Joseph GONTIER1862 - 1911
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1831
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1889 - 1911 (Hué)
Biographie
[1831]. GONTIER, Joseph-Abel, vint au monde le 24 avril 1862 à Champorcher, province de Turin (Italie). Après avoir étudié au collège d'Aoste et au grand séminaire de cette ville, il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 15 décembre 1885. Prêtre le 3 mars 1889, il partit le 1er mai suivant pour la Cochinchine septentrionale. Il commença de s'initier à la vie apostolique dans le poste de Duong-son, et fut envoyé ensuite comme auxiliaire à Thanh-huong, qu'il ne tarda pas à administrer lui-même. Il eut à y subir pendant quelques années de pénibles vexations.
En 1905, il essaya d'évangéliser les populations sauvages des montagnes voisines de son poste, mais les circonstances ne lui permirent pas de continuer. Il édifia une église à Nhut-dong, et plusieurs chapelles dans les petites chrétientés de son district. Vers la fin de 1910, il était complètement épuisé ; aussi à Saïgon, où il était allé chercher des soins, les médecins lui ordonnèrent de rentrer en France ; il succomba en cours de route, dans la Méditerranée, le 9 février 1911.
Nécrologie
M. GONTIER
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE SEPTENTRIONALE
Né le 24 avril 1862
Parti le 1er mai 1889
Mort le 9 février 1911
Au mois de février dernier, une lettre nous apportait la nouvelle de la mort de M. Gontier.
« J’ai la douloureuse mission, écrivait un de ses Confrères, de vous annoncer le décès de M. Gontier, qui a succombé à une hémorragie cérébrale, avec paralysie du côté droit du corps, le 9 février 1911, à 7 heures et demie du matin, à 120 milles environ de Port-Saïd, à bord du Tourane.
« Il rentrait en France sur l’ordre exprès du docteur Angier, qui l’avait soigné pendant quelques jours à Saïgon et l’avait trouvé tellement affaibli qu’il s’était refusé, malgré son habileté, à l’opérer de la cataracte.
« Jusqu’à Colombo, son état fut assez satisfaisant. Sur l’Océan Indien, le mal de mer ne tarda pas à produire sur son organisme de funestes effets. Le malaise général s’accentua au point qu’un jour il lui fut impossible de supporter aucun aliment. Une faiblesse très grande s’ensuivit, d’autant plus inquiétante qu’elle était accompagnée d’une forte fièvre. Bientôt la paralysie, partielle il est vrai, mais à marche rapide, ne laissa plus aucun doute sur l’issue fatale qui devait se produire à brève échéance. Le malade fut admirable de patience et de résignation jusqu’au dernier moment.
« La cérémonie de l’immersion a eu lieu le jour même du décès, à 6 heures du soir. Elle a été très impressionnante. Un grand nombre de passagers, le Commandant en tête, y assistaient. Après la récitation des prières liturgiques, le corps de notre regretté Confrère, déposé dans un cercueil enveloppé d’une épaisse toile à voile et encerclé de lourds morceaux de fer et de fonte, est descendu dans les flots.
« Pendant toute la durée de la crise qui a emporté M. Gontier, on a témoigné, à bord, la plus vive sympathie à son égard. Le Docteur de Hanoï et le Docteur du Tourane lui ont prodigué les soins les plus assidus et les plus intelligents : rien n’a pu enrayer le mal dont il souffrait. »
M. Gontier était malade depuis les derniers mois de l’année 1910. Il avait quitté Saïgon le 15 janvier, en compagnie de MM. Izarn et de Pirey, missionnaires comme lui de la Cochinchine Septentrionale. Ils eurent la douloureuse consolation d’assister à ses derniers moments et de le préparer à paraître devant le Souverain juge.
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Abel-Joseph Gontier était né le 24 avril 1862 à Champorcher, dans le Val d’Aoste. Après d’excellentes études au Collège d’Aoste, il entra au Grand Séminaire de son diocèse, où il fut tonsuré le 20 décembre 1884.
Au mois de décembre 1885, il arrivait au Séminaire des Missions-Etrangères. Il fut ordonné prêtre le 10 mars 1889. Quatre jours après il célébrait sa première messe solennelle à Champorcher. « Vingt prêtres, dit la Feuille d’Aoste d’alors, rehaussaient de leur assistance l’éclat de la solennité. » M. Gontier, en effet, était avantageusement connu et universellement estimé : déjà ses qualités et ses vertus faisaient prévoir tout le dévouement et le zèle qu’il devait apporter dans son futur ministère.
Destiné à la Mission de la Cochinchine Septentrionale, il s’embarqua à Marseille le 5 mai 1889. Après un séjour de quelques se¬maines à Hué, il fut donné comme auxiliaire à M. Guillot, curé de Duong-Son. Il ne passa dans ce poste que le temps nécessaire pour apprendre suffisamment l’annamite, avant de pouvoir travailler avec fruit au salut des âmes.
M. Grosjean, accablé de besogne dans sa paroisse de Thanh Huong, l’obtint pour compagnon de ses travaux. Ce fut le beau temps de l’apostolat de M. Gontier ; à ne considérer que les soucis et les sollicitudes qu’impose l’administration des chrétiens, il fut, humainement parlant, un homme heureux ; car M. Grosjean prenait pour lui tous les ennuis, toutes les responsabilités et toutes les fatigues.
Mais ces jours relativement tranquilles ne durèrent pas longtemps. Epuisé par ses incessants travaux et plus ou moins miné par les fièvres qui commençaient à faire de nombreuses victimes dans toute la région de Thanh Huong, M. Grosjean dut partir pour Hong-Kong, d’où il revint bientôt avec l’intention de continuer à travailler plus que jamais au bien de son troupeau. A son retour, Mgr Caspar le nomma directeur du séminaire d’An-Ninh.
A ce moment, M. Gontier n’avait encore que deux ans et demi de mission ; mais il avait suffisamment étudié et observé pour comprendre ce que doit être la vie apostolique. D’ailleurs, notre cher Confrère mettait au service des âmes un zèle ardent, servi par une piété solide et éminemment pratique. Heureusement secondé par un jeune prêtre indigène, le Père Ba, il put continuer assez facilement l’œuvre si fortement commencée par son prédécesseur : il lui donna même une extension qui surpassa les prévisions de tous.
De pareils résultats ne viennent pas d’eux-mêmes, sans difficultés ni sans de très grandes fatigues. Il serait impossible de raconter tous les procès que M. Gontier eut à soutenir contre les païens. On ne pourrait non plus énumérer toutes les courses à pied, à cheval, en sampan, de nuit et de jour, qu’il fallut entreprendre pour encourager les néophytes, instruire ou défendre les catéchumènes.
Ce fut précisément à cette époque que presque toutes ses chrétientés furent ravagées par des fièvres si pernicieuses qu’elles emportèrent plus d’un tiers des habitants de son district.
Pendant ces quelques années, M. Gontier et le P. Ba ne connurent, pour ainsi dire, jamais de repos ni de tranquillité ; mais à l’un et à l’autre le bon Dieu donna force et courage pour supporter tous les ennuis dont ils étaient accablés.
A ces difficultés vinrent s’en ajouter d’autres, d’un caractère particulier, qui furent partagées par tous les missionnaires, mais dont il eut particulièrement à souffrir. Très irritée de voir la nouvelle religion faire tant d’adeptes, la Cour de Hué, ayant à sa tête l’Impératrice douairière, mère de Tu Duc, résolut d’arrêter ce mouvement et ne cacha pas son dessein d’amener à l’apostasie, par tous les moyens, le plus grand nombre des nouveaux convertis. Des plaintes, aussi nombreuses qu’injustifiées, furent adressées contre nos néophytes à la Résidence de Hué, qui les rejeta comme tendancieuses ou fortement exagérées.
L’ennemi ne se tint pas pour battu : l’Impératrice s’adressa à la Résidence du Tonkin. S’y trouva-t-il des fonctionnaires plus ou moins crédules ou plus ou moins faciles à tromper ? Toujours est-il que nous ne tardâmes pas à nous apercevoir que les choses avaient changé. Les païens se virent très facilement écoutés ; forts de la protection qu’on leur accordait, ils se soulevèrent contre les chrétiens qui, après avoir été l’objet de vexations de toutes sortes, durent arrêtés en très grand nombre. Bientôt, affolés, ils accoururent chez les missionnaires pour demander aide et protection.
Comme à toutes nos réclamations on opposait une fin de non-recevoir, nous ne pouvions que les encourager à souffrir patiemment et à laisser passer la tourmente qui menaçait de détruire le fruit de si grands travaux. « Nos fidèles, pour être tranquilles, ou mieux pour ne pas être mis hors du droit commun, n’avaient — au nom de la liberté de conscience, sans doute — qu’à abandonner la religion catholique ! »
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Il est inutile d’insister sur les grandes souffrances de M. Gontier pendant ces tristes jours où les mauvaises nouvelles étaient quotidiennes et se succédaient plus angoissantes les unes que les autres. Bien que son courage ne se démentît pas, les fatigues physiques et les soucis qu’il endura furent tels que, quelque temps après cette rude épreuve, il dut aller à Hong-Kong pour refaire sa santé grandement compromise.
A peine rétabli, il revint à Thanh Huong, où il se mit de suite à l’exécution d’un projet qu’il caressait depuis longtemps. Il voulait doter la chrétienté de Nhuy Dông, ville où il résidait habituellement, d’une belle et grande église.
Le travail lui sembla d’autant plus facile à mener à bien qu’il était maintenant beaucoup moins absorbé. Des trop nombreuses chrétientés dont il avait eu naguère la direction, il ne lui en restait que quelques-unes : les autres avaient été confiées à M. Darbon et au P. Ba, ses anciens vicaires. Il se mit à l’œuvre dans le courant de 1903. En 1905, l’église était achevée telle qu’il la désirait ; les deux croix qui dominent les flèches de la façade s’élèvent à près de trente mètres de haut et, s’apercevant de très loin, prêchent, à leur manière, notre sainte Religion.
Lorsque ce travail fut achevé, M. Gontier, voyant qu’il lui était bien difficile pour le moment de faire des conversions parmi les païens qui l’entouraient, pensa que, près de chez lui, sur les montagnes qui bornaient son horizon, vivaient des populations sauvages qui jamais n’avaient été évangélisées. Pour préparer la voie à cette entreprise nouvelle, il demanda à Mgr Caspar la permission d’aller visiter quelques-uns de ces villages délaissés. Sa Grandeur se montra favorable au projet, à condition qu’il trouvât quelqu’un pour l’accompagner. M. Darbon, curé de Linh Thuy, était tout indiqué et tout disposé.
Tous deux partirent, pleins de confiance et presque convaincus à l’avance du succès de leur entreprise. L’accueil reçu partout les confirma dans leurs sentiments et ne fit qu’accroître leur sympathie pour ces infortunés. Aussi, quelque temps après leur retour de cette expédition, exprimèrent-ils le désir de repartir et de pousser beaucoup plus avant leur reconnaissance. Dans cette seconde visite, ils restèrent plus d’un mois sur la montagne, s’instruisant de tout ce qui pouvait être utile pour l’installation d’un poste. Ils revinrent plus enthousiasmés que jamais : ils plaidèrent de tout leur cœur la cause de leurs nouveaux amis. Mais Sa Grandeur, très touchée, jugea la chose impossible pour le présent.
M. Gontier retourna donc à ses chrétiens de Thanh Huong et se mit à établir des chapelles jusque dans les plus humbles de ses chrétientés. Il pensait même construire, pour son usage, une maison un peu plus convenable et surtout moins malsaine ; mais il ne put résister au désir de donner pour la chapelle de Nhi Dong les matériaux achetés à cet effet.
Tel fut toujours le désintéressement du regretté défunt que, malgré un extérieur sévère, il gagna partout l’estime et l’affectueuse vénération de ses chrétiens. Il n’épargnait rien pour leur venir en aide et il ne s’accordait à lui-même que le strict nécessaire. Sur sa table, la viande était rare ; le vin n’y paraissait guère que lorsque des Confrères venaient le visiter. Nous devons rendre justice à M. Gontier en ajoutant qu’il ne s’épargna aucune peine pour rendre service à tous. Il laisse le souvenir d’un prêtre animé d’un grand esprit de foi, d’une piété solide, et, par-dessus tout, très zélé pour le salut des âmes qu’il sut, à l’exemple de son Maître, conquérir, au prix de bien des travaux, en donnant sa vie sans compter.
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Références
[1831] GONTIER Joseph (1862-1911)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1894, p. 222 ; 1895, p. 229 ; 1896, p. 230 ; 1902, p. 205 ; 1905, p. 181 ; 1909, p. 186 ; 1911, p. 174. - Miss. Quinhon. Mém., 1906, pp. 30, 41 ; 1911, p. 20.
Notice nécrologique. - C.-R., 1911, p. 322.