Jean-Marie MARTIN1861 - 1935
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1609
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1884 - 1901 (Hanoi)
- 1901 - 1932 (Phat Diêm)
- 1932 - 1935 (Thanh Hoa)
Biographie
Jean-Marie MARTIN naquit le 6 août 1861, à Jacob-Bellecombette, petit village situé sur l'une des collines qui dominent la ville de Chambéry, diocèse de Chambéry, département de la Savoie. Depuis plusieurs siècles sa famille était établie dans cette commune; son grand père qui en fut le maire pendant plus de 50 ans,était aussi le plus ancien maire de France. A ce titre, Napoléon III lui donna la Croix de la Légion d'Honneur.
Jean-Marie était le dernier né d'une famille de huit enfants dont trois devinrent prêtres. Doué d'une belle intelligence, il fit ses études secondaires au Collège de St.Pierre d'Albigny. Sa rhétorique terminée, ayant appris que son ami Jacques Sibuet entrait au séminaire des Missions Etrangères, il rédigea sa demande d'admission. Sa lettre fit assez mauvaise impression. Certains directeurs du séminaire ne virent dans son auteur qu'un original; le supérieur, M.Rouseille, et quelques autres pensèrent que cette originalité pouvait cacher de véritables qualités de coeur.
Admis, M.Jean-Marie Martin encore laïque,se présenta au Séminaire des Missions Etrangères, le 30 septembre 1880. Malgré son tempérament turbulent, il se plia au règlement de la communauté. Ordonné prêtre le 20 septembre 1884, il reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 5 Novembre 1884.
Arrivé au Tonkin, à la fin de 1884, Mgr. Puginier l'envoya à Keso pour commencer l'étude de la langue viêtnamienne. Il y trouva M.Mollard, son compatriote, supérieur du grand séminaire. Peu de temps après,pour se perfectionner en langue, il fut nommé vicaire à Bai-Vàng, chrétienté située à deux kms du petit séminaire de Hanoi. Il profita beaucoup des conseils de M. Cosserat, supérieur de cette maison, malgré une première rencontre peu cordiale. M.Martin avait imaginé de faire son entrée dans cet établissement au son du cor de chasse. Il alla ensuite à Nam-Xang, où pendant quinze mois, il travailla sous la direction de M. Ramond.
En 1887, Mgr. Puginier confia à M. J.M Martin le district de Ke-Dàm. En raison des fortes pressions exercées contre eux, il alla résider chez des nouveaux chrétiens perdus au milieu de milliers de non chrétiens. En juillet 1890, le village de Le-Xa, dans la province de Phu-Ly demanda à devenir chrétien; en septembre 1892, M.J.M. Martin baptisa les mieux instruits. Cela irrita certains notables qui firent arrêter deux catéchistes et quatre chrétiens; le 10 octobre 1892, la chapelle et le catéchuménat furent incendiés. Il rencontra aussi de graves difficultés dans le district de Ngô-Khê où un nombre important de chrétiens firent défection, en raison des mêmes pressions.
En 1898, M. JM.Martin se présenta à Mgr. Gendreau, pour reprendre l'évangélisation du Châu-Laos. Le 3 décembre 1898, M. J.M. Martin et ses compagnons s'installèrent à Phong-Y, village situé à l'entrée des montagnes et centre d'un gros marché, où affluaient montagnards.et laotiens. A cause de cela, Phong-Y fut choisi comme chef lieu provisoire du district du Châu-Laos; M.JM. Martin en reçut la charge. En mars 1899, il alla visiter les tribus de Na-ham, de Muong-Pun et de Na-mun où il trouva de nombreux chrétiens restés fidèles, malgré les évènements tragiques de 1884. Il célébra à Na-mun, les fêtes de Pâques 1899 dans une chapelle de feuillage sur les bords du torrent", en présence de tous les chrétiens. En 1900, il recueillit les glorieux restes de M.Tamet, de ses catéchistes Van-Dinh,Tuê,et de son servant Xuyên, massacrés le mercredi saint, 9 avril 1884, à Ban-Hua-Tau, au Chau-Laos.Il les déposa dans l'église de Phong-Y. Chaque année,pour visiter et aider ses confrères, il fit de longs voyages dans ces montagnes insalubres; aussi dût il quitter Phong-Y pour la seconde fois, en 1902,et se rendre à Béthanie, à Hong-Kong afin de rétablir sa santé.
En 1902, Mgr. Marcou jugea bon de confier ce district, difficile à visiter, à un supérieur, choisi par les missionnaires se trouvant sur place. Dès lors, M.Martin se consacra à la région de Phong-Y ,où,il fonda plusieurs chrétientés, et construisit l'église consacrée par Mgr. Marcou le 20 mars 1907. En 1902, il éleva une grande maison en bambous pour servir de dispensaire. En 1910, l'établissement comprenait une Sainte Enfance, une maison de 40 lits pour les malades,un pavillon pour les contagieux,un logement pour les infirmières, et une chapelle. Pour réaliser ce programme, il reçut de l'aide pécuniaire de M.Pasquier, résident de France à Thanh-Hoa, et de M.Robin. Gouverneur Général de l'Indochine. L' année 1910 fut aussi marquée par une grave épidémie de choléra dans la province. Le Gouvernement reconnut le dévouement de M.JP Martin et de son personnel, en lui décernant une décoration.
En 1912, à la suite d'une grave maladie, il dût rentrer en France. Au début de la grande guerre, il revint prendre son poste à Phong-Y, puis en 1915, fut nommé à Thanh-Hoa où il resta jusqu'à la fin de la guerre. En 1919, le Conseil du Séminaire de Paris le rappela en France, pour faire connaitre les missions dans les collèges et séminaires de France.
De retour dans sa mission, en novembre 1923, Mgr.Marcou lui confia le centre d'évangélisation de Sam-son, station balnéaire près de l'embouchure du Song-Ma, à 16 kms de Thanh-Hoa. Il fonda une infirmerie et bâtit une église, les villages voisins s'ouvrirent à la foi. En 1932, année de l'érection du nouveau vicariat apostolique de Thanh-Hoa, détaché de Phat-Diêm,il se retira au petit séminaire à Ba-Lang.
Quoique fatigué,en Janvier 1935,il voulut assister à la retraite annuelle des missionnaires, mais il ne pût en suivre les exercices. Le 6 février 1935, sur sa demande, on le conduisit à la clinique St. Paul à Hanoï. Il y mourut dans la nuit du 12 au 13 février 1935. Ses obsèques se déroulèrent au matin du 14 Février 1935.
Nécrologie
M. MARTIN
MISSIONNAIRE DE THANH-HOA
M. MARTIN (Jean-Marie), né le 6 août 1861 à Jacob-Belle-Combette (Chambéry-Savoie). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 30 septembre 1880. Prêtre le 20 septembre 1884. Parti pour le Tonkin occidental le 9 novembre 1884. Mort à Hanoï le 13 février 1935.
M. Jean-Marie Martin naquit le 6 août 1861 à Jacob-Belle-Combette, petit village situé sur l’une des collines qui dominent la ville de Chambéry. Sa famille était établie dans cette commune depuis plusieurs siècles et son grand-père en fut maire pendant plus de 50 ans. Dans les dernières années de son règne, l’Empereur Napoléon III ayant voulu donner la Croix de la Légion d’honneur au plus ancien maire de France, ce fut le grand-père Martin qui l’obtint.
Jean-Marie était le dernier-né d’une famille de huit enfants dont trois devinrent prêtres. A l’âge de 9 ans, ayant entendu dire que de tous jeunes enfants s’engageaient comme mousses à bord des bateaux et allaient ainsi visiter les pays d’outre-mer, un beau matin, au lieu de se diriger vers l’école, il partit à pied pour Marseille. Dans l’après-midi du premier jour, il arriva aux Echelles, à 22 kilomètres de Chambéry. Déjà bien fatigué de cette longue marche, il se demanda où il allait passer la nuit lorsqu’il rencontra un brave paysan de Jacob-Belle-Combette. Celui-ci le reconnut et lui dit : « Que fais-tu là ? Où vas-tu ainsi ? » – « Je vais à « Marseille, répondit Jean-Marie, m’engager comme mousse à bord d’un bateau pour aller « voir les pays « de l’autre côté de l’eau ». – « Mais tu t’es trompé de route lui dit le brave « homme, il faut revenir à Jacob, tu dois être bien fatigué, monte dans mon char. » Jean-Marie ne se le fit pas dire deux fois, trop heureux de trouver une si bonne occasion pour revenir au loyer paternel après cette première journée de fatigues et de privations ; quelques heures après il rentrait à la maison.
Doué d’une belle intelligence, il fut envoyé plus tard au Collège de Saint-Pierre d’Albigny. C’est là que pour la première fois il entendit parler des Missions et rencontra des Missionnaires. Etre curé de campagne comme ses deux frères aînés ne lui souriait pas, il voulait être missionnaire. Aussi quand après sa rhétorique, il apprit que son camarade de classe et ami, Jacques Sibuet, le futur missionnaire de Coimbatore était admis au Séminaire des Missions-Étrangères de Paris, il s’empressa de faire sa demande d’admission. Comment rédigea-t-il sa lettre ? Nous ne le savons pas exactement, toujours est-il qu’elle fit assez mauvaise impression sur plusieurs Directeurs du Séminaire, qui ne voyaient dans son auteur qu’un original. Mais le Supérieur qui était alors M. Rousseille, et quelques autres Directeurs, pensèrent que cette originalité pouvait cacher de véritables qualités de cœur ; aussi le jeune savoyard fut-il admis comme Aspirant.
En septembre 1880, il se présenta à la rue du Bac et fut reçu par M. Rousseille avec tant de bonté qu’il s’habitua bien vite à l’observation du règlement. Ce ne fut pas sans peine, car d’un tempérament turbulent, il fit parfois le désespoir du Directeur des Aspirants, surtout pendant les vacances, ce qui n’empêcha pas les Directeurs du Séminaire de reconnaître en lui des trésors de générosité. De fait, on put constater pendant les années qu’il passa Séminaire que chez lui la gaieté ne nuisait ni à la piété, ni aux études, ni au bon esprit.
Le 9 novembre, M. Martin s’embarqua pour Hanoï où il fut accueilli à bras ouverts par Mgr Puginier. Quelques semaines après son arrivée, il fut envoyé à Kè-So où il trouva son compatriote, M. Mollard, alors Supérieur du grand séminaire. Il ne fit là qu’un assez court séjour. Le jeune missionnaire reçut une autre destination pour Bài-Vàng où il lui sera plus facile d’apprendre l’annamite. Bài-Vàng est à deux kilomètres du petit séminaire de la Mission de Hanoï. Là, M. Martin fit de rapides progrès dans la langue et profita aussi beaucoup des bons conseils du Supérieur de ce séminaire, M. Cosserat. La première rencontre avec le vénéré Supérieur n’avait pourtant pas été des plus cordiales, tant s’en faut. M. Martin n’avait-il pas imaginé de faire son entrée dans cet établissement au son du cor de chasse ! Le premier mouvement de M. Cosserat fut un sentiment de mécontentement, mais dès qu’il eut reconnu la parfaite bonne foi et la franche ouverture du délinquant, vite tout fut pardonné, et dans la suite tous deux devinrent très bons amis.
A Bài-Vàng, M. Martin commença à prêcher, à confesser, mais il lui tardait d’aller « aux païens », car pour lui, le missionnaire devait surtout faire la chasse aux brebis perdues dans le paganisme. Un jour, il partit avec deux catéchistes pour visiter des chrétiens isolés dans une île du Fleuve Rouge. Fatigué par une longue course dans l’île, il s’arrêta dans une pagode ouverte à tous les vents. Apercevant un gros tambour, il en demanda l’usage à ses catéchistes : « Ce tambour sert à appeler les habitants du village, lui fut-il répondu. » « Ah, vraiment, dit-il, essayons un peu » ; et il se mit à frapper le tambour. Quelques minutes après, les païens arrivaient de tous côtés et se trouvaient en face d’un missionnaire aussi aimable que décidé, mais qui parlait assez mal l’annamite. M. Martin monta sur une estrade et fit une conférence pleine de conviction. Bien entendu, les deux catéchistes durent expliquer à ces braves gens ce que ceux-ci peut-être n’avaient pas très bien compris de la bouche du nouveau missionnaire. Les païens prenant en considération la bonne volonté et la franchise de notre confrère ne lui tinrent pas rigueur de les avoir dérangés. La bonne semence jetée par lui ce jour-là leva peu à peu et plusieurs années après, il y eut là de nombreuses conversions.
Plus tard, Mgr Puginier envoya M. Martin à Nam-Xang sous la direction de M. Ramond qui devait devenir le premier Vicaire Apostolique de Hung-Hoa en 1895. Il y travailla de toutes ses forces et obtint de magnifiques résultats tant chez les vieux chrétiens que chez les nouveaux convertis, si bien que sur la demande M. Ramond, le district fut divisé en deux et M. Martin fut chargé du nouveau district de Kè-Dàm en 1889. Il eût pu résider au milieu des vieux chrétiens de ce nouveau centre, mais il préféra s’installer en plein pays païen, où se trouvaient quelques centaines de nouveaux chrétiens perdus au milieu de plusieurs milliers d’infidèles. Il passa son temps à enseigner les nouveaux convertis et à visiter les païens.
Si M. Martin fit de nombreuses conversions dans son district de Ngô-Khê, le démon ne resta pas sans lui susciter bien des ennuis. Les païens intentèrent souvent des procès aux nouveaux convertis afin de les décourager. D’autres fois ils ont créé des difficultés à ses catéchistes, à ses prêtres et au missionnaire lui-même. Dieu merci ces tracasseries ont pour la plupart tourné à la plus grande gloire de Dieu et à l’affermissement de la Foi chez les âmes de bonne volonté. Une grande épreuve pour le vaillant missionnaire fut l’apostasie d’un assez grand nombre de ses chrétiens de Ngô-Khê, apostasie suscitée par certains notables intéressés, faisant croire aux nouveaux convertis que les Autorités désiraient leur retour au paganisme. Plus tard, la plupart de ces égarés revinrent au bercail, mais ces défections firent beaucoup de peine à notre confrère qui avait tant travaillé pour leur faire connaître les vérités de l’Evangile. Voilà pourquoi, lorsque se présenta l’occasion d’aller prêcher la religion en d’autres régions plus difficiles encore, M. Martin s’offrit spontanément pour ce nouveau ministère.
En 1879, Mgr Puginier avait envoyé M. Fiot dans le Thanh-Hoa, avec mission d’évangéliser le Laos attenant à cette province. A cette époque, à cause du manque de voies de communication, le Laos paraissait très loin ; il fallait des mois pour y atteindre. De fait, M. Fiot n’y arriva jamais. En cours de route, il avait rencontré de nombreuses âmes bien disposées à se convertir, il s’arrêta là avec l’autorisation de son évêque, puis mourut prématurément. Mgr Puginier envoya d’autres ouvriers apostoliques continuer son œuvre. Plusieurs moururent très rapidement aussi. En janvier 1884, ceux qui restaient furent presque tous massacrés. L’évangélisation de ces régions du Châu-Laos dut forcément cesser. Quelques années après, le Vicaire Apostolique envoya encore plusieurs missionnaires dans cette région malsaine, mais malheureusement cinq missionnaires sur six y moururent en deux ans. En 1892, Mgr Gendreau succédant à Mgr Puginier, résolut de donner suite à l’idée de son prédécesseur. En février 1895, M. Verbier fut tué à Yên-Khuong ; désolé, l’évêque crut prudent de ne pas insister. L’évangélisation de cette région fut donc retardée de quelques années.
En 1898, M. Martin se présenta à Mgr Gendreau se déclarant prêt à souffrir et à mourir pour le Laos. L’évêque accepta cette généreuse proposition et le 3 décembre 1898, ce zélé confrère arrivait à Phong-Y avec toute une caravane destinée à explorer la situation religieuse de cette région. Comme l’écrivait Mgr Gendreau dans le compte rendu annuel de 1898 : « Phong-Y est un village situé à l’entrée des montagnes où nous avons décidé d’établir le « chef-lieu provisoire du district du Laos. Nous inspirant de l’expérience du passé, nous avons « pensé qu’au lieu de s’enfoncer directement dans l’intérieur du pays, il était préférable « d’avancer peu à peu, en échelonnant les postes et les reliant les uns aux autres, de manière à « écarter autant que possible les dangers provenant d’un trop grand éloignement. » Plusieurs années durant, M. Martin présida à l’évangélisation de la région du Châu-Laos. Chaque année il y faisait de longs voyages, visitant ses confrères, les aidant de ses conseils et encouragements, organisant toutes choses pour la marche en avant. En 1902, l’évangélisation du Châu-Laos avait fait des progrès, aussi Mgr Marcou, Vicaire Apostolique de la nouvelle Mission de Phat-Diêm dont faisait partie le Laos, ne pouvant facilement visiter cette contrée, jugea bon de confier ce district à un Supérieur choisi parmi les missionnaires se trouvant sur place. M. Martin, qu’un long séjour dans ces pays malsains avait bien affaibli, ne put que se consacrer à la région de Phong-Y, où il fonda plusieurs chrétientés. Il construisit d’abord une grande maison en bambous afin d’y soigner les malades et bientôt, ce grand abri se transforma en hospice. En 1910 l’établissement comprenait une Sainte-Enfance, une maison de 40 lits pour les malades, un pavillon spécial pour les maladies contagieuses, un local pour les 16 infirmières formées par lui, et une chapelle.
Il fut encouragé et aidé pécuniairement par deux Administrateurs-Résidents de la Province de Thanh-Hoa : M. Pasquier, qui devint ensuite Gouverneur Général de l’Indochine, et M. Robin, qui préside aujourd’hui si éminemment aux destinées de cette colonie. Ces deux Gouverneurs avaient su apprécier la grande valeur de M. Martin. En plus de cette œuvre d’assistance, notre confrère put bâtir une belle église, grâce à un don princier obtenu par Mgr Gendreau de la générosité de Mme la Baronne de Gargan. Le 19 mars 1907, cette église recevait les honneurs de la Consécration solennelle.
En 1912, à la suite d’une grave maladie, il dut rentrer en France pour y rétablir sa santé. Au début de la grande guerre, il revint prendre son poste de Phong-Y, mais ce ne fut pas pour longtemps. La mobilisation ayant causé bien des vides, et cependant certaines cures ne pouvant rester sans titulaire, son Supérieur lui demanda un bien grand sacrifice, celui de quitter les œuvres qu’il avait fondées pour aller occuper le poste de Thanh-Hoa où il resta jusqu’à la fin de la guerre. Peu de temps après la cessation des hostilités, le Conseil du Séminaire de Paris le rappela en France pour l’envoyer prêcher dans les collèges et séminaires de France, afin de susciter des vocations, et en 1923 il reprit le chemin du Tonkin.
Il fut nommé à Sam-Son. Là comme à Phong-Y, il fonda une infirmerie et bâtit une église. Sous sa pieuse et apostolique direction, la chrétienté progressa rapidement, les villages voisins s’ouvrirent à la foi et en 1932, il se retira définitivement au petit séminaire à Ba-Lang pour se préparer à la mort. Pendant deux ans et demi il y vécut, partageant son temps entre la prière et le travail. Lorsque sa santé le lui permettait, il ne manquait pas d’aller visiter les païens des environs. Il eut la joie de recevoir, en 1934, la visite de son ami, M. René Robin, Gouverneur Général de l’Indochine.
En janvier 1935, il voulut assister à la retraite annuelle des missionnaires à Thanh-Hoa. Mais il était si souffrant, qu’il ne put pas en suivre les exercices. Le 6 février il demanda à être conduit à la clinique Saint-Paul à Hanoï, où il espérait encore, grâce aux bons soins des Sœurs et du médecin, recouvrer la santé. Il y arriva juste à temps pour voir une dernière fois Mgr Gendreau qui était sur le point de rendre le dernier soupir.
A la clinique, il eut la consolation de recevoir la visite de son évêque, Mgr de Cooman, de Mgr Marcou et d’autres évêques et missionnaires, venus à Hanoï pour les obsèques de Mgr Gendreau. Sentant sa fin prochaine, il fit à tous ses derniers adieux et leur demanda pardon de la peine qu’il avait pu causer aux uns et aux autres. Le 8 février, il se confessa pieusement. Le 12, il reçut la visite de Mme Tholance, femme de M. le Résident Supérieur au Tonkin. Vers le milieu de la nuit même, la personne qui le veillait, s’apercevant que notre confrère allait rendre le dernier soupir, prévint la Sœur infirmière qui fit venir immédiatement un prêtre. Celui-ci fit une onction in extremis. M. Martin venait de mourir doucement et sans aucune souffrance.
Ces lignes qu’on retrouva sur la table de sa chambre montrent que sa dernière pensée fut pour ses confrères : « Là, avait-il écrit, humblement agenouillé au pied de mon crucifix, en présence de la Sainte-Trinité, je demande pardon aux confrères de toute la peine que j’aurais pu leur faire, de tous les mauvais exemples que j’aurais pu leur donner ; qu’ils me pardonnent, que Dieu me pardonne. »
Le 13 février, dès le matin, M. Tholance, Résident Supérieur au Tonkin et Mme Tholance, amis intimes de M. Martin venus lui faire visite, ne trouvèrent plus, à leur grande douleur, qu’un cadavre. M. Robin, Gouverneur Général, averti par M. Tholance, vint aussitôt s’incliner devant le corps de son grand ami et se retira très ému. Le 4 au matin eurent lieu les obsèques. Tous les missionnaires présents à Hanoï, les RR. PP. Dominicains et Rédemptoristes, les professeurs du Séminaire de Saint-Sulpice et les séminaristes de la Mission de Thanh-Hoa, les Frères des Ecoles chrétiennes et quelques amis dont M. et Mme Tholance, accompagnèrent le cher défunt à sa dernière demeure.
Mgr Chaize, Vicaire Apostolique de Hanoï, Mgr de Jonghe, Vicaire Apostolique du Yunnan, M. Robin, Gouverneur Général de l’Indochine et M. Lesterlin, ancien Administrateur-Résident de Thanh-Hoa en retraite assistèrent à la levée du corps.
Notre regretté défunt continuera du haut du ciel à prier pour la conversion des infidèles et restera pendant longtemps pour ses confrères le modèle du zélé missionnaire.
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Références
[1609] MARTIN Jean (1861-1935)
Références bibliographiques
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Janvier 1995
Mémorial MARTIN Jean-Maie page