Paul RAMOND1855 - 1944
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 1485
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1881 - 1895 (Hanoi)
- 1895 - 1944 (Hung Hoa)
Biographie
[1485] Paul-Marie RAMOND naît le 18 mars 1855, à Briols, paroisse située sur le territoire de la Commune de Montlaur, diocèse de Rodez (Aveyron). Il fait ses études secondaires au petit séminaire St. Pierre, près de Rodez, puis entre au grand séminaire de ce diocèse où il est ordonné diacre le 7 juin 1879.
Le 8 septembre 1879, il entre au Séminaire des MEP, pour terminer ses études de théologie. Ordonné prêtre le 4 Juillet 1880, il reçoit sa destination pour le vicariat apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il part rejoindre le 19 janvier 1881.
Vietnam (1881-1944)
Dès son arrivée, il se met à l'étude de la langue viêtnamienne, puis il assiste son évêque dans ses tournées épiscopales, véritables missions itinérantes comportant prédications, confessions, examen des catéchumènes, baptêmes, règlement des affaires litigieuses...
En 1884, dans la région de Phu-Ly, il est chargé du district de Nam-Xang qui compte une vingtaine de chrétientés. Les catéchumènes y sont très nombreux et le nombre de baptêmes impressionnant. Il fonde de nouvelles chrétientés. En 1889, en prenant sur le district de Nam-Xang, on crée d'abord celui de Ngoc-Lu, avec 1.500 néophytes, puis en 1892, celui de Vinh-Da ; on prépare même une troisième division. Mais, en février 1893, le bruit se répand que résidents et mandarins voient les conversions d'un mauvais oeil, et qu'ils ordonnent de revenir à la religion traditionnelle, sous peine de châtiments ; certains chrétiens influents sont arrêtés ou condamnés; apeurés, un certain nombre de catéchumènes et de nouveaux convertis signent des lettres d'apostasie. Le P. Ramond ne se laisse pas décourager; monté sur son fier coursier, il continue à visiter et à défendre ses chrétiens.
. Evêque de Linoë
Le 18 avril 1895, le P. Ramond est nommé évêque de Linoë et premier Vicaire Apostolique du Haut Tonkin, territoire détaché du Tonkin Occidental. Ce nouveau Vicariat comprend les provinces de Son-Tay, Hung-Hoa, et Tuyên-Quang et englobe aussi les territoires habités par les groupes ethniques Muong: Xa, Meo, Thaï, Tho, Man. On estime à envrion 17.000 le nombre des chrétiens, dispersés dans 115 stations. Le 15 octobre 1895, Mgr Ramond reçoit la consécration épiscopale, en la cathédrale de Hanoï, en même temps que Mgr. Marcou, des mains de Mgr. Gendreau, assisté de Mgr. Pineau du Tonkin Méridional, et de Mgr. Velasco du Tonkin Septentrional. On donne au nouvel Evêque 12 missionnaires, 12 prêtres viêtnamiens et 15.000 frs. Tous se mettent à l'oeuvre.
Installé à Hung-Hoa, centre de la nouvelle Mission, Mgr. Ramond, malgré la mort du P. Ambroise Robert, le 27 juin 1896, ouvre le 1er septembre 1896, un collège-Petit Séminaire à Ha-Tach, avec 22 élèves dont il confie la direction au P. Bessière. Puis il commence aussitôt la visite des chrétientés longtemps délaissées et éprouvées par l'insécurité, la famine, le choléra et la piraterie. En 1897, à Song-Chay, il est heureux de retrouver vivant le souvenir de Mgr. Retord. Plusieurs églises sont bâties ou achevées, comme à Tuyên-Quang, ou à Lao-Kay ; une léproserie est fondée à Huong-Phong à 5 kms de Hung-Hoa, avec 26 pensionnaires, tous chrétiens. Après s'être rendu dans toutes les stations, il entreprend l'ouverture de nouvelles chrétientés dans des territoires peu connus.
Dans ce but, en novembre 1898, il envoie le P. Brossier faire un voyage d'exploration de 34 jours, dans le bassin de la Rivière Noire, où aucune chrétienté n'existe encore. En février 1899, en vue de connaitre le pays, il demande au P. d'Abrigeon de partir de Lao-Kay, de descendre à Pho-Lu, puis de se diriger vers Ha-Giang, centre militaire important, non loin de la frontière chinoise, pour y ouvrir une station missionnaire et s'occuper des européens et des populations Man et Tho. Le 17 juillet 1900, le P.Karrer part pour Ha-Giang afin de prêter main forte au père d'Abrigeon. En décembre 1899, le P.Girod visite le canton de Tu-Le, territoire des Meo, des Man, des Thai et des Muong, et, avec la bénédiction de Mgr Ramond, « mais pas les piastres », il fonde le poste de Phu-Yen-Binh, en janvier 1902. Depuis Hoa-Binh, en remontant la Rivière Noire, les pères de Cooman et Laisi prennent contact avec les groupes "Châu."
. Auprès des Meo
Le P.Granger, en décembre 1900, quitte Yên-Bai et s'installe à Nghia-Lo; en janvier 1901, le P.Jordan va l'y rejoindre. Un peu plus tard, le P.Granger s'établit chez les Meo, à Cao-pha, et le P. Antonini se rend à Nghia-Lo comme compagnon du P.Jordan. En Août 1901, en vue d'y créer un poste missionnaire, Mgr Ramond envoie le P.Blondel reconnaitre la région entre le Fleuve Rouge et la Rivière Claire, reliée à Yên-Bai par une route.
En ce début du XXème siècle, bien que les conversions sont plus nombreuses, surtout dans les provinces de Son-Tây et Phu-Tho, Mgr. Ramond rencontre des difficultés de toutes sortes: indifférence des païens, exemples des Européens qui ne montrent pas le chemin du Paradis, tracasseries et hostilité de certaines autorités envers les missionnaires, sécularisation de cinq "ambulances" militaires tenues par les soeurs, ruines et famine causées par les typhons ou la sécheresse etc..
En Juin 1899, il inaugure et bénit sa cathédrale. En 1905, il connait la joie de faire la procession de la Fête-Dieu à Hung-Hoa et de célébrer ses noces d'argent sacerdotales entouré de ses missionnaires et des prêtres viêtnamiens. En 1910, malgré l'insécurité, la piraterie et la guérilla menée depuis quelques années par Dê-Tham, chef des rebelles, dans la Haute Région, il préside neuf triduums en l'honneur des martyrs. Il relève les ruines causées pendant la période de la piraterie ; beaucoup de paillotes servant de lieu de culte sont remplacées par des églises.
Chaque année, Mgr. Ramond, lors de ses visites pastorales, s'intéresse à l'évangélisation des non chrétiens ; Il accorde une grande importance aux comptes-rendus annuels des travaux des missionnaires et des prêtres viêtnamiens qu'il cite largement. Sa connaissance de la géographie humaine de son vicariat lui permet de développer les paroisses existantes, de créer de nombreuses chrétientés nouvelles, et d'implanter des hôpitaux dans les centres importants, tels que Son-Tây, Yên-Bay, Tuyên-Quang, ainsi que plusieurs maisons de retraites pour les personnes âgées. Il s'intéresse aux écoles, et prête toute son attention à son Collège petit séminaire dont le nombre d'élèves ne cesse de croitre, puis à ses grands séminaristes.
En 1920, Mgr Ramond, délégué par le groupe des Missions du Tonkin se rend à Rome, où du 7 mai au 11 juin 1920, dix commissions établissent un projet de Règlement des MEP, en 286 articles qui est adressé, pour vote, à chacun de ses membres. Il participe ensuite à l'assemblée générale qui se tient à Nazareth, à Hong-Kong, du 9 Février au mardi 22 mars 1921.
Mgr Ramond profite de son séjour en Europe pour rendre visite à sa famille, et pour célébrer, à Paris, le 15 octobre 1920, puis dans son vicariat, le 25ème anniversaire de sa consécration épiscopale.
De haute taille, de forte corpulence, le teint sanguin, avec une barbe patriarche, il fait l'admiration de tous. Il est l'organisateur et l'animateur de son vicariat, multipliant et visitant districts et chrétientés tant chez les viêtnamiens, les européens, que dans le monde peu connu des minorités ethniques. La formation des catéchumènes, des catéchistes, retient toute son attention. Le recrutement et la formation dans les Séminaires est pour lui une question primordiale. Arrivé au Tonkin en 1881, il assiste à la transformation complète du pays, en de nombreux domaines.
. Concile plénier de l’Indochine
Du 15 novembre au 5 décembre 1934, Mgr. Ramond prend part au " Premier Concile Plénier de l'Indochine" qui se tient à Hanoï, sous la présidence de Mgr. Dreyer, Délégué Apostolique. Vers 1933, se sentant moins robuste, il demande au Saint Siège un Coadjuteur. Ce dernier lui est donné en la personne du P. Vandaele, procureur de la mission. Celui-ci reçoit la consécration épiscopale le 8 décembre 1936, dans la cathédrale de Hung-Hoa, des mains de Mgr.Chaize, assisté de NN.SS. Eloy et de Cooman, Mgr. Ramond présidant au trône.
En avril 1938, suite à une certaine tension avec son coadjuteur, Mgr. Ramond admet, non sans difficultés, qu'il ne peut plus exercer sa charge. Il envoie sa démission de Vicaire Apostolique de Hung-Hoa. Celle-ci ayant été acceptée le 21 mai 1938, la notification officielle en est donnée à tous, prêtres et fidèles, le dimanche 4 septembre 1938.
Durant ses 43 ans d'épiscopat, marqués par sa fidélité à sa devise "in virtute et patientia", la population catholique est passée de 16.000 à 64.000, le nombre de prêtres viêtnamiens de 12 en 1895 à 58 en 1939, plus de 300 villages ont été évangélisés. Les oeuvres caritatives et éducatives se sont largement développées. La léproserie de Huong-Phong, qui avait absorbé, en 1913, d'autres petits centres pour lépreux, compte environ 300 malades en 1935.
En 1939, Mgr.Ramond se retire au Tàm-Dao, dans la mission de Hanoï, mais l'exil lui pèse trop. En octobre 1942, il s'installe au petit séminaire de Ha-Tach. Là, sa vie est celle d'un ermite : il passe six ou sept heures par jour, priant dans sa chapelle privée. En juillet 1943, il gagne la station d'altitude de Chapa où il continue à mener sa vie de prière.
Le 6 janvier 1944, dans la maison des missionnaires de Chapa, Mgr. Ramond, doyen des évêques MEP, premier vicaire apostolique du Haut Tonkin (Hung-Hoa), rend son âme à Dieu, sans jamais avoir été malade. Son coadjuteur l'a précédé dans la tombe le 21 novembre 1943.
Ses obsèques sont célébrées de manière solennelle.
Sa dépouille mortelle repose près de l'église de Chapa.
Nécrologie
Mgr RAMOND
ANCIEN VICAIRE APOSTOLIQUE DE HUNGHOA
Mgr RAMOND (Paul-Marie) né le 18 mars 1855 à Montlaur, diocèse de Rodez (Avey¬ron) Entré diacre au Séminaire des Missions-Étrangères le 8 septembre 1879. Prêtre le 4 juillet 1880. Parti pour le Tonkin occidental le 19 janvier 1881. Evêque de Linoë et Vicaire apostolique du Haut-Tonkin en 1895. Démissionnaire en 1939. Mort à Chapa le 6 janvier 1944.
Le 6 janvier 1944, dans la maison des missionnaires de Chapa, Son Exc. Mgr Ramond a rendu son âme à Dieu, à l’âge de 89 ans et dix mois, sans jamais avoir été malade. Il était le doyen d’âge des missionnaires de la Société des Missions-Étrangères de Paris, l’un des plus vieux évêques du monde, puisqu’il avait été sacré le 15 octobre 1895. « J’ai toujours regretté, écrit Mgr Mazé, auteur de cette notice, que Mgr Ramond n’ait pas voulu écrire ses souvenirs... Arrivé au Tonkin en 1881, quand il n’y avait à Hanoi que des paillotes, il a assisté à la transformation complète de ce pays.
Au point de vue religieux, le Vicariat apostolique du Haut-Tonkin, dont il fut le premier évêque, est passé de 17.000 chrétiens à plus de 61.000 ; le clergé indigène de 12 à plus de 60 prêtres. Il fut avant tout un grand convertisseur comme son patron saint Paul. Déjà étant jeune missionnaire, il s’était donné corps et âme à cette œuvre, et est dix ans de mission, il avait eu la joie de baptiser plus de dix mille catéchumènes. « Les âmes, les âmes, répétait-il, nous sommes avant tout pour convertir les païens. Ceux qui sont baptisés ont beaucoup de facilités pour se sauver, mais des pauvres païens, comment voulez-vous qu’ils se sauvent si on ne leur prêche pas la religion ? »
Ce n’est pas sans mal qu’il obtenait ces résultats. La paix ne régnait pas encore au Tonkin. Les lettrés étaient tout-puissants. Les chapelles étaient incendiées, les chrétiens influents arrêtés, condamnés. Un jour, l’un de ses catéchistes fut saisi ; les satellites avaient ordre de le conduire en exil. « Qu’ai-je donc fait ? Je n’ai jamais été appelé au tribunal, fit-il remarquer. » — « Nous ne savons rien, répondirent-ils, sinon que vous devez aller en exil. » — « Eh bien ; vous devez être fatigués, reposez-vous d’abord ; buvez une tasse de thé pendant que je vais arranger la maison. » Le catéchiste envoie aussitôt un exprès prévenir M. Ramond puis fit préparer un bon repas. M. Ramond arrive au galop de son coursier, s’enquiert auprès des satellites et secrètement fait préparer une barque. Il y fait monter son catéchiste, et s’adressant aux agents du mandarin qui s’apprêtaient à prendre place dans la barque : « Vous, dit-il, retournez à pied, j’arriverai avant vous au poste. » — « Mais Père, nous serons punis très sévèrement pour ne pas avoir ramené l’accusé. » — « Non, non, je me charge de vous défendre auprès de votre chef. » Le mandarin ne peut donner aucun éclaircissement à M. Ramond. « Puisqu’il en est ainsi, dit le missionnaire, je conduirai moi-même l’accusé à la préfecture. » Et ils partirent, malgré les protestations du mandarin. A la préfecture, le grand mandarin reçut fort mal M. Ramond et le menaça : « Père, lui dit-il, vous vous êtes mis dans un cas très grave ; vous vous opposez à l’exécution d’un jugement de la Cour de Hué. » Après avoir écouté patiemment le réquisitoire du préfet, M. Ramond donne, à son tour, libre cours à son indignation : « Grand mandarin, dans quel pays sommes-nous donc ? Comment, on envoie en exil un homme sans l’avoir interrogé... Eh bien, j’en aurai le cœur net, je conduirai mon catéchiste à Hanoi et on verra qui a tendu le piège. »
Malgré tous les arguments du préfet qui s’était calmé, au point d’inviter le Père à boire le thé de l’amitié, M. Ramond se rendit à Hanoi, où le catéchiste fut gardé à la Mission jusqu’à examen de l’affaire. Celui-ci fut reconnu innocent, mais le préfet fut révoqué.
Voilà un récit abrégé sur cent que j’ai entendu raconter par le vénéré défunt. On devine combien il était populaire dans sons district. Monté sur son fier coursier, il était partout : défendant ses chrétiens, fondant de nouvelles chrétientés dans la région actuelle de Phu-Ly. C’est là qu’après 14 ans de mission, il reçut sa nomination de Vicaire apostolique de Hung-Hoa, que le Saint-Siège venait de détacher de la Mission de Hanoi. Ce nouveau Vicariat était immense. Il s’étendait du fleuve Day au sud de Sontay, jusqu’à Lao-Kay au nord ; de Hagiang à l’est, jusqu’à Lai-Châu à l’ouest. On donna au nouvel évêque 12 missionnaires, 12 prêtres indigènes et 15.000 fr. Il y avait environ 17.000 chrétiens noyés dans un million de païens. Pas une église bâtie. On peut deviner aisément ce que fut la vie de ces premiers apôtres du Haut-Tonkin pendant de nombreuses années, et les soucis de leur pasteur. Peu à peu, cependant, les renforts arrivèrent de France. De généreux bienfaiteurs vinrent au secours de l’évêque. Toutes les ressources des missionnaires étaient mises en commun, chacun ne recevant que l’indispensable pour vivre. La Providence bénit les sacrifices de tous ; les chrétientés se multiplièrent, des hôpitaux furent fondés à Sontay, Yênbay, Tuyên-Quang.
L’évêque parcourait tous les ans une partie de son immense Vicariat, exhortant fréquemment ses missionnaires à enseigner la religion aux infidèles, développant l’œuvre des baptêmes d’enfants moribonds qui atteignent le chiffre de 8.475 en 1937. « Avez-vous des conversions ? Combien avez-vous de baptêmes d’adultes, d’enfants d’infidèles ? » C’était les questions qu’il posait infailliblement en arrivent dans un poste.
En 1920, tous les évêques de la Société des Missions-Étrangères de Paris se réunirent à Hongkong. Chaque groupe de Missions désigna un Vicaire apostolique pour se rendre à Rome en vue de la modification de certains points du règlement. Mgr Ramond fut désigné par ses collègues du Tonkin. Ce fut son seul retour en Europe entre 1881 et 1944. Il eut la joie de revoir ses frères, ses neveux que le Bon Dieu avait bénis. Son père et sa mère étaient morts depuis de longues années, tous deux nonagénaires.
En 1925, à mon arrivée en mission, Mgr Ramond avait 70 ans ; il était encore est pleine force. C’était un vieillard magnifique, de haute taille, de forte corpulence, au teint sanguin, avec une barbe de patriarche. Je l’ai accompagné souvent dans ses tournées pastorales ; il faisait l’admiration de tous : prêtres, fidèles et bouddhistes. Il recevait au parloir, tous ceux qui se présentaient, écoutant patiemment leurs requêtes. Chaque matin il prêchait avec ardeur dans les églises toujours pleines. Vers 1933, il dut se sentir moins robuste et demanda au Saint-Siège un coadjuteur qui se fit attendre jusqu’en 1936.
Mgr Vandaele, procureur de la Mission, fut sacré le 8 décembre à Hung-Hoa. Puis en 1938 le vieil évêque dut se résigner à donner sa démission : ce qui lui fut très pénible. Il avait besoin d’agir, de lutter ; rester dans l’inaction était contre sa nature ardente... Il se retira au Tam-Dao en 1939. Mais l’exil lui pesait trop. Il voulut revenir dans sa chère Mission et vint au petit séminaire de Ha-Thach en octobre 1942. Sa vie était devenue celle d’un ermite : il passait presque toute sa journée dans une chambre transformée en chapelle, où il priait devant le Très-Saint-Sacrement six ou sept heures par jour.
Au début de 1943, il me dit un jour : « A partir de demain je ne célébrerai plus la sainte messe, je n’y vois plus assez et surtout je ne puis maintenir mon attention, je ne veux pas manquer de respect envers le saint sacrifice. Je n’ai pas à me plaindre, j’ai pu dire la messe tous les jours jusqu’à 88 ans, cela n’est pas donné à tout le monde. Je n’ai qu’à remercier le Bon Dieu. Si vous pouvez avoir un prêtre qui célèbre la messe dans ma chapelle, j’y assisterai et recevrai la sainte communion.
Monseigneur assista cet hiver-là à la retraite des missionnaires de Hung-Hoa. Ce fut une joie pour lui de retrouver réunis ses anciens confrères qui lui témoignèrent la plus grande affection... L’été suivant, dès que je fus libre, après le départ de mes élèves, je l’accompagnai à Chapa : la chaleur lui était intolérable. Grâce à l’amabilité de la Compagnie des chemins de fer du Yunnan, nous fîmes un excellent voyage. « C’est mon dernier voyage, me disait-il, désormais je vivrai et mourrai à Chapa. » Là-haut, il continua sa vie de prière et ne sortait plus de l’enclos de la mission. « Priez, priez, il faut prier, on ne prie pas assez, répétait-il. Il disait jusqu’à 17 à 20 chapelets tous les jours devant le Très Saint-Sacrement. Je le quittai fin août persuadé qu’il vivrait encore plusieurs années.
Le 21 novembre, Mgr Vandaele mourait à Sontay après trois mois de souffrances, mais Mgr Ramond n’accusait aucun signe de défaillance, quand le 5 janvier 1944, je reçus de M. Idiart-Alhor une lettre datée du 3, m’annonçant que la vie de Mgr Ramond était en danger, qu’il allait lui administrer l’extrême-onction. Le lendemain 6, un télégramme m’apprenait que le serviteur de Dieu était retourné à la maison du Père.
On lui a fait des obsèques aussi solennelles que possible. Autorités civiles et militaires, Français et Annamites sont accourus nombreux pour accompagner la dépouille du vénéré défunt qui repose tout près de l’église de Chapa. M. le Gouverneur et M. le Résident supérieur s’étaient fait représenter par le commandant Lajoix. Les troupes rendaient les honneurs militaires. M. Hue, Supérieur de la Mission, sept prêtres français et un prêtre annamite, représentaient le clergé de la Mission de Hunghoa.
Que tous ceux qui ont connu Mgr Ramond aient une prière pour le repos de l’âme de celui qui a tant prié et travaillé pour l’Annam et la France et qui nous a tant aimés.
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Références
[1485] RAMOND Paul-Marie (1855-1944)
Références biographiques
AME Lettres :1890 p. 176. 179. 1893 p. 701. 1895 p. 367. 372. Articles : 1899 p. 272. 1900 p. 296. 1901 p. 312. 1902 p. 184. 231. 1903 p. 248. 1906 p. 180. 1910 p. 274. 1912 p. 105. 106. 107. 1917-18 p. 3. 1919-20 p. 284. 565. 1923 p. 195. 1925 p. 15. 1926-27 p. 173. 382. 1928 p. 150. 151. 210. 1929 p. 252. 255. 1930 p. 168. 169. 170. 203. 1932 p. 71. 73. 76. 77. 192. 1933 p. 196. 1934 p. 181. 234. 1935 p. 37. 52. 131. photos p. 278. 279. 1936 p. 184. 235. 236. 1937 p. 13. 14 photo p. 42. photos p. 248. 249. 1938 p. 186. 1939 p. 9. 36. 37. CR 1881 p. 103. 1882 p. 56. décembre 1884 p. 92. 1886 p. 89. 1888 p. 114. 1890 p. 250. 251. 1892 p. 155. 160. 1893 p. 165. 166. 1894 p. 182. 1895 p. 3. 186. 190. 355. 1896 p. 169. 178. 399. 400. 1897 p. 139. 151-160. 376. 378. 1898 p. 151-157. 1899 p. 182-186. 1900 p. 131. 150-155. 1901 p. 146-153. 1902 p. 169-176. 1903 p. 157-162. 359. 361. 362. 1904 p. 166-172. 356. 357. 358. 359. 435. 1905 p. 139-145. 358. 1906 p. 149-155. 361. 363. 364. 365. 366. 395. 405. 1907 p. 181-189. 1908 p. 161-170. 355. 356. 357. 358. 1909 p. 156-163. 1910 p. 135. 158-166. 322. 326. 1912 p. 173. 185-191 p. 1911 p. 143-151. 267. 1913 p. 193. 198-203. 1914 p. 77. 78. 1915 p. 95-98. 1916 p. 111-115. 1917 p. 78. 82. 85-87. 1918 p. 66-70. 71. 1919 p. 70-72. 157. 158. 159. 160. 1921 p. 74-76. 1922 p. 93-96. 206. 207. 1923 p. 107-111. 1924 p. 84-86. 208. 209. 1925 p. 92-95. 1926 p. 94. 101-105. 195. 1927 p. 96-101. 1928 p. 102-106. 1929 p. 130. 135-143. 317. 318. 319. 320. 321. 322. 1930 p. 155-164. 1931 p. 149-156. 335. 336. 337. 338. 1932 p. 182-189. 1933 p. 135-148. 278. 1934 p. 130-135. 275. 285. 1935 p. 128-134. 271. 303. 304. 364. 1936 p. VI. 123-129. 1937 p. 128. 129-134. 266. 275. 1938 p. 136 (démission). 1940 p. 83. 1947 p. 67. 356. 1948 p. 163 (notice). 1949 p. 163. 182. 183. 185. 187. 190. 199. 201. 206. 207. 208. 210. 1951 p. 172. BME 1922 p. 3. 32. photo p. 17. 1923 photo p. 299. 1924 photo p. 621. 1926 p. 52. 54. 633. 1927 p. 383. 1928 p. 371. 693. 1929 p. 247. 299. 440. 634. 691. photo p. 368. 1930 p. 241. 496. 584. 743. 755. 1931 p. 70. 151. 225. 226. 294. 376. 453. 529. 758. 839. 1932 p. 622. 862. 1933 p. 61. 699. photo p. 452. 1934 p. 206. 874. photo p. 663. 1935 p. 130. 202. 363. 891. photo p. 57. 1936 p. 453. 524. 1937 photo p. 79. 1938 p. 407. 695. 1939 p. 138. 357. 1940 p. 561. 622. 1941 p. 190. 1948 p. 90. 1950 p. 64. 1954 p. 353. RHM 1924 p. 149. MC 1914 p. 509. 1918 p. 40. 1923 p. 27. 1924 p. 101. 1925 p. 149. 1927 p. 37. 1928 p. 401. 1929 p. 83. 1932 p. 73. 333. 334. 1934 p. 552. 1938 p. 196. 1939 p. 94. MDA 1948 p. 79. EC1 N° 436.
Décembre 1994