvrir un couvent dans son diocèse. Les autres couvents sont disséminés dans les diocèses de Pondichéry et de Kumbakonam.
Le P. Pouzol jouit d'une forte constitution. Toutefois, il doit aller passer, chaque année, quelques semaines à la montagne au moment des grandes chaleurs de la canicule (avril, mai). En 1909, sa santé commence à chanceler. Sa vue s'affaiblit, quelques malaises font même craindre une attaque d'apoplexie. Alors, l’évêque décide en octobre de lui donner un successeur tout en lui décernant le titre de "vicaire général honoraire". Après un séjour à l'hôpital Saint Marthe de Bangalore et au Sanatorium de Wellington dans les montagnes bleues (1), il peut reprendre un poste. Son évêque l'envoie à Pillavandanday où, avec l'aide d'un vicaire, il peut encore prêcher, catéchiser et entendre les confessions.
En septembre 1915, il vient assister à la retraite spirituelle des missionnaires à Kumbakonam. Mais son état de faiblesse est tel qu'il doit retourner à Wellington se reposer. Une nuit, en se rendant à la chapelle, il est frappé d'une apoplexie foudroyante. Les PP. Vieillard, Ligeon et Dépigny qui se trouvent à proximité, accourent et le transportent le malade sur son lit. Le P. Vieillard lui donne une dernière absolution et le vicaire général rend sa belle âme à Dieu.
Voici son testament spirituel : "Ignorant l'heure et le moment où il plaira à Dieu de m'appeler, désirant d'un autre côté employer les derniers instants de ma vie aux intérêts de mon âme, je déclare que le présent écrit est mon testament. Je désire mourir dans le sein de la Sainte Église catholique romaine. Je crois ce qu'elle croit ; je rejette ce qu'elle rejette. Je crois à l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge ; je crois à l'infaillibilité du Pape et à toutes les vérités qu'il lui plaira de définir. Je professe une grande dévotion à l'égard du Saint Coeur de Jésus, que je regarde comme l'arsenal de tout chrétien et qui m'a fait de grandes miséricordes, ce dont je le remercie."
Par ailleurs, toute sa vie, le P. Pouzol voue une tendre dévotion à la Vierge Marie. Il porte sur lui, et cela depuis son arrivée en Inde, une statuette de Notre Dame de Lourdes, qu'il a coutume de montrer aux chrétiens et aux païens en disant : "Avec elle, je ne crains rien." Aussi, demande-t-il qu'on dépose près de lui, dans sa bière, cette statuette et qu'on lui mette son chapelet dans les mains. Son pieux désir est religieusement suivi et accompli.
Nécrologie
M. POUZOL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
M. POUZOL, (Pierre-Georges), né à Saint Paulien (Le Puy, Haute-Loire), le 9 novembre 1843. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 9 janvier 1867. Prêtre le 28 octobre 1869. Parti pour la Mission de Pondichéry le 15 mars 1870. Mort au Sanatorium Saint-Théodore (Indes), le 4 septembre 1919.
D’une nature très réservée M. Pouzol causait peu ; aussi n’avons-nous guère de détails sur ces jeunes années. Nous savons seulement qu’il appartenait à une famille très chrétienne : trois de ses sœurs quittèrent le monde et embrassèrent la vie religieuse.
Au début de sa carrière apostolique il professa au Collège Colonial, alors dirigé par les Pères de la Mission. Trois ans plus tard, nous le trouvons dans le ministère paroissial ; il occupe successivement les postes de Vellore, Lennour, Cuddalore, Karikal, Kouroumbagaram. En 1890, M. Bergès étant tombé malade, il le remplace provisoirement au Secrétariat de l’Archevêché et à la direction de la Congrégation des Sœurs du Saint-Cœur de Marie. Un an plus tard, Mgr Laouënan, alors en France, le nomma définitivement chancelier et directeur de la susdite Congrégation.
M. Pouzol exercera désormais cette double charge jusqu’à sa mort, c’est-à-dire vingt-neuf ans durant, à la satisfaction générale ; tour à tour, Nosseigneurs Laouënan, Gandy et Morel pourront admirer et apprécier la régularité et la discrétion de leur chancelier.
Celui-ci à demeure à la Mission, fut un modèle de piété, d’humilité, de régularité, pour tous ses confrères. Si quelqu’un d’eux paraissait triste, il l’approchait doucement et savait par ses bons conseils le réconforter.
Or l’amour du confessionnal est l’une des marques du bon prêtre. A la cathédrale de Pondichéry, attenante à la Mission, les fidèles affluent toujours, même en semaine, au tribunal de la Pénitence ; M. Pouzol se mettait toujours à leur disposition.
Toutefois la principale tâche de M. Pouzol fut la direction des Sœurs indigènes du Saint-Cœur de Marie. Cette Congrégation, fondée par M. Dupuy en 1844, avait vu, après des débuts pénibles, ses membres se multiplier rapidement. Sous la forte et savante direction de M. Bergès, les Religieuses s’adonnaient avec ardeur à l’œuvre de l’éducation des filles indiennes. L’élan était donné, il suffisait de maintenir en elles l’esprit de piété et de zèle.
Persuadé que l’obéissance à la Règle est la grande sauvegarde des Communautés, M. Pouzol exigera pour elle de la vénération ; il ne permettra jamais, sous quelque prétexte que ce soit, qu’on y déroge. Son intransigeance sur ce point sera sa meilleure prédication, sa meilleure manière de démontrer à ses Religieuses qu’elles doivent y conformer leur conduite avec une parfaite exactitude. Même sévérité au sujet de l’obéissance aux Supérieures ; il accueille avec beaucoup de réserve toute plainte contre l’autorité, il conseille d’obéir quand même. « Pour une religieuse, répétait-il souvent, l’obéissance est la reine des vertus. »
Aussi, sous sa direction, la Congrégation continua-t-elle de s’accroître ; en vingt ans, le nombre des Religieuses doubla. En 1890, elles possédaient vingt couvents, aujourd’hui elles en dirigent trente-cinq. Mgr Benzigu, évêque de Quilon, les appela dans son diocèse et déjà deux couvents et un noviciat pour les filles malabares (côté ouest) y sont installés. A la requête de Mgr Aelen, une autre Maison a été fondée dans le diocèse de Madras. Faut-il d’autres preuves de la vitalité de la Congrégation et de son renom ?
Les autres Couvents se trouvent disséminés dans les Missions de Pondichéry et de Kumbakonam, qui avant 1900, ne formaient qu’un diocèse ; la division de la Mission de Pondichéry n’altéra d’ailleurs aucunement la situation de M. Pouzol.
Dans sa famille l’on vit vieux ; sa vénérable mère est morte il y a très peu d’années, nonagénaire ; ses trois sœurs religieuses sont encore en vie. Lui-même, d’une forte constitution, supporte sans faiblir ni fléchir, le poids des années ; seule, la saison des chaleurs le forçait à quitter Pondichéry et à aller chercher sur les montagnes, un air plus frais. En 1919, les premières chaleurs l’abattirent plus que de coutume ; il partit au Sanatorium de Saint-Théodore à la fin de mars et à son arrivée dit à M. Vieillard : « Cette fois c’est pour tout de bon, vous me porterez au cimetière. » Ce pressentiment du vénérable septuagénaire ne devait pas tarder à se vérifier. La fraîcheur de la montagne ne dissipait point son abattement, l’estomac fonctionnait mal et le cœur s’affaiblissait extrêmement ; peu à peu le corps enfla, les pieds et les mains devinrent bleuâtres
Conscient de la gravité de son état, le malade vit arriver la mort sans crainte : « Je m’en vais bien vite, disait-il, vers la jeunesse éternelle. » Il écrivait à ses chères filles de Pondichéry : « Priez bien pour moi ; je souffre beaucoup, j’offre mes souffrances et ma vie au bon Dieu pour vous et la Congrégation toute entière. »
De fait, nous écrit M. Vieillard qui se prodigua sans relâche au chevet du cher malade, M. Pouzol a souffert extraordinairement et il s’en plaignait doucement : « Jésus, Marie, Joseph, mais appelez-moi donc ! » Son cœur et son esprit étaient au milieu de ses écoles et de ses couvents. Il en parlait constamment. Quelques jours avant sa mort, il me dit : « Je vais partir bientôt, mes Religieuses du ciel sont venues m’inviter… je les ai bien reconnues. » Avant son départ, il reçut une autre visite, mais cette fois troublante : pour parfaire la victoire et le triomphe de son fidèle serviteur, le divin Maître permit aux puissances infernales de tenter un dernier effort contre lui, leur ennemi invétéré ! « La lutte fut terrible durant quelques heures, le malade ne cessait de baiser son crucifix et de répéter des actes de loi, de confiance et d’amour ; soudain il redevint calme et me dit que ces méchants démons étaient enfin partis. » Désormais la couronne de la victoire finale était assurée au vaillant lutteur.
« La veille de sa mort, ses souffrances étaient devenues insupportables ; il ne pouvait rester plus de cinq minutes dans la même position, et cependant, tout mouvement lui causait des douleurs atroces ; le bon Dieu alors le consolait intérieurement. Vers le soir, il me dit d’une voix éteinte : « Jésus et Marie sont partis ; ils reviendront me chercher... mais ils tardent, je ne sais pas ce qu’ils font en chemin.
Ces quelques mots peignent admirablement, dans toute sa simplicité grandiose, la belle âme de M. Pouzol ; Jésus et Marie vinrent le recueillir le lendemain à six heures du matin. Il avait soixante-seize ans et, pendant près d’un demi-siècle, il avait travaillé sans interruption dans sa Mission.
Durant sa maladie, M. Pouzol se confessait souvent ; il tenait à communier tous les jours ; comme il ne pouvait pas rester longtemps à jeun, M. Vieillard lui portait la sainte Communion à une heure du matin. Souvent alors les larmes jaillissaient de ses paupières ; un jour qu’on lui en demanda la raison : « Notre-Seigneur est si bon pour moi », répondit-il. Il reçut les derniers sacrements deux ou trois semaines avant sa mort. Sa dépouille mortelle repose au cimetière du Sanatorium.
M. Pouzol a réservé à ses « Religieuses du ciel » l’honneur et le bonheur de célébrer son Jubilé d’Or sacerdotal, que ses filles et ses confrères d’ici-bas s’apprêtaient à fêter, le 28 octobre, avec autant d’amour que de vénération.
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Références
[1051] POUZOL Pierre (1843-1915)
Références biographiques
AME 1919-20 p. 240. 1938 p. 10. CR 1872 p. 51. 1887 p. 247. 1919 p. 107. 236.