Louis GUYOMARD1858 - 1885
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1554
- À savoir : Mort violente
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Identité
Naissance
Décès
Biographie
[1554]. GUYOMARD, Louis-Marie, vint au monde le 23 février 1858 à Baud (Morbihan), fit ses études au petit séminaire de Sainte-Anne d'Auray et au grand séminaire de Vannes ; il entra acolyte au Séminaire des M.-E. le 23 mars 1881. Prêtre le 17 février 1883, il partit pour le Cambodge le 28 mars suivant. Après quelques mois passés à Cai-quanh en 1884, il administra le district nouvellement fondé de Trabec (Tra-ho). La France ayant fait une tentative pour annexer le Cambodge, la révolte éclata, et le missionnaire fut massacré par les païens le 30 janvier 1885, dans la chrétienté de Tra-ho, province de Soai-rieng. La Salle des Martyrs possède des fragments de ses vêtements.
Nécrologie
M. GUYOMARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU CAMBOGGE
Né le 23 février 1858.
Parti le 28 mars 1883.
Mort le 3o janvier 1885.
« Vous allez au Cambodge, vous ne serez jamais martyr, » disait-¬on à M. Guyomard le jour où il reçut sa destination. — « Les mar¬tyrs sont des paresseux, répliqua-t-il, ils vont au ciel en une heure, moi je veux bien marcher pendant trente ans. » La Providence en avait décidé autrement, et M. Guyomard devait, lui aussi, aller au ciel en une heure.
Né le 23 février 1858, au catholique pays de Bretagne, M. Guyo¬mard fit avec succès ses études au Petit Séminaire de Sainte-Anne d’Auray. Dans cette antique et calme demeure, au milieu de ces landes sauvages, peuplées de souvenirs glorieux ou tristes, chrétiens ou profanes, sous la protection de la mère de la Vierge sainte, il sentit grandir avec l’énergie de sa foi l’amour de la vertu. Cependant, ce fut seulement au Grand Séminaire de Vannes, qu’il entendit la voix douce et forte du divin Maître l’appelant à la conquête des âmes sur une terre étrangère ; il partit aussitôt.
Deux ans plus tard, le 28 mars 1883, il mettait le pied sur le navire qui l’emportait vers le Cambodge.
Il fut d’abord envoyé à Cai-Quanh et placé sous la direction de M. Derval. Lui-même a raconté ce voyage fait avec son Vicaire Apostolique, dans une petite barque, à travers les grands fleuves et les innombrables arroyos de la Basse-Cochinchine. Sa parole vive, alerte, pittoresque, revit dans ce récit plein d’une animation joyeuse et spontanée¬
M. Guyomard resta quelques mois à Cai-Quanh, se livrant avec ardeur à l’étude de la langue annamite. Lorsqu’il put confesser et prêcher, il fut chargé d’un poste nouvellement fondé par M. Lavastre, à Goi-Trabec, situé près des frontières de la Cochinchine Française. Ce district comptait quatre chrétientés et environ 600 fidèles ; le poste principal établi à Trabec sur les bords du Vaico occidental, avait 300 chrétiens.
Le Cambodge était alors plein de troubles. Peu de mois aupara¬vant, le gouverneur de la Cochinchine, M. Thomson, avait cru le moment favorable pour annexer à notre colonie ce qu’il restait de l’antique empire des Khmêrs, déjà soumis à notre protectorat. La révolte répondit à cet acte de conquête, et au Cambodge comme ailleurs, la révolte contre la domination des Français fut la persécution contre les chrétiens ; M. Guyomard fut la première victime des rebelles
« C’est le cœur navré de douleur que je vous envoie, à la hâte, quelques nouvelles de ma rnision, écrivait Mgr Cordier le 19 fé¬vrier 1885. Le télégraphe vous a déjà fait connaître le meurtre du P. Guyomard. Voici les détails que j’ai pu recueillir sur cet événe¬ment à la fois glorieux et triste. Ce cher confrère était de retour chez lui, venant de la retraite depuis à peine huit jours, lorsqu’il a été massacré avec un grand nombre de ses chrétiens par les Cam¬bodgiens révoltés. Le P. Combes qui, aidé par l’administrateur de Tan-An, a pu se rendre avec le P. Cagnon sur le théâtre du mas¬sacre, me raconte ainsi une partie de son voyage
« A Bac-Chien, je rencontre un enfant de quinze ans, le fils de Tho-¬Lieu, qui arrivait en même temps que moi : il venait de Tra-Hô, -fuyant les rebelles. Je l’interroge :
« Père, me répond-il, j’ai été pris par les Cambodgiens dans la nuit du 29 au 30 janvier ; le « 30 au matin, en allant puiser de l’eau pour eux, j’ai vu le corps du P. Guyomard décapité. « devant la maison des bains ; la tête était suspendue au peuplier planté devant l’église. »
« Évidemment, je n’avais plus aucun doute à conserver sur la mort de notre cher confrère. Arrivé à la chrétienté de Tra-Hô, presque entièrement réduite en cendres, je cours vers la maison des bains ; l’enfant avait dit vrai. Près de cette maison, je trouve une partie de la soutane du Père ; quelques pas plus loin, sur la berge, j’aperçois son corps dont il ne reste plus que le tronc et les jambes ; la tête, les pieds et les mains ont été coupés. J’entre à l’église heureusement conservée, et, après m’être dépouillé de ma soutane, j’en enveloppe le corps du P. Guyomard que je dépose dans la bière servant de catafalque. Je fais aussitôt creuser dans la sacristie une fosse où l’on place le cercueil. C’est là que repose notre cher confrère, en atten¬dant le jour où nous pourrons lui rendre solennellement les hon¬neurs funèbres...
« Le P. Combes ne me dit rien de plus, il n’a pu savoir ni le lieu précis où le missionnaire a été pris, ni le genre de mort qu’il a subi. A-t-il eu la tête tranchée, a-t-il été assommé avec un pilon retrouvé près de l’église, et décapité ensuite ? D’après les témoignages de plu¬sieurs personnes qui l’ont rencontré à un kilomètre de Tra-Hô, le P. Guyomard, à la nouvelle de l’arrivée des rebelles, aurait essayé de fuir ; il aurait été vu, son chapelet à la main, traversant le petit cours d’eau qui passe près de l’église, et il se serait ensuite enfoncé dans les hautes herbes. A force de recherches, les insurgés l’auraient découvert, ramené près de l’église et mis à mort sur le théâtre même de son apostolat.
Jusqu’à ce jour aucun nouveau détail ne nous est parvenu, mais nous pensons que plus tard, Sa Grandeur Mgr Cordier pourra, comme il l’espère, satisfaire notre pieuse curiosité.
Références
[1554] GUYOMARD Louis (1858-1885)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1885, p. 101. - M. C., xv, 1883, p. 613 ; xvii, 1885, Sa mort, pp. 85, 121. - A. M.-E., 1913, p. 262.
Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. - Nos miss., Notice, p. 185. - La Salle des Mart. [édit. 1900], Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1885, p. 168.
Portrait. - A. P. F., lvii, 1885, p. 203. - M. C., xvii, 1885, p. 158.