Auguste LANOUE1857 - 1908
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1519
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1882 - 1884
- 1885 - 1908
Biographie
[1519]. LANOUE, Auguste-Joseph, né à Amoncourt (Haute-Saône) le 5 août 1857, fit ses études au petit séminaire de Luxeuil et au séminaire de philosophie de Vesoul. Il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 17 septembre 1878, fut ordonné prêtre le 24 septembre 1881, et partit le 9 novembre suivant pour la mission du Kouang-tong. Il débuta dans le district de Hoc-chan et y resta trois ans.
Après la persécution de 1884-1885, il alla d'abord à Ham-kong, puis établit sa principale résidence à Chao-tcheou. Il y acheta des rizières pour faire vivre plusieurs familles chrétiennes, et fonda un dispensaire. En 1900, son initiative sauva le pays des ravages de l'ancien chef des Pavillons-Noirs, Liou-vinh-foc. A la fin de la même année, le préfet apostolique, Chausse, lui confia le district de Cheun-tak ; il y reconstruisit les chapelles détruites pendant la persécution, fonda une chrétienté nouvelle, et installa une résidence à Tai-leung. Le 8 août 1908, quoique malade, il alla assister un mourant, et le lendemain 9, ayant à peine eu le temps d'achever la messe, il succomba à Tai-leung, district de Cheun-tak.
Nécrologie
M. LANOUE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU KOUANG-TONG
Né le 5 août 1857
Parti le 9 novembre 1881
Mort le 9 août 1909
Auguste-Joseph Lanoue, né en 1857 à Amoncourt (Besançon, Haute-Saône), appartenait à une vieille et noble famille émigrée à l’époque de la grande Révolution et dépouillée de ses biens. De retour en France, elle accepta courageusement sa situation nouvelle et, dans le pays où elle avait jadis vécu du revenu de ses terres, elle se mit à vivre paisiblement de son travail. De ce passé, qui n’était pas sans gloire, M. Lanoue ne parlait pas et on l’eût sans doute ignoré sans M. Hardouin, consul de France à Canton, qui était allié à sa famille et s’en tenait pour très honoré.
Auguste-Joseph était le dernier vernu dans une famille qui comptait cinq enfants et, à ce titre, était choyé de tous. Son père, instituteur en même temps que chantre et sacristain, tenait par-dessus tout à ces deux dernières fonctions. Grâce à la direction et à l’incessante surveillance paternelle, Auguste réussit à éviter bien des dangers auxquels n’échappent pas toujours les enfants. A cette éducation première, il dut de conserver toute sa vie une âme extrêmement délicate et pure : qualité précieuse à laquelle vinrent s’ajouter dans la suite un tendre amour de Dieu, une grande égalité de caractère et une constante application au travail, application qui lui permit, quoiqu’il eût l’intelligence un peu lente, de se maintenir toujours dans la première moitié de sa classe.
Au petit séminaire de Luxeuil, de 1871 à 1876, comme au séminaire de philosophie à Vesoul, ces qualités s’affermirent encore et prirent un nouveau développement. En 1878, il entra au Séminaire des Missions-Étrangères, où il trouva parmi les directeurs M. Pernot, qui avait été jadis curé d’Amoncourt. Trois ans après, en 1881, il recevait sa destination pour le Kouang-tong.
En l’absence de Mgr Guillemin, à qui son état de santé ne devait pas permettre de revoir la Chine, M. Lanoue, arrivant à Canton, y trouva Mgr Chausse, sacré évêque le 25 du mois de juillet précédent et gouvernant la mission avec le titre de coadjuteur. Quelques semaines plus tard, le nouveau missionnaire était envoyé dans un des districts les plus rapprochés de Canton, celui d’Hok-shan. Comme le titulaire, M. Delétraz, avait été forcé par la maladie de retourner en France, les nouveaux missionnaires y étaient parfois placés provisoirement pour apprendre la langue et se former au ministère.
M. Lanoue y demeura trois ans, jusqu’à l’époque du douloureux exode des missionnaires du Kouang-tong, qui, chassés presque tous de leurs districts, durent se réfugier avec leur évêque à Hong-kong.
Après la persécution de 1884-1885, M. Codis ayant été envoyé à Hok-shan pour de là veiller plus aisément sur son ancien district de Shuy-tak confié à un prêtre indigène, M. Lanoue quitta les environs de Canton pour aller en remontant le fleuve du nord jusqu’à la préfecture de Shiou-chao.
Dans cette région la foi apportée jadis par les premiers missionnaires n’avait jamais complètement disparu et même pendant la grande persécution de deux cents ans qui dura depuis le règne de Kang-hi jusqu’à celui de Ham-fung, Siou-chao était demeurée une station pour les missionnaires se rendant de Macao dans les provinces de l’intérieur de la Chine. M. Lanoue, fixé d’abord à Ham-kong, ne tarda pas à établir sa résidence principale à Shau-kwan en dehors des remparts de la préfecture. Il devait y demeurer pendant près de dix-sept ans, ayant sous sa juridiction Shiou-chao, Ying-fa, Ying-tak, etc.
Plein de confiance en la divine Providence, le vaillant missionnaire se mit résolument à l’œuvre. Chaque année, il visitait an moins une fois toutes ses chrétientés, s’occupant d’instruire les fidèles et les catéchumènes. Son ambition principale était de voir de nouvelles chrétientés venir s’ajouter aux anciennes. S’il ne réussit pas autant qu’il l’eût désiré, ses efforts ne furent pas cependant sans résultat. A ceux que lui envoyait la Providence, il ne ménageait ni sa sollicitude, ni son dévouement. Avant de les admettre au baptême, il exigeait de tous ses catéchumènes une année tout entière de préparation. Ces précautions étaient nécessaires, dans un pays où les néophytes, clairsemés, n’échappent jamais complètement à l’influence des païens qui les entourent.
Dans les dernières années, grâce à des ressources venues de France, M. Lanoue acheta des rizières, dont la culture suffisait à faire vivre un certain nombre de familles chrétiennes. Il réussit également à fonder un dispensaire, où nombre d’enfants païens ont reçu le baptême avant de mourir. En 1900, lorsque les bandes de Liou-Wing-Foc, le célèbre pirate, traversèrent le Kouang-tong du midi au nord, sous le prétexte d’aller au Pe-tchi-ly combattre les Boxeurs et protéger la cour, M. Lanoue eut la sage précaution de faire, en temps convenable, avertir le vice-roi de Canton et parvint de la sorte à épargner à son district les pires épreuves. Tous, païens et chrétiens, surent gré au missionnaire de sa prévoyance et de son efficace protection. Aujourd’hui encore ils n’ent ont pas perdu le souvenir. Après le passage des redoutables pirates, grâce à la sympathie conquise par le mission¬naire auprès des païens, l’avenir apparaissait plein d’espérances. Aussi vers la fin de l’année 1900, quand M. Lanoue reçut de M. Sorin, supérieur de la mission après la mort de Mgr Chausse, sa nomination à Shuy-tak, ce ne fut pas sans un vrai serrement de cœur qu’il consentit à se séparer d’un district où il avait travaillé de longues années et où il était près de recueillir le fruit de son patient labeur.
Entre le district qu’il quittait et celui dont il venait prendre la direction, il y avait bien peu de ressemblance. Il ne se trouvait plus en face de postes disséminés, dont quelques-uns de fondation récente, mais de chrétientés fondées depuis de longues années, plus rappro-chées les unes des autres et où le nombre des fidèles était plus considérable. Tel village de Shuy-tak compte à lui seul plus de chrétiens que le district de Shiou-chao tout entier. M. Lanoue se donna de tout cœur et sans arrière-pensée à son nouveau ministère. Le moment était, d’ailleurs, plutôt favorable. Après d’assez longs pour¬parlers, le consul de France venait enfin d’obtenir, pour les récents pillages, des réparations moins dérisoires. Ce fut M. Lanoue qui fut chargé de la reconstruction des chapelles.
Ceux qui l’ont vu à cette époque savent à quelles sollicitudes et à combien d’ennuis il fut en butte durant de longs mois. Dieu, qui voulait sans doute le dédommager, lui accorda, sur ces entrefaites, deux grandes joies : la première fut d’ouvrir une chrétienté nouvelle qui compta bientôt près de cent néophytes ; la seconde, de se bâtir une résidence dans la ville, plus centrale, de Tai-leung où habite le sous-préfet de Shuy-tak. De sa nouvelle résidence, le missionnaire pourrait se porter plus aisément et plus rapidement partout où il serait appelé, grâce aux routes qui rayonnent du chef-lieu dans toute la sous-préfecture.
Dans les premiers temps, alors que les chapelles détruites n’étaient pas encore rebâties, il arrivait à M. Lanoue de recevoir l’hospitalité des chrétiens et de dire la sainte messe dans des maisons particulières. De cette époque M. Lanoue conserva le plus doux souvenir. Dans telle maison c’était une mère, vaillante chrétienne, qui, après avoir préparé chacun de ses enfants, les conduisait elle-même l’un après l’autre au confessionnal rudimentaire préparé pour le missionnaire, allait les y reprendre après la confession et ne les abandonnait que lorsqu’ils avaient accompli leur pénitence.
Après cinq ou six ans d’apostolat à Shuy-tak, M. Lanoue fut pris presque subitement d’un mal dont il ne devait jamais guérir entiè¬rement et qui devait finalement le conduire au tombeau. A cause de l’appauvrissement du sang, ses jambes enflèrent à tel point que la marche lui devint à peu près impossible. Le repos et les bons soins qu’on lui prodigua lui procurèrent un notable soulagement. Malgré tout, à partir de cette époque, il dut se ménager davantage. Quand il était obligé de faire une longue course, il en ressentait une fatigue extrême.
Le 8 août 1909, appelé pour assister un malade, il avait fait, coup sur coup, le trajet de Tai-leung à Ma-chai et celui de Ma-chai à Tai-leung où il tenait à dire la sainte messe le lendemain, dimanche. De retour dans la soirée, il avait entendu des confessions. Il en avait encore entendu le lendemain dans la matinée. C’était trop de fatigue coup sur coup. Dès le commencement de la messe, il se sentit gravement indisposé et se demanda s’il lui serait possible de terminer le saint sacrifice. Après la consécration, il éprouva une sorte de défaillance qu’il eut la force de surmonter. Mais à peine avait-il fait la sainte communion, qu’il tomba plutôt qu’il ne s’assit sur un siège qu’on avait apporté. Une demi-heure après, il avait rendu son âme à Dieu.
Entre plusieurs qualités et vertus, celles qui frappent au premier abord chez M. Lanoue, c’est son tendre amour pour Dieu et sa charité envers le prochain, son amabilité pour tous. Les chrétiens avaient auprès de lui un accès facile et recevaient toujours de sa part le meilleur accueil. Quand ils étaient en butte à la persécution et qu’il avait à les défendre, de timide qu’il était par nature, il devenait audacieux. Le cher mis¬sionnaire avait toujours eu avec les autorités chinoises des relations correctes et, parfois, vraiment sympathiques de leur part. A Shiou¬-chao, on disait de lui, dans les mandarinats, qu’il était un homme juste et ne donnait jamais un ordre à la légère. A Shuy-tak, au moins dans les premières années, il entretint avec la sous-préfecture des rapports plus fréquents et pleins de cordialité. Si dans les dernières années les rapports se tendirent, la cause doit en être attribuée à l’attachement qu’il portait à ses chrétiens dont il défendait les inté¬rêts avec zèle et constance.
Jamais relations ne furent plus charitables que celles de M. Lanoue avec les autres missionnaires, ses confrères. A ceux qu’il rencontrait il ne rendait pas de sitôt leur liberté. Il aimait à leur dire ses diffi¬cultés, comment il avait agi en telle circonstance, sollicitait un mot, un signe d’approbation, et, quand on le lui faisait trop attendre, employait pour insister une formule qu’il avait faite sienne et que tout le monde connaissait.
M. Lanoue faisait régulièrement ses exercices de piété et les faisait bien ; il récitait toujours son bréviaire lentement et avec grand recueil¬lement. Dans ses bagages il y avait toujours place pour les livres, dont un bon prêtre ne consent pas à se séparer même en voyage. Aussi ceux qu’ils l’on connu savent bien que la mort, même subite, ne l’a pas pris au dépourvu et qu’après la communion de sa dernière messe ne tarda pas à commencer pour lui l’éternelle communion du ciel.
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Références
[1519] LANOUE Auguste (1857-1908)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1885, p. 66 ; 1887, p. 116 ; 1892, p. 145 ; 1894, p. 166 ; 1898, p. 128 ; 1899, p. 156 ; 1901, pp. 120, 126 ; 1902, p. 136 ; 1903, p. 129 ; 1904, p. 142 ; 1905, p. 114 ; 1906, p. 122 ; 1907, p. 146. - M. C., xxxix, 1907, pp. 40, 43. - A. M.-E., 1909, p. 42.
Notice nécrologique. - C.-R., 1909, p. 314.