Jean CADIC1859 - 1885
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1593
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1884 - 1884 (Coimbatore)
Biographie
[1593]. CADIC, Jean-Pierre, vit le jour à Noyal-Pontivy (Morbihan) le 6 février 1859. Du petit séminaire de Sainte-Anne d'Auray, il passa au Séminaire des M.-E. le 18 septembre 1880. Après avoir reçu la prêtrise le 8 mars 1884, il partit le 8 avril suivant pour le Coïmbatour. Atteint de phtisie peu après son arrivée, il se rembarqua pour la France. Il rendit le dernier soupir, le 8 octobre 1885, à Noyal-Pontivy. Il fut enterré dans la tombe où avait été déposé, 27 ans auparavant, un jeune diacre, son cousin, mort poitrinaire au moment où il allait partir pour évangéliser les pays infidèles.
Nécrologie
[1593] CADIC Jean (1859-1885)
M. Jean Cadic naquit à Noyal-Pontivy, diocèse de Vannes, le 6 février 1859. Il fit ses études au Petit-Séminaire de Sainte-Anne d’Auray et entra au Séminaire des Missions-Étrangères le 18 septembre 1880. « J’offre ma vie à Notre-Seigneur, écrivait-il en quittant la Bretagne, afin d’obtenir miséricorde pour mon frère qui vit loin de mes parents et loin de Dieu ». Il fut ordonné prêtre le 8 mars 1884 et partit le 8 avril suivant pour Coïmbatour.
Sa piété et sa bonne volonté faisaient espérer qu’il ne tarderait pas à devenir un ouvrier précieux pour cette mission, mais la divine Providence en avait disposé autrement. Peu de temps après son arrivée au Coïmbatour il fut atteint de la fièvre et bientôt de phtisie. Il dut à son grand regret reprendre le chemin de la France. Après un séjour de quelques semaines au Sanatorium d’Hyères, il partit pour Noyal. « L’air du pays natal me guérira, disait-il. » Ces espérances ne se réalisèrent pas. M. l’abbé Cadic, chapelain de Sainte-Anne d’Auray, nous a envoyé sur la vie de son cousin d’intéressants détails que notre cadre restreint ne nous permet pas de publier ; mais nous tenons à citer textuellement le récit des derniers instants de notre cher confrère.
« Souvent il demandait tout haut à Notre-Dame de Lourdes, à sainte Anne, de lui rendre la santé afin qu’il pût encore aller travailler dans sa mission, et il espérait qu’il serait exaucé. « Si le bon Dieu m’a fait missionnaire, s’écriait-il souvent, ce n’est pas pour que je meure au pays où je suis né ; une fois encore, je reverrai mon Coïmbatour, car moi aussi j’ai des âmes à convertir. ». A tous ceux qui lui demandaient des détails sur sa mission, il en donnait très volontiers. « Si vous saviez, disait-il parfois, comme le Coïmbatour est beau ! Comme il est bon d’être missionnaire ! » Une seule fois il eut envie de se fâcher, ce fut contre une bonne religieuse qui lui dit qu’il avait été sot de partir pour les missions et que s’il avait voulu rester au pays, il eût été encore en très bonne santé. « De peur de lui répondre par des injures, disait-il après, je me détournai vers le mur. »
« Un bonheur pour lui pendant sa maladie, était de recevoir la visite de ses condisciples de Sainte-Anne, et je me rappellerai toujours avec quelle joie il reçut la visite de M. Le Bonzec, qui venait passer quelques jours dans le Morbihan avant de partir pour le Coïmbatour. L’abbé Le Bonzec lui ayant proposé de le veiller ce soir (c’était le lundi soir, et il mourait le mercredi soir), il accepta avec une joie que je n’oublierai jamais.
« Au commencement de son apostolat et au début de sa maladie, il soupirait après le martyre, il enviait le sort de MM. Guégan et Guyomard, ses compatriotes, et des milliers de chrétiens massacrés au Tong-King ; à la fin de septembre, lorsqu’il comprit que Dieu demandait de lui un autre martyre, il l’accepta de très bon cœur. Il unissait ses souffrances à celles de Notre-Seigneur, les lui offrait pour ses Indiens et pour les chrétiens malheureux de l’Inde ; il pensait aussi à son frère qui ne serait pas là pour recevoir son dernier soupir. C’est ainsi qu’il atteignit le mercredi de la semaine où il devait mourir. Je restai avec lui jusqu’à neuf heures du soir, lui parlant du bon Dieu et de sa mission. « Que votre volonté soit faite, ô mon Dieu, dit-il plusieurs fois en embrassant son crucifix, vous savez que je ne refuse pas le travail, mais que votre volonté soit faite ! Notre-Dame de Lourdes, intercédez pour moi. » Ce fut alors qu’il me demanda si je portais le cordon de Saint-François, et sur ma réponse affirmative, il me pria de le lui donner pour mourir, ce que je fis volontiers. A neuf heures je le quittai, et je fus remplacé par un des vicaires de Noyal, M. Conan. Vers deux heures du matin il entrait en agonie. Quelques minutes après, il était mort sans effort, sans souffrance, et son âme était allée devant Dieu chargée, non pas de travaux apostoliques, mais de saints désirs et de cruelles souffrances chrétiennement supportées.
« Ses restes furent exposés, comme cela se fait pour tous les prêtres à Noyal, dans la chapelle de la Congrégation, et nombre de Noyalais vinrent prier pour le repos de son âme pendant la journée et la nuit suivantes.
« Ses funérailles furent des plus magnifiques. Le Conseil municipal au grand complet, les deux congrégations des jeunes gens et des jeunes filles, les écoles et, on peut le dire, une nombreuse délégation de toutes les familles de Noyal et des paroisses voisines y assistaient. Trente prêtres étaient venus témoigner par leur présence combien ils prenaient part au deuil de la famille et combien ils étaient sympathiques à l’Œuvre des missions. Le cercueil porté par deux conseillers municipaux et deux conseillers de fabrique, fut placé dans la tombe où avait été déposé, vingt-sept ans auparavant, un jeune diacre, cousin de notre défunt, mort poitrinaire au moment où il allait s’embarquer pour les pays étrangers. »