Nicolas WILHELM1860 - 1938
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1551
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1883 - 1888 (Penang)
- Pays :
- Corée
- Région missionnaire :
- 1889 - 1913 (Seoul)
Biographie
[1551] WILHELM Joseph, Nicolas, Marie, est né le 24 janvier 1860 à Speicheren (ou peut-être Spicheren), dans le département de la Moselle et le diocèse de Metz, quatrième fils de 7 enfants; son père Georges Wilhelm était à la fois instituteur, organiste-sacristain de la paroisse et greffier de la commune, sa mère étant Magdeleine Huver.
Après avoir été ordonné sous-diacre dans son diocèse d'origine, il entre au Séminaire des Missions Étrangères de Paris le 6 septembre 1881, y est ordonné prêtre le 17 février 1883 et destiné au Collège Général de Pinang.
Parti de Paris le 28 mars 1883, il trouve parmi les séminaristes de Pinang une vingtaine de Coréens qui, peu à peu, lui donnent l'envie de devenir missionnaire en Corée. À sa demande, le Père Wilhelm obtient une nouvelle destination pour le vicariat apostolique de Corée en 1888 et arrive à Séoul le 16 février 1889.
De juillet 1889 à novembre 1891, il se trouve à In-chon, port situé à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Séoul, qui a alors une concession chinoise, une concession japonaise et une concession internationale, mais dont l'extrême majorité des habitants sont, bien sûr, des Coréens. Le Père Wilhelm est le premier missionnaire à résider dans cette ville (que certains appellent à tort Ché-mul-po) et va bientôt acquérir la colline sur laquelle seront construites plus tard l'église (qui finalement deviendra cathédrale), un couvent, une école, etc. En 1889, il y a à In-chon 59 chrétiens coréens et 25 chrétiens japonais. En 1890, le Père Wilhelm y baptise 12 adultes. Il fait construire une maison dont une partie sert de presbytère, une autre partie d'église provisoire, et une troisième de procure pour la mission de Séoul. Quand le Père Wilhelm quitte In-chon en novembre 1891 pour devenir professeur au Séminaire de Séoul, le poste d'In-chon a 108 chrétiens coréens et 40 chrétiens japonais.
Professeur au Séminaire de Séoul en novembre 1891, le Père Wilhelm en devient le Supérieur, à la suite du décès du Père Liouville en avril 1893. Entre-temps, en 1892, alors qu'il est de passage à Su-won, au sud de Séoul, il subit des violences de la part des autorités civiles, malgré l'accord franco-coréen de 1886, qui reconnaît la liberté de mouvement pour les missionnaires. En 1894, le Père Wilhelm quitte le Séminaire de Séoul, où le Père Rault lui succède comme Supérieur.
En 1895, après avoir été aider le Père Alix, atteint de la typhoïde, dans son poste de Wang-rim, au sud-ouest de Su-won, le Père Wilhelm tombe également malade et doit même recevoir les "derniers sacrements". Mais il retrouve peu à peu la santé, et, en 1896, devient responsable de toute la province du Hoang-hai, au nord-ouest de Séoul. Plusieurs missionnaires ont déjà eu une activité itinérante dans cette province, par exemple les Pères Poisnel et Couderc, puis le Père Le Gendre, qui ont surtout travaillé dans les zones montagneuses du nord-est de la province, ou encore le Père Doucet et le Père Rault qui ont travaillé dans les plaines de l'ouest de la province. Lorsque le Père Wilhelm est nommé "curé de la province du Hoang-hai", on estime que cette province a en tout environ 600 baptisés, dispersés en une bonne douzaine de dessertes. Après avoir un peu pris connaissance de son immense district, le Père Wilhelm, en juillet 1896, décide d'élire domicile dans une desserte de l'arrondissement de An-ak, dans le nord-ouest de la province. L'année suivante, en 1897, il décide d'établir le siège de la (première) paroisse de la province sur une petite colline inhabitée qui se trouve à mi-chemin entre cette desserte et une autre desserte; il met la paroisse sous la protection de N.D du Rosaire, et nomme la colline et le hameau qui s'y construit peu à peu "Mai-hoa-dong", c'est-à-dire "village du Rosaire", nom qui restera attaché à cette localité qui ne cesse de grandir, beaucoup des chrétiens habitant les dessertes éloignées cherchant à s'établir à proximité de l'église et du prêtre.
Deux ans après l'arrivée du Père Wilhelm dans la province du Hoang-hai, une autre paroisse est fondée dans l'ouest de la province et confiée au Père Pailhasse. Celui-ci s'établit d'abord dans la chrétienté de Ton-seup, un "trou de montagne", mais va ensuite s'installer à Jang-yon, le chef-lieu de son arrondissement. À la même époque (1898), le Père Wilhelm quitte la paroisse de Mai-hoa-dong qu'il a fondée, la laisse au Père Oudot, et va s'établir à une cinquantaine de kilomètres au sud, au village de Chong-kyé-dong, dans l'arrondissement de Sin-chon. En réalité, il y a été invité par un certain Pierre An Tai-oun, une notabilité récemment convertie au catholicisme. Mû par des motivations autant séculières que religieuses, ce Pierre An ne s'est pas contenté de s'attirer la sympathie du Père Wilhelm, il a encore su trouver le moyen de faire entrer dans l'Église une bonne partie de sa parenté, de ses amis et de ses voisins. Cela explique en partie le grand nombre des baptêmes enregistrés par le Père Wilhelm : 266, dont 99 adultes, la plupart chefs de famille en 1897; 381 en 1898; 455 en 1899; 1.942 en 1900; 1.427 en 1901, etc. En même temps, le nombre des dessertes et des paroisses augmente si rapidement dans la province, et notamment dans ce qui était devenu en 1898 le district du Père Wilhelm, qu'on peut parler de "province-miracle" ou de "miracle Wilhelm". En effet, les 600 chrétiens de 1896 sont plus de 7.000 en 1902, et, au lieu de la seule paroisse de la province en 1896, il y en a 8 en 1902, avec à leur tête soit un missionnaire MEP, soit un prêtre coréen.
Mais en particulier entre 1901 et 1903, des conflits éclatent entre catholiques et païens, entre catholiques et autorités civiles, et encore entre catholiques et protestants. Les causes des conflits qui éclatent dans la province se trouvent principalement dans les exactions des autorités civiles à l'égard de la population. Ces exactions amènent des mécontentements et des résistances farouches chez les catholiques. Ceux-ci ont sans doute tendance à confondre la liberté de religion, enfin reconnue aux citoyens coréens par les autorités supérieures du royaume de Corée, avec la liberté de ne pas se soumettre aux autorités civiles locales ou d'outrepasser leurs droits. À cela s'ajoute l'ingérence exagérée du Père Wilhelm à Chong-kyé-dong, et celle du Père Le Gac à Jai-ryong dans des affaires civiles où sont impliqués des catholiques, dont les motifs de conversion n'avaient pas toujours été bien purs.
D'une part la multiplication rapide des chrétiens dans la province avait paru un peu étrange à Mgr. Mutel, vicaire apostolique, qui avait tout de même multiplié en conséquence le nombre des paroisses, mais qui envoie le Père Demange, professeur au Séminaire de Séoul, se rendre compte de la situation sur place. Celui-ci revient convaincu que le zèle du Père Wilhelm, de même que celui de Pierre An Tai-oun et de son fils Thomas An Jung-keun sont à la source des merveilleux résultats. D'autre part, à la suite des divers conflits entre les catholiques et la population païenne ou les autorités civiles, l'Église devient impopulaire dans la province, les catéchumènes se raréfient, et il n'y a plus de baptêmes d'adultes. Parmi les baptisés, environ un tiers va finir par rompre totalement avec l'Église, un autre tiers n'aura plus avec elle que des contacts épisodiques, et seul un tiers restera fidèle et fervent.
En 1909, sans doute découragé de n'avoir plus aucun catéchumène, non seulement dans son village de Chong-kyé-dong, mais dans tout son district, le Père Wilhelm songe à quitter Chong-kyé-dong pour aller s'établir à une trentaine de kilomètres plus au sud de la ville portuaire de Hai-ju, ce qu'il fera finalement en septembre 1912. Son fief de Chong-kyé-dong devient alors une desserte de la nouvelle paroisse de Hai-ju. Mais entre-temps, il s'est produit un événement sérieux, en attendant que s'en produisent quelques autres. En effet, en 1905, la Corée est tombée sous le protectorat du Japon, et elle sera annexée à l'empire nippon en 1910. Or l'un des hommes de confiance du Père Wilhelm, Thomas An Jung-keun, a commencé en 1905 à organiser des "milices patriotiques" parmi les nombreux émigrés coréens de Mandchourie et de Sibérie orientale en vue de résister aux colonisateurs et envahisseurs japonais. De plus, l 26 octobre 1909, ce même Thomas An, déguisé en japonais, assassine à Harbin, en Mandchourie, le résident général japonais en Corée, Itoh Hirobumi. Celui-ci se trouvait à Harbin pour rencontrer un ministre de Russie et avoir avec lui des négociations russo-japonaises en vue de préparer l'annexion pure et simple de la Corée par le Japon.
L'assassin, Thomas An, aussitôt capturé, est condamné à mort le 14 février 1910 par le tribunal japonais de Port-Arthur (Lüshun en chinois) et exécuté le 26 mars suivant. À propos de Thomas An Jung-keun, que la Corée reconnaîtra comme un grand patriote, le Père Wilhelm entre en conflit avec son vicaire apostolique, Mgr. Mutel. En effet, le Père Wilhelm veut se rendre à Port-Arthur pour donner les derniers sacrements à son paroissien qui se trouve en danger certain de mort. Craignant une persécution générale lancée par les Japonais contre l'Église en représailles de l'assassinat par l'un de ses membres d'un haut fonctionnaire japonais, Mgr. Mutel refuse l'autorisation, mais le Père Wilhelm passe outre et rencontre Thomas An en prison avant son exécution, lui donnant tous les sacrements qu'il pouvait recevoir. Mgr. Mutel prend alors des sanctions contre le Père Wilhelm, qui fait appel à Rome. (Apparemment Rome donne raison au Père Wilhelm).
En conflit avec son évêque et aussi avec les autres missionnaires MEP, le Père Wilhelm quitte la Corée le 22 avril 1914. Rentré en France, il demande à servir dans son diocèse d'origine et devient en 1915 curé de Dalem où il reste jusqu'en 1919. Pour se refaire une santé, il se retire à Petite-Rosselle de 1919 à 1924, puis est curé de Morville-sur-Nied de 1924 à 1934. En 1934, il se retire définitivement à l'hospice de Sarralbe (Moselle) et c'est là qu'il décède le 16 mai 1938. Ses obsèques sont célébrées en l'église de Sarralbe en présence d'un nombreux clergé et d'une affluence considérable de fidèles, et l'inhumation se fait au cimetière de Sarralbe.
Références
[1551] WILHELM Nicolas (1860-1938)
Références biographiques
Notice Cesselin, sources coréennes et une notice biographique de l'Almanach Marie, Reine du Clergé, 1939.
AME 1898 p. 271 A. 1899 p. 248 A. 1908 p. 117 A. 1911 p. 211, 212, 214.
CR 1883 p. 115. 1889 p. 23. 1890 p. 24. 1891 p. 24. 1892 p. 271. 1893 p. 36, 234. 1894 p. 36. 1896 p. 33, 34. 1897 p. 25, 26. 1898 p. 26. 1899 p. 53. 1900 p. 45. 1902 p. 56. 1908 p. 46. 1909 p. 54. 1911 p. 47. 1912 p. 48. 1938 p. 236, 319.
EC1 n° 381.
MC 1921 p. 244, 245