Émile MARIETTE1863 - 1928
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1730
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1887 - 1928 (Malacca)
Biographie
[1730] MARIETTE Émile, Albert, est né le 28 mai 1863 à Avranches, dans le diocèse de Coutances (Manche). Il fait ses études au collège d'Avranches et au Petit Séminaire de Mortain, puis entre au Grand Séminaire de Coutances (1882-1885). Il entre diacre au Séminaire des Missions Étrangères, le 30 novembre 1885. Ordonné prêtre le 26 septembre 1886, il part le 15 décembre suivant pour la mission de Malacca.
Arrivé à Singapore au début de 1887, il est nommé à la paroisse chinoise. Il y étudie le chinois dont il parlera au moins six dialectes, et puis l'anglais et le malais. Il est ensuite envoyé à Batu Gajah, où il visitera les malades de l'hôpital de façon régulière, comme il se rendait deux fois par semaine à l'hôpital de Gopeng, à douze milles de Batu Gajah. Il est chargé de la paroisse chinoise de Penang; il visitera aussi les lépreux de l'île de Pulo-Jerajak : il y bâtira une chapelle qui sera bénite en 1895.
Après un intérim à Taiping, il revient à Penang et est nommé à Machang Bubo, en 1897, puis à Taiping en 1905. Partout, il s'applique à intensifier la vie chrétienne.
Suit alors un congé en Normandie. Il s'apprêtait à doter Taiping d'une école de Frères quand il est appelé à administrer la paroisse chinoise de Singapore. Il va y travailler longtemps et donner toute sa mesure : il bâtit l'église du Sacré Coeur pour les Hakas et les Pountis. Nommé vicaire général en 1915, il doit s'occuper de l'administration de la mission : travail qu'il peut mener à bien grâce à la régularité de sa vie. La première pierre de l'église Ste Thérèse de l'Enfant Jésus est bénite le lundi de Pâques, 18 avril 1927 et c'est en visitant le chantier de cette église qu'il va trouver la mort : le 13 mars 1928, un échafaudage lui tombe sur la tête, lui défonçant le crâne. Les soins à l'hôpital s'avéreront inutiles. Les obsèques du Père Mariette furent célébrées le 15 mars et présidées par l'évêque coadjuteur.
Nécrologie
M. MARIETTE
VICAIRE GÉNÉRAL DE MALACCA
M. MARIETTE (Emile-Albert), né à Avranches (Coutances, Manche) le 28 mai 1863. Entré diacre au Séminaire des Missions-Etrangères le 17 septembre 1885. Prêtre le 26 septemhre 1886. Parti pour la Mission de Malacca le 15 décembre 1886. Mort à Singapore le 13 mars 1928.
Un prêtre, compatriote et ami du regretté Vicaire Général de Malacca, a bien voulu nous communiquer sur son enfance et sa jeunesse les notes suivantes : « Si jamais vocation se manifesta de façon évidente, ce fut bien celle de notre cher Père Mariette. M. Martinière, archiprêtre de Saint-Gervais à Avranches, avait découvert l’âme pure de l’enfant ; il se plut à cultiver une nature si riche en promesses, et à orienter vers l’idéal qu’il entrevoyait les dons exceptionnels, dont l’avait enrichi la divine Providence.
« Les parents, malgré la charge de quatre autres enfants, secondèrent de leur mieux les vues du pasteur. Toutefois ce ne fut pas sans difficulté, car le père désirait garder Emile près de lui, et le Collège d’Avranches lui semblait tout indiqué pour l’enfant qui suivrait les cours en qualité d’externe. Un événement vint déranger les plans de l’excellent expert-géomètre qu’était le bon M. Mariette. Mgr Osouf, Vicaire Apostolique du Japon Septentrional, avant de s’embarquer pour sa lointaine Mission, vint faire ses adieux au pays natal ; il passa à Avran-ches, notre Emile l’entendit à Saint-Gervais, et en fut enthou¬siasmé. Dès cette heure, sa résolution était arrêtée ; il refusait de continuer ses études au Collège, et, d’accord avec la famille, M. Martinière le présentait en quatrième au Petit Séminaire de Mortain ; il avait quinze ans.
« Son esprit perspicace, son exquise sensibilité, sa cordiale simplicité de ses manières, lui attirèrent naturellement l’affection de ses condisciples et la confiance de ses maîtres. Parmi ceux qui l’ont connu à cette époque, il en est encore qui pourraient dire avec quelle émotion il entendait le Chant du Départ des Missionnaires. Plus d’une fois l’organiste prit plaisir à entremêler, de façon indifférente en apparence, à d’autres morceaux le refrain : « Partez, hérauts de la Bonne Nouvrelle », instantanément les yeux d’Emile s’embrumaient et des larmes coulaient sur son visage.
Pendant les vacances qui suivirent sa sortie du Petit Séminaire, en 1882, il était allé à Lourdes demander à la Bonne Mère la force dont il avait besoin pour la réalisation de ses projets. Quelques jours plus tard, il entrait au Grand Séminaire de Coutances ; il y séjourna trois années. A peine avait-il reçu le diaconat qu’il obtenait de Mgr Germain l’autorisation d’entrer aux Missions-Etrangères. C’est de la rue du Bac qu’il avertit sa famille de la résolution irrévocable qu’il avait prise de consacrer sa vie à l’évangélisation des infidèles. Ordonné prêtre le 26 septembre 1886, il vint célébrer sa première messe à Saint-Germain. Le 15 décembre suivant il partait pour la Malaisie, et depuis ce jour, fidèle à la promesse qu’il avait faite à sa mère, il n’a jamais manqué d’écrire tous les quinze jours à sa famille.
A son arrivée à Singapore au commecement de 1887, M. Mariette ¬fut donné comme vicaire à M. Vignol, curé de l’église chinoise de Singapore. C’est là qu’il commença l’étude de la langue chinoise. Sa belle intelligence et son ardeur à 1’étude le mirent bientôt à même de se rendre utile. D’ailleurs il n’abandonna jamais l’étude du chinois ; les différents dialectes, six au moins, parlés dans les chrétientés chinoises de la Mission de Malacca, n’avaient pour lui aucun secret. L’anglais et le malais suivirent ; M. Mariette était l’un des rares mis¬sionnaires sachant cette dernière langue d’une façon peu commune.
Le bon vieux M. Allard, fondateur du poste de Batu-Gajah, demandait un compagnon, M. Mariette lui fut envoyé. Là, c’était la brousse, une contrée sans voies de communication, naguère inhabitée, où affluaient les Chinois qu’attirait l’espoir de gagner de l’argent dans les mines d’étain. Ces pauvres gens n’y trouvaient souvent que la maladie et la mort, mais beaucoup y trouvaient aussi le salut. Tous les jours, M. Allard et son jeune vicaire visitaient l’hôpital que le gouvernement s’était hâté de construire, et le nombre des baptêmes in articulo mortis qu’ils y administraient se chiffrait chaque année par plusieurs centaines.
A douze milles de Batu-Gajah, à Gopeng, se trouvait un autre hôpi¬tal ; deux fois par semaine, le jeune missionnaire n’hésitait pas à parcourir le sentier qui y conduisait. C’était un voyage de près de quarante kilomètres, mais quand il voyait la possibilité de procurer le salut à une âme, le cher missionnaire ne calculait pas sa peine, il aurait passé par le feu.
De vicaire à Batu-Gajah, M. Mariette fut envoyé à Pinang, pour prendre charge de la paroisse chinoise fondée par M. Barillon qui la quittait pour ouvrir le poste d’Ipoh, ce qui lui valait d’être appelé par Mgr Gasnier, « le pionnier de la Mission », Tout en s’occupant de sa paroisse, M. Mariette donnait le meilleur de son cœur aux nombreux lépreux réunis dans l’île de Pulo-Jerajak. Pour y aller, c’était un voyage de plusieurs heures en barque, par une mer souvent démontée : on n’était jamais sûr de l’heure à laquelle on arriverait. Pour faciliter l’administration de ces malheureux et rendre plus fructueux son ministère auprès des païens, M. Mariette résolut d’élever une chapelle où il réunirait les lépreux chrétiens, et qui lui servirait aussi de logement, car ses visites à la léproserie duraient au moins deux jours. Il se fit quêteur à Pinang et à Sumatra, et eut la joie de doter le poste des lépreux d’une belle chapelle qui fut bénie en 1895.
Le missionnaire est comme l’oiseau sur la branche. L’année suivante notre confrère fait un intérim à Taiping, revient à Pinang, est nommé à Machang-Bubo en 1897, puis à Taiping en 1905. Machang-Buho est un poste exclusivement chinois, celui de Taiping est composé d’Européens, d’Eurasiens et de Chinois, avec un couvent. Dans ces deux postes, M. Mariette s’appliqua à intensifier la vie chrétienne : il prêche à ses paroissiens la dévotion au Sacré-Cœur, et a le bonheur de les voir s’approcher de plus en plus nombreux de la sainte Table, surtout le premier vendredi de chaque mois.
M. Mariette avait déjà passé vingt ans dans sa Mission, quand sa santé exigea un voyage en France. Il avait espéré y célébrer les noces d’or de ses parents, mais hélas ! sa mère, cette mère qui avait fait si généreusement le sacrifice de son fils, mourut quelques mois avant son arrivée au pays natal. Après une année de repos en Normandie, il reprit le chemin de la Malaisie ; il y apprit successivement la mort de sa plus jeune sœur, de son père, de son frère aîné. Entre temps, il avait eu la consolation de voir sa nièce entrer chez les Sœurs de Saint-Paul de Chartres, et la joie de la voir à son passage à Singapore, se rendant à Manille, où elle se dévoue au service des lépreux.
M. Mariette s’occupait à doter Taiping d’une école de Frères quand il fut appelé à administrer la paroisse chinoise de Sinpapore. C’est là qu’il a travaillé le plus longtemps et donné toute sa mesure. Deux ans après son arrivée à Singapore, la nouvelle église du Sacré-Cœur pour les Hakkas et les Pountis était ouverte ; mais la population catholique de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, l’église-mère, était encore considérable. Nommé Vicaire Général en 1915, il dut, pendant la maladie et l’absence de Mgr Barillon, s’occuper de l’administration de la Mission, et l’on se demandait comment notre confrère pouvait faire face à un travail aussi considérable. Le secret, il faut le chercher dans sa vie régulière comme celle d’un moine. Couché de bonne heure, il était debout chaque matin à quatre heures et demie. Cette régularité de vie lui a permis de mener de front ses multiples tâches : direction de la paroisse, instruction des catéchumènes, nombreux catéchismes à l’église et au couvent, etc...
A Singapore, M. Mariette, suivant en cela la ligne de conduite de ses prédécesseurs, désirait vivement donner à la communauté catholique Fokinoise une église qui lui fût propre. La grande difficulté était de trouvrer un terrain convenable. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, pour qui il avait une dévotion particulière, fut priée d’intervenir. Après bien des recherches et bien des déceptions, un terrain magnifique, d’un prix abordable, fut enfin trouvé : c’était le vingt et unième qu’on lui avait proposé, et de beaucoup le plus considérable.
Pour bâtir une église en l’honneur de la petite sainte, les catholiques chinois se montrèrent généreux, et la première pierre de la nouvelle église put être bénite le lundi de Pâques 18 avril 1927.
Hélas ! les voies de Dieu ne sont pas les nôtres. Personne plus que M. Mariette ne se réjouissait en voyant monter les murs de la nouvelle église, personne plus que lui ne désirait en voir l’achèvement : c’est là qu’il trouva la mort.
Le 13 mars 1928, M. Mariette, après son catéchisme au couvent, alla visiter la nouvelle église. Comme il entrait, un des échafaudages lui tomba sur la tête, lui défonçant le crâne. Il fut aussitôt transporté à l’hôpital. Le médecin tenta une opération, elle ne donna aucun résultat. A dix heures du soir, notre cher M. Mariette s’éteignait doucement, sans avoir repris connaissance.
Le surlendemain, après une grand’messe célébrée par Mgr le Coadjuteur, les fidèles de Singapore accompagnèrent nombreux le corps du zélé pasteur au cimetière, où il repose en attendant la résurrection.
La mort de M. Mariette fait un grand vide dans la Mission de Malacca. Notre consolation est de penser que Dieu lui a donné déjà la récompense promise à ses fidèles serviteurs : et le cher M. Mariette fut l’un d’eux ! Les missionnaires de Malacca garderont précieusement son souvenir.
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Références
[1730] MARIETTE Émile (1863-1928)
Références bibliographiques
AME 1908 p. 307. 1914 p. 74. 81. 85. 129. 130. 133. 1928 p. 88. 166. CR 1886 p. 154. 1890 p. 154. 1891 p. 189. 191. 1892 p. 209. 1893 p. 221. 1895 p. 257. 1897 p. 217. 324. 1900 p. 188. 1902 p. 220. 1904 p. 217. 1905 p. 340. 1906 p. 197-199. 1909 p. 203. 206. 1911 p. 196. 198. 1913 p. 255. 257. 1917 p. 117. 1919 p. 92. 97. 1920 p. 63. 65. 1921 p. 106. 204. 1922 p. 124. 1923 p. 135. 1924 p. 104. 1925 p. 114. 1926 p. 130. 1928 p. 131. 132. 195-198 (notice nécro). 1929 p. 277. 323. 1930 p. 328. 1934 p. 181. 1937 p. 289. BME 1922 p. 73. 1923 p. 198. 656. 1924 p. 402. 741. 1925 p. 572. 1926 p. 121. 1928 p. 58. 316. 378. 1930 p. 414. 1956 p. 691. 692. 1958 p. 82. EC1 N° 150.
Bibliographie
Iou li Mang Tap : petit catéchisme en caractères chinois et romanisation,
Hoklo in-18, 88p. Nazareth, 1927.
Shing Lo Shin Koung : Chemin de Croix en caractère chinois et romanisation,
Hoklo in-18, 134p. Nazareth.