Édouard LANGLAIS1849 - 1883
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1134
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1872 - 1883 (Chongqing [Chungking])
Biographie
[1134]. LANGLAIS, Edouard, était originaire de Bukarest (Roumanie), où il naquit le 8 mars 1849. Fils d'un Français et d'une Allemande, il fut élevé dans la famille de son père à Montfort (Sarthe), et appartint au diocèse du Mans. Mgr de Ségur s'étant intéressé à lui, pourvut à ses études qu'il fit au petit séminaire de Précigné, 1865-1868, et au grand séminaire du Mans. Il reçut l'ordination sacerdotale le 23 septembre 1871. Il entra au Séminaire des M.-E. le 10 octobre suivant, et en partit le 17 juillet 1872 pour le Se-tchoan oriental.
Il apprit la langue au petit séminaire de Chen-ken-tse, et fut envoyé en 1873 dans le district de Yeou-yang. En 1875, il passa à Sieou-chan, ville jusque-là fermée à l'Evangile, où il lutta plusieurs années pour conquérir des âmes ; puis, il administra le poste de Yun-yang hien. C'est là qu'il succomba, le 9 juillet 1883.
Nécrologie
M. LANGLAIS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SUTCHUEN ORIENTAL.
En nous annonçant la mort du P. Langlais, Mgr Coupat nous écrivait : « Ce cher confrère, plein de dévouement pour ses chrétiens, les aimait comme un père aime ses enfants, et ne laissait pas d’attirer à lui par son savoir-faire même les païens ; mandarins et lettrés, riches et pauvres, tout le monde l’estimait dans la ville de Yuin-Yang. Il m’écrivait une vingtaine de jours avant sa mort, qu’il augurait un grand bien, pour le salut des âmes, des bonnes dispositions des païens à son égard. Aussi, en apprenant sa mort, les prétoires et le peuple se sont à l’envi empressés de lui prouver l’estime qu’ils avaient pour lui, en rivalisant d’ardeur pour faire une démonstration en son honneur, et relever par leur présence la solennité des funérailles ! »
A cette lettre était jointe la notice suivante, écrite par le P. Polechard, qui avait connu intimement le cher défunt :
« Edouard Langlais est né en Valachie, le 8 mars 1849, d’un commerçant français ; sa mère, de nationalité allemande, regagna la France à la mort de son mari avec deux orphelins en bas âge.
« Edouard était l’aîné. Il fut élevé dans la famille de son père. Mgr de Ségur, ayant découvert dans le jeune enfant d’heureuses dispositions, pourvut à ses études primaires, secondaires et ecclésiastiques.
« Ordonné prêtre au séminaire du Mans, il entra aux Missions-Étrangères quelques jours seulement après son ordination. Son air de jeunesse, la gaîté et l’humeur douce de son caractère, le firent particulièrement remarquer parmi les aspirants entrés prêtres en même temps que lui.
« Il commença son œuvre de dévouement en faisant l’office d’une véritable sœur de charité à l’égard d’un vénérable Missionnaire infirme, le P. Beurel.
« Il fut pour lui le bâton du paralytique et le compagnon enjoué de ses récréations : on aimait à le voir au bras du vieillard, adoucissant par sa gaieté, ses bons mots et ses jeux, la tristesse de ce vétéran des Missions.
« Envoyé en 1872 au Sutchuen Oriental, il fut pendant la traversée le boute-entrain de ses compagnons de voyage, et toujours prêt à leur rendre service. Sa conversation toujours gaie, son air toujours gracieux, ne contribuèrent pas peu à entretenir au milieu d’eux, et malgré les fatigues, la joie d’un parfait dévouement au salut des âmes.
« Arrivé à Tchông-Kin, il fut placé au petit collège de Cheû-Keû Tsé, pour apprendre la langue. Doué d’une mémoire jeune et heureuse, ce fut pour ainsi dire un jeu pour lui de se familiariser avec la langue chinoise.
« Le P. Favand, alors procureur à Tchông-Kin, remarqua vite l’esprit de dévouement et de joyeux sacrifice du jeune Missionnaire, et il proposa à Monseigneur de l’envoyer au poste avancé de Yéou-Yang. Il partit donc avec une sainte ardeur, heureux de dépenser sa jeunesse et ses forces au salut et à la conquête des âmes.
« Plusieurs fois il courut les plus grands dangers dans les anciens jours de persécution, et fut presque témoin du martyre des PP. Hue et Tay à Kieu-Kiang.
« Quelques mois après cette catastrophe, il était envoyé, sentinelle avancée, au poste de Siéou-Chan. A la date du 22 juillet 1875, ce cher confrère m’écrivait (j’ai sa lettre sous les yeux) : « Je viens de pénétrer dans la ville de Siéou-Chan, la dernière du Sutchuen Oriental qui ait refusé jusqu’à présent d’ouvrir ses portes à l’Évangile. L’opposition des mandarins et des lettrés a été grande ; cependant nous avons pu acheter une maison, et j’espère que la persécution de Kieu-Kiang n’aura pas à se renouveler ici. Cependant nous avons besoin tout le secours des bonnes prières des confrères ; car, vous le pensez bien, jusqu’à ce que nous soyons consolidés dans ce nouveau poste, notre position y sera très précaire. Priez et faites prier pour ce pauvre Siéou-Chan. »
« Après plusieurs années d’apostolat, exercé avec l’intrépidité et le courage d’un vrai soldat du Christ, dans ces contrées qu’on cherchait à conquérir à la Foi, le P. Langlais fut appelé par son évêque au petit poste de repos de Yuin-Yang. Ce district, composé en partie de chrétiens pauvres et de mendiants, lui fournit l’occasion d’exercer son zèle sous un autre aspect : il devint le père des pauvres, et sa maison leur asile. Il aimait à les réunir, à leur faire préparer quelques repas d’extra, qui faisaient contraste avec l’ordinaire de ces malheureux. Il prenait plaisir à soulager en toutes manières ces déshérités de la fortune. Nature généreuse, il ne comptait pas avec l’argent dans ses aumônes. Et après avoir bien soigné les corps, il préparait les âmes, et leur distribuait la nourriture spirituelle.
« Maniant très bien la langue chinoise, il se plaisait à inviter à sa table les lettrés chinois et à discuter amicalement avec eux ; plusieurs d’entre eux s’étaient attachés à lui comme à un véritable ami. Etant en très bons termes avec le mandarin de la ville de Yuin-Yang, il en profitait pour rendre souvent service à ses chrétiens d’abord, et aussi aux païens opprimés ou accusés injustement.
« Il avait orné sa résidence pour en faire les honneurs aux chrétiens pauvres et aux lettrés païens : c’était l’hôtel des uns et le salon des autres ; et, par ce double exercice de charité, il travaillait au soulagement des corps et au salut des âmes.
« C’est dans cette tranquille et humble retraite que la mort est venue le frapper à la fleur de l’âge. Sa santé chancelait déjà depuis plus d’une année, et l’avait empêché de prendre part à la joie commune, lors de la dernière réunion de tous les confrères assistant au sacre de notre nouvel évêque. Ce fut un vrai sacrifice pour lui de ne pouvoir mêler sa voix aux joyeuses acclamations de tous les confrères, et son bonheur à leur bonheur.
« Se sentant atteint gravement, il fit appeler aussitôt le P. Besombes. C’est le 6 juillet que la maladie s’était déclarée : le 8 juillet il se confessa ; le jour suivant, il reçut le saint Viatique en pleine connaissance, et, après l’avoir reçu, il fut pendant une heure si calme et si tranquille, que le cher confrère qui l’assistait crut à une guérison prochaine. Quoique affaiblis par la souffrance, ses traits reflétaient la satisfaction et la joie de l’âme en paix avec Dieu. Vers neuf heures du soir, la maladie reprit le caractère aigu, plus fort qu’auparavant ; le malade devint plus faible, il ne parla plus et se recueillit, préparant son âme à paraître devant Dieu.
« J’étais à ses côtés, écrit le P. Besombes, quand il a rendu le dernier soupir. Il s’est éteint sans grandes secousses et presque sans agonie, comme une lampe dont la flamme a rapidement dévoré l’huile.
« Tel le guerrier, ardent au combat pendant le jour, dort, la nuit venue, d’un sommeil doux et réparateur, tel notre cher confrère vif et ardent de sa nature, et courageux dans les combats du Seigneur, s’endormit du sommeil du juste et dans les bras de Dieu. »
Références
[1134] LANGLAIS Edouard (1849-1883)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1884, p. 49. - Sem. du Fid. Le Mans, 1871-72, p. 695 ; 1872-73, pp. 611, 613, 905 ; 1883-84, p. 570.
Notice nécrologique. - C.-R., 1883, p. 133.