Jules GIRARD1851 - 1918
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1185
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1874 - 1918 (Penang)
Biographie
[1185] GIRARD Jules, Jean, Joseph, est né le 27 avril 1851 à St Étienne, dans la paroisse St Charles (Loire), alors au diocèse de Lyon. Il fait ses études au collège St Michel où il fut condisciple du Maréchal Foch, et entre au Grand Séminaire de Lyon. Ses études sont interrompues par la guerre de 1870. Rentré au Séminaire, il est ordonné sous-diacre le 25 mai 1872 et c'est comme sous-diacre qu'il entre au Séminaire des Missions Étrangères, le 20 octobre de la même année. Ordonné prêtre le 20 décembre 1873, il est nommé directeur au Collège Général de Penang pour lequel il part le 28 janvier 1874.
Il est nommé d'emblée professeur de latin et d'Écriture Sainte et assure les classes de chant. Il est ensuite professeur de théologie pendant plusieurs années. En 1879, il est nommé économe : il le restera 22 ans. Vers la fin de 1816, un cancer inopérable des intestins va lui occasionner beaucoup de souffrances, mais pendant deux années encore, il restera fidèle au poste et continuera ses cours. Mais le 16 août 1918, muni des derniers sacrements, il rend son âme à Dieu. Le Père Girard avait été professeur assidu à la préparation de ses cours, un économe soucieux des intérêts matériels du Collège, un prêtre foncièrement pieux et dévot et un confrère gai et dévoué, même si son humilité le rendait scrupuleux.
Nécrologie
M. GIRARD
DIRECTEUR AU COLLÈGE GÉNÉRAL DE PINANG
M. GIRARD (Jules-Jean-Joseph), né à Saint-Etienne (Lyon, Loire), le 27 avril 1851. Entré sous-diacre au séminaire des Missions-Etrangères le 2 octobre 1872. Prêtre le 20 décembre 1873. Parti pour le Collège général de Pinang le 28 janvier 1874. Mort à Pinang le 16 août 1918.
Le 16 août, vers 8 heures du matin, Dieu rappelait à lui l’âme de M. Jules-Jean-Joseph Girard, après une vie déjà longue et 44 ans de travaux apostoliques.
Le cher défunt était né à Saint-Etienne en 1851 dans une famille très chrétienne où grandirent cinq enfants. Il y reçut de son père, homme d’une haute intelligence, et surtout de sa pieuse mère, femme d’une exquise bonté, sa première formation morale et religieuse ; puis tout jeune on l’envoya suivre comme externe les cours du collège Saint-Michel que dirigeaient les Pères Jésuites. Vers la fin de ses études secondaires, il renonça à son projet de devenir médecin et résolut de se consacrer au service de Dieu et des âmes. Il entra au grand séminaire de Lyon. La guerre de 1870 le força d’interrompre ses études ecclésiastiques, mais dès qu’il le put, il reprit avec joie la soutane.
Depuis quelque temps il sentait en lui le désir de se consacrer à Dieu dans l’apostolat chez les infidèles. A plusieurs reprises des missionnaires étaient venus au grand séminaire répéter la parole de l’Evangile : Messis quidem multa, operarii autem pauci. M. Girard résolut d’être l’un de ces ouvriers. Ayant connu par son directeur M. l’abbé Planchat, frère du martyr de la Commune, la Société des Missions-Etrangères, il obtint son admission dans notre séminaire en 1872. Il était alors sous-diacre. Au dire de ceux qui l’ont connu, M. Girard était très gai et très affable, toujours prêt à rendre service à ses confrères. Il était bon séminariste, pieux et fidèle à tous ses devoirs. Ses supérieurs appréciaient mieux que personne ses qualités, aussi le désignèrent-ils pour le poste de directeur au Collège Général de Pinang. Cette nomination remplit de joie une âme aussi sacerdotale, d’autant plus que ses scrupules lui faisaient redouter le ministère paroissial.
Il quitta Paris le 28 janvier 1872, et arriva en mars à Pinang, bien résolu à travailler de toutes ses forces à la formation du clergé indigène. Sa vie se déroula dès lors sans événements extérieurs. Fréquemment éprouvé au début par la malaria, il finit par bien s’acclimater ; il ne quitta qu’une fois le Collège, pour quelques mois, afin d’aller guérir à Hongkong une sciatique persistante. Il n’y a donc à considérer dans sa vie que lui-même : le professeur et le prêtre.
Au cours de ses 44 ans de professorat, on lui confia successivement ou simultanément plusieurs charges. Il fut, à son arrivée, nommé professeur de latin et d’Ecriture sainte. Il fit la classe de chant pour laquelle le désignaient une très belle voix et un grand amour de la musique. Pendant quelques années, il enseigna la théologie, mais toujours défiant de ses propres forces, il demanda à en être déchargé et à reprendre la classe de grammaire. Quelque matière qu’il eût à expliquer, il apportait le plus grand soin à la préparation de son cours ; rien ne l’en dispensait à ses propres yeux, pas même le fait d’avoir enseigné pendant 30 ans la même chose. Jusqu’à la fin il prépara sa classe avec autant de zèle qu’un débutant, toujours préoccupé de trouver une formule plus simple, plus à la portée de ses séminaristes, cherchant aussi ce qui pourrait mieux éveiller leur attention et les intéresser davantage. Pendant les vacances mêmes, il travaillait en vue du semestre suivant.
En 1879, il fut nommé économe et durant 22 ans il s’occupa de son mieux des intérêts matériels du collège.
Professeur ou économe, M. Girard n’oublia jamais qu’il était prêtre. Sa vie, à ce point de vue, fut l’épanouissement de sa vie de séminariste. Il était foncièrement pieux, d’une piété vraiment large et éclairée, sans formalisme, bien moins préoccupé de dévotions multiples que de la dévotion elle-même.
Après Dieu, M. Girard songeait d’abord à son prochain. Il cherchait à faire plaisir. Son caractère resta toujours jeune et d’une gaîté communicative. Il était prêt à organiser quelque distraction et à rompre la monotonie de notre existence… Mais au-dessus de ces qualités naturelles, on admirait en lui un dévouement tout surnaturel. Il ne refusait jamais de rendre aucun service. Sa charité prenait toutes les formes, quand il y avait, pensait-il, un intérêt surnaturel engagé. Il eût fait plus encore, s’il n’avait pas été aussi défiant de lui-même. Son humilité fut sans doute une des causes qui le rendirent scrupuleux.
A 65 ans, M. Girard avait conservé toute l’agilité d’un jeune homme ; il entreprenait encore pendant les vacances des courses très longues dans la montagne. On pouvait, semblait-il, espérer pour lui bien des années de vie. Et, cependant, il était déjà atteint d’une maladie qui ne pardonne pas. Vers la fin de juin 1916, son état devint en quelques jours très grave. Une opération seule pouvait peut-être encore le sauver. Il l’accepta chrétiennement, et s’y prépara en recevant les derniers sacrements. Le médecin découvrit dans les intestins un cancer qu’il lui fut impossible d’enlever. La mort à bref délai semblait donc inévitable. Bien des fois dans les jours qui suivirent, le cher malade renouvela le sacrifice de sa vie. Mais Dieu voulait l’éprouver encore, lui laisser deux années de souffrances et de mérites. Notre cher confrère accepta la vie comme il avait accepté la mort. Il voulut jusqu’à la fin rester à son poste, et continuer sa classe tant qu’il le pourrait. Il conserva même sa gaîté, et rien ne trahissait au dehors ses souffrances.
Vers le mois de mai 1918 apparurent des signes évidents d’une fin prochaine. Les douleurs furent plus vives, son état réclama des soins plus assujettissants, mais rien ne lui fit perdre son égalité d’âme et son union avec Dieu. Jamais il n’eut une plainte ou un murmure, pas même dans les derniers temps, quand toutes ses journées et toutes ses nuits se passaient en souffrances sans soulagement ni répit. Le jour de l’Assomption, il reçut une dernière fois la sainte communion. La nuit suivante, vers 2 heures, il ressentit des douleurs plus aiguës, mais il patienta jusqu’à 4 heures plutôt que de faire réveiller l’infirmier. Alors seulement il le demanda. Il n’y avait malheureusement plus rien à faire. Il reçut l’extrême-onction et répondit aux prières. Vers 7 heures, toujours soucieux des autres plus que de lui, il pria M. le supérieur, qui l’assistait, de ne pas oublier d’aller déjeuner. Il répondit encore à quelques invocations, et enfin perdit connaissance. Peu après il s’éteignit doucement. Sa mort avait été simple comme sa vie.
Le lendemain tous les Pères des environs et de nombreux fidèles voulurent montrer en quelle estime ils le tenaient en assistant à son enterrement qui se fit au cimetière du collège. A tous il ne laissait que de bons exemples et des regrets.
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Références
[1185] GIRARD Jules (1851-1918)
Références bibliographiques
CR 1874 p. 47. 1895 p. 325. 1910 p. 292. 1911 p. 266. 1916 p. 175. 1917 p. 147. 1918 p. 124. 125. 187-189 (notice). 1922 p. 228. 229. APF 1918 p. 302.
Bibliographie
Le Père Jules Girard", par le Père Guéneau, brochure de 14 pages, 1923.