Pierre ROUSSIN1849 - 1882
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1205
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1874 - 1882 (Hanoi)
Biographie
[1205]. ROUSSIN, Pierre, vit le jour dans la paroisse d'Arnay-sous-Vitteaux, commune de Brain (Côte-d'Or), le 1er février 1849. Ses études classiques achevées au petit séminaire de Plombières-les-Dijon, il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 22 mars 1870, y reçut le sacerdoce le 30 mai 1874, et partit le 15 juillet suivant pour le Tonkin occidental. Il resta quelque temps à Ke-so, puis travailla dans le Lac-tho, pays malsain. Il réussit fort bien, et acquit une grande influence sur les païens dont il convertit un certain nombre, et sur les chrétiens qu'il améliora. Il mourut à Hanoï, le 11 mai 1882.
Ses chrétiens le regrettèrent profondément. Ils étaient allés le voir à Hanoï, malgré les difficultés d'un voyage de trois à quatre jours, et lui avaient conduit les meilleurs médecins de leur tribu.
Nécrologie
M. ROUSSIN
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONG-KING OCCIDENTAL
« Je suis bien résigné à la volonté du bon Dieu, je sais que je vais mourir, mais je pars sans regret. J’ai encore ma bonne vieille mère, mais je regrette surtout mes pauvres sauvages. » Ces paroles que peu de jours avant sa mort M. Roussin adressait à ses Confrères qui l’assistaient, expriment bien les sentiments dont était animé le pieux Missionnaire au soir d’une vie trop courte, hélas ! et au seuil de l’éternité. Il est heureux de mourir, puisque c’est Dieu qui l’appelle ; il pense à sa mère, à la douleur que lui causera sa mort; il pense surtout à ces pauvres enfants de la forêt, dont il est le père et que sa mort va rendre orphelins.
Né à Brain dans le diocèse de Dijon, le 1er février 1849, M. Pierre Roussin avait vingt-un ans, lorsque, le 22 mars 1870, il entra au Séminaire des Missions Étrangères. Ordonné prêtre le 30 mai 1874, il partit le 14 juillet suivant pour le Tong-King occidental, où il arriva au mois de novembre.
« Selon l’usage de notre Mission, écrit Mgr Puginier, je le gardai quelque temps auprès de moi et, lorsqu’il fut en état de parler la langue annamite, je l’envoyai avec M. Thoral s’exercer au ministère apostolique. Il avait pour modèle et pour maître un Confrère d’un zèle vraiment admirable. Au bout de deux ans, je le trouvai assez formé pour lui confier la direction d’un poste difficile, du district de Lac-Tho, composé de deux mille sauvages ; pour l’aider dans son ministère, je lui adjoignis deux prêtres indigènes.
« M. Roussin reçut sa destination avec un grand contentement qu’il laissait même paraître à l’extérieur, malgré sa nature froide et réservée. Avant son départ, il vint me faire ses adieux et rece¬voir mes instructions pour l’établissement d’un état de choses qui devait contribuer à rendre plus habitable ce district regardé aupa¬ravant comme le tombeau de ses prêtres. Son voyage fut disposé de manière à ce qu’il pût arriver à son poste le jour de la fête de l’Immaculée-Conception. Les sauvages vinrent en grand nombre à sa rencontre, à deux journées de marche : ils étaient contents de posséder leur nouveau Père, et lui n’était pas moins heureux de la part que le Seigneur lui avait faite.
« M. Roussin fut bien vite au courant des us et coutumes du pays, et il sut acquérir sur les chefs païens de la tribu une si grande influence, qu’il put débarrasser ses néophytes des actes superstitieux auxquels on les voulait astreindre auparavant. Les païens comme les chrétiens, n’entreprenaient rien d’important avant d’avoir con¬sulté le Père, parce que tous étaient convaincus de sa prudence, de sa sagesse et de son équité.
« Ce cher Confrère avait éprouvé à différentes reprises les in¬convénients de l’acclimatement, mais sa santé n’en avait pas beau¬coup souffert, et depuis quelques années il était vraiment fait à ce pays de montagnes. Au mois de juillet dernier, il contracta une maladie qui tout d’abord ne parut pas grave, mais on ne tarda pas à s’apercevoir que sa constitution était fortement ébranlée... »
C’est alors surtout que ses chers sauvages montrèrent combien ils lui étaient attachés tous les jours, ils venaient en grand nombre le voir et lui apporter des remèdes. Aussi ne pouvait-il se faire à l’idée de quitter ses enfants bien-aimés, il fallut un ordre de son Évêque pour qu’il consentît à venir recevoir, à la résidence épis¬copale d’abord, puis à Ha-noï, les soins qui lui étaient nécessaires. De leur côté, les sauvages le suivirent jusque dans sa retraite. Un jour, on vit arriver à la communauté une vingtaine de ces braves gens, hommes et femmes, emmenant avec eux les principaux médecins de la tribu. Ils n’avaient pas hésité à faire trois ou quatre journées d’une marche pénible à travers les montagnes, pour venir le voir une dernière fois. Pauvres sauvages ! Ils l’aimaient comme un père, et lui les aimait comme ses enfants.
Cependant le moment de la séparation était proche, la science des médecins français de Ha-noï et le dévouement des Mission¬naires étaient impuissants à rendre au corps du malade des forces qu’il avait consumées au service des âmes dans un pays malsain, et bientôt tout espoir de le sauver fut perdu. Nous avons déjà vu comment il vit approcher la mort.
Sa piété ne fut pas moins admirable que sa résignation. Tout le temps que dura sa maladie, il donna de touchants témoignages de sa dévotion envers Marie, notre bonne Mère. Il eut souvent le bonheur de faire la sainte communion, et c’est avec la foi la plus vive qu’il reçut les derniers Sacrements. Enfin, le 11 mai, à quatre heures et demie du soir, il rendit doucement son âme à Dieu, au moment où l’Église récitait à l’Office du jour : Pretiosa in conspectu Domini mors sanctorum ejus ! Alleluia !
Références
[1205] ROUSSIN Pierre (1849-1882)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1905, p. 133.
Notice nécrologique. - C.-R., 1882, p. 109.