Pierre DÉLÉTRAZ1852 - 1886
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1245
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1875 - 1884
- 1885 - 1885
- 1884 - 1885 (Hong Kong)
- 1885 - 1886 (Hong Kong)
Biographie
[1245]. DÉLÉTRAZ, Pierre-Casimir, naquit à Sévrier (Haute-Savoie) le 19 avril 1842, et fit ses études au petit séminaire Sainte-Marie, à La Roche-sur-Foron. Prêtre le 15 juin 1867, il fut vicaire à Samoëns jusqu'à son entrée au Séminaire des M.-E. le 11 juillet 1874.
Il partit pour le Kouang-tong le 6 avril 1875. A son arrivée à Canton, on le mit à la tête du séminaire ; sous son supériorat, les quatre premiers prêtres de la mission du Kouang-tong furent ordonnés. Deux ans plus tard, sur son désir de faire du ministère, on lui confia le district de Pak-hoï qu'il développa ; il fonda une chrétienté dans la ville de Lun-tchao fou.
A la fin de 1879, il fut placé à la tête du district de Hoc-chan où tout était à organiser, et où il importait de réagir avec vigueur contre les tentatives protestantes. Quoique souffrant d'une sciatique et souvent atteint de la fièvre, il se mit aussitôt à l'œuvre, édifia une résidence et une chapelle, institua un orphelinat, et réussit à ramener au catholicisme une trentaine de chrétiens qu'avaient attirés les protestants.
Très fatigué, il essaya de se reposer en dirigeant pendant sept mois l'orphelinat de Canton, puis fit un voyage en France. Au bout de dix mois, il repartit ; un typhon venait de renverser les bâtiments qu'il avait construits à Hoc-chan ; il les releva et reprit ses travaux.
La persécution qui éclata lors de la guerre franco-chinoise, le força de quitter son district et de se réfugier à Hong-kong. Il rentra à Hoc-chan en août 1885, travailla avec activité jusqu'au mois de décembre de la même année. A bout de forces, il se rendit au sanatorium de Béthanie, à Hong-kong, où il mourut le 23 avril 1886.
Nécrologie
M. DELÉTRAZ
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU KOUANG-TONG
Né………… le 19 avril…………1842.
Parti……… le 6 avril…………1875.
Mort……… le 23 avril…………1886.
M. Pierre-Casimir Delétraz était originaire du diocèse d'Annecy. Né à Sévrier (Haute-Savoie), le 19 avril 1842, c'est seulement après avoir exercé plusieurs années le ministère dans son diocèse qu'il entra au Séminaire des Missions-Étrangères. Il y arriva le 11 juil¬let 1874. Aucun de ses condisciples d'alors n'aura oublié avec quelle édifiante régularité il reprit la vie du séminaire et sut se plier aux plus petites exigences de la règle. A une gaieté franche et cordiale, à une affabilité égale pour tous, il alliait le sérieux d'un homme déjà mûr. Ce furent ces qualités, autant que la circonstance extraordinaire du retour à Canton de Mgr Guillemin, qui décidèrent ses supérieurs à abréger pour lui le temps ordinaire du séjour au Séminaire.
Nous sommes heureux de reproduire sur sa carrière apostolique et ses derniers moments les intéressants détails que nous a transmis M. Codis, comme lui missionnaire du Kouang-Tong.
« Le 23 avril, jour du Vendredi Saint, à 5 heures du soir, écrit ce confrère, le P. Delétraz a terminé, à Béthanie, le temps de son épreuve ici-bas. Et l'on peut dire qu'il l'a fait sur là croix, nonob¬stant tous les soins possibles que lui a prodigués le bon P. Patriat. Depuis trois mois, en effet, il était cloué sur un fauteuil, sans que sa maladie lui permit d'étendre son corps ni de dormir.
« La manière dont il a combattu ces derniers combats a été, comme toute sa vie, l'expression de la foi la plus vive, d'une énergie d'autant plus grande qu'elle était plus calme, et d'un abandon com¬plet à la sainte volonté de Dieu.
« J'aime à croire que le bon Dieu lui a accordé la grâce de mourir le même jour que Notre-Seigneur Jésus-Christ pour le récompenser de la patience avec laquelle il a supporté les lourdes croix qu'il a rencontrées durant ses onze ans de mission.
« Il quitta Paris, pour se rendre à Canton, au mois d'avril de l'année 1875, en compagnie de Mgr Guillemin, son Vicaire Apos¬tolique. Pendant la traversée, l'étendue de ses connaissances, la recti¬tude de son jugement, sa régularité frappèrent l'attention de Sa Grandeur, qui eut, tout de suite, l'idée d'en faire le supérieur du Séminaire de Canton.
« Dès son arrivée à Canton, il exprima le désir d'aller au plus tôt en district. La raison qu'il avait pour lui, c'est qu'étant, d'un âge relativement avancé, il ne pouvait se mettre trop tôt à l'étude de la langue: ce qui est bien plus facile au commencement et loin de Canton. Tout en appréciant ses raisons, Sa Grandeur lé chargea du Séminaire jusqu'à l'époque où les grands séminaristes seraient arrivés à la prêtrise.
« Quoique vivement contrarié dans ses goûts, il se mit de tout cœur à cette œuvre si importante du clergé indigène. Avec quelle vigilance il s'occupa du bon ordre de sa maison! Avec quel zèle et quelle charité il s'appliqua à la surveillance de ses élèves, à leur direction, travaillant à déraciner leurs défauts, et à édifier à la place les vertus opposées ! Que de nuits, au début, il passa à pré¬parer dans l'étude et la méditation, ses instructions et ses cours de Théologie et d'Écriture-Sainte.
« Aussi bien J'estime, l'affection et la confiance que lui témoignè¬rent continuellement ses élèves et les progrès qu'ils firent dans la science et la vertu le dédommagèrent-ils du sacrifice qu'il avait fait en acceptant cette charge.
« Au bout de deux ans, il eut la joie de voir quatre de ses élèves élevés au sacerdoce. C'étaient les premiers du clergé indigène de Canton qui a déjà rendu de grands services surtout pendant la guerre.
« Après l'ordination, selon sa promesse d'autrefois, Monseigneur lui donna un district. Pac-Hoï lui échut en partage; ce district se trouve au Sud-Ouest, à 100 lieues de Canton.
« Je n'ai jamais été dans cette partie de la mission, mais j'ai toujours ouï dire par les confrères que, sous l'administration du P. De-létraz, le district de Pac-Hoï avait considérablement augmenté d'importance, qu'il avait ouvert un poste dans la ville de Lun-Tchao¬ Fou et qu'il s'acquittait avec beaucoup de régularité et de précision des nombreuses commissions que lui confiaient les Pères de la Pro¬cure ou des districts environnants.
« Mais ce que je sais bien, c'est, qu'il aimait beaucoup ce district et qu'il l'a regretté jusqu'à sa mort. La moindre nouvelle qu'on lui en donnait l'intéressait. Le nom seul de Pac-Hoï le réjouissait. Il fut chargé de ce district pendant près de deux ans.
« A cette époque, le district de Hoc-Shan, de fondation récente, était en butte à une multitude de difficultés qui semblaient le vouer à une perte presque certaine. Quelques chrétiens, trop amateurs de chicane, venaient d'y perdre en peu de temps plusieurs procès, qui avaient fait du bruit, et beaucoup diminué la considération des chrétiens devant les païens et les mandarins. On n'avait encore pu y bâtir ni chapelle ni résidence. Les plus anciens chrétiens ne l'étaient pas depuis plus de six ou sept ans, et les protestants faisaient des efforts inouïs pour les attirer à eux. Ils leur assuraient que les missionnaires catholiques ne voulaient plus de ce pays, et qu'il ne leur restait plus qu'un moyen de sauver leurs âmes de l'enfer, et leurs biens terrestres de la rapacité des païens, c'était de venir à eux. Déjà ils avaient bâti un temple, une résidence et une école. Deux catéchistes et deux chrétientés entières s'étaient laissés éblouir par les promesses qu'on leur faisait et étaient passés dans le camp de l'erreur. Les autres chrétiens ne tenaient qu'à un fil ou étaient fortement ébranlés. Et pour comble de malheur, sans local pour se réunir, les néophytes étaient depuis 15 mois privés de missionnaire résidant au milieu d'eux.
« A la fin de 1879, le supérieur de la mission, M. Béal, choisit pour ce poste le P. Delétraz.
« Quitter son cher et beau Pac-Hoï et pour Hoc-Shan, ce fut pour le P. Delétraz une rude épreuve; mais l'obéissance, lui fit faire généreusement ce sacrifice.
« Il eut hâte de se rendre auprès de ses nouvelles ouailles, Il trouva que les protestants se disposaient à bâtir une autre résidence, avec temple et école, à Tsy-Sheak-Hang, la principale chrétienté dont ils avaient déjà gagné un tiers des habitants. Aprs avoir fait le tour du district, il comprit qu'à cause de la faiblesse des chrétiens et du prestige qu'avaient obtenu les protestants par leurs écoles, leurs promesses et aussi les bruits qu'ils avaient répandus contre nous, c'en était probablement fait de ce district, si les, dissidents élevaient leur citadelle dans cette chrétienté. Il n'y avait qu'un moyen de les en empêcher, c'était de bâtir avant eux.
« Très fatigué par la fièvre et une sciatique dont les vives douleurs lui enlevaient le sommeil et l'appétit, la prudence humaine lui con¬seillait de prendre quelques soins de sa santé. Il le devait surtout avant de s'exposer aux misères innombrables que le démon ne manque guère de susciter contre ceux qui, au milieu de son empire, élèvent un temple au vrai Dieu. Mais attendre, c'était laisser la victoire aux protestants, et probablement, achever de ruiner ce pauvre district.
« Dans cette alternative, il compta pour rien sa santé et les misères qui l'attendaient, et se mit hardiment à l'œuvre. Quinze jours plus tard, les protestants devaient commencer; il fallait se hâter. En deux jours, les matériaux sont achetés, le troisième jour, les ouvriers sont choisis et le quatrième jour, les chemins de Sha Ping à Tsy-Sheak-Hang étaient couverts de longues files de porteurs de briques, de chaux et de tuiles. Car, dans ce district, il n'y a ni chars, ni grands chemins, et tous les transports se font à dos d'homme, et par de très mauvais petits sentiers d'un pied ou deux de large.
« Quand les protestants voulurent bâtir leur temple, ils apprirent. que, dans toutes les vallées environnantes, l'on ne parlait que de la chapelle du P. Delétraz et de l'entrain avec lequel les travaux se poursuivaient; que ce Père était presque tout le jour au milieu des ouvriers, que leurs adeptes de cet endroit venaient le voir tous les jours. Ils comprirent qu'il n'y avait plus de place pour eux dans ce pays. Aussi depuis, ils n'ont plus parlé de leur temple ni de revenir et sont restés confinés dans le bas Hoc-Shan à Sam-Paou et à Pac--Shouy-Tay, où le P. Delétraz n'a pas eu le temps d'étendre son action.
« Au bout de 7 mois, la chapelle et la résidence de Hoc-Shan étaient achevées. Les chrétiens, ne craignant plus qu'on les aban¬donnât, redevenaient fervents; une trentaine d'abjurations de protes¬tants et quelques catéchumènes vinrent réjouir le cœur du mission-naire, l'avenir du district de Hoc-Shan était assuré, mais le P. Delétraz était à bout de forces. Deux fois le docteur américain de Canton déclara que tant qu'on n'aurait pas guéri la sciatique, il était impossible de ramener le sommeil et l'appétit et de triompher de lit faiblesse extrême, et qu'il fallait pour cela recourir aux eaux d'Air, de Barèges ou de Luchon.
« En ce moment, le besoin de missionnaires était si pressant que le P. Delétraz fit encore un dernier effort, pour attendre qu'il vnt de France un renfort de missionnaires. En attendant, il employa le peu de forces qui lui restaient à diriger les latinistes et l'orphelinat, ce qui lui était facile à cause de l'habitude qu'il avait du personnel et de l'administration de cette maison.
« L'année suivante, sa santé ne s'étant pas améliorée et le docteur de Hong-Kong, M. Guerrlach ayant donné un avis semblable à celui du docteur de Canton, le P. Delétraz consentit à tenter un voyage en France.
« Une saison aux bains d'Aix en Savoie le délivra complètement de ses douleurs rhumatismales, et les forces ne tardèrent pas à revenir.
« Il se disposa bientôt à rentrer à son poste. Il avait demandé un an de repos; il revint après dix mois de séjour en France.
« Ce second départ lui fut beaucoup plus pénible que le premier. Mais rien ne put le faire hésiter même un instant; ni les positions avantageuses qu'on lui offrait, ni la voix de l'amitié, du sang et de la patrie, ni la perspective des croix qui l'attendaient ne furent capables de lui faire manquer sa vocation. Il sacrifia tout pour elle. « Dedit omnia et comparavit eam. »
« Peu de temps après son retour, un violent typhon ravagea son district et détruisit beaucoup de maisons. Sa chapelle et sa résidence furent renversées. Il se remit à l'œuvre et au bout de 7 ou 8 mois les dégats du typhon furent réparés.
« Mais comme la première fois, sa santé eut beaucoup à souffrir de ces travaux. Le 17 août 1884, il arriva chez moi très fatigué. Au bout de quelques jours, voyant qu'il ne pouvait supporter aucune nourriture chinoise, je lui fis un devoir d'aller se reposer quelques jours à Canton, où le régime européen l'aurait bientôt remis. Il s'y rendit le 22 août. C'est là que le trouvèrent les événements qui obligèrent l'évêque et les missionnaires de Canton à quitter le sol chinois pendant la durée de la guerre.
« Après un an d'exil, il rentra dans son district au mois d'août 1885. Il avait toujours su garder de très bons rapports avec les notables du pays. Aussi, pendant la guerre, ceux-ci se montrèrent énergiques et ne permirent jamais à la populace de piller la chapelle. Ils firent même quelques observations aux gens du mandarinat. Et si ceux-ci pillèrent, secrètement et à plusieurs reprises, les objets qui leur plaisaient dans le mobilier du Père, la chapelle d'Hoc-Shan ne fut pas livrée publiquement au sac ; et si, à son retour, le P. Delétraz trouva sa chapelle et sa résidence vides, il les trouva du moins habitables.
« il était occupé à réparer les maux que la persécution avait causés parmi ses chrétiens, lorsqu'au commencement de décembre, les fatigues et les privations le jetèrent de nouveau dans une grande prostration. Il aurait dû, dès lors, revenir se soigner à Canton; mais voyant les chrétiens désirer beaucoup l'avoir pour la fête de Noël, il ne voulut point les priver de cette consolation. Il attendit donc, entendit les confessions, et célébra la fête malgré son extrême faiblesse. Ensuite, il partit pour Béthanie.
« C'est là que pendant quatre trois, il a supporté avec une patience inaltérable, les douleurs de la maladie, qui a hâté, comme il disait, la fin de son exil ici-bas. Les trois docteurs de Hong-Kong, ne tardèrent pas à reconnaître que le mal, contre lequel luttait l'énergique malade, était un abcès au foie. Le 24 mars, les trois docteurs réunis, après avoir longtemps conféré ensemble, tentèrent une opération, dernière chance de salut. Le P. Delétraz voulut d'abord recevoir les sacre¬ments des mourants, il s'abandonna ensuite entre les mains des médecins. L'opération n'ayant pas eu les résultats qu'on en espérait, les médecins s'attendaient chaque jour à le voir mourir. Quant à lui, il disait à son compatriote et ami, le P. Guillot, alors malade à Hong-Kong : « Je crois « arriver à la Semaine Sainte, mais je ne pense pas voir Pâques en ce monde. » Il avait deviné juste.
« Quinze jours après, le 16 avril, comme il parcourait l'Ordo pour se distraire, il dit aux confrères qui l'entouraient : « Le 19 de ce mois est le jour de mon baptême. Né à cinq heures du « matin, j'ai été baptisé à huit heures. J'aimerais ce jour pour mourir. Cette harmonie me plaît. Il « est bien permis d'être quelquefois un peu poète, ajoutait-il en riant. »
« Comme un confrère lui faisait remarquer que cette année, le 19 avril coïncidait avec la Semaine Sainte, et que le Vendredi Saint serait encore le plus beau jour pour mourir. « C'est vrai, » dit-il, et il exprima le désir de mourir en ce saint jour.
« Depuis un mois, tous les jours le P. Patriat ou un autre confrère lui apportait la sainte Communion un peu après minuit, et à la pointe du jour, un confrère célébrait la messe dans sa chambre.
« Sauf les moments où on lui rendait visite, il était continuellement absorbé dans la prière et n'aimait pas les visites trop longues, désirant s'entretenir davantage avec Dieu.
« Le jour de l'anniversaire de son baptême, 19 avril, auquel il s'était préparé par une nouvelle confession, l'ayant trouvé mieux, je lui en fis la remarque. Il me répondit : « Maintenant, que je « suis arrivé si près de mon éternité, il m'en coûterait vraiment de retourner en arrière. »
« Cette légère amélioration se continua jusqu'au milieu du jour du Vendredi Saint. Le matin à 7 heures, comme je lui parlais du mystère de ce saint jour, il me dit :.« Il y a deux textes qui me « viennent toujours à l'esprit et me fournissent suffisamment de saintes pensées et affections « pour ma méditation. Ces deux textes sont: « Non mea voluntas, sed tua fiat. Consummatum est. » Peu après il ajoutait : « C'est aujourd'hui le jour du grand silence, je désire l'observer. Je « n'ai pas besoin d'être veillé. Je vous remercie, vous pouvez aller à l'office; priez-y pour moi. »
« A 10 heures, je le trouvai plongé dans l'oraison, il dit n'avoir besoin de rien; à 11 heures également; à midi de même; à une heure il avait un peu plus d'oppression; à deux heures et demie il parvint à se faire donner du vinaigre dont il se frotta un peu le visage ; il voulut aussi y tremper ses lèvres en union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ.
« A 4 heures et demie, il demanda une dernière absolution et les prières dés agonisants. Après que je me fus entretenu quelques instants avec lui, et que je lui eus donné l'absolution, il insista encore pour qu'on commençât tout de suite les prières de l'agonie.
« En un clin d'œil, tous les confrères de Béthanie et les domes¬tiques furent à genoux autour de lui. Il était toujours assis sur son fauteuil, tourné vers l'autel de sa chambre, où le P. Patriat avait suspendu une grande gravure représentant saint François-Xavier mourant. Le P. Delétraz aimait beaucoup cette image. Au début, il put suivre les paroles liturgiques et même répondre aux prières.
« Lorsque j'eus récité le verset Proficiscere, anima christiana, ses yeux devinrent fixes, sa respiration très précipitée, il parut perdre connaissance. En ce moment un bandeau passa devant mes yeux; quelque chose étouffa ma voix. Je ne pus continuer. Le P. Villaume, acheva à haute voix la récitation des prières des agonisants, pendant que le P. Guillot, à genoux près de la tête du mourant, lui suggérait de pieuses pensées et des invocations et lui présentait alternativement à baiser le scapulaire et le crucifix. Vers la fin de la récitation des prières, le très cher P. Delétraz a rendu son âme à Dieu, tout doucement et sans la moindre secousse; comme quelqu'un qui, après une journée de labeur, entre en un sommeil paisible.
« Quelques jours après, cette triste nouvelle arrivait dans son district de Hoc-Shan, et le P. Murcier célébrait un service au milieu de tous les chrétiens réunis et fondant en larmes. Ils avaient revêtu les habits de deuil, comme ils le font à la mort d'un père ou d'une mère.
« J'espère que celui qui a accordé au très cher P. Delétraz la grâce de mourir le même jour que Notre-Seigneur Jésus-Christ, lui aura donné aussi, eu égard aux mérites de la divine Victime de ce grand jour, celle d'entrer bientôt en Paradis, accompagné de la longue suite de ses actes de vertu : Beati mortui qui in Domino moriuntur, opera enim illorum sequuniur illos, et que maintenant, de concert avec Mgr Guillemin, il intercède auprès de Dieu pour la mission de Canton, pour laquelle ils ont tous les deux beaucoup travaillé et beaucoup souffert.
Références
[1245] DÉLÉTRAZ Pierre (1842-1886)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1876, p. 18 ; 1883, p. 30.
Notice nécrologique. - C.-R., 1886, p. 193.