Paul GRAS1856 - 1886
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1470
- À savoir : Mort violente
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1881 - 1886 (Vinh)
Biographie
[1470]. GRAS, Paul-Louis-Martial, vit le jour à Puyméras (Vaucluse) le 1er (é) ou le 2 (m) juillet 1856. Il entra minoré au Séminaire des M.-E. le 29 août 1878, reçut le sacerdoce le 26 septembre 1880, et partit le 10 novembre suivant pour le Tonkin méridional. Il travailla d'abord dans le district de Ngan-ca. Quand, en 1885, l'insurrection contre les Français y devint maîtresse, il se retira à Xa-doai, et accompagna, en qualité d'interprète et de guide, plusieurs colonnes françaises.
En janvier 1886, il faisait partie d'une expédition, constatait l'anéantissement de la mission du Laos, et recueillait 150 chrétiens. En novembre de la même année, il défendait avec un grand courage la ferme de Kieu-moc, près de Xa-doai ; attaqué une première fois et obligé de céder aux assaillants supérieurs en nombre, il reprenait ce poste de vive force. Lors de la seconde attaque, le 8 mars 1886, il fut tué. Son corps fut inhumé dans l'église de Xa-doai.
Nécrologie
[1470] GRAS Paul (1856-1886)
Notice nécrologique
M. GRAS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN MÉRIDIONAL
Né………… le 1er juillet ………1856.
Parti……… le 10 novembre……1880.
Mort……… le 8 mars………… 1886.
Encore un missionnaire du Tonkin Méridional tombé sous le fer des rebelles en défendant ses chrétiens. « Le Bon Dieu nous éprouve, écrivait le P. Frichot, provicaire, en annonçant cette mort; le P. Gras occupait un poste fortifié à quelque distance de notre résidence. Le 8 mars, vers 7 heures du matin, il a été attaqué inopinément; dans une sortie, le cher Père a succombé, et son corps a été horri¬blement mutilé. »
M. Paul Gras était né à Puymeras, au diocèse d'Avignon, le 1er juillet 1856. Entré minoré au séminaire de Paris en 1878, il y fut ordonné prêtre le 26 septembre 1880, et partit le 10 novembre suivant. Le 12 février 1881, il mettait le pied sur le sol de l'Annam qu'il devait rougir de son sang. Après les premiers mois consacrés à l'étude de la langue annamite, il fut chargé du district du Ngan-Ca. « Au commencement des troubles, écrit le P. Belleville, le P. Gras était au village de Van-Loc, déjà brûlé par les rebelles en 1874. En face de la nouvelle et formidable insurrection qui se préparait, il n'avait pas dans le poste qu'il occupait les moyens de résister. Toutefois, ce ne fut qu'après un mois d'hostilités ouvertes, c'est-à¬-dire le 21 octobre, qu'il se décida à se replier sur notre résidence de Xa-Doaï.
« Le P. Gras ne prétendait pas revenir à Xa-Doaï pour goûter les charmes d'une existence tranquille. Sur l'invitation du supérieur de la Mission, il se mit plusieurs fois à la disposition des colonnes françaises dont il partageait les dangers et les périls. Il pouvait ainsi, tout en servant d'interprête et de guide, recueillir les débris des chrétientés dévastées. Citons en particulier l'expédition de Lang, qu'il fit à la suite du commandant Grégoire; il put constater de ses yeux l'anéantissement de la mission du Laos et des paroisses supérieures de Lang et de Dang. Des centaines de cadavres gisaient encore sur les bords du fleuve. Il retrouva quelques objets ayant appartenu au P. Satre. Mais surtout, il recueillit 150 chrétiens, tant Annamites errants dans les montagnes que Laotiens repris sur les Chinois. Ces évènements se passaient dans la première quinzaine de janvier 1886.
« Notre résidence de Xa-Doaï, objectif suprême des efforts des lettrés, possédait à 4 heures à l'ouest, une petite ferme, Kieu-Moi, qui par sa situation en est comme l'avant-poste. Le P.Gras y avait été envoyé le 16 novembre; il devait, tout en défendant la ferme, protéger les chrétientés voisines, et servir de point de ralliement aux chrétiens en fuite de tous côtés. Cerné le 19 novembre, il combat toute la matinée, mais enfin il est obligé de céder à des forces supé¬rieures, et ne doit son salut qu'à la cupidité des rebelles qui se jettent sur ses effets et le laissent échapper. Deux catéchistes étaient morts et la ferme incendiée. Cependant la ferme de Kieu-Moi que les rebelles voulaient transformer en place de guerre était trop impor¬tante pour qu'on la laissât en leur pouvoir. Ce poste, reconquis et fortifié par le P. Klingler, fut confié de nouveau par intérim au P. Gras.
« Le 19 février, il y eut une alerte; on ignore pour quelle cause, l'attaque qui paraissait certaine n'eut pas lieu.
« Le 7 mars, les rebelles se rapprochent de la ferme. On passe une partie de la nuit à préparer la défense. Au jour, arrivent des femmes et des enfants chrétiens fuyant devant les rebelles, à mesure que le cercle se resserre. Quelques instants après, ceux-ci apparaissent en effet, avant même que la sentinelle avancée ait eu le temps de donner l'éveil. Ce doit être à ce moment que le P. Gras dépêcha à la rési¬dence de Xa-Doaï ce billet laconique. « Les rebelles arrivent, on les aperçoit « déjà; vite le P. Klinger avec des soldats au secours. » C'était le 8 mars vers les 6 heures 1/2 ou 7 heures du matin. Les rebelles débouchaient nombreux par plusieurs endroits à la fois. Grâce à une habile manœuvre de l'ennemi, la masse de nos troupes trompée s'était portée du côté de la fausse attaque. Le Père qui vit la méprise, sort à un kilomètre avec 150 chrétiens contenir l'ennemi du côté de l'attaque véritable. On était persuadé que l'unique moyen de résister était de combattre l'ennemi à distance des fragiles remparts.
« Le P. Gras avec ses gens luttait ainsi avec avantage au pied d'une colline, quand une autre bande les tourne et les prend en flanc. La petite troupe lâche pied : « Sauvons-nous, Père ", lui dit un de nos élèves. - « Pas encore », répond celui-ci, et il continue à combattre. Les ennemis approchent. Un chrétien se fait tuer pour sauver le Père, trois autres reçoivent aussi bientôt la mort. A cet instant, l'élève se retourne, et voit un lettré qui brandit un grand sabre sur la tête du missionnaire, et lui assène deux coups terribles presque simultanément, l'un horizontalement à hauteur des yeux, et l'autre verticalement qui lui coupe l'oreille gauche et laboure le visage. Un élève, frappé d'un coup de pique dans le ventre, a les oreilles coupées et est laissé pour mort.
« Cependant les rebelles poursuivant les chrétiens arrivent à 150 met de la ferme à la porte Sud. Le minoré Minh, campé près de la porte Est, qui s'est aperçu de notre défaite, charge à son tour vigoureusement l'ennemi, le repousse après lui avoir fait subir des pertes considérables et le poursuit à outrance. On arrive auprès du Père, quelques rebelles étaient en train de le mutiler et dépouiller. Son corps était couvert de blessures, dont trois plus considérables; celle de la tête dont nous avons parlé, un coup de lance très profond dans le dos, et un autre dans le flanc gauche; de plus le nez était coupé et la main gauche détachée, sans doute avec l'intention de l'emporter comme trophée; sa chaussure avait disparu. La mort a dû être instantanée.
« On rapporta le corps à la résidence de Xa-Doaï, et on fit le lendemain au cher Père des obsèques aussi solennelles que possible, dans les circonstances actuelles. Quand on descendit sa dépouille mortelle dans la tombe qui est creusée dans l'église de Xa-Doaï, ce fut, de la part de nos chrétiens, une explosion de sanglots et de cris indescriptibles.
« Ajoutons pour être complet que la victoire définitive nous resta dans cette triste journée, mais au prix de quel sacrifice! »
Références
[1470] GRAS Paul (1856-1886)
Notes bio-bibliographiques. - A. P. F., lviii, 1886, p. 209. - M. C., xviii, 1886, Sa mort, p. 229 ; Ib., pp. 301, 361, 432. - Le Lorrain, 1886, Sa dernière lettre, n° du 6 juin.
Les miss. cath. franç., ii, p. 479.
Notice nécrologique. - C.-R., 1886, p. 183.