Pierre ROMIEU1863 - 1926
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1775
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
[1775] Pierre, Jean, Louis ROMIEU naquit le 10 Février 1863, à Golinhac, diocèse de Rodez, département de l'Aveyron. Il appartenait à une honorable famille chrétienne originaire de la paroisse de Saint-Geniez-des-Ers dans le même diocèse. Il fit ses études secondaires au Collège de l'Immaculée-Conception d'Espalion. Elève travailleur et régulier, il ne cessa d'occuper les premiers rangs de sa classe. En 1882, il entra au Grand Séminaire de Rodez.
Outre ses qualités intellectuelles,il était doué d'aptitudes peu communes pour les arts mécaniques, et se montrait expert dans tous les métiers. M.Bonnet, Supérieur du Grand Séminaire de Rodez fit de lui son chef d'équipe pour les travaux d'embellissement des cours du Séminaire,et du parc St.Joseph.
Il reçut le diaconat à Rodez le 19 Juin 1886, et entra au Séminaire des Missions Etrangères, le 08 Septembre suivant; Prêtre le 04 Juin 1887, il reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Siam (Thailande-Bangkok). Mgr. Vey, son Evêque,se trouvait alors à Paris. Celui-ci fit appel aussitôt aux compétences de M.Romieu pour remettre en marche une presse à cylindres fournie à la mission par la maison Marinoni. Il recueillit auprès de celle-ci, tous les renseignements nécessaires, et partit le 14 Décembre 1887 rejoindre sa mission.
Arrivé à Bangkok, en Janvier 1888, il remit en ordre les organes de la machine démontée et la presse fonctionna. Il fut alors nommé procureur de la mission et chargé de l'imprimerie. Outre des améliorations techniques; il créa les dessins et la forme d'un nouvequ style de caractères siamois, agréables à la lecture, et dont le gouvernement s'inspira pour ses presses.
Il passa sa vie principalement à la Procure. Bien des confrères lui doivent les plans de leur église, de leur presbytère,de leur école ou de leur couvent et des conseils pratiques pour l'exécution de leurs travaux. En 1896, la mission commença la construction de l'hôpital St.Louis, à Bangkok. Celui-ci fait le plus grand honneur à M.Romieu qui en dirigea tous les travaux et réussit à faire un établissement modèle. Le couvent de l'Assomption lui coûta bien des veilles et des tracas. Il mit en oeuvre la construction de la cathédrale de l'Assomption.
Se tenant continuellement au service de ses confrères pour les affaires matérielles,il ne pût guère faire de ministère actif, Il remplaça cependant pendant un an,à l'église de l'Assomption, M.Colombet parti en France.
En 1912, il alla se reposer à Hong-Kong; en 1914, il y fut rappelé comme Assistant du Supérieur de Nazareth. Au bout de trois ans, son état de santé l'obligea à revenir au Siam, où il reprit ses fonctions de procureur. Ce fut pour peu de temps.
En 1923, sentant ses forces diminuer, il demanda à se retirer à Pétriu, auprès de son ami M.Perbet. Après le décès de ce dernier, M.Carrié, successeur de M.Perbet,et compatriote de M.Romieu adoucit par ses soins et ses prévenances, les atteintes d'une vieillesse prématurée.
En 1924, physiquement épuisé, M.Romieu dût se résoudre à l'inaction presque complète. Il pût célébrer la messe jusqu'au lundi de Quasimodo, 20 Avril 1925. Le 29 Mai 1926, en pleine connaissance, il reçut les derniers sacrements, et s'éteignit doucement vers midi, le lendemain 30 Mai 1926, dimanche de la Ste Trinité.
Nécrologie
M. ROMIEU
MISSIONNAIRE DE BANGKOK.
M. ROMIEU (Pierre-Jean-Louis) né à Golinhac (Rodez, Aveyron) le 10 février 1863. Entré diacre au Séminaire des Missions-Étrangères le 8 septembre 1886. Prêtre le 4 juin 1887. Parti pour Siam (Bangkok) le 14 décembre 1887. Mort à Pétriu le 30 mai 1926.
Pierre-Jean-Louis Romieu appartenait à une honorable famille originaire de la paroisse de Saint-Geniez-des-Ers, où elle est revenue, mais qui, au moment de sa naissance, se trouvait fixée sur celle de Golinhac. Elevé dans des principes foncièrement chrétiens, il manifesta de bonne heure une inclination marquée pour l’état ecclésiastique. Heureux de seconder les goûts du futur prêtre, son père l’envoya au collège d’Espalion. Le nouvel arrivé fut pour cet établissement une excellente recrue, car il ne cessa jamais d’y occuper le premier rang de sa classe. Ce qui acheva de le rendre particulièrement estimable, ce fut sa constante régularité jointe à son bon esprit et à son ardeur pour le travail. Il planait aussi au-dessus de ses condisciples par sa piété solide et de bon aloi.
Cette piété ne se traduisit jamais par une attitude plus ou moins mystique et encore moins par une mine renfrognée, mais plutôt par l’accomplissement de toutes les pratiques chrétiennes, sans ostentation comme aussi sans respect humain. A une époque où la commu-nion fréquente n’était guère en usage, même dans certains établissements ecclésiastiques, le jeune Romieu prit l’initiative d’y recourir, et l’ascendant qu’il avait déjà pris sur ses camarades fit qu’aucun d’eux ne songea à trouver sa conduite étrange, ni à lui décocher quelques-uns de ces quolibets dont tout autre eût été l’objet à sa place.
Il va de soi que lorsque le moment d’entrer au grand Séminaire fut arrivé, M. Romieu n’éprouva aucune hésitation. Il se trouva là tout à fait dans son élément et, toujours sans ostentation mais par contre avec la ténacité qui lui était particulière, il s’attacha de tout cœur à sa préparation sacerdotale. Bon, affable et serviable à l’excès à l’égard de tous ses condisciples, il se montrait en même temps très jovial en récréation et ses conversations étaient des plus intéressantes. Il n’avait garde d’y blesser la charité et on peut rendre de lui le témoignage que jamais on ne l’entendit proférer une seule parole de blâme ni de critique soit contre ses supérieurs, soit contre ses condisciples. Jamais non plus dans les peines ou les souffrances même très vives, qu’il éprouvait de temps en temps comme tout le monde, ne s’est échappée de sa bouche la moindre plainte.
Le soin de sa formation intellectuelle et spirituelle ne l’empêchait nullement de s’occuper en temps et lieu des choses matérielles. Doué d’aptitudes peu communes pour les arts mécaniques, il se montrait expert dans tous les métiers à tel point que, sans apprentissage spécial, il ne craignit pas de se constituer tour à tour maçon, menuisier, plâtrier et au besoin cordonnier, se tirant toujours très bien d’affaire en toute chose. Le jeune supérieur qui était alors à la tête du Séminaire de Rodez, M. Bonnet, d’impérissable mémoire, n’eut garde de laisser improductives de si heureuses dispositions ; aussi s’empressa-t-il d’en faire son chef d’équipe dans les importants travaux d’embellissement qu’il fit exécuter sur les cours de Séminaire et principalement au parc Saint-Joseph.
La formation sacerdotale du jeune lévite touchait à sa fin. M Romieu était déjà diacre lorsqu’un beau jour on apprit qu’il était entré au séminaire des Missions-Étrangères. Cette âme d’élite ne pouvait se contenter du ministère pastoral ordinaire : il fallait à son zèle un plus vaste champ d’action et c’est ainsi que le diocèse de Rodez dut se priver des services d’un de ses fils que tout annonçait comme devant devenir un prêtre de valeur.
L’année d’après, l’abbé Romieu revint au pays revêtu de la dignité sacerdotale mais c’était pour dire un adieu définitif à sa famille. On organisa à Gonilhac, en son honneur, des cérémonies très imposantes qu’il présida avec piété, sans laisser apercevoir à l’extérieur aucune émotion au sujet de son prochain départ. Plusieurs dans cette circonstance chuchotèrent à l’oreille de leurs voisins : « Celui-là, nous le reverrons revenir un jour parmi nous avec la crosse et la mitre... » (Extrait de la Revue Religieuse de Rodez.)
Cette dernière prévision ne s’est pas réalisée ; mais telle fut l’unité de cette vie de missionnaire, depuis les premiers signes de la vocation jusqu’à son dernier jour, et si profonde fut sa formation première, que ceux qui ont connu M. Romieu à Siam et liront les lignes qui précèdent ne pourront s’empêcher de dire : « Comme c’est bien lui ! La vie du missionnaire n’a pas différé de celle du séminariste. »
Le condisciple de cours qui a écrit ces souvenirs sur notre confrère continue : « Qu’a-t-il fait durant cette quarantaine d’années qu’il a passées dans les missions ? J’ai le regret de rester muet sur cette question. La raison en est qu’à son départ le nouvel apôtre prit la déter-mination de se consacrer de la manière la plus absolue à la mission qui lui était échue sans jeter le moindre regard en arrière. Sa rupture d’avec ce qu’il avait laissé au pays natal de plus cher fut telle qu’il cessa toute correspondance avec ses amis les plus intimes et avec sa propre famille qu’il affectionnait beaucoup cependant. C’est à peine si de loin en loin il envoyait deux ou trois mots aux siens à l’occasion du premier de l’an...»
Nous retenons ce détail, non pas, certes, à titre de louange, ou d’exemple à imiter, mais parce qu’il caractérise bien cette nature froide, énergique et tenace dans ses résolutions, radicale jusqu’à l’excès dans ses sacrifices.
Dès qu’il eût reçu sa destination pour la Mission de Siam, ses aptitudes furent mises à contribution par son évêque, Mgr Vey, qui se trouvait alors au séminaire de Paris : Quelques années auparavant les établissements Marinoni avaient fourni une presse à cylindres à l’im-primerie de la Mission ; malheureusement aucun missionnaire n’avait réussi à remettre en ordre les organes de la machine démontée pour l’expédition. M. Romieu eut vite recueilli aux établissements Marinoni même les renseignements nécessaires, et à son arrivée à Bangkok, en
janvier 1887, il se mit aussitôt à l’œuvre, reconstitua le mécanisme et mit en marche la machine.
Sa sphère d’action fut dès lors tout indiquée. Il fut nommé procureur de la Mission et chargé de l’imprimerie. Nous ne décrirons pas les qualités qu’il déploya dans l’accomplisse-ment de ces deux charges, ni toutes les améliorations techniques qu’il réalisa dans cette œuvre si précieuse de l’imprimerie ; il faudrait se répéter. Il créa les dessins et la forme d’un nouveau style de caractères siamois, agréables à la lecture, dont le gouvernement siamois lui-même s’est inspiré ou plutôt qu’il a copiés pour ses presses. Au bref, les éditions qui sortirent ou sortent encore de l’imprimerie catholique de Bangkok, entre beaucoup d’autres, « le Dictionnaire de Mgr Pallegoix, revu et augmenté par Mgr Vey », peuvent rivaliser avec les meilleures d’Extrême-Orient et d’ailleurs.
Si cette imprimerie de la Mission fut un lieu de prédilection sinon de repos pour M. Romieu, cependant c’est à la procure principalement qu’il passa sa vie, et c’est dans ces fonctions qu’il sut développer tour à tour les talents nombreux que lui avaient octroyés la Providence. Il ne réussit pas dans toutes ses entreprises ; il eut quelques déboires, peut-être même les échecs ; mais Dieu qui en connaît les causes en a pesé les mérites tenus discrètement cachés. Plusieurs confrères lui doivent les plans de leur église, de leur presbytère, de leur école ou de leur couvent et des conseils pratiques pour l’exécution de leurs travaux ; l’Hôpital Saint-Louis et le Couvent de l’Assomption lui coûtèrent bien des veilles et des tracas. Il mit en œuvre la construction de la cathédrale de l’Assomption ; nous avons entre les mains la correspondance qu’il échangea jadis avec le P. Jantzen, de Rangoon, dont il sollicita les conseils, les avis et les décisions. Si l’édifice actuel nécessite déjà des réparations, c’est peut-être parce que ne fut pas suivi le plan de voûte et de clocher conçu par M. Romieu.
De ministère actif, il n’en fit guère que durant l’absence de M. Colombet en France qu’il remplaça près d’un an à l’église de l’Assomption. Ses fonctions de procureur ne lui donnèrent pas souvent l’occasion de ces consolations que procure le ministère actif de l’apôtre et rendent le « joug suave et le fardeau léger ». Obligé par devoir de rendre service continuellement à ses confrères, de se mettre à leur disposition pour les affaires temporelles, il fut vraiment et durant longtemps le serviteur des serviteurs du Christ.
Après un voyage à Hongkong, pour raison de santé, en 1912, M. Romieu y fut appelé en 1914 comme Assistant du Supérieur de Nazareth. Il quitta Siam non sans serrement de cœur, car il y avait passé sa jeunesse et son âge mûr et y laissait des amis qui regrettaient son départ. C’était un sacrifice ; il l’accepta surnaturellement et sans regarder en arrière. Cependant, son état de santé l’obligea au bout de trois ans à revenir au Siam ; il y reprit ses fonctions de procureur mais ce ne fut que pour un temps ; ses forces diminuant visiblement, il sentit que l’heure de la retraite définitive allait sonner ; il demanda à se retirer à Pétriu, auprès de son ami de toujours, M. Perbet qui lui offrit généreusement l’hospitalité de son presbytère. Là, dégagé de tout souci extérieur, il reprit la vie intérieure du séminaire et se prépara tranquillement à la mort comme nous l’avons vu au séminaire se préparer au sacerdoce. Sensible et bon, généreux et large d’idées, le missionnaire froid et réservé, qu’avait été le P. Romieu s’attira plus encore au soir de sa vie des amis qui lui furent constamment dévoués. La mort de M. Perbet lui rendit plus douce et familière la pensée du rendez-vous suprême. M. Carrié, son compatriote, qui avait succédé à M. Perbet, par ses soins constants et ses prévenances affectueuses adoucit les atteintes d’une vieillesse prématurée : la souffrance, la bonne souffrance ne quitta pas le chevet du malade pendant les derniers mois de sa vie. En 1924, physiquement épuisé, il dut se résoudre à l’inaction à peu près complète ; il put toutefois célébrer la sainte messe jusqu’au lundi de Quasimodo 20 avril 1925. A partir de cette date il dut renoncer à cette consolation et se contenter de recevoir la sainte communion. Ses jours se passèrent à réciter le rosaire ; puis, le 29 mai 1926, il reçut l’Extrême-Onction en pleine connaissance, et, s’éteignit doucement le lendemain, Dimanche de la Très Sainte Trinité.
Durant quarante années, notre confrère Pierre-Jean-Louis Romieu ferma les yeux aux attraits d’un champ plus riche de consolations et de promesses où ses grandes qualités d’apôtre auraient pu donner toute leur mesure ; il s’adonna passionnément à un labeur plus ingrat et obscur, parce qu’il lui avait été assigné et parce qu’il faut aimer sa tâche pour la bien accomplir. Tel est le souvenir et l’exemple qu’il laisse à tous ceux qui l’ont connu. Requiescat in pace !
~~~~~~~
Références
[1775] ROMIEU Pierre (1863-1926)
Références biographiques
AME 1926-27 p. 160. CR 1887 p. 197. 1898 p. 194. 1905 p. 200. 1914 p. 105. 139. 1926 p. 127. 219. 1980-82 p. 137. BME 1922 p. 130. 1926 p. 515. 1957 p. 759. EC1 N° 109.
Avril 1994
MÇmorial ROMIEU Pierre, Jean, Louis page