Paul GRANDJEAN1862 - 1943
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1746
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1887 - 1921 (Kangding [Tatsienlu])
Biographie
[1746]. GRANDJEAN Paul (1862-1943) né le 5 octobre 1862 à Besançon (Doubs), fut ordonné prêtre le 19 décembre 1885, entra au Séminaire des M.-E. le 22 septembre 1886, et partit le 2 novembre 1887 pour les Marches tibétaines. À son arrivée en mission, il fut envoyé à Fouling. En 1889, il fut chargé du district de Chapa, puis de celui de Mosymien. Il fit ensuite un séjour de trois ans à Bathang, puis revint à Chapa et Lentsy. En 1905, après les meurtres de Mussot, Soulié, Bourdonnec et Dubernard, il fut rappelé à Yerkalo, et se fixa pendant un temps à Yare-gong, puis à Bathang, avant dêtre renvoyé à Tatsienlu, comme procureur de la mission. En 1921, il revint malade en France et se retira à Montbeton, où il mourut le 4 septembre 1943.
Nécrologie
M. GRANDJEAN
MISSIONNAIRE DE TATSIENLU
M. GRANDJEAN (Paul-Célestin) né le 5 octobre 1862 à Besançon (Doubs). Prêtre le 19 décembre 1885. Entré au Séminaire des Missions-Étrangères le 22 septembre 1886. Parti pour le Thibet le 2 novembre 1887. Mort à Montbeton le 4 septembre 1943.
Né le 5 octobre 1862 de parents suisses venus se fixer à Besançon, M. Grandjean était donc de nationalité suisse. Orphelin de bonne heure, il fut confié à son oncle et parrain, M. Rivet, de Fahy (Jura bernois), village d’origine de ses parents, situé non loin de la frontière franco-suisse.
Dès son jeune âge, il se faisait remarquer par sa profonde piété et son intelligence au-dessus de la moyenne ; aussi son curé, ne tarde-t-il pas à l’envoyer au petit séminaire de Marnay (Haute-Saône), où son professeur de seconde, M. l’abbé Garnier, le prend en affection et le suivra de près jusqu’à son départ en mission. En automne 1879, il n’a que 15 ans mais, il sort déjà de rhétorique et entre avec ses condisciples de cours au séminaire de philosophie à Vesoul. Petit de taille, voix encore enfantine, on lui donnait même moins que son âge, mais sa démarche est décidée et il possède une énergique maîtrise de soi ; avec cela, d’une gaieté exubérante. Durant ses études il tient la tête de sa classe et travaille avec acharne-ment. L’année suivante, il grandit trop rapidement, et c’est un peu faible physiquement qu’il fait sa seconde année de philosophie scolastique et la première de théologie. Pour se fortifier, il demande à aller quelque temps dans le midi de la France ; c’est ainsi qu’il devient professeur à Pau dans une Institution religieuse de cette- ville.
Puis il revient à Besançon pour les trois dernières années de théologie. On admire sa maîtrise dans toutes les matières ecclésiastiques ; son ancien confrère, supérieur du grand séminaire de philosophie à Favernay, M. le chanoine Vourron, disait: « Quand il était interrogé en classe, M. Grandjean, dans ses réponses, en un latin très correct et très clair, sans la moindre répétition, provoquait l’admiration de tous les séminaristes. » Il songeait à devenir missionnaire, mais son directeur lui avait recommandé de n’en parler à personne ; c’est ce qu’il fit. Il était cependant en excellents termes avec son ami Vourron, et ce fut ce dernier qui devina ses projets avant même que M. Grandjean en parlât. A cette époque, il ne lui restait aucune trace de faiblesse physique ; il lui arrivait, pendant les vacances passées à Fahy, d’effectuer un parcours de 15 kilomètres à pied et à jeun pour aller recevoir la sainte communion à Mandeure, pays de cet ami, puis la journée se passait à galoper à travers collines et rochers de la vallée du Doubs, et le soir il rentrait en Suisse pour parcourir 15 nouveaux kilomètres, le tout sans fatigue.
Il était diacre lorsque, en 1885, il fit sa demande d’admission au Séminaire des Missions-Étrangères de Paris. Elle fut appuyée par les notes les plus élogieuses de son Supérieur, le futur cardinal Dubillard, et de son directeur : « D’une nature ardente, d’une santé suffisante, il soupire depuis plusieurs années à se consacrer à l’apostolat dans les missions. Sa vocation présente des garanties très sérieuses. Son talent lui a toujours valu un rang élevé dans sa classe, son caractère est franc, et plein de bonne volonté. » — « Il est un de nos meilleurs élèves de quatrième année de théologie pour la piété et la régularité, la science et la vertu. Il porte par¬tout la note très bien… Peut-être rencontrerons-nous quelques difficultés : Monseigneur, voyant diminuer d’année en année le nombre de ses prêtres, pourrait bien faire obstacle, pour le moment du moins, au départ. Je ferai ce qui dépendra de moi pour seconder vos vues dans la circonstance. »
De fait Mgr Foulon, archevêque de Besançon, exigea une année d’épreuve ; le futur missionnaire dut professer pendant un an au collège catholique, Saint-François-Xavier à Besançon, et ce ne fut que l’année suivante, après avoir été préalablement ordonné prêtre le 19 décembre 1885, qu’il entra aux Missions-Étrangères le 22 septembre 1886.
Le 2 novembre 1887, il partit pour sa lointaine mission du Thibet avec M. Tintet. Cette mission venait, une fois de plus, de passer par le creuset de l’épreuve, les postes de la frontière étaient anéantis et les missionnaires éloignés de leur champ d’apostolat. Mgr Biet, Supérieur du Vicariat, prescrivit donc aux jeunes recrues de s’initier à la langue chinoise et au saint ministère dans les centres voisins de sa mission : M. Grandjean à Fouling, et M. Tintet dans la région de Taly.
En 1889, M. Grandjean qui pouvait dès lors voler de ses propres ailes eut la possibilité d’entier au Thibet et fut chargé successivement des districts de Chapa et de Mosymien. En 1897, c’est-à-dire dix ans après la persécution qui les avait chassés de leurs résidences, les missionnaires furent autorisés à réoccuper Yarégong et Batang. M. Grandjean était désigné pour le poste de Batang qu’il ne garda que trois ans. M. Mussot qui, après la tourmente de 1900, avait besoin de repos s’offrit pour remplacer M. Grandjean, et notre confrère revint sur les bords du T’ongho à Chapa et Lentzy.
Au printemps de 1905, MM. Mussot à Batang et Soulié à Yarégong couronnaient leur vie par le martyre ; quelques mois plus tard, MM. Bourdonnec de Yerkalo et Dubernard de Tsekou tombaient à leur tour sur la brèche. M. Grandjean alors reprend la route de la frontière, se fixe d’abord sur les ruines de Yerkalo en attendant l’arrivée du nouveau titulaire, M. Tintet, son condisciple et compagnon de voyage en mission. En 1906, il revenait à Batang avec charge de s’occuper de Yarégong. Jouissant désormais d’une certaine liberté, M. Grandjean devenu provicaire depuis la mort de M. Déjean, curé de Tatsienlu, s’adonne avec enthousiasme à son ministère avec le concours de MM. Behr et Nussbaum, En 1912, la révolution chasse encore une fois les missionnaires de Batang ; ils se retirent dans des lieux plus tranquilles, au Yunnan. De retour à Batang, M. Grandjean fut appelé auprès du Vicaire apostolique dont il partageait les graves responsabilités, et fut chargé de la procure et du probatorium. Il paraissait taillé pour fournir encore une longue carrière quand, le 6 octobre 1917, au cours de sa promenade matinale il tomba sur la route. Transporté d’urgence à l’hôpital, il fut vite remis sur pied grâce aux bons soins des Religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie, mais il restait infirme. On eut recours à tous les moyens surnaturels et humains pour permettre au malade de recouvrer ses forces, mais ce fut en vain. En 1921 le patient quittait Tatsienlu, le cœur bien meurtri, pour essayer un traitement par l’électricité à Shanghaï ; il était trop tard, M. Grandjean dut reprendre en sens inverse la route qu’il avait prise 34 ans auparavant et rentrer en France. Sa carrière missionnaire était finie.
Il se retira au sanatorium de Montbeton où pendant plus de 20 ans il édifiera ses confrères par son exemple de soumission joyeuse à la volonté divine. Le 19 décembre 1935 était le 50e anniversaire de son ordination sacerdotale. Depuis plusieurs années déjà il était condamné à circuler sur son fauteuil mécanique, mais son esprit de foi et sa gaieté n’en étaient pas affaiblis.
Son pèlerinage sur cette terre devait durer huit années encore, années bien dures sans doute, dans une France occupée par l’envahisseur, mais combien plus méritoires devant Dieu. Notre confrère par ses 30 années sur une terre ingrate et plus de vingt-cinq années de maladie devait être bien préparé à la suprême rencontre avec son Créateur et son Juge. Il s’est éteint à Montbeton, au sanatorium des Missions-Étrangères, le 4 septembre 1943.
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