Claude PUTHOD1855 - 1882
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1441
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1880 - 1882 (Nagasaki)
Biographie
[1441]. PUTHOD, Claude-Eugène, vint au monde le 12 mars 1855 à Lucey (Savoie). Il commença ses études au petit séminaire de Saint-Pierre d'Albigny, fit sa philosophie au grand séminaire de Chambéry, et entra laïque au Séminaire des M.-E. le 8 septembre 1876. Ayant reçu le sacerdoce le 20 septembre 1879, il partit le 26 novembre suivant pour le Japon méridional. Il fut d'abord adjoint au missionnaire qui dirigeait le district de Hirado, et devint ensuite supérieur du séminaire à Nagasaki.
Cinq mois plus tard, le poste d'Urakami composé de 4 000 chrétiens se trouvant vacant, Mgr Petitjean le lui confia ; il y donna un nouvel essor à l'œuvre des écoles et à celle des catéchumènes. Il administrait ce district depuis deux ans lorsqu'il fut rappelé au séminaire de Nagasaki ; il n'y travailla que peu de temps ; il mourut le 10 décembre 1882. Son corps fut inhumé devant l'église des Vingt-six Martyrs japonais, à Nagasaki, près des restes de J.-B. Poirier, mort l'année précédente.
Nécrologie
M. PUTHOD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU JAPON MÉRIDIONAL
« Dieu, écrivait M. Bonne au père du cher défunt, Dieu vient d’éprouver d’une manière bien douloureuse notre Mission, en lui enlevant un de ses vaillants ouvriers. Votre fils, M. Eugène Puthod, a quitté ce monde, le dimanche 10 décembre 1882, pour aller rece¬voir dans une vie meilleure, la récompense due à ses travaux et à ses mérites.
« Vous pleurez un fils et nous pleurons un Confrère bien-aimé dont la vie nous a toujours grandement édifiés. Nous pleurons un saint Missionnaire qui fut toujours pour nous un modèle de toutes les vertus, un prêtre zélé dont l’unique désir fut de procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes. Le souvenir de sa piété et de sa douceur restera longtemps vivant parmi nous, et moi je me rappellerai toujours avec bonheur les exemples d’humilité qu’il a donnés à ceux qui ont eu l’avantage de le connaître... »
M. Puthod naquit à Lucey, au diocèse de Chambéry, le 12 mars 1855. Après avoir achevé sa philosophie au grand séminaire de Chambéry, il entra au séminaire des Missions Étrangères, le 8 septembre 1876. Ordonné prêtre le 20 septembre 1879, il partit le 26 novembre suivant pour le Japon méridional, et arriva à Nagasaki le 23 janvier 1880.
« La traversée, écrit encore M. Bonne, avait été un peu pénible, mais l’énergie de volonté dont il était doué, et la bonne santé dont il jouissait alors, lui en firent promptement oublier les fatigues. Il se mit immédiatement à l’étude de la langue japonaise, et les progrès qu’il y fit furent si rapides qu’au bout de quelques mois, il fut apte à partager les travaux de ses Confrères dans l’exercice du saint ministère.
« Tout d’abord, Mgr Petitjean, pour seconder le désir qu’il avait de se rendre utile à la Mission, l’adjoignit au Confrère qui avait alors la charge du vaste district de Hirado et des îles environ¬nantes. Dans ce premier voyage, le cher Père témoigna beaucoup de bonté et d’affection aux chrétiens, qui se faisaient partout une fête de le recevoir. Heureux, on ne peut plus, d’avoir l’occasion de consoler les affligés et de faire du bien aux malheureux, il aurait volontiers continué l’exercice du même ministère, si des aptitudes spéciales ne l’avaient naturellement désigné au choix de son Vicaire apostolique pour la direction du séminaire.
« Cinq mois durant, il se consacra sans réserve à la formation de la nombreuse jeunesse confiée à ses soins : aussi en était-il pro¬fondément aimé. Sa douceur surtout et son désir de contenter tout le monde lui avaient gagné l’estime et l’affection générale. Le sémi¬naire avait en lui un excellent professeur, et il espérait profiter longtemps encore de ses services, quand la mort vint ravir à notre Mission un de ses meilleurs ouvriers, M. Poirier. La mort de ce Missionnaire laissait vacant le poste d’Ouracami, importante et ma¬gnifique chrétienté de 4,000 âmes et plus. Sur l’ordre de Monsei¬gneur, notre regretté Confrère dut immédiatement en prendre la direction.
« De même qu’au séminaire, son zèle et son dévouement ne tardèrent pas à lui concilier l’amour de ses nouveaux enfants. Mar¬chant sur les traces de son vénéré prédécesseur, il était comme lui infatigable au travail. Jour et nuit à la disposition de ceux qui demandaient le secours de son ministère, au moindre appel il courait porter ses consolations aux malades et aux malheureux. D’ailleurs ceux qui accouraient à lui, étaient assurés d’être bien accueillis. C’était avec le sourire sur les lèvres qu’il répondait à toutes les demandes de services qu’on pouvait lui faire.
« Bref, nul, excepté Dieu, ne connaît le bien qu’un séjour de deux ans à peine, lui a permis d’opérer dans cette fervente chré¬tienté. Il s’occupa avec succès de l’instruction de la jeunesse, développa l’œuvre des écoles et des catéchistes, entretint les con¬fréries, prépara de nouveaux élèves pour le séminaire, aida à la construction d’une nouvelle chapelle pour un village éloigné de l’église principale : en un mot, la carrière de ce cher Père fut celle d’un vaillant ouvrier et d’un apôtre. Les chrétiens confiés à ses soins ne furent pas insensibles à tant de dévouement : évitant tout ce qui aurait pu lui faire de la peine, ils s’ingéniaient à l’envi pour lui faire plaisir, et lui montrer qu’ils l’aimaient comme un père.
« Presque deux années se passèrent de la sorte. La constitution délicate du Père suffisait à la tâche que lui imposait son zèle, mais non toutefois sans en être ébranlée. Sur ces entrefaites, Sa Grandeur le rappela au séminaire pour lui en confier de nou¬veau la charge. L’obéissance la plus entière fut sa réponse, mais son départ excita les regrets de la population chrétienne d’Ouracami, qui en cette occasion, d’ailleurs, sut par de nombreux témoignages lui démontrer son attachement tout filial.
« Depuis trois mois bientôt, il était tout entier à l’œuvre du séminaire et à l’exercice de ses nouvelles fonctions, quand Dieu le trouvant mûr pour le ciel, l’a appelé à Lui afin de le récompenser. La maladie du cher Père n’offrit d’abord rien d’inquiétant. Le mercredi 29 novembre, il ressentit à la tête de violentes douleurs, qui l’obligèrent de cesser les soins qu’il prodiguait lui-même à deux de ses Confrères atteints de la fièvre.
« Le lendemain, le docteur appelé pour le soigner déclara notre cher malade atteint de la fièvre typhoïde et prescrivit des remèdes. Deux jours après, malgré les soins affectueux dont il était entouré, le mal empirant, il demanda lui-même à se confesser. Le dimanche 3 décembre, le docteur prévint Monseigneur que la maladie du cher Père devenait grave, et que des soins assidus étaient néces¬saires. Le lendemain, vers dix heures du matin, Sa Grandeur fit part au cher malade de la décision du médecin, et lui proposa en même temps de lui administrer le Saint-Viatique et l’Extrême-Onction. Notre cher malade ne soupçonnait pas la gravité de son état, mais il accepta de grand cœur la proposition qui lui était faite, et dès lors, malgré la faiblesse où déjà il se trouvait, il fit tous ses efforts pour se recueillir et préparer son cœur. Enfin, vers onze heures et demie, avec toute sa connaissance et avec les plus vifs sentiments de foi et de piété, il reçut des mains de Sa Grandeur les Sacrements des mourants. Tous les Confrères de Nagasaki, les séminaristes et tout le personnel de la résidence assistaient à cette touchante cérémonie.
« Depuis lors, le cher malade alla en s’affaiblissant. Les souffrances de la maladie toutefois ne lui arrachèrent pas une plainte. Résigné à la volonté de Dieu et toujours égal à lui-même, il supporta avec une patience admirable tout ce que son état eut de pénible. A plusieurs reprises, il fit joyeusement à Dieu le sacrifice de sa vie, et témoigna par les paroles les plus touchantes, son désir de pouvoir enfin jouir bientôt de la présence du bon Dieu.
« Pendant ces jours de souffrances, que de prières furent faites par les séminaristes et par ses nombreux chrétiens d’autrefois ! Mais le bon Dieu voulait récompenser son fidèle serviteur. Le 8 et le 9 dé¬cembre, la violence de la maladie lui ayant laissé quelque relâche, il en profita pour recevoir une dernière fois Notre-Seigneur en viatique, et pour voir aussi les séminaristes. Ils vinrent tour à tour auprès du cher malade, baisèrent sa main, et reçurent de lui la promesse de ne pas être oubliés auprès du bon Dieu. Le 10, à sept heures et demie du matin, un affaissement subit se manifesta : la dernière heure du bon Père était arrivée. Monseigneur prévenu de son état accourut et lui donna une dernière absolution, puis, assisté des Confrères qui se trouvaient auprès du mourant, il récita les dernières prières. L’agonie commença à huit heures du matin, et à dix heures et quart le cher Père rendit son âme à Dieu. C’était le jour octave de la fête de saint François-Xavier, premier apôtre du Japon, et le troisième dans l’octave de l’Immaculée Conception de Notre-Dame.
« A peine fut-il mort, que la nouvelle s’en répandit avec rapidité dans la chrétienté dont il avait été le Père, et depuis ce moment jusqu’au jour de ses funérailles, on accourut en foule pour le voir une dernière fois sur son lit funèbre.
« Les obsèques eurent lieu le 12 décembre au milieu d’un concours immense de fidèles venus pour rendre les derniers devoirs à un père, et prier sur sa tombe. Aujourd’hui, la dépouille mortelle du cher défunt repose à l’ombre de la Croix, devant l’église des Martyrs japonais, à Nagasaki, et près des restes de M. Poirier, mort en 1881. La perte du cher Père est bien sensible pour notre Mission. Il laisse un vide qui n’est pas encore comblé. Tous nous le regrettons très vivement. »
Deus eos qui dormierunt per Jesum adducet cum eo.
(I ad Thes. IV, 13.)
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Références
[1441] PUTHOD Claude (1855-1882)
Notes bio-bibliographiques. - Sem. rel. Chambéry, 1882, p. 138.
La Rel. de Jésus, ii, p. 480.
Notice nécrologique. - C.-R., 1882, p. 126.