Pierre GUILLOT1853 - 1921
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1308
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1877 - 1921 (Hué)
Biographie
Pierre GUILLOT naquit le 26 janvier 1853 à Belmont-Tramonet, archidiocèse de Chambéry, département de la Savoie. Il fit de solides études secondaires au petit séminaire de Pont-de-Beauvoisin, où il fut le condisciple de NN.SS. Guillon Laurent et Berlioz Alexandre.
Le 23 Septembre 1873, il entra laïque au séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 20 mai 1874, minoré le 19 décembre 1874, sous-diacre le 10 octobre 1875, diacre le 11 mars 1876, il fut ordonné prêtre le 23 septembre 1876, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Septentrionale qu'il partit rejoindre le 30 novembre 1876, avec M. Ernest Girard destiné à la même mission.
Arrivé à Hué le 26 mars 1877, il fut envoyé dans la province de Quang-Binh, où il se mit à l'étude de la langue viêtnamienne sous la direction de M. Mathey, d'abord à Sao-Bien puis à Trung-quan, patrie de Saint Thomas Tran-van-Thien, élève de St. François Jaccard, et son compagnon de martyre. Le 1er Avril 1882, il succéda à M.Barthélémy, en tant que professeur et adjoint à M.Renauld, nouveau supérieur du grand séminaire. Mgr. Caspar décida d'installer cet établissement à Tho-Duc, sur la rive droite du fleuve Huong-Giang. Le terrain acheté par M.Renauld était bas et marécageux; des travaux importants de terrassement s'imposèrent. Le 4 novembre 1882, 42 élèves firent leur première rentrée à Tho-Duc. Deux mois après ils furent atteints du béribéri; on dut les licencier.
L'empereur Tu-Duc mourut le 19 juillet 1883, et commença alors une période d'anarchie. Au séminaire de Tho-Duc, maitres et élèves vivaient sur le qui vive. Cependant, de février 1884 au 30 juin 1885, le séminaire suivit une marche à peu près régulière. M. Guillot porta tous ses soins à la formation spirituelle et intellectuelle de ses élèves, sans négliger le côté matériel, car l'installation avait été hâtive. En mai 1885, atteint de la fièvre typhoïde, il fut hospitalisé, et alla refaire sa santé au sanatorium de Béthanie à Hong-Kong, pendant une année.
A son retour, M.Guillot reprit sa place au séminaire où il ne restait plus qu'une dizaine d'élèves. Le 13 Avril 1887, il fut nommé curé de la paroisse de Duong-Son, où St. François Jaccard avait exercé son ministère. C'est là qu'il passa tout le reste de sa vie missionnaire.
Il s'occupa à développer ses chrétientés annexes,et l'oeuvre de la sainte enfance; il dirigea une communauté importante de religieuses viêtnamiennes. En 1889, il accueillit M.Gontier pour sa formation missionnaire. Il ramena des villages qui, au temps des persécutions, avaient bandonné la religion" et ouvrit quelques postes missionnaires nouveaux.qui sont devenus le noyau d'une grande paroisse. Il envoya de nombreux enfants au séminaire dont trois arrivèrent au sacerdoce.
De santé frêle et délicate, accueillant, très mortifié,obéissant, détaché des choses de ce monde, il montra surtout une grande charité envers les malheureux, même si ceux-ci abusaient parfois de sa générosité, car tout ce qui arrivait entre ses mains passait aux pauvres. D'un caractère affable et gai, il se prêtait volontiers aux taquineries de ses confrères. Il riait de ses nombreuses distractions qui l'avaient rendu légendaire.Il affectionnait l'astronomie, parce que cette étude élevait sans doute son esprit au dessus des choses vulgaires de ce monde.
En 1919,fatigué et atteint d'une laryngite tuberculeuse M.Guillot reçut comme auxilaire M.Bertin, sur lequel il se déchargea de l'administration de sa paroisse. Sa maladie s'aggravant, il dût quitter Duong-Son le 10 janvier 1921, pour rentrer à l'hôpital central de Hué. Le 25 janvier 1921, il s'installa définitivement à la procure de la Mission. C'est là qu'il rendit son âme à Dieu le 22 novembre 1921, vers 7 heures du matin, assisté par M. Darbon.
Nécrologie
M. GUILLOT
MISSIONNAIRE DE COCHINCHINE SEPTENTRIONALE
M. GUILLOT (Pierre), né à Belmont-Tramonet (Chambéry, Savoie), le 26 janvier 1853. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères, le 23 septembre 1873. Prêtre, le 23 septembre 1876. Parti pour la Cochinchine Septentrionale, le 10 novembre 1876. Mort à Huê, le 22 novembre 1921.
Né le 26 janvier 1853, à Belmont, dans l’archidiocèse de Chambéry, M. Guillot Pierre fit de brillantes et solides études au petit séminaire de Pont-de-Beauvoisin ; il y eut pour condisciples NN. SS. Guillon et Berlioz dont il aimait à rappeler le souvenir. Il entra le 23 septembre 1873 au Séminaire des Missions-Étrangères et y passa un peu plus de trois ans. Dès son arrivée à Huê, le 26 mars 1877, en compagnie de M. Girard destiné à la même Mission, il fut envoyé dans la province de Quang-Binh, où il se mit à l’étude de la langue sous la direction de M. Mathey, d’abord à Sao-Bien, puis à Trung-Quan, patrie du Bienheureux Thomas Thiên. Le 1er janvier 1882, Mgr Caspar lui offrit comme étrennes le poste de professeur au Grand Séminaire de Huê. Vers le milieu de 1885, il fut atteint d’une fièvre typhoïde qui mit ses jours en danger, et dut, après avoir repris des forces suffisantes, s’éloigner de la Mission, pour aller au Sanatorium de Béthanie. A son retour de Hongkong, en 1886, il fut envoyé à Duong-Son, où jadis, un de ses illustres compatriotes, le Bienheureux Jaccard, avait exercé le saint ministère. C’est là qu’il passa tout le reste de sa longue carrière apostolique.
Notre confrère eut toujours une santé frêle et délicate ; il aimait à se traiter lui-même de « vieille masure » ; mais cette vieille masure, qui menaçait toujours de s’écrouler, parvint néanmoins à se soutenir vaille que vaille pendant 45 ans. A défaut de forces physiques, son âme était douée de toutes les énergies, et sa vie de missionnaire fut féconde en belles et solides fondations. Durant son long séjour à Duong-Son, il prit un soin spécial de la communauté de ses chères « Filles de Marie », dans laquelle il fit régner le bon esprit, l’amour de la règle et la pratique des vertus religieuses ; il jeta la semence dans neuf villages entièrement païens, qui ont été le noyau d’une grande paroisse aujourd’hui prospère. Ce que lui coûtèrent de sueurs et de larmes ces diverses fondations, il le laissait entrevoir parfois dans ses conversations avec les prêtres indigènes, dont la formation apostolique lui était confiée ; mais ce qu’il aimait à faire ressortir, c’était l’affection que lui témoignaient ses néophytes.
Un des traits les plus accusés de la physionomie morale de notre confrère fut, sans contredit, sa grande charité envers les malheureux. Tous étaient sûrs de trouver auprès de lui le meilleur accueil ; sa bourse leur était toujours ouverte ; ses habits, ses couvertures, ses nattes devenaient facilement leur propriété ; souvent même il se privait pour eux de la nourriture qui lui était préparée. Rencontrait-il sur les chemins, des vieillards, des orphelins, des malades, il les hospitalisait au presbytère et les gardait là jusqu’à ce qu’il eût pu leur trouver un gîte confortable ou les préparer à une mort chrétienne. Est-ce à dire qu’on n’abusait jamais de sa bonté ? Il lui arriva bien parfois d’héberger de faux mendiants et de faux malades qui prenaient soudain la clef des champs, sans oublier d’emporter couvertures et habits ; mais cela ne lassait jamais sa charité. « Ma parole ! disait-il, oui, j’ai été roulé. » Et il trouvait aussitôt l’excuse des cœurs obstinément bons : « Pour quelques-uns qui m’ont ainsi trompé, serait-ce bien de laisser dans la misère tant de braves gens ! » Et il continuait. Les chrétiens de Duong-Son connaissaient les générosités de leur pasteur, et les privations qu’elles lui imposaient ; aussi venaient-ils lui offrir du riz, de l’argent, voire même des habits, en prenant la précaution de bien spécifier que tous ces dons étaient destinés à son usage personnel ; précaution inutile : ses amis les pauvres ne tardaient pas à en profiter.
Son zèle auprès des malades n’était pas moins intense que sa charité envers les malheureux. Quand un malade avait reçu les derniers Sacrements, notre confrère restait à son chevet jusqu’au moment suprême, lui prodiguant ses consolations et l’assistant de ses prières. Tout à son devoir de bon Pasteur, il ne put jamais concevoir pour lui, au chevet de ses moribonds, une crainte de contagion, ni même ressentir quelque incommodité, pourtant réelle, dans les pauvres réduits où ni l’air ni la lumière ne peuvent pénétrer ; il pouvait dire avec l’Apôtre : « Nihil horum vereor, nec facio animam meam pretiosiorem quam me, dummodo consummem cursum meum et ministerium verbi. » A ce zèle pour le salut de ses brebis, il joignait une application constante à sa propre perfection : il était un prêtre très régulier ; il partageait tout le temps, qu’il ne consacrait pas aux œuvres extérieures, entre la méditation, la prière, de longues et nombreuses visites au Saint-Sacrement et l’étude de la théologie et de l’Ecriture Sainte ; il affectionnait cependant une science profane ; l’astronomie, parce que, sans doute, son étude tenait son esprit élevé au-dessus des choses vulgaires du monde.
Sa vie était très mortifiée ; la préparation culinaire de sa nourriture ne figura jamais sur la liste de ses soucis ; un peu de lait, des grenouilles, des patates cuites à l’eau, un ou deux bols de riz plus ou moins sec, tel était son menu à peu près quotidien. Ses habits, ses meubles, sa maison d’habitation étaient tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Un jour pourtant, sur la représentation de son Supérieur, il dut se décider à construire une maison un peu plus confortable, que nous appelions « la maison de l’obéissance ». Sur ce point, les exigences de cette vertu furent strictement interprétées, car, comparée à la plupart des autres presbytères de la Mission, qui sont pourtant fort en deçà des limites séparant l’utile du superflu, la nouvelle habitation de M. Guillot fut et resta bien étroite et très incommode. Il en souffrait évidemment, d’autant plus que son état de santé eût exigé un certain confort ; mais on ne l’entendit jamais s’en plaindre, pas plus du reste que des autres souffrances physiques ou morales qui ne lui furent pas ménagées : tout au plus, le surprenait-on parfois laissant échapper un soupir prolongé qui était l’indice d’une douleur ou d’une peine mal contenues. Il était d’un caractère affable et gai et se prêtait volontiers aux innocentes taquineries de ses confrères ; il était le premier à rire des nombreuses distractions qui l’avaient rendu légendaire. Un soir, il cherchait un abat-jour, le seul meuble superflu sans doute de la maison, superflu à cause du vieux lumignon fumeux dont il était destiné à modérer la lumière, pourtant si peu éblouissante ; il cherchait depuis quelque temps déjà et y mettait de l’obstination, lorsqu’un geste désespéré le lui fit découvrir.. sur sa tête où, par distraction il l’avait placé en guise de couvre-chef.
En 1919, fatigué de plus en plus, et atteint d’une laryngite tuberculeuse qui lui avait causé une extinction de voix, M. Guillot reçut un précieux auxiliaire en la personne de M. Bertin, sur lequel il se déchargea de tout le souci de l’administration. Son plus grand désir était de pouvoir se préparer à la mort, dont il sentait l’approche, et de terminer sa vie au milieu de ses ouailles ; mais la maladie s’aggravant et réclamant des soins assidus, il dut se résigner, si dur que fut le sacrifice, et quitta Duong-Son, le 10 janvier 1921. Quelques jours après il entrait à l’hôpital central de Huê, où les bons soins de son compatriote, le Dr Guide, ne purent lui procurer aucune amélioration sensible ; le 25 du même mois, il s’installa définitivement à la Procure de la Mission, s’abandonnant complètement entre les mains de Dieu et du Père Procureur. Pendant un mois il eut encore le bonheur de célébrer la sainte messe chaque jour ; mais à partir du 24 février, la faiblesse devint telle qu’il dut y renoncer. Cependant, le jour de Pâques, 27 mars, il fit un nouvel effort pour monter au saint autel : ce fut si dernière messe. Depuis lors il dut garder la chambre et se contenter, chaque matin, de faire quelques pas jusqu’à la chambre voisine pour assister à la messe et recevoir la Communion.
Le 29 septembre, on crut que sa dernière heure était arrivée : dans la soirée, les derniers sacrements lui furent administrés par le Père Provicaire, en présence de Mgr Allys, et de plusieurs confrères et prêtres indigènes, venus à Huê pour célébrer les noces d’argent de M. Piéters. Notre malade éprouva de suite un mieux sensible ; il put s’alimenter et se reposer comme il ne l’avait pas fait depuis longtemps. Il s’en réjouit, et remerciait le bon Dieu de tout son cœur de prolonger sa préparation à la mort. C’est dans ces sentiments que, le 7 octobre, le trouva son bon ami et compagnon de départ, M. Girard, qui avait entrepris un long voyage pour venir lui faire ces adieux ; cette visite causa au cher malade une joie bien vive et lui fut une grande consolation. Il en éprouva une plus grande encore, lorsque, le 20 novembre, il reçut une lettre d’adieux de son ancien condisciple et compatriote, Mgr Berlioz, évêque d’Hakodaté. Le lendemain, 21 novembre, fête de la Présentation, M. Darbon invite le malade à s’unir de cœur et d’esprit aux confrères qui vont, en ce jour, renouveler leurs promesses cléricales ; le moribond se prépare à recevoir l’absolution et la communion avec la plus grande ferveur et s’offre de nouveau en holocauste à ce bon Jésus qu’il a tant aimé et si bien servi. Dès lors, la faiblesse augmente, la respiration devient de plus en plus difficile, il est clair que la mort va terminer son œuvre : le vieux chêne va tomber. Il se produit cette chose que de grands saints eux-mêmes ont éprouvée : une profonde tristesse et la crainte de la mort troublent les derniers moments de ce pasteur qui, à tant de mourants, a prêché la confiance ; il prie M. Darbon de rester près de lui. Il est onze heures du soir quand un mieux se produit ; la joie reparaît sur les traits du visage. Le lendemain, 22 novembre, dès quatre heures du matin, M. Darbon est appelé de nouveau auprès du malade qui demande à recevoir la sainte Eucharistie ; on la lui apporte. Il est sept heures quand l’agonie commence ; le moribond conserve toute sa lucidité d’esprit ; son confrère l’exhorte et lui propose de recevoir une dernière fois l’absolution et l’extrême-onction. Le malade prend la main du Père Darbon, la serre avec une vigueur qui n’est pas encore éteinte et lui fait signe qu’il comprend. Ses yeux brillent alors d’un éclat peu ordinaire ; son visage paraît radieux, il serre d’une seconde étreinte la main de M. Darbon, comme pour le remercier et lui faire ses adieux ; pendant les cérémonies de l’Extrême-Onction, on l’entend murmurer : O mon Jésus !
Les prières de la recommandation de l’âme sont terminées ; la tête du mourant s’incline doucement, un léger soupir : c’est fini, l’âme est en face de son Dieu.
Fiant novissima nostra tuorum similia !
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Références
[1308] GUILLOT Pierre (1853-1921)
Références biographiques
AME 1922 p. 39. 1939 p. 198. CR décembre 1876 p. 46. 1886 p. 197. 198. 1890 p. 141. 1891 p. 174. 1896 p. 232. 1902 p. 201. 202. 1905 p. 182. 1908 p. 194. 1910 p. 195. 1911 p. 180. 323. 1912 p. 221. 1921 p. 205. 1922 p. 113. 115. 193. BME 1922 p. 35. 69. 1933 p. 576. 579. EC1 N° 5.
Octobre 1994
Mémorial GUILLOT Pierre page