Ferdinand MORLET1861 - 1896
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1651
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1885 - 1896 (Yibin [Suifu])
Biographie
[1651]. MORLET, Ferdinand, né à Seuil (Ardennes) le 11 avril 1861, entra sous-diacre au Séminaire des M.-E. le 7 mars 1884, reçut le sacerdoce le 5 juillet 1885, et partit le 7 octobre suivant pour le Se-tchoan méridional. En 1887, il fut chargé du district de Che-houi-ky. En 1888, il passa à Cheou-gan-tchen dans la sous-préfecture de Pou-kiang, et y resta huit ans. Les fatigues qu'il éprouva pendant la persécution de 1895 achevèrent de ruiner sa santé déjà chancelante ; il mourut le 10 décembre 1896 à Se-mong, dans la préfecture de Mei.
Nécrologie
M. MORLET
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN MÉRIDIONAL
Né le 11 avril 1861.
Parti le 7 octobre 1885.
Mort le 10 décembre 1896.
M. Ferdinand Morlet appartenait au diocèse de Reims ; il était né à Seuil (Ardennes) le 11 avril 1861. Il avait fait la plus grande partie de ses études théologiques et était sous-diacre, quand il arriva au Séminaire de Paris. Ordonné prêtre le 5 septembre 1885, il partit pour la Chine le 7 octobre suivant.
C’est au commencement de 1886 qu’il parvint au Su-tchuen méri¬dional, en compagnie de MM. Usureau et de Guébriant. Vif, intelli¬gent, plein de zèle et d’entrain, jouissant d’une bonne santé et doué d’un caractère heureux, il annonçait devoir être un excellent mission-naire.
Je me félicitais, à mon entrée en charge, de recevoir d’aussi bons auxiliaires ; ces belles espérances, comme tant d’autres, hélas ! devaient en partie s’évanouir. M. Usureau nous a été enlevé au bout de quelques années seulement de mission, et M. Morlet vient de nous quitter après dix ans, dans la maturité de l’âge, lorsqu’il pouvait nous être si utile.
M. Morlet fit son apprentissage de la vie apostolique près de M. Raison avec lequel il demeura une année entière. En 1887, je l’envoyai aider M. Boucheré qui demandait à se décharger d’une partie de son district trop étendu. C’était donc une nouvelle chrétienté à fonder. M. Morlet se rendit à son poste, plein d’espoir et de bonne volonté ; mais déjà sa santé avait commencé à s’altérer ; il était sujet à des accès de fièvre incessants. En allant s’installer, il passa par la procure de Su-Fou, et je me souviens quelle peine nous prîmes, M. Moutot et moi, pour le débarrasser de son mal. Ce fut en vain ; il dut partir sans être complètement guéri, et la fièvre ne cessa plus dès lors de faire de fréquentes apparitions. Cependant à force de courage et d’énergie, notre confrère se soutenait et faisait autant, peut-être plus, que d’autres mieux portants, ce qui trompait tout le monde sur son véritable état.
L’année suivante, M. Boisseau étant mort dans le district de Pou-kiang, et n’ayant personne autre sous la main pour le remplacer, je jetai les yeux sur M. Morlet. Il a tenu ce poste pendant neuf ans, et l’on peut dire que là s’est écoulée toute sa vie de missionnaire. L’administration du district n’est ni difficile ni fatigante ; seulement le missionnaire se trouve un peu à l’écart de ses confrères du Su¬-tchuen méridional, mais très rapproché de ceux du Su-tchuen occi¬dental. C’est ce qui explique comment l’état de santé de M. Morlet était peu connu chez nous. Il l’était d’autant moins que lui, bien éloigné de se plaindre de maux imaginaires, ne voulait pas même recon¬naître le mal grave qui le minait. On le voyait apparaître aux réunions annuelles, maigre, exténué, mais alerte et gai toujours. On avait fini par croire que c’était son tempérament, lorsque les derniers troubles vinrent tout à coup aggraver la situation.
Il avait, pour échapper aux persécuteurs, passé une nuit dans la forêt ; puis pendant deux mois il fut réduit à se cacher, comme il put, chez ses néophytes. Ce qu’il eut à endurer alors de peines physiques et morales, de privations de toutes sortes, ne se peut ima¬giner. Cependant il parraissait plus touché des maux d’autrui que des siens propres. Je me souviens encore des bonnes lettres qu’il nous écrivait, à nous qui, réfugiés chez le préfet de Mei-tcheou, étions bien mieux logés que lui. C’était, à chaque instant, des envois de médi-caments et de conserves alimentaires ; il se serait dépouillé de tout pour nous enrichir. Enfin l’orage passa, et nous pûmes respirer dans une atmosphère plus tranquille.
Nous renaissions à la vie, mais le cher M. Morlet était blessé à mort. Il parut toutefois, pendant quelque temps, se remettre, lui aussi, de ses fatigues, quand bientôt un mal mystérieux le saisit pour ne plus le lâcher, mal qu’il nous a été impossible de définir. C’était une maladie intérieure ; mais était-ce un cancer de l’estomac ou quelque affection des intestins, nous ne saurions le dire au juste. Comme toujours, le cher confrère lutta jusqu’au bout ; en septembre 1896, il fut terrassé. M. Raison lui fit à cette époque une première visite. Au mois d’octobre, comme il n’y avait pas d’amélioration dans son état, ses deux voisins, MM. Raison et Fayolle, se rendirent auprès de lui. Je laisse M. Raison raconter la suite et la fin.
« Il ne paraissait avoir qu’un dérangement d’estomac compliqué d’anémie. Dans l’espoir qu’un changement d’air lui serait favorable, nous prîmes le parti de le transporter dans la résidence de M. Fayolle. C’est là que nous l’avons soigné, pendant 40 jours. Nous avions pu nous procurer quelques boîtes de lait condensé et des biscuits ; dès le début, ces aliments produisirent le meilleur effet chez notre cher malade ; l’appétit semblait revenir ; bientôt nous pûmes le croire en convalescence. Une chose toutefois nous étonnait, c’est que les forces, au lieu d’augmenter, allaient en dimi¬nuant. De temps à autre aussi, des crises de suffocation suivies de toux et d’expectorations abondantes le fatiguaient beaucoup. N’im-porte, le malade supportait tout en patience et n’abandonnait aucun de ses exercices de piété. Le 11 décembre, vers 5 heures du soir, il fut pris de vomissements et demanda les derniers sacrements. Pen¬dant que je l’administrais, une violente crise de nerfs se déclara. Etant un peu revenu à lui, il nous dit : — Je vais mourir, mais je meurs en paix et content, parce que j’ai toujours eu la volonté de bien faire, et si je me suis trompé, c’est involontairement. — Il nous promit, en nous embrassant pour la dernière fois, de se sou¬venir de nous tous en paradis. Il n’a cessé, tant qu’il a pu parler, de multiplier ses pieuses invocations. Lorsque la parole lui est devenue difficile, il a prié M. Fayolle de réciter le Miserere qu’il a suivi avec une grande componction. Enfin il est mort comme un saint et nous avons la confiance que, purifié par les souffrances de sa dernière maladie, il est immédiatement allé recevoir la récompense de ses travaux.
Sept missionnaires ont pu se réunir pour assister à ses funérailles, et après un service solennel, son cercueil a été embarqué pour être transporté au séminaire de la mission, près duquel se trouve le cimetière commun des missionnaires. »
† MARC CHATAGNON,
Vic. ap. du Su-tchuen méridional.
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