Francis BOSQUET1851 - 1930
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1400
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1879 - 1904 (Pondichéry)
Biographie
[1400] BOSQUET Francis naît le 4 septembre 1851 à Saint-Servan, dans le diocèse de Rennes en Ille et Vilaine. Ses études terminées, il entre au Grand séminaire de Rennes. En 1870, au moment de la guerre avec les Allemands, il approche de ses vingt ans. Il doit aller finir ses études théologiques au Séminaire de Saint-Sulpice. Ordonné prêtre en 1876, il est nommé vicaire dans son diocèse d'origine. Ce n'est qu'après deux années de ministère qu'il rejoint, le 9 avril 1878, les Missions Étrangères de Paris.
Au diocèse de Pondichéry
Après l’année de probation, il part pour la Mission de Pondichéry le 16 avril 1879. Il débarque en Inde en septembre alors que le North Arcot (1) vient d’émerger d’une grande famine et qu’il faut d’urgence, tâche immense, travailler à l’organisation et à l’instruction de la masse de fidèles venus au catholicisme durant les mauvais jours. Aussi, le grand missionnaire qu’est le P. Darras réclame-t-il du renfort à grands cris. On lui envoie le jeune P. Bosquet. Comme le P. Darras est toujours par monts et par vaux pour les besoins de l'apostolat, le P. Bosquet qui se retrouve seul demande à quitter ce poste après quelques semaines.
De nombreux ennuis de santé
De Chetpet (2), il est transféré dans le district de Tirupatur (3). Il s’attache à remettre bien des choses en ordre dans l'administration des chrétiens, travaillant avec énergie, se contentant du régime alimentaire local. Mais vers 1904, la maladie le contraint à rentrer en France. Quand il se croit suffisamment guéri, il revient dans sa Mission.
Il a à peine soixante ans quand une affection cardiaque l’affecte sérieusement, l’obligeant à renoncer à la vie active. Il demande à se retirer à Pondichéry. Ses forces lui permettent encore de travailler un peu : directeur des Sœurs de Saint-Louis de Gonzague, puis des Carmélites et confesseur de la communauté du Saint Cœur de Marie, il se fait grandement estimer de ces Sœurs indigènes. Les chrétiens de la ville, eux aussi, aiment à recourir à son ministère ; les malades affluent chez lui pour obtenir sa bénédiction. La veille des fêtes, il passe des heures au confessionnal dans la Cathédrale toute proche.
Puis vient le moment où il doit cesser son travail de confesseur en raison de sa surdité. A partir de 1928, on s'aperçoit que ce beau vieillard baisse : le souffle n'est plus normal, les jambes fléchissent. Il continue pourtant à dire sa messe quotidienne et à donner la Bénédiction du Saint Sacrement au Carmel. Il est heureux de se retrouver dans cette chapelle où tout respire le calme, la douceur, la dévotion. A la Mission, au milieu des confrères, il écoute, prenant rarement la parole, mais en petit comité avec ses familiers, il s'ouvre, s'anime et parle volontiers "du bon vieux temps".
Fin avril 1930, il se met à souffrir de l'estomac. Sentant que la mort approche, il se prépare au grand passage. C'est dans la nuit du 28 mai 1930 qu'il est frappé d'une attaque d'hémiplégie. Il reçoit le sacrement des malades le 30 mai et meurt le 2 juin 1930, après cinquante années d'apostolat missionnaire.
1 – District administratif des Indes britanniques de la province de Madras, relevant du diocèse de Pondichéry, au nord-ouest de cette ville.
2 – Ville du North Arcot.
3 – Entre Pondichéry et Bangalore.
Nécrologie
[1400] BOSQUET Francis (1851-1930)
Notice nécrologique
Le 2 juin 1930, à onze heures et demie de la nuit, s’éteignait doucement à la Mission de Pondichéry le vénéré M. Bosquet, à l’âge de soixante-dix-neuf ans.
Né à Saint-Servan, au diocèse de Rennes, le 4 septembre 1851, Francis-Stanislas-Marie Bosquet, ses études terminées, était entré au Grand Séminaire de Rennes. On approchait alors des tristes jours de l’année terrible ; en 1870, le jeune séminariste touchait à ses vingt ans. Les revers de nos armées excitèrent dans son âme le désir de servir la patrie en danger. Il consulta le Supérieur du Séminaire, qui le laissa libre de sa décision. Il quitta donc le Séminaire, mais avant qu’il eût eu le temps de contracter un engagement, l’armistice était signé. Notre séminariste se remit de tout cœur, à ses études théologiques, qu’il alla terminer au Séminaire de Saint-Sulpice.
Ordonné prêtre en 1876, il fut nommé vicaire dans son diocèse d’origine. Après un an ou deux de vicariat, il fut admis au Séminaire des Missions-Etrangères de Paris et, son année de probation terminée, il reçut sa destination pour la Mission de Pondichéry. Il débarqua dans l’Inde en septembre 1879.
L’Inde sortait alors, mais à peine, de cette époque que l’on appelle encore aujourd’hui la grande famine, époque d’évangélisation fructueuse, à laquelle remonte la fondation des districts de nouveaux chrétiens dans les Nord et Sud Arcot. Sur la fin de 1879, le grand mou-vement de conversions s’était un peu ralenti ; le missionnaire, absorbé les trois dernières années par des nécessités de toute sorte, se voyait devant une tâche immense : il fallait repren¬dre, pour l’organiser et pour l’instruire à fond, cette masse de néophytes venus au mission-naire durant les mauvais jours. Aussi le grand missionnaire que fut M. Darras, l’apôtre du North-Arcot, demandait-il du renfort à grands cris. On lui envoya le jeune M. Bosquet. L’accueil fut cordial, certes : l’ardent missionnaire était heureux de recevoir ce jeune confrère qui allait être, pensait-il, son bras droit, et le nouveau venu, de son côté, était heureux de consacrer toutes ses forces à cette belle œuvre d’évangélisation. M. Darras était un ascète, un pénitent, un homme doué d’une activité extraordinaire et incapable de rester longtemps à la même place ; M. Bosquet, d’autre part, était d’une délicatesse et d’une réserve qui touchaient à la timidité. Après huit jours passés ensemble, M. Darras partait en randonnée apostolique, laissant son vicaire, qui ne savait pas la langue, avec un catéchiste absolument incapable de comprendre un seul mot, soit de français soit d’anglais ! M. Bosquet, à tort ou à raison, trouva la situation bizarre, et en écrivit à Mgr Laouënan, tout en lui demandant… un autre poste. Il ne devait pas être le seul vicaire à quitter ainsi M. Darras après quelques semaines : ces héros de l’apostolat n’ont-ils pas le tort de juger parfois tout le monde à leur taille ?
De Chetput, M. Bosquet fut transféré à Salem comme vicaire de M. Bertho, aujourd’hui notre doyen, magnifique vieillard de quatre-vingt-cinq ans, qui se repose d’une vie apostolique bien remplie en notre Sanatorium de Saint-Théodore. Là, M. Bosquet se trouva dans son élément, si bien que, M. Bertho ayant été transféré à un autre poste, ce fut lui qui devint titulaire de Salem. Salem est une grande ville, chef-lieu d’un collectorat ou district civil. Le nouveau pasteur avait l’avantage, appréciable pour un missionnaire de l’Inde, de par-ler l’anglais couramment ; aussi fut-il nommé conseiller municipal de la ville. Ce titre lui donnait une certaine influence ; il en profita, tout en soignant la chose publique, pour amnéliorer le sort de ses chrétiens.
Quelques années plus tard, M. Bosquet était en charge du district de Tiroupatour. Là il trouva une situation délicate et difficile, laissée par son prédécesseur ; il sut manœuvrer avec sagesse et arranger toutes choses au mieux des intérêts de tous. Dans l’administration de ses chrétiens, bien que très doux de tempérament, il ne manquait pas d’énergie. Il ne craignait d’ailleurs ni la fatigue, ni le travail, ni le régime alimentaire de la brousse. Vers 1904, la maladie le contraignit à rentrer en France. Il faillit ne pas revenir, dans l’Inde, car une pneumonie double le mit subitement à deux doigts de la mort ; il triompha cependant du mal et, dès qu’il se crut suffisamment guéri, il revint dans sa chère Mission.
M. Bosquet approchait de sa soixantième année, quand une affection cardiaque vint l’abattre : il lui fallut renoncer à la vie active du missionnaire, voire à tout effort physique tant soit peu pénible. Il demanda à se retirer à Pondichéry, ce qui lui fut accordé : il y restera les vingt dernières années de sa vie.
La retraite de notre confrère n’était pourtant pas absolue : il s’adonna, autant que ses forces le lui permettaient, aux fonctions de directeur des Sœurs de Saint-Louis de Gonzague, puis des Carmélites, et de confesseur de la communauté du Saint-Cœur de Marie: il se mit grandement estimer de toutes ces Sœurs indigènes. Il était vraiment pour elles comme un père plein de condescendance. Les chrétiens de la ville, eux aussi, aimaient à recourir à son ministère ; les malades affluaient chez lui pour obtenir sa bénédiction ; la veille des fêtes, il passait des heures au confessionnal. Mais avec l’âge survint une infirmité peu compatible avec le ministère de la confession, la surdité, qui lui défendit d’entendre les pénitents à l’église. D’un autre côté, les fortes chaleurs l’éprouvaient beaucoup et chaque année il lui fallait aller chercher à l’hôpital Saint-Marthe de Bangalore un climat plus supportable. La fraîcheur de l’air, les soins du médecin, les attentions des bonnes Sœurs, le remettaient sur pied, et deux mois après, M. Bosquet nous revenait, rajeuni et souriant.
À partir de 1928, on s’aperçut que ce beau vieillard baissait, le souffle n’était plus normal, les jambes fléchissaient. Depuis deux ou trois ans, il avait été, sur sa demande, déchargé de toute responsabilité ; il continuait pourtant à dire sa messe chaque matin, et à donner la bénédiction du Saint-Sacrement au Carmel ; il était heureux de se retrouver tous les jours dans cette chapelle, où tout respire le calme, la douceur, la dévotion. A la Mission, au milieu des confrères, il passait inaperçu, écoutait, prenant rarement la parole ; mais en petit comité, avec ses familiers, il s’ouvrait, s’ani¬mait, et parlait volontiers « du bon vieux temps ».
Sur la fin d’avril de cette année 1930, M. Bosquet n’osa pas aller à Bangalore : un mal d’estomac l’avait par trop affaibli, il voulait reprendre des forces avant de risquer le voyage. Le mal n’était pas grave ; il en fut pourtant très affecté. Nul doute que, durant les cinq semaines qu’il fut obligé de garder la chambre, il n’ait souvent songé que la mort approchait et ne se soit préparé au grand passage. Ce bon serviteur de Dieu était prêt assurément à rendre ses comptes au divin Maître : la vie, toute de piété et de régularité, qu’il menait à la Mission depuis vingt ans, l’exemple de toutes les vertus sacerdotales qu’il donnait à ses confrères, les bons conseils qu’ils trouvaient toujours près de lui : tout cela n’est-il pas la meilleure des préparations ?
Soudain, dans la nuit du 28 mai, notre cher malade fut frappé d’une attaque d’hémiplégie. Vu le grand âge et la faiblesse du malade, tout espoir de guérison était perdu. Il reçut les derniers sacrements le 30 mai, et s’endormit pieusement dans le Seigneur le 2 juin 1930, après 50 années d’apostolat.
Références
[1400] BOSQUET Francis (1851-1930)
Références biographiques
AME 1930 p. 183.
CR 1879 p. 75. 1891 p. 272. 1930 p. 223. 296.
BME 1930 p. 505. 668.
EC RBac 200 +.