Yves LE GOFF1860 - 1893
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1684
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1886 - 1893 (Saigon)
Biographie
[1684]. LE GOFF, Yves-Marie, vit le jour le 16 janvier 1860 à Ploëzal (Côtes-du-Nord). Il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 1er septembre 1881, reçut le sacerdoce le 27 septembre 1885, et partit le 2 décembre suivant pour la Cochinchine occidentale. Il dirigea pendant quelque temps le poste de Bo-mua, district de Thu-dau-mot. En 1892, lorsque la maladie l'éprouva par une première crise, il occupait depuis une année le poste de Tan-trieu. Malgré ses souffrances, il continua d'administrer son district jusqu'en juin 1893. A ce moment, il se vit contraint de partir pour Saïgon où il mourut le 14 juillet suivant. Voyant sa paroisse se dépeupler par suite de l'insalubrité de la région, il avait préparé, pour l'assainissement de l'île de Tan-trieu (Binh-chanh), un projet qu'il n'eut pas le temps d'exécuter.
Nécrologie
M. LE GOFF
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE OCCIDENTALE
Né le 16 janvier 1860.
Parti le 2 décembre 1885.
Mort le 14 juillet 1893.
M. Le Goff Yves-Marie naquit à Ploézal, canton de Pontrieux (Côtes-du-Nord), le 16 janvier 1860. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères, le 1er septembre 1881, il fut ordonné prêtre le 29 septembre 1885 et partit pour la Cochinchine Occidentale à la fin de la même année.
« Quelques jours avant la mort du P. Le Goff, écrit le P. Sidot à Mgr Colombert, j’étais allé « le voir à son poste de Tan-trieu. Je passai la soirée avec lui. Dans la conversation, il me dit « qu’il venait de recevoir une lettre de Votre Grandeur. Il voulut m’en donner lecture. Votre « Grandeur terminait la lettre en lui souhaitant bonne santé et ad multos annos. Je ne sais « pourquoi il me relut cette dernière phrase ; ses yeux et son sourire indiquaient la confiance « qu’il avait de voir vos bons souhaits se réaliser. Lui serrant la main, moi aussi, je lui dis « alors : « Mon cher confrère, ad multos annos. »
« Hélas ! Dieu en avait décidé autrement, la dernière heure du P. Le Goff devait bientôt « sonner : en effet trois jours après, je le conduisais à Saïgon, et lui fermais les yeux.
« Le P. Le Goff souffrait d’une maladie bilieuse qui le minait petit à petit. Au mois de « décembre dernier, je l’avais conduit à l’infirmerie de la mission ; c’était une première crise. « Le docteur, en le voyant, ne fut rien moins que rassuré. Toutefois les bons soins que le cher « malade reçut au séminaire, le remirent sur pied, et, après quelques semaines, il rentra dans « son district. Le mieux ne devait pas durer longtemps ; plusieurs crises se succédèrent à « d’assez courts intervalles. Celle qui se produisit, il y a trois mois, fut vraiment terrible ; le « Père resta sans connaissance pendant quatre heures, et tout le monde le croyait perdu sans « ressource. Dès lors, je ne lui cachai pas la gravité de son état, et lui conseillai de prendre un « repos qui lui était si nécessaire. Le Père, qui aimait son district et qui ne redoutait rien tant « que de le quitter, ne voulut pas me croire ; il devait se faire illusion jusqu’à la fin. « Je suis « encore jeune, me répondait-il ; que penserait-on de moi si je retournais en France après « quelques années seulement de mission ? De plus, à mon retour, je ne serais peut-être pas « replacé à Tan-trieu : mieux vaut rester. En prenant quelques précautions, je puis travailler « encore ; après, on verra. »
« De fait sa santé parut se rétablir un moment ; les forces étaient revenues et nous ne lui « avions jamais vu une mine aussi florissante. Il profita de cette amélioration inespérée pour « préparer les enfants de son district à la première communion, chose qu’il avait gran¬dement à « cœur. La première communion se fit avec toute la solennité possible vers le milieu du mois « de juin. A la fin du même mois, M. Le Goff eut de nouveaux accès de fièvre ; les douleurs « d’estomac revinrent et l’appétit disparut. La quinine et les autres remèdes ne lui procuraient « aucun soulagement ; mais grâce à son énergie, il continuait à administrer sa paroisse. Il ne « voulait à aucun prix quitter son poste ; car il s’était dit qu’il finirait bien par avoir raison de « la maladie ; cette espérance était ancrée dans son âme de missionnaire et sa tête de breton.
« Il se trompait, hélas ! et la mort n’était pas loin. Je l’avais vu chez lui, depuis très peu de « jours, quand il m’arrive, un jeudi, conduit par le « Cau Duc », et, après m’avoir dit quelques « mots, demande à se mettre au lit. Il était très agité ; une nouvelle crise s’annonçait. Les « religieuses, mandées en toute hâte, lui prodiguèrent leurs soins, mais sans grand résultat. « Comme il n’y avait pas de médecin euro¬péen à Bien-hoa, le malade me pria de le conduire « à Saïgon ; nous partîmes dans la soirée.
« Vous dire, Monseigneur, ce qu’il a souffert dans ce voyage, est impossible. Oh ! si « j’avais su, je l’aurais gardé chez moi et lui aurais épargné ces deux heures de souffrance ! Je « m’imaginais que la science aurait encore raison de la crise épouvantable qu’il subissait ; « l’amitié peut-elle jamais se résoudre à perdra tout espoir ?
« Le 14 juillet, voyant que son état empirait toujours, je l’enga¬geai à se confesser ; il prit « quelques instants pour s’examiner. Vers dix heures, il perdit l’usage de la parole, mais reçut « l’extrême-onction en pleine connaissance et l’indulgence in articulo mortis. Réunis autour « de lui, les missionnaires récitaient les prières des agonisants. Elles étaient à peine terminées « que le P. Yves-Marie Le Goff rendait sa belle âme à Dieu, le 10 juillet, à dix heures « quarante du matin. Nous avons perdu en lui un excellent confrère, gai, affable, toujours « disposé à rendre service, dévoré de zèle pour le salut des âmes.
« Quoique d’un extérieur timide et réservé, il aimait beaucoup la société de ses confrères ; « c’était une fête pour lui quand on allait le voir.
« Son dévouement pour la paroisse qui lui était confiée n’avait pas de bornes. Dans ce « poste malsain, où la mortalité est plus grande qu’ailleurs, il souffrait de voir le nombre de « ses chrétiens diminuer sans qu’il pût y remédier, Il avait même ébauché un projet qu’il « comptait présenter à l’Administration pour l’assainissement de l’île de Tan-trieu.
« Les chrétiens connaissaient l’affection que leur portait le Père, et ils avaient pour lui la « plus grande vénération. J’en eus la preuve le jour où je leur annonçai la triste nouvelle de sa « mort. Dès qu’elle fut connue, tous les chrétiens se réunirent ; en quelques instants la grande « église fut comble, et la récitation des prières pour le repos de l’âme se fit au milieu des « sanglots. Ces pauvres orphelins n’igno¬raient pas que leur Père était mort parce qu’il n’avait « point voulu les abandonner.
« Le cher défunt a bien travaillé dans la mission ; son temps était sagement distribué, et on « ne le trouvait jamais oisif. Il faisait ses exercices de piété avec la régularité d’un « séminariste. Je n’en doute pas, il est allé recevoir au ciel la récompense promise au bon et « fidèle serviteur. »
~~~~~~~
Références
[1684] LE GOFF Yves (1860-1893)]
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1888, p. 138.
Notice nécrologique. - C.-R., 1893, p. 350.