Pierre GRESET1848 - 1889
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1161
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1873 - 1889 (Saigon)
Biographie
[1161]. GRESET, Pierre-Joseph, né le 15 février 1848 à Gennes (Doubs), entra laïque au Séminaire des M.-E. le 29 septembre 1869. Il fut ordonné prêtre le 7 juin 1873, et envoyé le 2 juillet suivant dans la Cochinchine occidentale. Après quelque temps de séjour à Mai-phop, il administra successivement les districts de Tha-la 1876, Thi-nghe 1876-1879, Cho-quan 1879-1882, et fonda plusieurs nouveaux postes, inspirant partout le respect par sa gravité, son austérité, et son dévouement.
En 1882, Mgr Colombert lui confia le vaste district de Cai-bè, qui comptait 14 petites stations assez éloignées les unes des autres ; il s'y épuisa. Le 2 mars 1889, il s'éteignit à l'infirmerie du séminaire de Saïgon, où il était soigné depuis six mois. Son corps fut inhumé dans l'église de Thi-nghe, près de Saïgon.
Nécrologie
M.GRESET
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE OCCIDENTALE
Né le 15 février 1848.
Parti le 2 juillet 1873.
Mort le 2 mars 1889.
« La mort continue de décimer les missonnaires de Saïgon, nous écrivait Mgr Colombert, le 2 mars dernier. Si elle nous donne parfois un moment de répit , c’est pour frapper ensuite des coups plus forts et plus rapides.
« J’ai la douleur de vous annoncer la mort d’un de nos confrères, M. Pierre-Joseph Greset, qui a rendu son âme à Dieu, au séminaire de Saïgon, la nuit dernière, vers deux heures du matin, à l’âge de quarante et un ans, à la suite d’une phtisie pulmonaire, qu’il a supportée patiemment depuis plus de six mois, et qu’il avait gagnée dans les rudes labeurs du ministère d’un vaste district, et dans les privations matérielles qu’il s’imposait volontairement.
«Le district de Cai-bé, que M. Greset desservait depuis quelques années, est un des plus pénibles de la mission. Il comprend dix-sept chrétientés, de formation récente, dispersées le long de la rive orienrale du Me-Khong, sur une étendue de cent vingt-cinq kilomètres de longueur et de cinquante kilomètres de largeur. Il faut savoir fixer son domicile restreint, son mobilier apostolique et sa maigre cuisine dans une légère barque annamite ; il faut y supporter le poids de la chaleur du jour et de la fraîcheur des nuits, avec les commotions peu agréables des vagues du grand fleuve, qui engloutit souvent et barques et passagers; il faut mener une vie dure, si l’on veut administrer passablement un pareil district, visiter assidûment les nouveaux chrétiens, raviver sans cesse la foi dans leur cœur, les rappeler fréquemment aux pratiques de la vie chrétienne.
« Au printemps de 1888, je fis une tournée pastorale de dix jours dans le district de Cai-bé, avec M. Greset, et je me rendis compte de visu des fatigues de sa vie vraiment apostolique ; comme des résultats obtenus par son zèle et sa persévérance.
« C’est quelque temps après que, dans un voyage, il reçut une ondée, suivie d’un refroidissement qu’il négligea trop, comptant sans doute sur sa robuste constitution. Il oubliait que les chênes de France deviennent des roseaux en Annam, et que le roseau a besoin d’être ménagé, pour qu’il puisse rester debout longtemps. Quand je fus averti de son état, par voie indirecte, il était trop tard ; le mal était trop grave, et les privations volontaires qu’il s’était imposées avaient trop affaibli ses forces, pour qu’une réaction fût possible. Lui-même le comprit de suite, et voulut régler avec moi les affaires de son district.
« Il a passé six mois très patiemment à l’infirmerie du séminaire de Saïgon, dans la solitude, tout près de ses confrères, entouré des soins des Soeurs de Saint-Paul, servi jour et nuit par son petit boy annamite, qui lui a donné des preuves d’un dévouement remarquable.
« Il a fait là, bien certainement, une partie de son purgatoire, en se préparant, dans la paix et dans la confiance, à paraître au tribunal de Dieu, pour y rendre compte des oeuvres de sa vie. J’ai la confiance qu’il a entendu la réponse désirable pour tous : Euge, serve bone et fidelis.... intra in gaudium Domini tui. »
M. Pierre-Joseph Greset était né à Gennes (Doubs), le 15 février 1848. Entré au séminaire des Missions-Étrangères le 29 septembre 1869, il en partit le 2 juillet 1873, pour la Cochinchine Occidentale. Nous empruntons à une lettre du P. Mossard, publiée dans la Semaine religieuse de Besançon, les détails qui suivent sur la vie de ce confrère :
« La vie du P. Greset, pleine de luttes, de mortifications et de zèle pour la gloire de Dieu et la conversion des âmes, peut se résumer en ces paroles de saint Paul à Timothée : Tu vero vigila, in omnibus labora, opus fac evangelistœ, ministerium tuum imple, sobrius esto. Jamais la maladie, ni les peines du cœur, ni les contrariétés de la vie du missionnaire, n’ont arrêté son zèle pour la conversion des infidèles, ni diminué sa sollicitude pour les chrétiens qui lui étaient confiés. Partout, dans les différents districts qu’il a successivement administrés, il a fondé de nouveaux postes, travaillé à convertir les païens, et fait reculer les limites de l’empire de Satan sur les âmes. Plusieurs fois il a été jusqu’aux portes du tombeau, miné par les travaux de l’apostolat, et la redoutable fièvre paludéenne de Cochinchine. Aussitôt remis, il se livrait de nouveau au travail, et ne diminuait rien de l’austérité de son régime. Ses chrétiens lui témoignaient un grand attachement et le vénéraient comme un saint missionnaire. Lorsqu’il instruisait, sa parole lente, grave et bien accentuée attirait l’attention et frappait l’auditoire.
« Par la pratique constante des vertus qui font les hommes apostoliques, il avait acquis une grande confiance en Dieu et une énergie à toute épreuve.
« Sa tournure d’esprit le portait à la réflexion : il scrutait, approfondissait une idée, la tournait et retournait en tout sens. Son intelligence de spécialiste, de mathématicien, était vivement frappée, et lorsqu’il arrêtait une résolution, il y tenait fortement, jusque dans les moindres détails, et exigeait qu’on fût ponctuellement fidèle à toutes ses instructions. Il suivait droit son chemin, sans compromis avec sa conscience, sans accommodement avec le monde, sans concession pour les exigences ou les défauts de gens plus influents ou plus riches. Il ne voyait que les âmes à sauver, et d’un égal prix devant Dieu.
« Sa prudence, sa réserve, son austérité frappaient les Annamites. Beaucoup parmi eux ne se seraient pas contentés du menu de son repas, qui consistait généralement en une écuelle de riz cuit à l’eau, des oeufs et un peu de poisson salé et fermenté, et pour boisson, de l’eau coupée avec du café, ou simplement du thé annamite. Plusieurs fois je l’ai engagé à boire un peu de vin ; jamais il n’y a consenti. Il prétendait que le vin lui serait nuisible. Pour moi, j’ai toujours cru qu’il agissait ainsi par esprit de mortification.
« Dans le vaste district de Cai-bé, qu’il administrait depuis six ans, il passait à peine deux ou trois mois de l’année dans sa résidence principale. Le reste du temps était employé à visiter ses chrétiens, dispersés sur une étendue d’au moins trente lieues. C’est lui qui traçait la route, servant de capitaine et de vigie pour sa barque, surtout pendant la nuit. Il connaissait admirablement ce labyrinthe d’arroyos de Cochinchine, l’heure des marées, la faune qui habite le bord des fleuves. Celui qui voyageait avec lui pouvait reposer et dormir en paix, le capitaine se chargeait de tout le service. Durant ses longues heures de navigation, il savait utiliser, surtout pour ses rameurs, les connaissances cynégétiques de son jeune âge, et par un coup de fusil presque toujours heureux, il savait augmenter le menu du jour, et cela à la grande satisfaction des gens à son service. Plusieurs fois, pour protéger les chrétiens, il fit preuve de son habileté contre le tigre, et toujours avec succès.
« Vers la fin du mois de mai 1888, ses forces étaient à bout et sa maigreur faisait peur à voir ; mais son âme restait toujours forte et résignée. Pendant ces dix longs mois, il a envisagé la mort et l’a vue venir avec sérénité. Le sacrifice de sa vie était fait depuis longtemps. Il aimait à recevoir la visite de ses confrères, faisait ses exercices de piété avec la même régularité que pendant sa vie apostolique. Il toussait beaucoup, et le jour et la nuit, et les deux derniers mois de sa vie, il avait complètement perdu la voix et expectorait avec beaucoup de peine.
« Le P. Dépierre, professeur au grand séminaire, lui suggérait un jour quelques bonnes pensées, et s’entretenait avec lui des desseins de Dieu dans son admirable Providence, du mystère de la souffrance qui nous assimile à Notre-Seigneur Jésus Christ. « En tout cela, « répondit le P. Greset, il ne faut pas trop raisonner, mais croire et souffrir. » La veille de sa mort encore, le P. Dépierre put s’entretenir assez longtemps avec lui. Son esprit paraissait plus lucide, et ses nerfs très excités ; il avait voulu plusieurs fois essayer ses forces à marcher tout seul dans sa chambre.
« Trois jours avant, il avait reçu l’Extrême-Onction et le saint Viatique des mains du provicaire, le P. Thiriet. Monseigneur vint le voir l’avant-veille de sa mort, pour lui donner sa dernière bénédiction ; il était debout et se promenait encore.
« Quelque prévue que soit la mort, il y a toujours quelque chose qui nous échappe dans sa venue. Le voyant donc si calme et disposé à reposer un peu, le P. Dépierre le laissa essayer de sommeiller, remettant, sur sa demande, au lendemain, l’indulgence plénière et la communion, afin, disait-il, qu’il s’y préparât mieux. Vers minuit, le séminariste qui le veillait, le trouva encore reposant tranquillement, et le matin, vers cinq heures, les Pères du séminaire ne trouvaient plus qu’un cadavre. Le P. Greset rendit donc son âme à Dieu le 2 mars, samedi, jour consacré à Marie, et commencement du mois de saint Joseph, son patron. Il avait combattu le bon combat et consommé sa course sur la terre. Maintenant son corps repose dans la nouvelle église de Thi-nghe, près Saïgon, au milieu des chrétiens qu’il avait autrefois édifiés et sanctifiés par sa parole et son exemple. »
Références
[1161] GRESET Pierre (1848-1889)
Notes bio-bibliographiques. - Sem. rel. Besançon, 1889, Sa mort, p. 248.
Notice nécrologique. - C.-R., 1889, p. 291.