Émile RAGUET1854 - 1929
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1404
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1879 - 1901 (Nagasaki)
- 1904 - 1928 (Nagasaki)
- 1901 - 1904 (Tokyo)
- 1928 - 1929 (Tokyo)
Biographie
RAGUET Émile, est né le 24 octobre 1854 à Braine-le-Comte, dans le diocèse de Tournai. Il commença par faire de brillantes études au Petit Séminaire de "Bonne Espérance", puis il entra au Grand Séminaire de Tournai où il fut ordonné sous-diacre le 26 mai 1877. Le 9 septembre, il était admis au Grand Séminaire des Missions Étrangères. Ordonné diacre le 20 septembre 1878, il reçut l'onction sacerdotale le 8 mars 1879. Destiné à la mission du Japon septentrional, il partit le 16 avril suivant.
Peu de temps après son arrivée à Nagasaki, il fut envoyé dans les îles, à l'entrée de la Baie de Nagasaki, dans une chrétienté composée de ceux qu'on appelait "les vieux chrétiens", descendants des martyrs. Le Père Raguet resta parmi ces chrétiens une quinzaine d'années. Puis son évêque lui demanda d'explorer le "milieu non chrétien" en bordure des vielles chrétientés. Il passa à Fukuoka, Oita, Miyasaki et enfin à Kagoshima, où St François Xavier avait abordé en 1549. C'est dans cette dernière ville qu'il se fixa en 1896. Il devait y rester quatorze ans. Outre son activité proprement apostolique et la charge de préparer à leur vie de missionnaires les jeunes Pères que son évêque lui confiait, il entreprit de composer un dictionnaire "Franco-Japonais". Il eut la chance de pouvoir être aidé par un lettré japonais, M. Ono, qu'il eut la joie de baptiser au moment de sa mort.
C'est alors que pour surveiller l'impression de ce dictionnaire, le Père Raguet dut se résigner à résider à Tokyo de 1901 à 1904. En 1905, le dictionnaire ayant été imprimé, il fit paraître une "grammaire pour faciliter l'étude de la langue japonaise".
Rentré à Kagoshima, il édifia une église dédiée à St François Xavier. En 1910, il est nommé responsable de l'importante paroisse de Urakami, qui comptait environ 8.000 chrétiens. Il put mener à terme la construction de l'église, en chantier depuis une vingtaine d'années -c'est cette église qui fut détruite par la bombe atomique en août 1945-. C'était le cinquantenaire de la découverte, par le Père Petitjean, des "chrétiens cachés".
En 1915, sollicité dès l'année précédente par le Père Breton, alors en Californie, il envoya aux États Unis quelques jeunes filles japonaises pour l'aider dans son apostolat près des immigrés japonais. C'est ainsi qu'il contribua à la future fondation des "Soeurs de la Visitation" -dites "Hômonkai-. Durant sa longue carrière de missionnaire, le Père Raguet traduisit en japonais "le Nouveau Testament", puis un livre de Henri Lasserre "Notre Dame de Lourdes", "l'Imitation de Jésus Christ", le "Combat Spirituel". Il édita un "Petit Catéchisme" adapté à la mentalité des "vieux chrétiens", un résumé de "l'Histoire Sainte" en deux volumes, suivi d'une "Explication du Catéchisme" en trois volumes, sans compter un certain nombre d'opuscules d'occasion.
Vers 1920, sentant ses forces physiques décliner, il demanda la permission de prendre quelque repos; son évêque l'appela près de lui à l'évêché. Il put ainsi faire la révision de ses ouvrages et se consacrer à la réédition de son dictionnaire, qui lui avait valu les éloges de l'Académie Française et une décoration du Roi des Belges.
En 1927, le diocèse fut divisé en deux : Nagasaki était confié au clergé japonais, et un nouveau diocèse, Fukuoka, restait aux Missions Étrangères. Le Père Raguet songea alors à se retirer chez les Religieuses Japonaises, fondées par le Père Breton, futur évêque de Fukuoka. Elles tenaient un petit hôpital à Omori, dans la banlieue de Tokyo. Il s'y rendit en 1928. Le 4 avril 1929 on célébra ses noces d'or sacerdotales, mais le 3 novembre suivant, le Seigneur le rappela à Lui. Il est inhumé dans le cimetière chrétien de Tamagawa, à Tokyo.
Nécrologie
M. RAGUET
MISSIONNAIRE DE FUKUOKA
M. RAGUET (Emile), né à Braine-le-Comte (Belgique, Tournai) le 24 octobre 1854. Entré sous-diacre au Séminaire des Missions-Etrangères le 7 septembre 1877. Prêtre le 8 mars 1879. Parti le 16 avril 1879 pour le Japon Méridional. Mort à Omori le 3 novembre 1929.
Né à Braine-le-Comte (Belgique) en 1854, parti pour Nagasaki (Japon) le 16 avril 1870, retourné à Dieu le 3 novembre 1929, M. Raguet a fourni une longue carrière apostolique de cinquante ans. Ces simples mots à eux seuls en disent déjà long, ils appellent toutefois des développements qui mettront en relief la vie et les œuvres de notre regretté doyen d’âge et de ministère.
Au Petit Séminaire de Bonne-Espérance, le jeune Raguet laissa pressentir ce qu’il serait un jour. Il se mit d’emblée à la tête de son cours et garda cette place jusqu’à la fin des études, poussant de pair l’étude et la piété, piété simple, enjouée, aimable, dont ses condisciples ont gardé le meilleur souvenir.
En 1879, quand il partit pour le Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, un ami lui demandant pourquoi il préférait les Missions françaises aux Missions belges : « C’est, répondit-il, pour être plus sûr de n’être jamais Supérieur. » Son information était inexacte, car nous avons chez nous des Evêques de nationalité belge ; et d’ailleurs notre confrère devait un jour s’affirmer un maître, cest-à-dire un « supérieur » dans l’acception large et profonde du mot.
M. Raguet arriva à Nagasaki en 1879. Presque aussitôt il fut placé dans les îles à l’entrée de la baie, en plein milieu vieux-chrétien, chez ces descendants des martyrs dont la découverte en 1865 par Mgr Petitjean avait ému le monde catholique et arraché des larmes de joie au saint Pape Pie IX. Le jeune missionnaire était aux anges ; il fut reçu de ses ouailles comme l’envoyé du ciel, et il l’était réellement. On était alors au lendemain de la persécution qui s’était déchaînée lors de la Restauration impériale et qui ne s’était terminée, par le retour des chrétiens exilés au loin, qu’en 1873, sur un décret de l’Empereur Meiji. Il y avait donc encore bien des précautions à prendre, bien des difficultés à affronter. Et puis, les missionnaires manquaient de livres pour l’étude de la langue, de directoire pour se préparer utilement à la pratique du ministère, ils devaient se former seuls, à la rude école de l’expérience. A cette école notre confrère apprit vite, et de bonne heure il fut capable de servir de guide aux autres. Mais quelle somme de travail ne dut-il pas fournir pendant ces quinze années de séjour dans les îles, et plus tard à Hirado ! Ces années-là n’ont pas d’histoire ici-bas, précisément parce qu’elles furent heureuses, très heureuses, et peuvent se résumer en trois mots : « In labore requies. » Il est vrai que, chez M. Raguet, la santé était à la hauteur du zèle, et que, si on lui avait demandé au soir d’une de ses bonnes journées : « Père, vous devez être fatigué ? , il aurait répondu : « Fatigué, qu’entendez-vous par là » ? Ces quinze années de labeur, qui suffiraient pour remplir et illustrer une vie de missionnaire, ne furent pour M. Raguet qu’un commencement. Son zèle intelligent et ses éminentes facultés d’adaptation le désignèrent pour une mission toute nouvelle, aussi importante que délicate.
Il s’agissait d’explorer, au point de vue religieux, le Japon païen en bordure duquel se trouvaient nos vieilles chrétientés, le grand, le vrai Japon, si fier de son histoire et de son paganisme. Le missionnaire partit donc en pionnier pour découvrir ce Japon, mais ce ne fut pas sans un déchirement de cœur qu’il quitta ses chrétiens si aimés. Prenons une carte du Kyûshû, et, relevons les principales villes dans lesquelles il passa et laissa la trace de ses pas : Fukuoka aujourd’hui évêché, Oita, Miyasaki, et enfin Kagoshima, où nous le trouvons définitivement fixé en 1896. »
Kagoshima, la grande ville du Sud, où saint François Xavier avait abordé en 1549, devait bénéficier du zèle de notre confrère pendant quinze années, mais disons-le de suite à son éloge, le travail n’y était pas facile. C’était un de ces postes où, comme on dit vulgairement, il n’y a rien à faire, c’est-à-dire que tout y était à faire, et cela dans des conditions particulièrement dures. On commençait vers 1896 à sentir les effets d’un certain mot d’ordre dont on n’a pas vu le texte, mais qui pouvait s’énoncer ainsi : « Ne prenez pas la religion des Euro¬péens », de sorte que le mouvement de curiosité sympathique provoqué par l’arrivée des premiers missionnaires tendait à se ralentir ; d’autre part, la population de Kagoshima, simple et relative¬ment honnête, était plus farouche et moins abordable qu’ailleurs. M. Raguet, dans la force de l’âge et dans la plénitude de ses moyens, se voyait donc dans un milieu des plus ingrats. Si les amis des Missions veulent bien consulter le petit livre intitulé Monita ad Missionarios, ils sauront ce que pense la sainte Eglise de ces missionnaires qui peuvent tenir là où manquent les moyens humains et travaillent sans espoir de voir eux-mêmes, le fruit de leurs labeurs : ce sont les plus méritants, et M. Raguet fut l’un de ceux-là. Voyons-le à l’œuvre à Kagoshima.
Fidèle à la vie de prière, qui est le premier devoir de l’homme ¬apostolique, il prenait grand soin des quelques brebis fidèles que lui avait laissées M. Ferrié ; il annonçait des réunions, faisait des conférences aux païens toutes les fois que les circonstances le permettaient ; il recevait et traitait avec tact tous les visiteurs, même les importuns ; il se faisait lui-même importun, se tenant aux aguets de visites à faire à tout païen tant soit peu bien disposé. Ne perdant pas une minute de son temps, il avait toujours sur le métier quelque ouvrage en préparation pour faciliter à ses confrères le travail d’évangélisation ; enfin, il donnait avec zèle et intelligence des leçons de japonais aux jeunes missionnaires que Mgr Cousin aimait à lui confier. Justement celui qui trace ces lignes est un de ses anciens élèves, et il est heureux de témoigner que son maître en japonais et ès choses japonaises était aussi un maître en apostolat. C’était en quelque sorte l’idéal réalisé du vrai missionnaire. Ces notes sont peut-être un peu succinctes, voici quelques traits qui les agrémenteront :
M. André Bellessort, écrivain de renom, passant un jour par Kagoshima, pria M. Raguet de le conduire dans la vieille ville : « Volontiers ! » répondit-il, et il le conduisit dans une école importante où se tenait ce jour-là une grande réunion sous la présidence de M. le Préfet. Quand tous les orateurs eurent parlé : « C’est votre tour, M. Raguet, dit aimablement le Préfet « qui connaissait le missionnaire, mais ne l’avait pas pressenti, c’est votre tour, car je pense « que vous avez quelque chose d’intéressant à nous dire. » Quelles ne furent pas la surprise du visiteur français et la stupéfaction des invités japonais quand ils virent notre confrère s’exécuter sans se faire prier et tenir durant une bonne demi-heure tout l’auditoire sous le charme de sa parole, surpassant les orateurs japonais eux-mêmes, non seulement pour le fond du discours, mais même pour la diction ! C’est qu’il avait toujours, comme il l’avouait ensuite à ses vicaires, « du pain sur la planche », des clichés « passe-partout », de manière à n’être jamais pris au dépourvu. En réalité, il avait médité les principaux topiques du journal et de la conversation, les avait étudiés à fond, assimilés et possédés.
Un autre jour, recevant un visiteur de marque, officier supérieur de l’armée japonaise, M. Raguet engagea sans trop tarder la conversation sur le fait de la résurrection de Notre-Seigneur, qui est la base de notre foi ; cette question intéressait visiblement le visi¬teur, et justement le missionnaire venait de la traiter dans un excellent opuscule. La démonstration terminée, l’officier lui demanda le plus poliment du monde : « Ce que vous me dites là, Monsieur, est-ce du « hôben ? » , c’est-à-dire quelque mythe semblable à ceux que l’on trouve chez les bonzes ? En d’autres termes : « Croyez-vous ce que vous dites ? » Sans s’émouvoir le moins du monde, en parfait Japonais qu’il était, M. Raguet reprit sa démonstration, insistant aux bons endroits et laissant son auditeur satisfait sans doute, mais étonné tout de même et quelque peu trou¬blé dans son scepticisme. Dans ces occasions, M. Raguet n’était pas avare de son temps, il le prodiguait, et certes à bon escient.
Pour les confrères qui passaient par Kagoshima. M. Raguet était on ne peut plus hospitalier ; avec ses jeunes vicaires il était simple, enjoué, homme de bonne conversation. Il ne dédaignait pas, à certaines heures, de prendre part, à quelque discussion philosophique ou théologique ; et ici, je dois dire, pour être complet, que parfois ses vicaires, sans doute pour entretenir le feu de la conversation, ne se faisaient pas scrupule de tendre des pièges à cette bonne foi qui était une qualité de son cœur et l’inclinait à tenir l’adversaire pour loyal : « Père, lui disait-on, l’opinion que vous soutenez me paraît condamnée par l’Eglise. » On allait aux sources et naturellement il triomphait : l’opinion n’était pas condamnée ! « Non, elle n’est pas encore condamnée ! » lui répliquait-on. Bref, on ne s’ennuyait pas sous son toit, et les jours de fête, alors que tous y allaient de leur petite chanson, il savait donner l’exemple de la plus franche gaieté.
Nous ne pouvons pas ne pas toucher un mot ici des deux grandes œuvres qui, avec le ministère courant, absorbèrent l’activité de M. Raguet à Kagoshima : le grand Dictionnaire français-japonais et l’église élevée à la mémoire de saint François-Xavier. C’est en 1897 que le missionnaire se mit au travail du Dictionnaire, quand on lui eut bien fait entendre, qu’il s’agissait d’une œuvre éminemment apostolique, qui faciliterait la besogne des confrères, principalement des jeunes arrivants. Pour cette œuvre vraiment magistrale, M. Raguet trouva en M. Ono, bon lettré japonais, un collaborateur zélé qui le compléta à merveille. M. Ono travaillait à sa partie, le texte japonais, rapidement et sans hésitations appréciables, tandis que M. Raguet, trop épris peut-être de perfection, s’attardait aux détails, aux plus légères nuances. De cette collaboration sortit un vrai chef-d’œuvre, hautement estimé des étrangers. L’ouvrage parut en 1905. Pour l’impression, l’auteur dut quitter son poste et résider à 1a Mission de Tôkyô pendant trois ans, de 1901 à 1904. Malheureusement il manqua d’audace, et même de simple hardiesse, relativement au tirage et au prix de l’ouvrage, qui fut trop vite épuisé.
M. Raguet rentra à Kagoshima, rapportant de Tôkyô, avec quelques ressources, un plan artistique d’une église qu’il voulait depuis longtemps ériger en l’honneur de saint François Xavier. Elle est encore debout, cette église, malgré les tremblements de terre assez fréquents dans la région ; celui de 1914, qui fut fatal à la ville, la lézarda bien un peu, mais elle tient toujours, continuant à remplir son double rôle d’asile pour la piété des chrétiens et de prédication pour les païens.
Avant de quitter Kagoshima, M. Raguet eut le bonheur de baptiser M. Ono, son collaborateur dans l’œuvre du dictionnaire. Cette conversion réjouit toute la Mission, car la conversion d’un lettré est un appoint sérieux pour l’évangélisation.
Il existe à Nagasaki même, au faubourg d’Urakami, une belle paroisse de huit mille fidèles, la plus belle du diocèse, semble-t-il, en tout cas la plus illustre par son histoire au temps de la per¬sécution. C’est à ce poste que fut appelé en 1910 M. Raguet, en remplacement de M. Fraineau récemment décédé. Inutile de dire que l’obéissance lui fut douce en l’occasion : il retrouvait les anciens chrétiens, son rêve, et il avait encore, à cinquante-six ans, assez de vigueur pour suffire à la tâche qui en fait était ardue. On le vit donc dirigeant paternellement ses vicaires, assidu lui-même au saint tribunal, faisant à son tour et admirablement le catéchisme aux enfants, et, tout en prenant grand soin du spirituel, menant à bien l’achèvement d’une magnifique église en chantier depuis une vingtaine d’années. La bénédiction solennelle de cette église eut lieu le 18 mars 1915, en l’année du cinquantenaire de la découverte des anciens chrétiens. Cette belle fête fut le point culmi¬nant de la carrière apostolique de notre confrère, et pour ainsi dire son Thabor. Laissons-lui la parole : « C’est « enfin la réalisation des souhaits ardents de près de vingt ans. Si les matériaux ne sont pas « tout à fait ceux qu’avait voulus le P. Fraineau, le plan et les proportions sont bien ceux qu’il « avait en vue, et au ciel, il doit se réjouir de voir enfin terminée l’œuvre de sa vie. Malgré les « vastes proportions de l’édifice, il est rempli plusieurs fois chaque dimanche. Avec le « renouvellement de l’édifice matériel, celui de l’édifice spirituel a commencé par une « mission prêchée à quatre reprises différentes, et tout fait espérer qu’il ne fera que « s’accentuer avec l’instruction plus sérieuse des fidèles et la fervente réception des « sacrements. ».Tout en administrant avec son expérience consommée le poste important que Mgr Cousin n’avait pas hésité à lui confier, notre confrère fut le conseiller ferme et prudent de Mgr Combaz, particulièrement lors de certains démêlés avec les autorités civiles au sujet du culte shintoïste, question assez délicate et parfois brûlante.
Vers 1920, M. Raguet sentit ses forces décliner, il demanda du repos, et son Evêque l’appela près de lui, à l’évêché même. Nous allons voir ce que fut le repos du vieux travailleur. Au cours de sa longue carrière, il avait traduit le Nouveau Testament, Notre-Dame de Lourdes d’Henri Lasserre, l’Imitation de Jésus-Christ, le Combat Spirituel ; outre ces traductions parfaites, il avait édité un petit catéchisme parfaitement adapté à la mentalité de nos vieux chrétiens, un résumé de l’Histoire Sainte en deux volumes, une explication du catéchisme en trois volumes, sans compter divers opuscules très intéressants, dont un sur le fameux cas Rudder en particulier. C’est à la révision de ces ouvrages et surtout à la réédition de son Dictionnaire que M. Raguet consacra son soi-disant repos, demeurant ainsi missionnaire jusqu’au bout : In labore requies.
Son Dictionnaire surtout l’occupa. Notons que cette œuvre hors de pair lui avait déjà valu, outre les remerciements des confrères, les éloges de l’Académie française et une belle décoration du Roi des Belges. Malheureusement il ne devait pas en voir la deuxième édition.
C’est qu’en effet les forces déclinaient, et puis, il faut le dire aussi, la division du diocèse et l’érection du diocèse indigène de Nagasaki., quoique couronnant les travaux des anciens missionnaires et les siens, furent un vrai coup pour sa sensibilité qui était grande. Quitter les anciens chrétiens, les descendants des martyrs, quelle peine !
Il songea dès lors à se retirer chez les Religieuses japonaises fondées par M. Breton, qui tenaient un hôpital à Omori près de Tôkyô. Il s’y rendit en 1928 pour travailler encore et c’est là que furent célébrées en grande liesse, le 4 avril 1929, ses noces d’or sacerdotales. Mais déjà il n’était plus tout à fait lui-même. Le 3 novembre suivant Dieu le rappelait à Lui. Il eut la consolation d’être assisté dans ses derniers jours par le zèle de M. Breton, par les délicates attentions des Sœurs japonaises, l’un des rêves de sa vie, qu’il avait réalisé en partie en préparant des sujets pour cette belle œuvre, la première après l’œuvre du clergé indigène.
Les funérailles eurent lieu dans la cathédrale de Tôkyô. Elles furent très solennelles : l’Archevêque, Mgr Chambon, célébra la Messe ; le chant était exécuté par les Religieuses japonaises. Dans l’assistance, qui était nombreuse, on remarquait au premier rang tout le personnel de l’Ambassade de Belgique. Après la cérémonie, la dépouille mortelle de notre confrère fut transportée au nouveau cimetière catholique de Tamagawa.
Nous admirons dans M. Raguet le pasteur infatigable, mais plus encore le docteur éminent, dont les travaux continueront à prêcher et à faire le bien durant de longues années. De lui, nous pouvons répéter à bon droit : Defunctus adhuc loquitur.
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Références
[1404] RAGUET Émile (1854-1929)
Dictionnaire Français-Japonais
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Ces dictionnaires sont le japonais-français de Gustave Cesselin, publié à Tokyo en 1939 et le français-japonais de Émile Raguet et Jean-Marie Martin, publié également à Tokyo en 1970. Ces auteurs sont tous trois des missionnaires des Missions Étrangères de Paris envoyés au Japon. Les dictionnaires sont très riches et de taille conséquente (82 000 vedettes pour le Cesselin et 50 000 vedettes pour le Raguet-Martin). Ils comportent de nombreux exemples traduits dans les deux langues. Un exemplaire imprimé de chaque dictionnaire a été scanné puis lus optiquement afin de reconnaître automatiquement les caractères. Pour rendre le résultat lisible, un certain nombre de corrections automatiques ont été appliquées. Bien que déjà très riches, ces données obtenues doivent être encore corrigées des nombreuses erreurs de lecture optique et complétées par le vocabulaire de notre époque.
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Mathieu Mangeot (2016) Collaborative Construction of a Good Quality, Broad Coverage and Copyright Free Japanese-French Dictionary. International Journal of Lexicography, Volume 31, Issue 1, 1 March 2018, Pages 78–112
Bibliographie
Abrégé de grammaire japonaise au point de vue de la traduction du français en japonais / E. Raguet. - Tôkyô : Libr. Sansaisha, 1905. - 175 p. ; 12°.
Dictionnaire français-japonais ; précédé d'un abrégé de grammaire japonaise / par E. Raguet, m. a. de la Société des Missions Etrangères de Paris et Ono Tota, conférencier de lycée supérieur. - Tokyo : Libr. Sansaisha ; Paris : E. Leroux ; Bruxelles : Société belge de librairie, 1905. - (II)-(78)-(II)-1084 p. sur 2 col. ; 26 cm.
Petit dictionnaire français-japonais pour la conversation / par E. Raguet, m. a. de la Société des Missions Etrangères de Paris. - Tokyo : Libr. Sansaisha ; Bruxelles : Société belge de librairie, 1905. - 1136 p. ; 16 cm.
Dictionnaire français-japonais / par E. Raguet, m. a. de la Société des Missions Etrangères de Paris. - 2e éd. entièrement refondue et considérablement augmentée par J. M. Martin m. a. de la même société. - Tôkyô : Libr. Hakusuisha, 1953. - 2-2-2-1467 p. ; 28 cm.
Dictionnaire français-japonais / par E. Raguet, m. a. de la Société des Missions Etrangères de Paris. - 2e éd. entièrement refondue et considérablement augmentée par J. M. Martin, m.a. de la même société. - Tôkyô : Librairie Hakusuisha, 1953. - p. 791-1467 ; 26 cm.
3e et dernière partie du dictionnaire : Militarisation-Zythum.
Dictionnaire français-japonais = Konsaisu futsu-wa jiten / par E. Raguet. - Ed. par J. M. Martin. - Tokyo : Don Bosuko Sha, 1956. - 6-1344-5 p. ; 15 cm.
Dizionario francese-giapponese = Futsu-wa jiten / par E. Raguet. - Ed. rev. par J. M. Martin. - [S.l.] : Don Bosco Sha, 1956. - 1348 p.
Références biographiques
AME 1904 p. 323. 324. 1906 p. 187. 1915-16 p. 99. 1917-18 p. 266. 1926-27 p. 179. 457. 464. 1929 p. 272. 1933 p. 12. 1935 p. 85. 1939 p. 82. CR 1879 p. 75. 1881 p. 22. 1883 p. 88. 1884 p. 29. 177. 1885 p. 137. 1886 p. 22. 1887 p. 37. 38. 1888 p. 21. 23. 1889 p. 29. 1891 p. 66. 67. 1892 p. 46. 48. 1893 p. 66. 1894 p. 71. 1895 p. 76. 1897 p. 58. 1898 p. 55. 1899 p. 33. 1906 p. 22. 1907 p. 18. 1908 p. 8sq. 1910 p. 19. 1911 p. 12. 22. 27. 1914 p. 3. 4. 1915 p. 12. 17. 1916 p. 11. 12. 14. 20. 1917 p. 208. 210. 1919 p. 183. 1920 p. 6. 1921 p. 187. 190. 191. 1922 p. 5. 172. 173. 246. 1924 p. 7. 1925 p. 8. 1926 p. 7. 10. 1929 p. 337. 1930 p. 9. 10. 287. 1931 p. 317. 1940 p. 140. 1947 p. 234. 276. 1948 p. 9. BME 1922 p. 302. 430. 626. 1924 p. 243. 444. 725. 1925 p. 105. 163. 556. 1926 p. 41. 1928 p. 555. 1929 p. 155. 286. 739. 741. 1930 p. 36. 1931 p. 434. 1932 p. 33. 375. 1936 p. 267. 1938 p. 599. 1939 p. 375. 1941 p. 395. 1949 p. 171. 291. 1950 p. 8. 12. 1951 p. 294. 1952 p. 384. 1953 p. 362. 914. 1954 p. 629. 630. 1958 p. 185. 1959 p 624. EC1 N° 186