Jean-Baptiste RONAT1848 - 1919
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1138
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1872 - 1919
Biographie
[1138] RONAT Jean-Baptiste est né le 30 avril 1848 à Boisset, au diocèse du Puy (Haute-Loire). Il fait ses études à l'école cléricale d'Usson et au Petit Séminaire de Monistrol. Il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 24 septembre 1868. Ordonné prêtre le 25 mai 1872, il part le 17 juillet suivant pour le Kouytcheou.
Il arrive à Kweiyang le 14 décembre. Il est envoyé faire ses premières armes dans le district de Out Chouan : étude de langue, acclimatation. En 1872, il dirige le district de Suiyang. En 1877, il est nommé supérieur du Petit Séminaire où il reste cinq ans. En 1882, il succède au Père Viret dans la sous-préfecture de Tontse. Il va y travailler 35 ans.
En 1884 les résidences sont pillées et les missionnaires doivent se réfugier au Prétoire. Ce n'est qu'en 1895 que l'intervention du ministre français à Pékin ramène un peu d'ordre. Mais la santé du Père Ronat n'est plus ce qu'elle était; en 1908, il reçoit un vicaire à qui il va confier son district quelques années plus tard. Au mois de juin 1917 il se retire à Kweiyang et c'est là qu'il décède le 22 octobre 1919 muni des sacrements de l'Église. Il avait 71 ans et demi d'âge et quarante-sept années de mission.
Nécrologie
M. RONAT
MISSIONNAIRE DU KOUYTCHEOU
M. RONAT (Jean-Baptiste), né à Boisset (Le Puy, Haute-Loire), le 30 avril 1848. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 24 septembre 1868. Prêtre le 25 mai 1872. Parti pour le Kouytcheou le 17 juillet 1872. Mort à Kouyyang le 22 octobre 1919.
Jean-Baptiste Ronat naquit à Boisset, canton de Bas (Haute-Loire), le 30 avril 1848. Au moment de sa première communion, le jeune Jean-Baptiste fut remarqué par M. l’abbé Besson, vicaire de la paroisse, qui lui donna pendant quelques mois des leçons de latin et l’envoya ensuite à l’école cléricale d’Usson. Notre jeune homme resta deux ans dans cette maison, puis il termina ses études secondaires au Séminaire de Monistrol. En septembre 1868, nous le trouvons au Séminaire des Missions-Etrangères, et au printemps de 1870, il reçoit le sous-diaconat. Pendant la guerre, dispensé du service militaire à cause de son ordination, il dut quitter le Séminaire et Paris, qui allait être assiégé, pour rentrer dans sa famille ; il y passa l’hiver 1870-1871, et, le calme rétabli, il reprit ses études. Le 25 mai 1872, il était ordonné prêtre. Destiné aussitôt à la Mission du Kouytcheou, il arriva à Kouyyang le 14 décembre de la même année.
Mgr Lions l’envoya faire ses premières armes dans le district de Outchouan, situé à treize journées du centre de la Mission. Ce district à cause de ses montagnes abruptes, serait trop pénible pour un vieux missionnaire, convient de tout point à un jeune, car il ne compte guère que de vieux chrétiens, à la foi solide et ne suscitant point d’affaires. Là, M. Ronat, tout en exerçant ses jarrets, put à loisir apprendre la langue chinoise parlée, qu’il arriva à bien posséder, et s’initier également à l’étude des caractères.
Quatre ans plus tard, on le chargea de diriger le district de Suiyang qui, fondé depuis peu, comprenait surtout des nouveaux chrétiens et catéchumènes, dont il baptisa un grand nombre. En 1877, la confiance de son évêque l’appela aux fonctions importantes de supérieur du Petit Séminaire, où il resta cinq ans ; et, en 1882, il dut accepter, à Tongtse, la difficile succession de M. Viret, que le bon Dieu venait de rappeler à lui.
Tongtse est une sous-préfecture située au nord de la province du Kouytchéou, sur les confins de la province du Setchoan et sur la grande route qui va de Tchongkin à Kouyyang. C’est là que M. Ronat travailla pendant trente-cinq ans.
A la mort de M. Viret, le district de Tongtse était des plus florissants. Les chrétiens étaient fervents ; nombre de catéchumènes apprenaient la doctrine avec ardeur ; deux orphelinats, un de garçons et un de filles, abritaient 150 enfants ; quelques païens venaient aussi écouter le missionnaire et, sans trop tarder, renonçaient aux idoles pour adorer le vrai Dieu. L’heureux missionnaire était tout à son bonheur, lorsque de grandes difficultés surgirent.
En 1884, les chinois, humiliés par les victoires de l’amiral Courbet, cherchèrent à se venger et ils le firent à leur façon. Toutes les résidences de la préfecture de Tseny, au nord du Kouytchéou, furent livrées au pillage pendant que les missionnaires se réfugiaient au prétoire. La résidence de Tseny avait été pillée le 30 septembre 1884, celle de Tongtse le fut quatre jours après. Tandis que la populace démolissait tout pour trouver l’or qu’on lui avait promis, les riches se ruaient sur l’orphelinat des filles pour se choisir des esclaves. N’ayant pas d’ennemi personnel, M. Ronat put traverser cette foule et se retirer au prétoire, où on le logea dans une chambre contigüe à celle du tribunal des séances. Il y passa six mois. Il put étudier à loisir la manière dont se rendait la justice en Chine. Aussi, disait-il, souvent dans la suite, « que la vie d’un homme pèse peu sur le plateau de la balance des mandarins, si, sur l’autre plateau, se trouve un globule d’argent ! » Ses deux confrères voisins avaient quitté le prétoire, l’un pour aller à Péking, l’autre, malade, pour regagner Kouyyang. Malgré son désir de demeurer fidèle au poste, M. Ronat dût à son tour s’éloigner. Après un an d’attente et de pourparlers, les missionnaires ne pouvant obtenir leur réintégration officielle, décidèrent de se confier à la Providence et d’affronter tous les dangers plutôt que de laisser plus longtennps leurs chrétiens dans l’abandon.
M. Ronat rentra sans bruit à sa résidence et, à force de pourparlers et de patience, réussit à en expulser les païens qui l’occupaient. Il pensait y rester en paix ; mais, deux mois après son retour, eut lieu le pillage des établissements catholiques de Tchongkin. Dès que la nouvelle fut connue à Tongtse, les païens s’attroupèrent et essayèrent de piller la résidence. Nouveaux attroupements et nouveaux périls, quand on apprit le pillage de la résidence de Tseny. Le danger dura plusieurs mois et, pendant longtemps encore, le missionnaire ne put sortir sans être insulté ni recevoir des pierres. Enfin, en 1895, l’énergie de M Gérard, notre ministre à Péking, nous fit rendre un peu de justice et le missionnaire put vivre désormais en paix.
Une autre joie lui était réservée ; la même année, le Séminaire de Paris envoyait comme missionnaire au Kouytchéou son cousin M. Joseph Ronat.
La vieillesse arrivait, ses forces diminuaient ; pour soulager le missionnaire, Monseigneur lui enleva les stations éloignées du district, ne lui laissant que les chrétiens de la ville et des environs. C’était loin encore d’être une sinécure, car il lui restait environ un millier de chrétiens, dont un grand nombre s’approchaient fréquemment des sacrements. Tongtse est en effet l’un des meilleurs districts, sinon le meilleur du Kouytchéou. Comme ses forces continuaient à baisser, le vieux missionnaire reçut, en 1908, un vicaire à qui, quelques années plus tard, il céda le district.
M. Ronat resta quatre ans encore à Tongtse, rendant tous les services que permettaient sa faiblesse et son âge avancé. Puis, au mois de juin 1917, il se retira à Kouyyang pour se préparer à la mort. Là une épreuve pénible l’attendait.
Le 26 décembre, après avoir chanté la messe à la paroisse de Saint-Etienne-hors-les-murs, il assista le soir à la bénédiction du Saint- Sacrement à la paroisse du Lantang ; par malheur, en sortant de la sacristie, un faux pas le fit tomber ; il fallut le rapporter en palanquin au Petang ; il n’avait aucune fracture, mais sa jambe lui refusait tout service. Pour recommencer à marcher au bout de quelques jours, il dut se servir des béquilles. Cette infirmité n’altéra pas sa bonne humeur. Une seule chose le contristait : il ne pouvait plus offrir le Saint Sacrifice de la messe. Heureusement, un indult de Rome, en lui permettant de célébrer sans être astreint aux génuflexions, lui apporta une consolation nécessaire.
En 1918, à l’occasion de ses soixante-dix ans, il y eut à Kouyyang, une petite fête de famille et tout le monde espérait conserver longtemps encore le vénérable doyen d’âge dont la santé ne semblait pas trop baisser. Il alla passer l’été à la montagne et continua ses promenades quotidiennes dans les bois qui environnent le Petit Séminaire. Un jour, il voulut aller saluer une dernière fois Notre-Dame de Liesse dans son sanctuaire ; mais, arrivé au bas du dernier échelon de la montagne, il n’osa pas pousser plus loin, de peur de ne pouvoir redescendre. A son retour à Kouyyang, vers le 15 octobre, il prit froid et un gros rhume s’ensuivit ; il dût garder la chambre, mais continua de célébrer la sainte messe jusqu’au samedi 19. Ce jour-là, il eut beaucoup de peine à l’achever et Sa Grandeur, qui s’en aperçut, lui conseilla de s’abstenir. Toutefois, les jours suivants, il put, aidé de son garde-malade, assister à la sainte messe et y communier ; le soir, il revenait de nouveau à la chapelle pour faire sa visite et son Chemin de Croix mais sans parcourir les stations.
Les nuits cependant étaient fatigantes. Le mardi 21, on l’avertit de la gravité de son état. « C’est bien, répondit-il, simplement, laissez-moi pendant une heure et revenez entendre ma confession. » A midi, le cher malade avait mis ordre à sa conscience et pris ses dernières dispositions. Dans la soirée, il reçut le Saint Viatique, l’Extrême-Onction. La nuit fut mauvaise et le lendemain matin, pendant que ses aides commençaient à le lever pour le préparer à la sainte communion, il perdit connaissance, et bientôt, sans effort, tout doucement, il rendit le dernier soupir.
M. Ronat avait soixante et onze ans et demi d’âge, et quarante-sept ans de mission.
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Références
[1138] RONAT Jean-Baptiste (1848-1919)
Références biographiques
AME 1891 p. 362. 1919-20 p. 335. CR 1872 p. 53. 1884 p. 64. 65. 1886 p. 62. 65. 1890 p. 85. 1891 p. 115. 1892 p. 123. 124. 1893 p. 134. 312. 314. 315. 1894 p. 151. 1895 p. 160. 1898 p. 118. 1900 p. 117. 1901 p. 110. 317. 318. 1902 p. 129. 1903 p. 130. 1907 p. 315. 316. 1909 p. 121. 1910 p. 119. 1911 p. 101. 1912 p. 154. 1918 p. 49. 1919 p. 253. 1920 p. 127-129 (notice nécro.). 141. 1928 p. 193. 1930 p. 306.