Louis RAGUIT1848 - 1889
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 1125
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1872 - 1889
Biographie
[1125]. RAGUIT, Louis-Hippolyte-Aristide, vit le jour le 15 (m) ou le 16 (é) décembre 1848 à Vendeuvre-du-Poitou (Vienne). Il fit une partie de ses études à Montmorillon, et au grand séminaire de Poitiers. Il était exorciste, quand il se présenta au Séminaire des M.-E. le 12 septembre 1868. Il fut ordonné prêtre le 25 mai 1872, et envoyé en Mandchourie le 3 juillet suivant. Après qu'il eut étudié la langue à Yang-kouan, Mgr Verrolles le mit à Cha-ling, et, en 1874, le nomma procureur de la mission à Ing-tse.
En 1878, on le chargea d'administrer le district de San-tai-tse. Deux ans plus tard, il accompagna Mgr Dubail au premier synode de Pékin, en qualité de théologien. Il assista au synode de Cha-ling en 1882. Il reçut la direction des chrétientés nouvelles du Hei-long-kiang, et se fixa à Paien-sou-sou. La fondation d'un poste à Hou-lan ayant suscité une persécution, à la suite de laquelle le missionnaire Noirjean fut chassé, il entreprit des démarches pour obtenir réparation, et, dans ce but, se rendit à Pékin en 1882. Ses négociations ne réussirent pas.
En 1888, par brefs du 23 mars, il fut nommé évêque titulaire de Trajanopolis et vicaire apostolique de la Mandchourie ; préconisé le 1er juin, il reçut la consécration épiscopale à Pékin le 9 septembre de la même année. L'année suivante, il entreprit la visite de son vicariat, dont une partie venait d'être dévastée par l'inondation. Il éprouva de grandes fatigues, et mourut le 17 mai 1889 à Paien-sou-sou, dans le Hei-long-kiang. Ses restes furent profanés par les Boxeurs en 1900.
Nécrologie
MGR RAGUIT
ÉVÊQUE TITULAIRE DE TRAJANOPOLIS
VICAIRE APOSTOLIQUE DE LA MANDCHOURIE
Né le 16 décembre 1848.
Parti le 3 juillet 1872.
Mort le 17 mai 1889.
Pour la troisième fois en moins de trois ans, la Mandchourie pleure la mort de son premier Pasteur. Sacré depuis quelques mois seulement, Mgr de Trajanopolis a succombé aux fatigues de sa première tournée pastorale ; Dieu lui a demandé d’aller mourir aux extrêmes confins de sa mission, dans l’exercice de ses fonctions apostoliques, comme le bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.
M.Louis-Hippolyte-Aristide Raguit naquit à Vendeuvre (Vienne) , le 16 décembre 1848. Il fit une partie de ses études dans son diocèse de Poitiers, et entra au séminaire des Missions-Étrangères, le 12 septembre 1868. Les cours du séminaire ayant été interrompus pendant la guerre de 1870, il ne put être ordonné prêtre que le 25 mai 1872. Il fut destiné à la Mandchourie, où il aborda le 29 septembre de la même année.
Après quelques mois passés à Yang-koan, et consacrés surtout à l’étude de la langue, il fut envoyé à Cha-ling, chrétienté la plus importante du centre de la mission. Dès l’année suivante, la mort prématurée de P.Simon laissait vacant le poste de la procure de Ing-tze. Le P.Raguit fut appelé à recueillir la succession de son compatriote, et à continuer les œuvres créées par son zèle ardent . Il vécut là quatre années, qu’il passa dans la douce intimité de son évêque, le vénérable Mgr Verrolles, à qui il ferma les yeux au printemps de 1878. Peu après, M.Boyer, chargé de diriger la mission jusqu’à la nomination du nouvel évêque, l’appela à la direction du district de San-tai-tze, proche de celui de Cha-ling. Le missionnaire qui l’y avait précédé avait entrepris la bâtisse d’une église, il restait à l’achever at à l’aménager. Le P. Raguit y mit tout son zèle, il y consacra aussi toutes les ressources personnelles dont il disposait, si bien qu’en novembre 1879, l’église put être solennellement bénite, au milieu d’un grand concours de missionnaires et de chrétiens, venus de tous les points de la mission, pour assister au sacre de Mgr Dubail.
En 1881, après le synode de Cha-ling, le P. Raguit fut désigné par son Vicaire apostolique pour aller prendre la direction des chrétientés nouvelles du Hei-loung-kiang. Il devait remplacer le P. Noirjean à Pa-ien-sou-sou. Cette ville, de fondation récente, est un centre de commerce important pour ces régions du Nord. Le nouveau missionnaire sut s’y faire aimer et respecter de tous, même des mandarins. Le mouvement remarquable des conversions fut bientôt paralysé par une persécution, qui faillit coûter la vie d’un missionnaire. A 15 lieues de Pa-ien-sou, de nombreux catéchumènes demandaient le baptême. On crut le moment venu de s’établir définitivement au milieu d’eux, et la création du poste de Hou-lan fut décidée. On acheta un terrain convenable, mais le P. Conraux n’y était pas encore installé , qu’il fut attaqué à l’improviste, arrêté, battu, et après avoir subi toutes les avanies et toutes les injures, ignominieusement chassé du territoire de Hou-lan. Le P. Raguit dut, sur l’ordre de son évêque, entreprendre des courses interminables, pour obtenir réparation. En 1882, il se rendit à Pékin dans ce but ; il fut décidé que le consul de France à Tien-tsin, le très dévoué M.Dillon, irait à Houlan même procéder à une enquête. Le P. Raguit l’accompagna durant ce voyage, à travers la Mandchourie, les possessions russes, Vladivostok et le Japon. Il dut, hélas ! revenir à Pa-ien-sou-sou, sans avoir pu obtenir de la justice chinoise la réparation demandée.
« C’est là qu’après cinq années d’évangélisation fructueuse, la dignité épiscopale est venue le chercher. Nommé, par brefs du 23 mars 1888, Évêque titulaire de Trajanopolis et Vicaire Apostolique de la Mandchourie, il fut sacré à Pékin, le 9 september de la même année, par Mgr Tagliabue. Quand le nouvel évêque retourna dans sa mission, il la trouva désolée par une épouvantable inondation, des villages entiers détruits, les champs ravinés, les moissons anéanties. On crut d’abord que les seuls districts du sud avaient souffert, mais bientôt arrivèrent les mêmes désolantes nouvelles, de tous les points de la mission. Le Pasteur voyait son cher troupeau, devenu en un instant la victime du froid et de la faim. N’écoutant que son coeur, il voulut porter à tous secours et consolation, et après les fêtes de l’Epiphanie, il se mit en route pour visiter son vicariat.
Mgr Raguit remonta par les districts de l’ouest, Moukden et Ghirin, jusqu’à son ancien poste de Pa-ien-sou-sou , où il arriva le 14 mars. Missionnaires et chrétiens firent au nouvel évêque les réceptions que leur permettaient leur détresse et leur pauvreté. « Aussi écrivait-il, la fatigue et les souffrances physiques ne comptent pas, quand on rencontre sur sa route des cœurs dévoués, et des âmes de bonne volonté. » Mgr Raguit voulut profiter de son voyage pour arranger, si possible, l’affaire de Hou-lan, encore pendante. Le 5 avril, il se rendit dans cette ville, avec trois de ses missionnaires. Les autorités lui firent bon accueil, mais, dès que l’affaire du supplice infligé à M. Conraux fut mise sur le tapis, ce fut une fin de non recevoir absolue. On ne voulut pas entendre parler d’arrangement. L’évêque protesta contre ce déni de justice, et revint tout triste à Pa-ien-sou. Il comptait reprendre, vers la mi-mai, la route du sud, mais Dieu en avait disposé autrement.
« Le 6 mai, écrit le P. Noirjean, Monseigneur dit la messe des chrétiens à Pa-ien-sou. Pendant le prône, il est pris d’une forte sueur, et après la messe, se sentant mal à son aise, il se mit au lit et ne se leva presque pas de la journée. La sueur arriva abondante, et la fièvre aussi, accompagnée de maux de tête et de douleurs aux jambes. C’était le commencement de la fièvre typhoïde, qu’on prit d’abord pour la scarlatine bénigne. Le 7 mai, Sa Grandeur passe une nuit très agitée, le pouls devient irrégulier, et d’une violence extrême. Les vomissements arrivent, le vénéré malade les excite encore par l’absorption d’un peu d’émétique. On fait venir les médecins qu’on croit les plus habiles ; ils prescrivent un remède, que le malade ne peut prendre que le lendemain matin, vu son état de faiblesse. Le 8 mai, le cher Evêque peut se lever un peu dans la journée ; la lumière fatigue ses yeux ; il dit en prenant une cuillerée de bouillon : « Serais-je venu, moi aussi, mourir à Pa-ien-sou ? »
« Les jours suivant, le mal fait des progrès inquiétants ; dans la nuit du 12 au 13, le cher malade est plus abattu que jamais, la respiration devient embarrassée et courte. Il se confesse en pleine intelligence, et reçoit le sacrement de l’Extrême-Onction, des mains du P. Bruguière ; Monseigneur réppond lui- même aux prières. Les PP. Souvignet, Monnier et Maviel sont à genoux à côté du lit, priant et pleurant. Le cher Evêque les bénit, et, en leur personne, tous ses missionnaires absents, et nomme le supérieur de la mission, après sa mort. Il exprime le regret de les quitter si jeune, et de sortir si vite du champ des labeurs. Le P. Aulagne, averti du danger, accourt en toute hâte. Monseigneur le reconnaît encore, dans ses moments lucides, il reparaît avec sa gaieté habituelle. Lui seul était gai, content, disent nos confrères, car les larmes étaient dans tous les jeux. Les trois derniers jours, le malade fut presque continuellement en délire. Enfin le 17, vers dix heures et demie du soir, Monseigneur ouvre les yeux ; le P. Aulagne s’approche, lui adresse quelques paroles d’exhortation, et lui donne une dernière absolution. L’Evêque le reconnaît, lui prend la main, et fixe sur lui de grands yeux ; puis un flux de paroles, comme de quelqu’un qui serait très pressé, sort de sa bouche. C’était fini, nous n’avions plus d’Evêque ; il venait de rendre son âme à Dieu.
« Voilà comment est mort notre bien cher Père en Dieu, Mgr de Trajanopolis, après une courte maladie, supportée avec une patience admirable, une sainte gaieté et un abandon complet à la sainte volonté de Dieu. Il est mort, comme ceux qui ont tout quitté pour le Seigneur. C’était une nature généreuse, il avait un cœur d’or, où sa charité avait de la place pour tout le monde ; il aimait ses missionnaires d’un amour que tous sentaient. Il était doué d’une belle intelligence, de beaucoup de sens pratique, d’une prudence peu ordinaire. Un peu lent à se décider, il aimait à consulter ; c’est pourquoi avant d’agir, il avait voulu voir sa mission tout entière, voir et entendre ses confrères. Sa joie était proverbiale ; la bonne comme la mauvaise fortune l’a toujours trouvé d’une humeur égale ; cette gaieté et cette joie, il l’a gardée jusqu’à ses derniers moments. »
Références
[1125] RAGUIT Louis (1848-1889)
Armes. - Ecartelé : au 1 d'azur au monogramme des M.-E. d'or ; au 2 d'azur à la comète d'or (souvenir de Léon XIII) ; au 3 d'argent au lion de gueules à la bordure de sable, chargée de 10 besans d'or, au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lys d'or, qui est de la ville de Poitiers ; au 4 de sable au dauphin d'argent cousu de gueules, chargé d'une mitre d'argent posée sur deux demi-crosses d'or en sautoir (ce chef n'est pas reproduit partout) ; à la croix d'or brochant sur les partitions.
Devise. - O crux ave, spes unica. - Omnis terra adoret te.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1874, p. 40 ; 1875, p.3 ; 1878, p. 64 ; 1881, p. 3 ; 1883, p. 69 ; 1885, p. 15 ; 1887, pp. 5, 215, 258 ; 1888, p. 5 ; 1899, p. 82 ; 1901, p. 85 ; 1910, pp. 379, 380. - A. P. F., lxi, 1889, p. 389. - M. C., viii, 1876, p. 162 ; ix, 1877, pp. 252, 450 ; xiii, 1881, p. 434 ; xvii, 1885, pp. 389, 424 ; xviii, 1886, p. 316 ; xix, 1887, p. 304 ; Ib., Mort de Mgr Boyer, p. 462 ; xx, 1888, Sa nomination d'évêque, p. 113 ; Ib., Son sacre, p. 604 ; Ib., Notice, p. 605 ; xxi, 1889, p. 88 ; Ib., La famine, pp. 157, 206 ; Ib., pp. 275, 353, 412.
Sem. rel. Poitiers, 1872, p. 761 ; 1873, pp. 163, 535 ; 1874, p. 168 ; 1875, p. 621 ; 1880, p. 562 ; 1881, p. 573 ; 1882, p. 625 ; 1883, pp. 8, 678 ; 1884, p. 414 ; 1885, pp. 25, 208, 533 ; 1886, pp. 135, 649 ; 1887, pp. 370, 390, 595 ; 1888, pp. 189, 783, 817 ; 1889, Sa mort, pp. 356, 372, 441, 527 ; 1901, Notice, p. 598 ; 1904, p. 234 ; 1907, p. 428.
Hist. des relat. de Chine, Tab. alph. - Les miss. cath. franç., iii, p. 370. - Arm. des Prél. franç., p. 268.
Notice nécrologique. - C.-R., 1889, p. 269.
Portrait. - A. P. F., lxi, 1889, p. 359. - M. C., xx, 1888, p. 610. - Sem. rel. Poitiers, 1907, p. 428.