Pierre DALIBERT1860 - 1935
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1611
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1885 - 1886 (Hakodate)
- 1886 - 1935 (Tokyo)
Biographie
[1611] DALIBERT Pierre, Désiré, Frédéric, naquit le 16 mai 1860 à Cauville, au diocèse de Bayeux (Calvados). Il fit ses études secondaires au Petit Séminaire de Villiers-le-Sec, sa philosophie à Sommervieu et deux années de théologie au Grand Séminaire diocésain. Il y reçut les ordres mineurs le 29 juin 1882. Entré aux Missions Étrangères le 5 octobre 1882, il fut ordonné sous-diacre le 29 septembre 1883, diacre le 8 mars 1884 et prêtre le 20 septembre suivant. D'abord destiné à la mission du Setchoan, les troubles qui éclatèrent à ce moment là en Chine firent que le Père Dalibert fut envoyé à la mission du Japon septentrional. Parti le 5 novembre 1884, il arriva, fin décembre, au terme de son voyage.
Il fut dirigé sur Hakodaté, où sous la direction du futur évêque de Hakodaté, le Père Berlioz, il s'initia à la langue japonaise. En 1886, on le nomma vicaire du Père Tulpin dans la région montagneuse de Shonai. Au bout de quelque temps, on lui demanda d'aller à Tsurugaoka fonder un nouveau poste. Les débuts furent difficiles. Le Père Dalibert, ayant une grande dévotion envers la Vierge Marie, désirait construire un sanctuaire dédié à Notre Dame. Il se mit donc à quêter, mais alors qu'il disposait de la somme nécessaire, il demanda son changement et fut envoyé à Yamagata en 1902.
En 1912, une partie de la mission de Hakodaté fut donnée aux Pères du Verbe Divin pour créer un nouveau diocèse; le Père Dalibert fut alors nommé à Shirakawa. Puis, en 1931, le diocèse de Sendai fut confié aux Pères Dominicains canadiens. Le Père demanda donc à se retirer au Sanatorium Ste Thérèse, à Shichirigahama (Kamakura) tenu par les Soeurs de La Visitation du Japon. Le 21 septembre 1934, il célébra son jubilé sacerdotal. Mais l'année suivante, terrassé par une congestion cérébrale, après quarante jours de coma, il rendit son âme au Seigneur. Il est inhumé dans le petit cimetière des religieuses, face à l'Océan.
Nécrologie
M. DALIBERT
MISSIONNAIRE DE TÔKYÔ.
M. DALIBERT (Désiré-Pierre-Frédéric), né le 16 mai 1860 à Cauville (Bayeux, Calvados). Entré minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 5 octobre 1882. Prêtre le 10 septembre 1884. Parti le 5 novembre 1884 pour le Japon. Mort au Sanatorium de Shichirigahama le 19 avril 1935.
Né à Cauville le 16 mai 1860 au diocèse de Bayeux, M. Dalibert fut baptisé dans l’église de sa paroisse le 20 du même mois. Ses parents, honnêtes cultivateurs, bien que de fortune modeste, n’hésitèrent pas à faire les sacrifices que demandait son éducation. Après des études secondaires au petit séminaire de Villiers-le-Sec, il fit sa philosophie à Sommervieu en 1879 et ses deux premières années de théologie à Bayeux, avant d’être admis au Séminaire des Missions-Étrangères. Il reçut la prêtrise des mains de Mgr Thiel, délégué de S. Exc. Mgr Guibert le 10 septembre 1884.
Sa première destination fut d’abord pour le Setchoan ; mais à cause des troubles survenus en Chine, il fut désigné pour le Japon septentrional, où il arriva vers la fin de décembre. Mgr Osouf étant absent de son diocèse, M. Midon, son Vicaire Général, lui donna ses feuilles de pouvoirs et l’envoya à Hakodaté se former au ministère sous la direction du missionnaire qui devait devenir son évêque, Mgr Berlioz, à l’érection du diocèse de Hakodaté en 1891. Puis il alla commencer ses premières campagnes dans le district montagneux du Shonai au nord-ouest du Japon, comme vicaire de M. Tulpin.
Lorsqu’on jugea qu’il pouvait voler de ses propres ailes, il fut autorisé à aller se fixer à Tsurugaoka. Des vingt années qu’il passa dans ce poste, les dix premières furent les plus fécondes. Ce ne fut pas sans difficultés qu’il réussit à former un noyau solide de chrétiens. Au début, personne ne voulait louer un pied à terre au « bonze du Yaso », comme on le désignait. Son catéchiste, Ikeda, qui avait fait quelques études au séminaire de Penang, parvint à décider une veuve à partager avec le missionnaire et lui, une partie de sa maison inoccupée. Curieuse comme une fille d’Eve, la propriétaire épiait les faits et gestes du nouveau locataire, surtout lorsqu’il disait la messe, ayant ménagé pour cela des ouvertures dans les portes en papier qui séparaient les appartements. Et pour conjurer les mauvais sorts que risquaient de lui créer la présence de l’étranger et ses actes mystérieux, elle récitait des invocations bouddhistes à en perdre haleine. Elle ne manquait pas non plus d’écouter les conversations que notre confrère et son catéchiste avaient avec les païens qui venaient les voir ; elle arriva ainsi à recevoir plus de leçons de catéchisme qu’elle n’en eût tout d’abord désiré. Le résultat fut, que peu à peu, elle s’apprivoisa, se mit à étudier ; puis elle reçut le baptême et convola à de justes noces avec le jeune catéchiste.
M. Dalibert voulut fonder le poste de Tsurugaoka et pour cela acheta un terrain qu’il parvint à payer à force de privations. Les préjugés contre le « bonze du Yaso » n’étaient pas unanimement partagés. Il y avait en particulier dans la classe des anciens « samurai » nombre de gens qui sympathisaient avec la civilisation occidentale et surtout française, ne demandant pas mieux que de s’initier à la religion que pratiquaient les pays d’Europe. Ce fut principalement parmi cette élite que se recrutèrent les premiers chrétiens dont plusieurs jouissaient d’une certaine influence sociale, ce qui permit au missionnaire de triompher de bien des difficultés. Ainsi fut fondée la chrétienté de Tsurugaoka. Malheureusement ce mouvement de conversions, favorisé par sympathie pour la civilisation d’Occident se ralentit vers 1895, après la guerre sino-japonaise.
L’esprit national prit une orientation qui rendit de plus en plus difficile le travail d’évangélisation. Aux pays d’Occident, on voulait bien continuer d’emprunter les progrès matériels, mais, au point de vue religieux, le Japon jugeait qu’il avait dans ses traditions de quoi amplement suffire à promouvoir sa civilisation spirituelle. Certains intellectuels qui dirigeaient l’opinion virent même dans le christianisme un danger pour la constitution nationale, menaçant de créer un antagonisme avec l’autorité suprême et absolue qui régit le pays. Ces préjugés, tout en laissant la liberté d’action au travail d’évangélisation et en permettant à l’enseignement chrétien et aux œuvres sociales catholiques d’exercer une certaine influence sur les idées et les mœurs, ont confirmé dans les masses l’attache aux superstitions traditionnelles, la défiance vis-à-vis du christianisme intégral, et ne cessent de former le plus sérieux obstacle à sa propagande.
M. Dalibert, confiant en la Providence, continua sa tâche quotidienne parmi ses néophytes, travaillant à les affermir dans la foi et la pratique chrétienne. Constatant jalousement que sur les montagnes des alentours se dressaient de vieux temples qui, chaque année à la belle saison, attiraient des milliers de pèlerins, il rêva de créer dans son poste même un lieu de pèlerinage catholique. Sa dévotion envers la Sainte Vierge et les impressions qu’avait laissées en son âme le pèlerinage de Notre-Dame de la Délivrande au diocèse natal, l’engagèrent à faire à Tsurugaoka une reproduction de ce sanctuaire béni. Pour mettre à exécution son projet, il se mit à quêter, écrivant lettres sur lettres en France et en divers pays, jusqu’à ce qu’il eût recueilli la somme nécessaire. Jugeant alors qu’un de ses confrères avait plus que lui les talents nécessaires pour la construction de l’église, il alla trouver son évêque, le priant de lui permettre de permuter avec M. Mathon qui occupait le poste de Yamagata. Mgr Berlioz fit droit à sa demande et M. Mathon, nommé à Tsurugaoka, réussit à faire construire par des ouvriers qui n’avaient aucune expérience de ce genre de construction, le beau sanctuaire de Notre-Dame dont M. Papinot avait fait les plans. Mgr Mugabure, coadjuteur de Mgr Osouf bénit solennellement l’église le 11 octobre 1903. Mgr Berlioz, Dom Gérard, Prieur de la Trappe d’Hakodaté, plusieurs missionnaires et de nombreux chrétiens assistaient à la cérémonie.
M. Dalibert qui s’était installé à Yamagata dans une maison louée, finit par acheter un terrain sur lequel il bâtit une petite chapelle. Il resta là jusqu’à la prise de possession par les PP. du Verbe Divin d’une partie de la Mission de Hakodaté en 1912. A ce moment, il fut envoyé à Shirakawa, où il n’y avait que 7 à 8 chrétiens. Le poste était à créer. Le zélé Missionnaire acheta un terrain comme à Tsuragaoka et y construisit une chapelle ; puis lorsque la Mission de Hakodaté fut cédée aux PP. Dominicains du Canada, il demanda à aller finir ses jours au Sanatorium de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus que Mgr Breton avait fondé à Shichirigahama. Il y arriva en juin 1931 et se donna tout entier à son ministère auprès des malades dont il eut la consolation de baptiser un grand nombre. Le 21 septembre 1934, il y célébra son jubilé sacerdotal, malgré le typhon qui s’était déchaîné sur la région ce jour-là ; Mgr l’Arch. de Tôkyô et de nombreux missionnaires vinrent se joindre aux actions de grâces du jubilaire et lui souhaiter de fêter ensemble ses noces de diamant. Mais la Providence en avait disposé autrement.
Au commencement de l’année 1935, des vertiges et des chutes l’avertirent qu’il était menacé d’une congestion cérébrale. Elle se déclara en effet au matin du 27 mars lorsqu’il était sur le point de monter à l’autel. On crut d’abord à une syncope, comme il en avait de temps en temps, mais cette fois on jugea bon de lui donner l’Extrême-Onction qu’il reçut des mains de M. Joly, curé de Kamakura. Notre pauvre confrère resta en ce triste état de syncope pendant 24 jours, et, dans la nuit du vendredi au samedi-saint, il rendit son âme à Dieu. S. Exc. Mgr Chambon célébra la messe des funérailles le lundi de Pâques au milieu d’une nombreuse assistance de Missionnaires, de Religieuses, d’infirmières et de malades.
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Références
[1611] DALIBERT Pierre (1860-1935)
Références biographiques
AME 1908 p. 195sq. 1935 p. 32. 137. CR déc. 1884 p. 158. 1887 p. 60. 1890 p. 305. 1891 p. 42. 43. 1892 p. 82. 83. 1893 p. 95. 1894 p. 108. 109. 1895 p. 114. 1898 p. 79. 1900 p. 41. 1901 p. 50. 1902 p. 52. 53. 1903 p. 44. 45. 1904 p. 43. 1905 p. 27. 1906 p. 36. 37. 1907 p. 55. 1908 p. 37. 1913 p. 45. 1923 p. 16. 1927 p. 16. 1928 p. 21. 1931 p. 3. 1935 p. 3. 242. 317. BME 1930 p. 167. 1931 p. 505. 825. 1934 p. 559. 769. 770. 1935 p. 311. 414. 1957 p. 852. MC 1897 p. 568. 1898 p. 49. 146. 363. 1899 p. 89. 615. 1901 p. 216. 1903 p. 135. 302. 1904 p. 89. 1915 p. 185. 1917 p. 7. Sem. Relig. de Bayeux 1903 p. 527. 783. 1909 p. 29. EC1 N° 313.