Louis LACAZE1867 - 1897
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1847
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1889 - 1897 (Chongqing [Chungking])
Biographie
[1847]. LACAZE, Louis-Joseph, né le 24 janvier 1867, paroisse Notre-Dame, à Rodez (Aveyron), fit ses études classiques à la maîtrise de Rodez et au petit séminaire de Saint-Pierre. Ayant appris en 1884 la mort d'un missionnaire rodézien, J.-A. Séguret, massacré au Laos, il lui rendit cet hommage :
Quot nobis, martyr, præbes exempla sequenda !
Ignibus et sacris pectora nostra reples...
Nos equidem, virtute tua precibusque valentes
Ibimus...
Optatus tandem luceat ille dies !
Il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 5 septembre 1884, reçut le sacerdoce le 21 septembre 1889, et partit le 13 novembre suivant pour le Se-tchoan oriental. Il débuta dans le district de Tchen-kia-ouan, où il se dévoua auprès des cholériques, puis fut professeur au petit séminaire de Cha-pin-pa, et ensuite professeur de français au collège de Tchong-king. Il mourut dans cette ville, d'une maladie de cœur, le 23 décembre 1897, et fut enterré au cimetière Tsen-kia-gay. Il est l'auteur d'une poésie Gethsémani, qu'on a attribuée par erreur à J.-B. Guerlach.
Nécrologie
M. LACAZE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN ORIENTAL
Né le 24 janvier 1867
Parti le 13 novembre 1889
Mort le 23 décembre 1897
C’est du sang fécond et encore fumant d’un martyr ruthénois que germa la vocation de M. Lacaze. On venait d’apprendre le tragique trépas du P. Séguret : c’était le mercredi saint 1884. Deux mois après, dans une de ces brillantes séances académiques dont le petit séminaire de Saint-Pierre donne chaque année l’agrément et le profit littéraire, un jeune rhétoricien rendit en beaux distiques un hommage au glorieux martyr. C’était Louis-Joseph Lacaze que son intelligence et ses succès avaient fait désigner pour ce délicat travail.
Il le fit avec cet esprit délié et facile qui le distinguait, mais aussi avec un cœur atteint déj¬à par les saintes touches de la grâce, et dans lequel bouillonnaient les premières ardeurs de l’apostolat.
Quot nobis, martyr, præbes exempla sequenda !
Ignibus et sacris pectora nostra reples...
Nos equidem, virtute tua precibusque valentes
Ibimus...
Optatus tandem luceat ille dies !
Ce jour si impatiemment attendu ne tardera pas à luire en effet !...
Cette âme avait été d’ailleurs préparée dès l’enfance à cette sublime vocation. Bercé sur les genoux d’une mère chrétienne ; formé, petit enfant, à l’école maternelle, par les religieuses de l’Union, dont la ville de Rodez apprécie tant les services qu’elle n’a jamais voulu s’en priver ; grandissant avec une pieuse sœur qui devait comme lui se consacrer à Dieu, et qui dirige aujourd’hui même avec zèle cette pre¬mière école de l’enfance où l’un et l’autre avaient été côte à côte élevés ; puis studieux élève de la Maîtrise de Rodez où il fit marcher de front l’étude du latin et celle de la musique ; élève enfin du petit sémimaire de Saint-Pierre, pépinière d’apôtres, le jeune Louis était naturellement guidé par toutes ces salutaires influences vers le sacerdoce. Mais tandis que l’autel apparaît à plus d’un avec ses charmes sublimes, ses gloires enviées et parfois ses égoïstes espérances, il lui apparut à lui comme un Calvaire où il fallait s’immoler et souffrir avec Jésus-Christ. Tout apôtre est un martyr de désir, et même de fait. Il y a dans son âme, à côté de saints transports et de pieux enthousiasmes, des déchirements et des angoisses, dont Dieu seul peut mesurer l’étendue et le prix.
Et quand ces sacrifices du cœur qui sont une mort anticipée à tout ce qu’on aime, sont imposés par la volonté de Dieu à une âme aimante et sensible comme l’était M. Lacaze, on peut juger combien fut grand le martyre moral de cet apôtre au moment où il fit ses der¬niers adieux à sa famille, à ses amis, à son pays. Euntes ibant, et flebant... Mais Dieu proportionne ses grâces aux sacrifices qu’il demande, et il sait tremper d’une grande force morale les caractères les plus sensibles et les plus faciles à l’émotion. Ainsi M. Lacaze joignait à une exquise sensibilité une volonté énergique... C’était le parfait missionnaire toujours aimable et d’humeur égale, le séminariste régulier et pieux, le prêtre à la foi solide, à la vertu austère. Il a laissé des pages intimes d’un véritable ascète, et chez lui, les vertus n’étaient pas de commande et de simple apparence.
Il fut ordonné prêtre le 21 septembre 1889.
Quelques mois après, il s’embarqua pour le Su-tchuen oriental. C’est là qu’il a passé les huit années de son apostolat dans une vie humble et sacrifiée. « Le bon Dieu, en effet, écrit un des Pères de sa Mission qui l’a connu et beaucoup aimé, le bon Dieu a voulu que ce cher ami travaillât à sa gloire plus par la souffrance que par les travaux apos¬toliques. La maladie de cœur dont il avait sans doute le germe en partant de France se développa par le travail de l’acclimatation. » Il souffrit beaucoup, mais surtout il souffrit de ne pouvoir être un ouvrier aussi utile que sa nature ardente l’aurait désiré. Souffrir ! mais c’était là son rêve. Aspirant missionnaire, il s’exerça un jour à rimer. Et qui donc n’a jamais été poète dans sa vie ! Son imagination féconde pouvait réussir dans cet essai comme en tout le reste. Quel sera son thème ? Gethsémani. En onze stances, il chante, il exalte, il demande la souffrance. Tout serait à citer ; une seule strophe fera juger des autres :
Souffrir le front joyeux, pour que nul ne devine
Des maux qui, partagés, ne m’accableraient plus,
De peur qu’un autre cœur contre mon cœur s’incline
Avant toi, Bon Jésus.
Et en effet, il souffrit, le pauvre missionnaire, et c’est à peine si en France et même dans sa famille, pour laquelle cependant il n’avait pas de secrets, on soupçonna sa souffrance. Il se plaignait bien parfois des fantaisies de son cœur « qui battait la charge », mais qu’il savait mettre à la raison.
Il ne fut pourtant pas un ouvrier inutile. Nous le trouvons tour à tour auprès des cholériques dans le district de Tchen-kia-ouan, au séminaire de Cha-pin-pa, au collège de Tchong-kin comme professeur de français. C’est là qu’il s’est endormi dans le Seigneur après une vie courte mais bien remplie, car il l’avait toute passée sur le Cal¬vaire (1).
Dès le mois de novembre, il s’était senti plus fatigué ; la fièvre le minait et ne cédait point aux soins de deux médecins américains. Le 18 décembre, la maladie de cœur se réveilla terrible et menaçante. Les docteurs déclarent le danger imminent. Le cher malade, averti de son état, fait généreusement le sacrifice de sa vie pour la gloire de Dieu et la prospérité de la Mission où il n’a pu faire le travail qu’il aurait souhaité. Il est administré, car tous s’attendaient à le voir expirer subitement. Cependant une amélioration se déclare tout à coup, et le lendemain, le docteur est étonné de le trouver dans un état satisfaisant. Les confrères présents continuent à invoquer Notre-Dame de Lourdes et se reprennent à espérer la guérison. Les jours suivants, le mieux se maintient et s’accentue. Le médecin parle d’embarquer bientôt pour la France le cher malade auquel l’air natal doit rendre la santé. Le 23 au matin, Monseigneur qui l’avait assisté tous les jours précédents, le quitte pour aller à Tchang-chéou bénir l’oratoire de M. Marrot. Une nouvelle crise survient presque aussitôt, et le bon M. Lacaze expire quelques heures après le départ de Sa Grandeur.
Il a été enterré à côté de M. Serre. Ils étaient nés la même année, et ils meurent tous deux à trente ans, à quelques mois de distance. Pie Jesu Domine, dona eis requiem.
(1) Tout ce qui précède est tiré de la Revue religieuse de Rodez.
~~~~~~~
Références
[1847] LACAZE Louis (1867-1897)
Bibliographie. - De plano cantu necnon de lectione publica. - Imprimerie de la Sainte-Famille, Cha-pin-pa, in-12.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1897, p. 89. - B. O. P., 1890, p. 242. - A. M.-E., 1910, p. 272 ; 1912, Gethsémani, p. 307.
Rev. rel. Rodez et Mende, 1889, p. 648 ; 1898, p. 77 ; Ib., Notice, p. 156. - Annuair. petit sém. Saint-Pierre, 1897-98, Notice, p. 229.
Notice nécrologique. - C.-R., 1898, p. 283