Henri DARIDON1861 - 1921
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1689
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
[1689] DARIDON Henri naquit à Paris le 24 janvier 1861, lors d'un voyage de ses parents qui étaient commerçants en primeurs, et il fut baptisé dans la paroisse de Saint Ambroise. Mais Henri était bel et bien breton bretonnant : ses parents avaient leur domicile légal à Roscoff, au diocèse de Quimper (Finistère). Il fit ses études secondaires dans un collège religieux où il eut comme condisciple le futur Mgr. De Guébriant. Puis il entra au Grand Séminaire de Quimper. Le 10 août 1884, il fut ordonné sous-diacre, et le 13 septembre suivant, il fut reçu au Séminaire des Missions Étrangères. Il fut ordonné diacre le 27 septembre 1885 et prêtre le 7 mars de l'année suivante. Envoyé à la mission du Japon méridional, il partit le 5 mai 1886.
Arrivé à Osaka quelques semaines plus tard, il se mit à l'étude de la langue. En 1887, il est nommé socius" du Père Compagnon à Hiroshima, puis en 1888, nommé à Isé où il ne resta qu'une année. En 1889, il devint curé de la cathédrale d'Osaka. Mgr. Vasselon, qui avait succédé à Mgr. Midon, mourut en 1896. Le nouvel évêque, Mgr. Chatron, ayant nommé le Père Luneau vicaire général, le Père Daridon fut envoyé à Okayama pour le remplacer. Il y resta peu de temps : son évêque le nomma à Tokushima, ville importante du Shikoku. Mais le diocèse d'Osaka fut divisé et l'île de Shikoku passa entre les mains des Dominicains espagnols. Le Père Daridon fut alors envoyé à Tottori, chef lieu de la province, située sur la Mer du Japon.
Pendant la guerre de 1914-18, bien que sa santé laissa à désirer, il put assurer le service religieux dans la paroisse de Matsué, à quatre heures de chemin de fer, dont le responsable était mobilisé. En 1920, la maladie faisant des progrès, le Père Daridon, devenu incapable de célébrer la messe, fut obligé de s'aliter. Mgr. Castagnier, nouvel évêque d'Osaka, jugeant son état très grave, lui conseilla de se rendre à Hongkong, au Sanatorium de Béthanie. Il y partit, accompagné du Père Relave, mais, malgré les soins donnés à l'hôpital que tenaient les Soeurs de Saint Paul de Chartres tout près de Béthanie, le mal s'aggrava. Le Père Daridon rendit son âme au Seigneur le 1er décembre 1921.
Nécrologie
M. DARIDON
MISSIONNAIRE D’OSAKA
M. DARIDON (Henri), né à Paris, paroisse de Saint-Ambroise (incorporé au diocèse de Quimper), le 24 janvier 1861. Entré sous-diacre au Séminaire des Missions-Étrangères, le 13 septembre 1884. Prêtre, le 7 mars 1886. Parti pour le Japon Méridional, le 5 mai 1886. Mort au Sanatorium de Béthanie (Hongkong), le 1er décembre 1921.
En 1886 arrivait à Osaka un jeune missionnaire breton. Il était de taille moyenne, vif et rieur ; c’était M. Henri Daridon. Grâce à la rondeur sans malice de son caractère, nous sûmes tous bientôt qu’il était de Roscoff, que son père faisait le commerce des primeurs, et que lui-même, dans son jeune âge, avait voyagé pour faire ce commerce-là. Au reste, il était né à Paris, dans un voyage que ses parents y faisaient pour leurs affaires. Il avait trois frères et une sœur. Qu’une famille bretonne sédentaire conserve dans toute son intégrité la foi des ancêtres, cela semble tout naturel ; mais la famille Daridon, tout en ayant son domicile à Roscoff, voyageait beaucoup, et il était à craindre que la fréquentation d’un monde moins chrétien qu’en Bretagne ne portât atteinte à sa foi, on du moins à sa pratique de la religion. Il n’en fut heureusement rien. La famille était restée patriarcale, les prières se faisaient en commun, et la mère surtout ne plaisantait pas sur le chapitre de l’assistance à la messe et à tous les autres offices. Les garçons furent tous élevés dans un collège ecclésiastique, où notre Henri eut pour condisciple Mgr de Guébriant. Après de bonnes études, il entra au grand séminaire de Quimper. Il était sous-diacre quand il fut admis au Séminaire de la rue du Bac.
Arrivé en mission, il eut, comme tout le monde, à étudier la langue. Il y avait quelques manières de prononcer qu’il ne saisissait pas aisément ; mais enfin, il avait les moyens, et sa bonne humeur ne subit aucune atteinte.
En 1887, il fut envoyé à Hiroshima pour être socius de M. Compagnon et pour se perfectionner dans la langue japonaise. Bientôt il put tenir un poste et aller faire ses premières armes dans la province d’Isé. Il n’y resta qu’un an : Mgr Midon le fit venir auprès de lui, à Osaka, comme curé de la cathédrale ; il y demeura jusqu’à la mort de Mgr Vasselon, en 1886. Quand Mgr Chatron vint prendre la direction du diocèse, il appela auprès de lui M. Luneau qu’il nomma Vicaire Général ; M. Daridon fut envoyé alors à Okayama à la place de M. Luneau. Le poste était déjà florissant, les chrétiens nombreux ; M. Doridon y alla avec plaisir. Okayama est la patrie d’un martyr, saint Jacques Kizaemon. Grâce à un secours providentiel venu de France, on y a construit une église dédiée è ce martyr, et M. Daridon eut la joie de la commencer.
Bientôt, Mgr Chatron, comptant sur son zèle et son dévouement, l’envoya fonder un nouveau poste, en plein pays païens, à Tokushima, grande ville de 60.000 âmes, située à l’ouest de la grande île de Shikokou. Il s’y était établi, avait réussi à convertir quelques païens, et le poste fonctionnait régulièrement, quand un événement important se produisit : toute la grande île de Shikokou fut cédée aux Dominicains espagnols. Il fallut donc déplacer encore une fois M. Daridon, qui fut envoyé à Tottori, ville de 40.000 âmes, située sur la mer du Japon. Il y avait là une mission déjà ancienne et un bon nombre de chrétiens, de sorte que notre confrère n’eut pas à passer par les tracas d’une nouvelle fondation. Il continua d’être à Tottori ce qu’il avait toujours été dans les différents postes, missionnaire d’un grand esprit de foi et bien attaché à son devoir. Chose importante pour un prêtre en mission peut-être plus que partout ailleurs, il ne négligea jamais l’étude et resta toujours fidèle à sa résolution de travailler sa théologie, toute sa vie. Il mettait tout son zèle à instruire solidement ses chrétiens et à convertir les païens. La facilité avec laquelle il maniait la langue japonaise, son caractère un peu jovial, aimant la bonne plaisanterie, lui donnaient facile accès auprès des païens et l’aidèrent beaucoup dans le travail d’évangélisation. Aussi, après de longues années, on retrouve encore dans les différents postes occupés jadis par M. Daridon, de solides chrétiens qui lui doivent leur conversion et ont gardé de lui le meilleur souvenir.
Mais, avec les années, quoique paraissant doué d’un tempérament robuste, il fut atteint par la maladie. Ce fut d’abord une constipation tenace qui le fit souffrir de longues années ; puis des troubles plus inquiétants se déclarèrent dans l’organisme. Mais le Breton, énergique, dur à lui-même, surmontait ses souffrances et travaillait comme d’habitude. Pendant les années de la guerre, il fut même chargé du service du poste de Matsué, dont le titulaire était au front. C’était un voyage de quatre heures de chemin de fer. Il consulta les médecins de Tottori pour connaître la nature de sa maladie et suivit pendant plusieurs mois le traitement prescrit, sans qu’aucune amélioration se produisit ; au contraire, le mal semblait s’aggraver peu à peu. Monseigneur l’engagea fortement à venir consulter un spécialiste d’Osaka ; mais le missionnaire répondit que, convaincu qu’il avait à Tottori tout ce qu’il lui fallait pour bien se soigner et que sa guérison n’étant qu’une question de patience et de temps, il préférait rester à son poste. Son voisin, M. Deruy, le visitait souvent, et surveillait avec soin la marche de la maladie. Bientôt M. Daridon ne fut plus capable de dire la messe et dut s’aliter. Il écrivit alors lui-même à son évêque qui arriva immédiatement. Jugeant que la situation était trop grave pour qu’on put se contenter du traitement à domicile, Monseigneur d’Osaka conseilla au malade d’aller au Sanatorium de Hongkong. Celui-ci accepta de bonne grâce. Il était temps : un peu plus tard, il n’aurait pu supporter le voyage.
Avant de partir pour Hongkong, M. Daridon eut soin de mettre ordre à toutes ses affaires matérielles en faisant passer avant tout sa chère Mission d’Osaka. Son testament, daté du 10 octobre 1920, se termine par ces mots : « J’abandonne tout à la miséricorde de Dieu. »
Un confrère, M. Relave, voulut bien se dévouer pour accompagner le malade à Hongkong. A bord du bateau, tout alla même mieux qu’à terre. Il n’y eut pas de crise et notre pauvre confrère débarqua dans les meilleures conditions possibles. Malheureusement, ce n’était que l’instant de calme dans la tempête ; le mal suivait son cours fatal. Des crises eurent lieu de nouveau, et terribles ; les souffrances étaient parfois intolérables ; ceux qui en étaient témoins étaient navrés. Mais c’est la que se révélait la foi inébranlable du Breton, pas un instant il ne fut abattu ; il acceptait la douleur, il l’offrait en expiation de ses fautes et en faveur de sa chère Mission d’Osaka. A un moment, les crises étant trop fréquentes, on le transporta de notre sanatorium de Béthanie à l’hôpital des Religieuses de Saint-Paul de Chartres, dans la ville de Hongkong. Les soins attentifs qu’il y reçut ne purent enrayer les progrès du mal, et, il n’y eut qu’à le transporter de nouveau au Sanatorium où il continua à édifier les confrères qui l’entouraient.
« Les mois d’octobre et de novembre, écrit M. Marie, Supérieur du sanatorium, furent deux mois de terribles souffrances pour M. Daridon, à tel point qu’il fallut recourir à la morphine pour le calmer un peu et de temps en temps pour procurer au malade un peu de sommeil. Jusqu’au 24 novembre, il n’y eut rien de particulier dans son état, le mal faisant son œuvre lentement et sourdement mais sans laisser deviner une fin si prochaine. A partir du 24, le mal s’aggrava tellement qu’il n’y eut plus de doute sur l’issue fatale et prochaine. »
A la date du 25 novembre, le vénéré M. Ligneul, confesseur de M. Daridon écrivait : « Souffrir et prier pour ses chers japonais est ce qui soutient le courage de notre pauvre malade ; et vraiment, il en a besoin. On n’a pas l’idée de pareilles souffrances ; mais sa foi et son énergie résistent à tout. Il est admirable. Sa patience obtient certainement beaucoup de grâces à ceux pour qui il souffre, et c’est une belle édification pour ceux qui le voient. Ses forces ont diminué sensiblement ; les traits sont plus tirés, la figure plus pâle, et la voix, à certains moments, est presque éteinte…. A ce prix, il aura pris un bel acompte sur le Purgatoire ; si tout n’est pas payé, du moins il y en aura une bonne partie, il faut l’espérer ; joint à cela que Dieu est bon. Bien entendu que je vais le voir tous jours. Quand il ne souffre pas trop, nous donnons à nous-mêmes l’illusion d’être encore au Japon, en en parlant. Ce cher pays, on l’aime déjà bien quand on y demeure, mais encore beaucoup plus quand on en est loin… »
« Dans la journée du dimanche, 27 novembre, écrit encore M. Marie, de lui-même, M. Daridon me demanda s’il ne ferait pas bien de se préparer à recevoir les derniers sacrements. Je lui répondis affirmativement et, d’accord avec M. Ligneul, la cérémonie fut fixée au lundi matin, à dix heures. Dans la soirée du dimanche, les douleurs étaient si fortes que je fis une injection de morphine, ce qui procura une nuit à peu près calme. Le lundi, à dix heures, M. Ligneul donna l’Extrême-Onction et l’Indulgence plénière in articulo mortis au cher malade, entouré de tous les confrères de Béthanie, et le mardi matin, je lui donnai moi-même le Saint-Viatique. Ce fut sa dernière communion. Dans cette journée du lundi, le malade ne put prendre qu’un peu d’eau comme nourriture, le mardi, à peine deux verres d’eau, et le mercredi rien du tout ; une gorgée seulement dans la nuit du mercredi au jeudi. La nuit fut assez calme. Le jeudi matin, vers sept heures, il était visible que notre pauvre confrère entrait en agonie. A 7 h. 3/4, j’invitai les confrères à venir réciter les prières des agonisants ; à 8 heures, M. Ligneul vint voir le malade et lui renouvela l’absolution. Il put lui parler et se faire bien comprendre. A 9 h. 50, sans secousse aucune, la respiration cessa tout à coup. Notre cher Père Daridon avait rendu son âme à Dieu… »
C’est le 1er décembre 1921, à quatre heures et demi de l’après-midi que la dépêche annonçant le décès de M. Daridon arriva à Osaka. Elle était partie de Hongkong le jour même, à midi vingt. Immédiatement, Mgr d’Osaka fit télégraphier dans tous les postes de la Mission, ce qui permit à presque tous les confrères de dire la messe pour notre cher défunt, dès le lendemain de sa mort.
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Références
[1689] DARIDON Henri (1861-1921)
Références biographiques
AME 1903 p. 33. 1922 p. 39. CR 1886 p. 153. 1887 p. 33. 34. 1888 p. 60. 1892 p. 61. 1893 p. 79. 1894 p. 82. 86. 89. 1895 p. 91. 92. 1896 p. 339. 1897 p. 66. 1898 p. 64. 1899 p. 40. 1902 p. 42. 1908 p. 23. 1909 p. 32. 1910 p. 31. 1916 p. 26. 1919 p. 13. 1921 p. 13. 137. 205. 1922 p. 11. 199. BME 1922 p. 20. 431. 1924 p. 10. 640. 643. 644. EC1 N° 4.
Bibliographie
"Oshie no shiori", "Le guide de la religion",1910.Imp. Rikyosha.Tokyo. 99 pp.